Jean de la Fontaine La mouche du coche Récitant: Louis de Funès Par Nanou et Stan
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un Coche. Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu. L'attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des Chevaux s'approche ; Prétend les animer par son bourdonnement ; Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment Qu'elle fait aller la machine, S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher ; Aussitôt que le char chemine, Et qu'elle voit les gens marcher,
Elle s'en attribue uniquement la gloire ; Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit Un Sergent de bataille allant en chaque endroit Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La Mouche en ce commun besoin Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ; Qu'aucun n'aide aux Chevaux à se tirer d'affaire. Le Moine disait son Bréviaire ; Il prenait bien son temps ! Une femme chantait ; C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !
Taxes Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles, Et fait cent sottises pareilles. Après bien du travail le Coche arrive au haut. Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt : J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine. Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine. Taxes
Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S'introduisent dans les affaires : Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés.
Nanou et Stan le 14/04/2017 « La mouche du coche » Désigne quelqu'un qui s'agite beaucoup sans rendre de réels services ou qui est empressé inutilement. Un coche était autrefois un véhicule de transport public tiré par les cheveux des chevaux. Il transportait surtout les gens pauvres, les riches ayant leur carrosse personnel Notre expression vient d'une fable de Jean de la Fontaine "le coche et la mouche" dans laquelle la morale est claire : « Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S'introduisent dans les affaires : Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés. » Dans cette fable, donc, le fabuliste raconte l'histoire d'un coche dont les six chevaux qui le tirent n'arrivent pas à le sortir d'une situation difficile. C'est alors qu'intervient une mouche qui s'affaire de façon très désordonnée et qui, une fois que le véhicule est sorti de son mauvais pas, s'en attribue tout le mérite. On peut noter que l'anglais coach vient du français coche. De là à imaginer que nos coaches modernes, avec le sens d'entraîneur ou d'accompagnateur personnel et dont on nous rebat les oreilles actuellement, sont des gens « qui s'affairent de façon très désordonnée et qui, une fois la tâche terminée, s'en attribuent tout le mérite », il n'y qu'un pas que je m'abstiendrais de franchir, mais uniquement parce qu'on me retient. Et si jamais quelqu'un loupait l'heure de départ du coche, il "ratait le coche", ce qui a donné naissance à l'expression qui signifie maintenant "manquer une occasion". C’est ce que nous sommes en train de vivre en Europe. Quant à notre coach national élu? Nous avons droit à coach d’opérette. « ... l'irrévérencieux courtisan et photographe zélé, soudain impatient et affairé plus que la mouche du coche, nous poussant, se répandant, saluant à la ronde avec importance, faisant mille et mille courbettes pour ne pas passer inaperçu... » Blaise Cendrars - Bourlinguer - 1948 Nanou et Stan le 14/04/2017