Introduction à la science politique Fady FADEL oam Vice-Recteur aux relations internationales Secrétaire Général
Chapitre 6 : Les partis politiques Définir les partis politiques Typologies des partis Partis et compétition politique Systèmes de partis et modes de scrutin
Introduction Les partis sont devenus, à partir de la fin du XIXe siècle, des acteurs centraux de la vie politique. Le fonctionnement des régimes politiques, qu’il s’agisse des dictatures ou des démocraties, est en effet profondément déterminé par l’existence de ces organisations. Dans les régimes totalitaires, c’est le parti unique qui permet l’exercice d’une domination à vocation totale. De même, dans les démocraties pluralistes, la compétition politique est devenue une compétition entre partis pour la conquête des institutions et du pouvoir.
On peut définir les partis comme étant des organisations participant directement à la compétition pour les postes et les positions de pouvoir (même s’il ne s’agit là que d’une de leurs caractéristiques), Max Weber: «procurer le pouvoir à leurs chefs ».
1. Définir les partis politiques 1.1 Une définition préliminaire des partis politiques 1.2 Les fonctions des partis politiques
1.1 Une définition préliminaire des partis politiques Deux politistes américains (Joseph La Palombara et Myron Weiner) ont élaboré quatre critères dans le but d’identifier les partis politiques et de les distinguer d’autres types d’organisation. Les partis politiques sont dotés d’une organisation durable, c’est-à-dire une organisation qui a vocation à survivre à ses dirigeants. La seconde caractéristique est de reposer sur une organisation dont les échelons locaux sont en relations étroites avec le centre national. Cette « nationalisation du parti implique la constitution d’unités de base sur tout le territoire.
3. La troisième grande caractéristique est la volonté explicite d’accéder au pouvoir politique, ce qui traduit le plus souvent par le fait de se présenter aux élections. 4. Enfin, le quatrième et dernier critère réside dans la volonté délibérée de trouver un soutien populaire (celui des sympathisants, des militants ou des électeurs), ce qui les distingue notamment des «clubs de pensée ». Pour résumer, on reconnaît donc un parti politique au fait que c’est une organisation durable, implantée sur l’ensemble du territoire, dont le but est d’accéder au pouvoir politique grâce à un soutien populaire.
1.2 Les fonctions des partis politiques On peut différencier les fonctions manifestes et les fonctions latentes: Les fonctions manifestes sont « explicites » et revendiquées comme telles par l’organisation. En ce qui concerne les partis politiques, on peut distinguer trois types de fonctions manifestes: Une fonction programmatique Une fonction de sélection Une fonction d’encadrement
Les fonctions latentes sont « implicites »: elles ne sont pas revendiquées comme telles par les organisations, et leurs membres n’en sont pas nécessairement conscients. Ainsi, certains partis peuvent exercer une fonction d’intégration sociale des individus en leur offrant un milieu de sociabilité, des valeurs partagées, des « services », mais aussi des opportunités d’ascension sociale.
2. Typologies des partis 2.1 Une typologie « pionnière » : la différenciation parti de cadres / parti de masse de Maurice Duverger 2.2 Des partis de professionnels
2.1 Une typologie « pionnière » : la différenciation parti de cadres / parti de masse de Maurice Duverger Derrière le terme général de « parti », il existe une pluralité de structures. Maurice Duverger distingue deux grands types de partis: les «partis de cadres » et les « partis de masse ». Les partis de cadres sont des organisations composées essentiellement de notables, que le passage du suffrage censitaire au suffrage universel a contraint à se réunir. Ces partis ont une activité centrée sur les élections et attirent des membres des élites sociales, dont la fortune ou la notoriété constituent d’importantes ressources électorales.
Ces partis de cadres ont des appareils organisationnels peu développés et sont, en général faiblement centralisés, étant articulés localement sur des réseaux notabiliaires assez autonomes. Ils sont en conséquence peu disciplinés et faiblement hiérarchisés, et ils comptent peu de militants. A l’inverse, les partis de masse se caractérisent, comme leur nom l’indique, par la recherche du plus grand nombre d’adhérents, qui représentent l’une des principales ressources de l’organisation; ce sont leurs cotisations qui permettent pour une large part de financier leurs activités et, en particulier, les campagnes électorales, et ils fournissent les militants et les permanents qui feront vivre et fonctionner l’appareil et accompliront les activités de propagande.
2.2 Des partis de professionnels A la différence des partis de masse, il se caractérisent par le nombre réduit des militants bénévoles. L’appareil est comparativement peu développé et l’essentiel des activités est confié à des spécialistes, le plus souvent rémunérés. Les responsables des partis de professionnels sont étroitement dépendants d’une entreprise partisante qui les fait vivre et sans laquelle ils n’auraient aucune chance d’être élus. Ceci explique que les élus et les cadres politiques soient, en général, disciplinés comme le sont les cadres d’une entreprise à finalité économique. Ce type de partis est principalement une machine organisée pour la compétition électorale, qui a vocation à rassembler des financements.
Cette dimension de « machine électorale » se retrouve au niveau du positionnement idéologique et des cibles électorales visées par les partis: les partis contemporains tendent en effet à diversifier leur offre idéologique dans le but de conquérir un électorat socialement plus diversifié. Selon ces différentes analyses, les grands partis de gouvernement se rapprochent toujours plus du modèle idéal-typique du parti professionnalisé et « cartellisé », celui-ci devient de plus en plus important dans les systèmes politiques démocratiques, parce qu’il est plus adapté aux évolutions de la compétition politique, et parce qu’en raison de sa souplesse, il convient mieux à un marché électoral qui serait mouvant et permettrait de mieux répondre aux attentes des électeurs telles que peuvent les établir les sondages d’opinion.
3. Partis et compétition politique 3.1 Compétition interne 3.2 Compétition externe
3.1 Compétition interne La compétition pour le pouvoir ne commence donc pas avec la compétition électorale, lorsque les partis s’affrontent « dans les urnes ». Elle débute dans les partis eux-mêmes, puisque c’est au sein de l’entreprise partisante que s’opère la sélection pour l’accès à cette compétition. Elle prend parfois la forme d’une concurrence officielle entre des tendances organisées qui s’opposent pour le contrôle de l’organisation.
3.2 Compétition externe Au-delà de cette compétition interne aux partis, la compétition entre les partis est organisée en fonction de certaines logiques sociales et politiques. Le pluralisme politique, c’est-à-dire l’existence de plusieurs partis participant à la compétition électorale, est, l’une des caractéristiques fondamentales des démocraties libérales. Or ce pluralisme peut prendre des formes variées.
4. Systèmes de partis et modes de scrutin Comprendre les systèmes de partis suppose encore de prendre en compte d’autres dimensions du phénomène: le nombre de partis en compétition pour le pouvoir, la nature de leurs relations réciproques… Pourquoi dans certains pays, tels que les Etats-Unis, n’existe-t-il que deux grands partis en compétition sur le marché électoral? Alors que dans d’autres pays, tels que l’Allemagne, la France, le Liban, il y en a trois, quatre, cinq, six ou plus encore? Il faut prendre en compte les caractéristiques institutionnelles des régimes politiques. En effet, certaines règles juridiques exercent une influence déterminante sur les caractéristiques des systèmes de partis.
C’est pourquoi le mode de scrutin est un facteur explicatif essentiel de la structuration des systèmes de partis. Maurice Duverger , dans les partis politiques, propose de retenir trois “lois” concernant les effets des modes de scrutin sur les systèmes partisants. Première loi: le scrutin majoritaire à un tour à favoriser un système bipartisan composé de partis indépendants à structures “rigide”. En effet, ce mode de scrutin “lamine” les forces minoritaires (car “le gagnant remporte tout”) et favorise les partis dominants (ou les coalitions déjà établies) seuls capables d’arriver en tête dans les circonscriptions; ce d’autant plus que le scrutin majoritaire à un tour encourage le vote “utile” de la part des électeurs.
2. La deuxième loi concerne le scrutin majoritaire à deux tours 2. La deuxième loi concerne le scrutin majoritaire à deux tours. Selon Maurice Duverger, ce mode de scrutin tend à engendrer un système multipartisant au sein duquel les partis sont dépendants les uns des autres. En effet, l’existence de deux tours permet plus de diversité (donc de multipartisme) puisque les électeurs ressentent moins la pression du “vote utile”. Il permet également aux partis de se compter au premier tour, avant de négocier des alliances au second tour.
3. Quant à la troisième loi, elle établit que le mode de scrutin proportionnel favorise un système multipartisan formé de partis à structure “rigide” et indépendants les uns des autres. Le multipartisme découle du principe de la représentation proportionnelle. Ses défenseurs insistent sur le fait que c’est ce système qui assure la meilleure représentation de l’électorat dans sa diversité. Ses détracteurs soulignent qu’il engendre l’instabilité gouvernementale qu’il renforce le poids des états-majors sur les élus et qu’il rend plus difficile l’alternance au pouvoir.
Merci et à la prochaine Fady FADEL oam Vice-Recteur aux relations internationales Secrétaire Général