Charlie CHAPLIN Modern Times Les Temps modernes (1936) Film en entier Extrait étudié Photogramme réalisé par l'enseignant
Quelle méthodologie pour l'analyse filmique ? L'analyse filmique se fait en prenant en considération tous les éléments constitutifs de l'image animée et en observant leur utilisation au service du récit / de l'émotion / du sens... Après cette analyse linéaire, on rassemble les éléments essentiels dans trois axes qui, par facilité, suivent l'ordre chronologique.
Comment procéder à l'oral ? Un photogramme pourra servir de support car l'extrait est aussi long que le temps imparti pour l'analyse. L'élève à l'aise avec le support informatique pourra choisir de courts extraits animés rendant l'explication plus intéressante et nuancée.
Première partie Contextualisation Pour la partie historique cf. cours d'histoire Les Temps modernes (Modern Times) est une comédie dramatique américaine de Charlie Chaplin, sortie en 1936. Il s'agit du dernier film muet de son auteur et le dernier qui présente le personnage de Charlot, lequel lutte pour survivre dans le monde industrialisé.
Contextualisation (2) A story of industry, of individual enterprise - humanity crusading in the pursuit of happiness. Les Temps modernes est une satire du travail à la chaîne (Taylorisme) et un plaidoyer contre le chômage et des conditions de vie d'une grande partie de la population occidentale lors de la Grande dépression. Conditions imposées, selon Chaplin, par les gains d'efficacité exigés par l'industrialisation des temps modernes.
Contextualisation de l'oeuvre grandes oeuvres Contextualisation de l'oeuvre Biographie de Charlie CHAPLIN Les grandes oeuvres de CHAPLIN Le personnage de Charlot (The Tramp) « 1914-1936 », une fin du muet... originale (sonorisation efficace et poétique). « The End »
Analyse linéaire Une masse industrieuse au service de la Machine Se reporter au blog Les éléments retenus : récit = montage (raccord entre les plans) mouvements de caméra, choix des cadres, son Dans chaque axe, on va utiliser le plus possible les éléments observés et analysés en faisant des choix pour éviter les redites. A partir de ce déroulé, axes proposés : Une masse industrieuse au service de la Machine Un homme qu'on enchaîne mal La machine « s'emballe »
Une masse industrieuse au service de la Machine (1) [Pourquoi / qu'est-ce qui en est dit ?] Ouverture sur un parallèle moutons / foule de travailleurs Commencement du film par le moyen de l'approche (entrée progressive avec le héros dans un lieu) Disproportion ouvriers / entreprise (= grandeur / beauté) Raccords = fondu pour relier Angle de vue = plongée, anonyme (héros dans la masse, anonyme) Raccords = raccords mouvement (on suit l'action en cours dans des lieux différents)=> insiste sur la rapidité, la pression (rush hour) Plans généraux + plongée => accentue différences, faiblesse
Une masse industrieuse au service de la Machine (1)
Une masse industrieuse au service de la Machine (2) [Pourquoi / qu'est-ce qui en est dit ?] Un contremaître « sportif », torse nu aux manettes, très obéissant un président se distrayant donnant ses ordres à distance Une accélération du travail à la chaîne [Pourquoi / qu'est-ce qui en est dit ?] Un contremaître « sportif », torse nu aux manettes, très obéissant un président se distrayant donnant ses ordres à distance Une accélération du travail à la chaîne [Pourquoi / qu'est-ce qui en est dit ?] Un contremaître « sportif », torse nu aux manettes, très obéissant un président se distrayant donnant ses ordres à distance Une accélération du travail à la chaîne [Comment ? image/analyse] Mouvement de caméra = travelling avant / latéral venant à la rencontre du pers. Puis après l'ordre = panoramique droite puis gauche pour mimer le mvt Décor du bureau = vide, uniforme, géométrisation de l'espace = taylorisation Ecran de surveillance => surcadrage plans généraux contenus dans plan demi- ensemble = supériorité [Comment ? image/analyse] Mouvement de caméra = travelling avant / latéral venant à la rencontre du pers. Puis après l'ordre = panoramique droite puis gauche pour mimer le mvt Décor du bureau = vide, uniforme, géométrisation de l'espace = taylorisation Ecran de surveillance => surcadrage plans généraux contenus dans plan demi- ensemble = supériorité [Comment ? image/analyse] Mouvement de caméra = travelling avant / latéral venant à la rencontre du pers. Puis après l'ordre = panoramique droite puis gauche pour mimer le mvt Décor du bureau = vide, uniforme, géométrisation de l'espace = taylorisation Ecran de surveillance => surcadrage plans généraux contenus dans plan demi- ensemble = supériorité
Une masse industrieuse au service de la Machine : conclusion Une entreprise moderne, esthétiquement valorisée (beauté de la force, de la machine puissante) Des ouvriers exécutants sans visage Dans une organisation quasi militaire
Axe 2 : Un homme qu'on enchaîne mal... [Pourquoi / qu'est-ce qui en est dit ?] L'accélération perturbe le bon déroulement de la chaîne La nature fait irruption dans la chaîne mécanique (grattage, insecte, autre ouvrier,blocage) Nouvelle accentuation du mouvement mécanique = automatisation des gestes à outrance [comment ? Analyse des images] (3'40) travelling avant vers une ligne d'ouvriers puis panoramique gauche vers la chaîne = opposition, contrariété des mouvements => « dyschronie » Plan = gros plan qui masque la chaîne => on ne voit plus que le mvt dans le vide, absurde (4'40) changement angle à 180° Charlot vu depuis le bout de la chaîne s'avance en titubant => clown
Un homme qu'on enchaîne mal... illustrations
Un homme qu'on enchaîne mal... conclusion Le travail de l'ouvrier à la chaîne est anti-naturel Quand la nature intervient, elle dérègle la mécanique : l'humain reprend le dessus... Charlot amplifie et détourne le mouvement mécanique de l'ouvrier pour en faire une gesticulation burlesque.
Axe 3 : La machine « s'emballe » Même déduite du temps oeuvré, la pause est interdite Dernière accélération de la cadence (extrême) Disparition de l'ouvier happé dans l'engrenage mais... Raccords mouvement (au lieu objet) = on suit le pers. Qui s'extrait (seul) de la chaîne ; plan de demi- ensemble dominé par gros plan du président Travelling arrière contrariant le mvt d'avancée de Ch. absorbé par la chaîne Sons (cordes + chants d'oiseaux) fantaisie de la chaîne : « matrice » absorbant l'homme, au prix de sa raison...
La Machine « s'emballe » : conclusion Dénonciation du caractère dictatorial du système où même la pause légale est interdite. Le temps est de l'argent = utilisation de l'individu seulement à des fins productives Prédominance du mécanique sur l'humain, du rationnel sur le sensible => perte (momentanée) de la raison
Conclusion (de M Mialet ) la parfaite maitrise du rythme burlesque. - l’utilisation originale et très habile du son (bruitages, chant, musique) et son refus de céder aux sirènes du cinéma parlant. Il critique l’emprise de la technologie et défend la liberté de création.
Conclusion (2) - La critique cinglante du travail à la chaine et de ses déclinaisons américaines (fordisme) et même soviétiques (stakhanovisme). - La dénonciation des injustices sociales aggravées par la Grande Dépression. Le film n’est pas une critique en tant que telle du progrès, de la modernité mais une revendication, celle de pouvoir vivre libre, à son rythme, et ne pas être enfermé dans le rythme effréné du travail à la chaîne. Cette liberté se gagne par l’art et par le cinéma.