Lors de notre premier séjour en Bretagne, il y a quarante ans environ, nous avions visité les ruines – vraiment en ruines ! – d’un imposant château qui avait été la résidence des Ducs de Bretagne des 13° au 15° siècles. Ce château est situé sur la presqu’île de Rhuys, près de Sarzeau, dans le Morbihan. Imaginez ma surprise cette année lorsque, au détour du chemin, j’ai vu apparaître un imposant château fort !

Trente ans ! Il a fallu trente ans de travaux pour permettre la résurrection de ce glorieux témoignage du passé, pour que nous puissions nous faire une idée de ce qu’étaient l’habitat et la vie des princes du Moyen- Age… Ces photos trouvées sur Internet nous montrent un peu l’étendue des travaux, qui ne sont pas encore terminés.

Ce château était la résidence d'été des ducs de Bretagne, proche de Vannes, important centre administratif du duché. Son emplacement s'explique par la proximité de la mer qui permettait à marée haute de remplir ses douves, et par les possibilités de chasse offertes par les marécages et la forêt. Cette forêt s’étendait autour du château, mais a disparu au fil des siècles.

C'est en 1218 que Suscinio fut mentionné pour la première fois. Pierre de Dreux fut engagé pour sa construction au début du 13e siècle, époque probable de la première tour d'habitation. Le reste du château comprend une cour polygonale de plan classique du 13e siècle, entourée d'une courtine flanquée de tours. Les appartements se composent du grand châtelet (quatre étages avec salles superposées, une chapelle s'ouvrant sur la salle du deuxième étage) et du logis ouest, qui s'étend de l'ancienne tour vers le nord, datant d'au moins deux périodes différentes. Une autre chapelle castrale, dans laquelle des fouilles ont révélé un remarquable pavage de mosaïque, s'élevait comme dans divers autres sites bretons, à l'extérieur de l'enclos qu'entourait un fossé.

A l'origine manoir de chasse, il devint une véritable forteresse à partir du 14° siècle. L'évolution du site ancien transformé en une forteresse date d'après les guerres de Succession. La construction du grand châtelet exprimait la nécessité pour Jean 4 et Jean 5 de réaffirmer à partir d'environ 1380 leur autorité ducale, particulièrement face aux menaces constantes d'autres grandes familles, et de réparer les dégâts causés par plusieurs sièges, au cours des guerres civiles, notamment sa capture par Du Guesclin, en Au XVe siècle, la tour Neuve, parmi d'autres, fut garnie de meur- trières à canon. La signification stratégique du château fut éga- lement appréciée par Vauban.

Finalement pris d'assaut par les chouans, puis utilisé comme carrière (1798), le château de Suscinio est inscrit sur la première liste des monuments historiques en 1840 grâce à Prosper Mérimée. Ce n'est que récemment que sa véritable beauté a été découverte, à la suite d'une vaste campagne de réfection et de restau- ration. Mais c'est seulement depuis le rachat du château par le département du Morbihan en 1965 qu'il est sauvé de la ruine totale..

Actuellement les ouvriers maçons charpentiers et couvreurs utilisent les même techniques en matériaux que leurs prédécesseurs au Moyen-âge : taille du granit, charpente en chêne chevil- lée,et ardoises anciennes de Bretagne. Sur les huit tours d'origine il en reste six. La rénovation est toujours en cours. Regardez bien cette photo des eaux de pluie se déversant dans les douves : vous verrez un pigeon occupé à se désaltérer sur la gouttière !

Et regardez bien aussi les giroflées qui poussent sur le mur ! C’est le printemps en Bretagne ! Et même l’extérieur du château l’affiche…

Voici une vue aérienne du château, qui permet mieux de saisir la disposition des divers bâtiments autour de la grande cour centrale, l’emplacement du pont-levis, les douves autour du château, et les marais, communiquant avec la mer, qui étaient une des défenses naturelles du château.

La nuit tombe… Le château retourne à ses rêves… Peut-être, si je m’attardais, pourais-je voir les sentinelles en armes patrouiller sur le chemin de ronde, et les belles en hennin guetter leur chevalier servant depuis leur fenêtre en haut de la tour…

Photos prises par Yvonne Ollier. Documentation prise sur Google et textes personnels Musique : Bagad de Lann Bihoué, « Kas Ha Barh, Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :