Contexte: après le classicisme et le rococo Le néo-classicisme

L’art français de la période baroque préfère l’équilibre et la modération « classique » de l’Antiquité et de la Renaissance: nous appelons le style qui se développe en France le « classicisme ». les architectes Louis le Vau et Jules Hardouin-Mansart, le peintre Lebrun devient le conseiller du roi, Lenotre aménage le jardin. Le classicisme français est liés au règne de Louis XIV. Ce style va aussi être appelé « style Louis XIV ». Nous voyons ici sa plus imposante réalisation, le château de Versailles.

Louis XIV veut une scène luxueuse pour servir de décor à lui et sa cour… Dans l’aménagement des jardins et des intérieurs c’est l’ensemble qui impressionne, plus que les éléments pris séparément. C’est ici, comme le baroque romain, un art total. Le « classicisme » prend donc certaines idées du baroque: nous parlons de « classicisme baroque ». Château de Versailles, Galerie des glaces Fonction officielle persiste: y est signé en juin 1919 le traité de Versailles concluant la Ière guerre mondiale Le « classicisme » de l’époque de Louis XIV prend certaines idées du baroque: nous parlons de « classicisme baroque »

Louis XIV, soucieux de contrôler l’aristocratie française, les fait se rassembler à Versailles, où d’interminables fêtes les retiennent sous le regard du monarque. Louis XIV veut aussi diriger les arts, au moyen desquels il dirige son aristocratie: nous parlons du dirigisme de Louis XIV, s’appuyait sur un nouveau concept d’éducation des artistes: l’Académie royale de peinture et sculpture est fondée, remplaçant l’apprentissage traditionnel auprès d’un maître. Le programme de l’Académie est basé sur un système de « règles » théoriques et rationnelles à l’extrême, et se montre incapable de produire d’artiste significatif… Regardez, c’est le prince de Conti! Il est donc rentré en grâce? Le roi l’a pris en laisse, oui, regardez comme il file doux! Par Dieu, c’est toute la jeune Fronde qu’il fait danser! Un fils par famille ralliée! L’idée est fort belle! Cet entant! Ce n’est plus un enfant, Madame, c’est un roi!

Vers la fin du siècle, les membres de l’Académie forment deux fractions opposées sur la question de la primauté de la ligne, qui relève de l’esprit (« les poussinistes ») ou de la couleur, qui relève des sens, et parle à tout le monde, et non plus seulement à une élite éduquée (« les rubénistes »). par Colbert, son ministre des finances, et par Lebrun,1637-38, 'Et in Arcadia Ego', 185x121 l’Académie royale est fondée en 1648, Lebrun en devient directeur en 1663. Rubens, L’enlèvement des filles de Leucipe, 1617 Poussin, L’enlévement des Sabines, 1634-35

Le sujet de L’embarquement pour Cythère ne rentrait dans aucun des stricts sujets établis par l’Académie: pour cette œuvre l’Académie dut établir un nouveau genre: les fêtes galantes. Ce terme se rapporte à l’ensemble de l’œuvre de Watteau, qui peint la société élégante ou les acteurs de théâtre dans des décors champêtres, mêlant le théâtre et la vie réelle… Antoine Watteau (1684-1721): L’Embarquement pour Cythère (1717), Les plaisirs de l’amour

Ce style correspond au goût de l’époque: les nobles, avec la mort de Louis XIV libérés de la surveillance royale, veulent goûter plainement à leur vie de privilèges… Mais les toiles de Watteau ne sont pas frivoles, et montrent une grande subtilité poétique: ce bonheur, nous le sentons, est fugitif… watteau gilles as pierrot

Watteau annonce le rococo, ou style Louis XV, un style intime, sensuel, donnant libre cours au plaisir et à l’imagination personnelle de ses commanditaires aristocratiques..

…qui, à la mort de Louis XIV, quittent Versailles pour construire à Paris d’élégants hôtels particuliers, dont la décoration intérieure est la préoccupation majeure des architectes.

Dans ces intérieurs, la sculpture rococo ressemble à la sculpture baroque, mais de petites dimensions, une sorte de « baroque en miniature » , destinée à un « usage privé ». Elle est souvent d’un érotisme provocant. la sculpture est moins liés à l’architecture qu’en Europe centrale Clodion, Satyre et Bacchante, vers 1775

…Et la peinture, aussi intime et sensuelle par son style et son sujet: Les Baigneuses de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) Fragonard, Les Baigneuses, vers 1765

Fragonard eut la malchance de survivre à la popularité de ce style, fait pour le goût d’une aristocratie oisive. Car c’est bientôt la Révolution française… Fragonard, L’escarpolette

Le Néo-classicisme et Le Romantisme Contexte Le néo-classicisme Le romantisme

Le néo-classicisme et le romantisme: contexte historique Ces deux mouvements couvrent à peu près la même période, de 1750 à 1850 environ; Les deux styles sont réaction au nom de la raison et de la nature contre le caractère artificiel du baroque et du rococo. C’est le temps de la Révolution industrielle et des révolutions politiques qui l’accompagnent (lutte pour la démocratie – liberté, égalité, fraternité, l’abolition des privilèges de l’aristocratie, et de la monarchie…); Ces deux révolutions partagent l’idée du progrès;

Le néo-classicisme: au nom de la raison Jacques-Louis DAVID (1748-1825) Jean-Auguste Dominique INGRES (1780-1867)

Le Néo-classicisme: au nom de la raison Le néoclassicisme est une nouvelle renaissance de l’Antiquité classique, qui vante « la noble simplicité et la calme grandeur de l’art grec » (Winckelmann); A la différence du Classicisme, ce retour aux Antiques n’est pas pour leur supériorité, mais parce qu’ils sont plus naturels que le baroque et le rococo. Mots clés: simplicité, naturel. En France soutenu par les pères intellectuels de la Révolution (Jean-Jacques Rousseau, Diderot): c’est l’idée d’une peinture chargée d’une mission sociale, qui s’adresse aux classes laborieuses, contre la frivolité du rococo apprécié par la noblesse oisive.

C’est une peinture chargée de mission sociale, contre la frivolité du rococo: Jean-Baptiste Greuze, dans ses scènes de genre, donne des leçons de morale… Jean-Baptiste Greuze, L’enfant gâté, 1765

Jacques-Louis DAVID (1748-1825) Le plus doué, et le plus représentatif de ce style est Jacques-Louis David. Il forme son style néoclassique à Rome, entre 1775 et 1781. David prit une part active à la Révolution française en 1789, et fut emprisonné après la chute de Robespierre. Par la suite il devint fervent bonapartiste, et peintre principal du mythe napoléonien. 1784, The Oath of the Horatii, le Louvre, 1797, Portrait of General Bonaparte, le Louvre

DAVID, 1784, Le serment des Horatiens

DAVID, Les licteurs retournant à Brutus les corps de ses fils, 1789

Jacques-Louis David (1748-1825), La mort de Socrate, 1787 Pour comprendre le style, nous allons nous concentrer sur le tableau La mort de Socrate de David: Jacques-Louis David (1748-1825), La mort de Socrate, 1787

Tout d’abord, souvenez vous de la querelle des membres de l’Académie sur la question de la primauté de la ligne, qui relève de l’esprit (« les poussinistes ») ou de la couleur, qui relève des sens, et parle à tout le monde, et non plus seulement à une élite éduquée (« les rubénistes »). par Colbert, son ministre des finances, et par Lebrun,1637-38, 'Et in Arcadia Ego', 185x121 l’Académie royale est fondée en 1648, Lebrun en devient directeur en 1663. Rubens, L’enlèvement des filles de Leucipe, 1617 Poussin, L’enlévement des Sabines, 1634-35

Rococo: Fragonard, Les Baigneuses, vers 1765

Jaques-Louis David (1748-1825), La mort de Socrate, 1787

Rococo: Fragonard, Les Baigneuses, 1765 La peinture néoclassique, après le triomphe de la couleur dans le rococo, va à nouveau réaffirmer la primauté de la ligne, du dessin précis. Néoclassique: David, La mort de Socrate, 1787

DAVID, néoclassique: 1784, Le serment des Horatiens 1787, La mort de Socrate 1789, Les licteurs retournant à Brutus les corps de ses fils 1784, The Oath of the Horatii, 330x425, louvre 1787, La mort de Socrate 1789, The Lictors Returning to Brutus the Bodies of his Sons,323x422, louvre 1814, Leonidas at Thermopylae, 395x531cm, louvre

Le style néoclassique sur l’exemple de La mort de Socrate, peint par David en 1787: L’éclairage est inégal, les ombres nettes font penser au Caravage. Mais les figures au dessin accentué par les ombres, semblent solides et immobiles comme des statues; La composition elle même, parallèle au plan du tableau, est celle d’un bas-relief; Le thème provient de l’héritage grec ou romain, et exalte les vertus classiques;

Jaques-Louis David (1748-1825), La mort de Socrate, 1787 Le thème et la composition indiquent la position politique aussi bien qu’artistique de David: Socrate, sur le point de boire sa coupe de poison, est ici représenté comme exemple de la vertu classique, mais aussi comme fondateur de la « religion de la raison » (12 disciples); Jaques-Louis David (1748-1825), La mort de Socrate, 1787

David, La Mort de Marat, 1793 David prit une part active dans la Révolution française, et par la suite fut l’artiste le plus influent de son époque. L’inspiration caravagesque apparait clairement dans sa plus grande œuvre, La Mort de Marat, assassiné par une jeune femme dans sa baignoire: la représentation du martyre de la Révolution s’inspire de l’art religieux…

David, Le serment du Jeu de Paume , 1791 1791, The Oath of the Tennis Court, 86x101cm, versailles David, Le serment du Jeu de Paume , 1791

Quelques années plus tard, David rencontre Napoléon et devient fervent bonapartiste. Il peint plusieurs grandes œuvres à la gloire de Napoléon. 1801, David, Napoléon passant St Bernard (Bonaparte, Calm on a Fiery Steed, Crossing the Alps), 260x321cm, Rueil

David, Le sacre de Napoléon

Mais c’est l’émotion romantique de son élève favori, Jean-Antoine GROS (1771-1835), qui va mieux rendre ce « mythe napoléonien »… Le Gros, auquel David, exilé après la chute de l’Empire, confie ses élèves, déchiré entre ses émotions romantiques et les doctrines néo-classique de son maître, finit par se suicider. GROS, Napoléon à Arcole, 1796

La succession de David passa à un autre de ses élèves, Jean-Auguste Dominique INGRES (1780-1867). Après près de vingt ans en Italie, INGRES revint défendre la tradition néoclassique contre les attaques des « romantiques »: nous voyons resurgir la vieille querelle entre « poussinistes » et « rubenistes », la ligne contre la couleur… 1800s, Portrait of Ingres, 54x47cm, moscow DAVID, Portrait de Jean-Auguste Dominique Ingres, vers 1800

Ingres, La grande odalisque, 1814 Mais les idées d’Ingres sont plus doctrinaires que ses peintures: les proportions étirées de son Odalisque n’incarnent pas un idéal classique: l’Odalisque rappelle plutôt le maniérisme de la Madone au long cou de Parmigianino… Ingres, La grande odalisque, 1814

Son sens de la couleur, un mélange de froideur et de sensualité et les sujets exotiques (nus des bain turcs, esclaves du harem) reflète l’enchantement , en soi romantique, de l’époque pour les sujets exotiques…

Le domaine dans lequel Ingres excella surtout, est celui du portrait, dont il est un des derniers professionnels: ce genre sera bientôt monopolisé par la photographie, popularisée à partir de 1840… Mme Ingres, Madame antonia devaucay de nittis, 1807

En comparant ce dessin préliminaire avec le portrait peint de Louis Bertin, nous pouvons nous rendre compte que ce portrait rend plus que l’aspect physique du modèle, modifié pour donner plus de dignité au personnage: c’est un portrait social.

La grande autorité d’Ingres, défenseur de la tradition néo-classique davidienne contre les attaques des « romantiques » va être le mur contre lequel vont se heurter les générations de jeunes peintres: ce qui fut un style révolutionnaire va par la suite se figer en un dogme… INGRES, Portrait de Louis Bertin, 1832