Aptitude/inaptitude du concept à l’évaluation

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Maladie d’ALZHEIMER et recherche
Advertisements

PERSONNES AGEES ET FIN DE VIE
La Dépression par le Médecin Généraliste
LA CONTENTION Au nom de la sécurité des patients peut-on leur poser
Le dispositif costarmoricain en faveur des tuteurs / curateurs familiaux Christophe BUZZI – DDCS des Côtes dArmor –Journée de réflexion du 8 novembre 2012.
Toulouse – CIMG – 8 novembre 2005 Personne de confiance Pradines B. Service de Soins de Longue Durée Albi Cassaigne P. Unité Mobile de Gériatrie. Centre.
Le licenciement pour inaptitude : l'obligation de reclassement, une alternative au licenciement pour inaptitude ?
La Réforme Des Tutelles
TROUBLES SPECIFIQUES DES APPRENTISSAGES
Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (11 février 2005)
Loi du 11 février 2005 et la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers Loi pour “l'égalité des droits et des chances, la participation.
Thème 2 : Comment est exercé le pouvoir de décision dans lentreprise ? Sous thème 2.1 : Lexercice du pouvoir de décision lié à la forme juridique de lentreprise.
L’influence du genre sur le PPH
Définition Contraintes / Astreintes Taches / Activités
APTITUDES MEDICALES AU TRAVAIL : Aspects réglementaires
La loi du 11 février 2005 Constitue un handicap…toute limitation d’activités ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement.
La démarche clinique infirmière
Insertion et maintien dans lemploi des T.H La loi n° du 11 février 2005 Cette loi vise à garantir à toutes les personnes handicapées 1 / Légalité
Module 2 Une relation de soins qui implique le patient ?
LE DOCUMENT UNIQUE DE DELEGATION
Congrès annuel de lAIISQ La mort assistée et notre pratique professionnelle Québec, le 23 octobre 2010 Michèle Marchand, M.D., Ph.D. Secrétaire du groupe.
DMG Poitiers B Reynoard X Rucquois J Bernat 01/2010
Le cas Pierrette ou quand la personne âgée sort du cadre…
LA REFORME DE LA PROTECTION JURIDIQUE DES MAJEURS
ÉDUCALOI : Votre référence pour intégrer le droit en classe
Fiche d’application de la grille d’analyse
La recherche pédiatrique en génétique et lassentiment des enfants : quelles directives ? Denise Avard, PH.D., Directrice de recherche, CRDP, Université
Loi relative aux droits des malades et à la fin de vie
GUIDE ÉTHIQUE DES MEMBRES DE LASSOCIATION PROFESSIONNELLE DES ANIMATRICES ET ANIMATEURS DE VIE SPIRITUELLE ET DENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE DU QUÉBEC.
Diplôme Universitaire Prise en charge des patients en État végétatif ou pauci-relationnel Année F. TASSEAU - Centre Médical de l’Argentière.
Brefs rappels sur la protection de l’enfance
Autonomie et protection : un équilibre difficile à maintenir
REFUS DE SOIN ET MEDECINE D’URGENCE
Le Document Unique des Risques Professionnels
Petit exercice, analyse de l’art 293 C.cr
Notre mort exige cette minutieuse préparation
Module 9 Les signalements et le traitement des plaintes.
Scolarisation des élèves en situation de handicap Intervention à lESMS 23 juin 2009 Philippe Douriaud CPC ASH.
La prise de décision médicale en fin de vie
Droits des patients et capacité de discernement
Inspection Académique de l'Hérault
Conférence pédagogique année 2006/2007 Circonscription d’Autun
Direction générale de la santé Mo VII-2-1 Des résultats évalués : vers un tableau de bord de la santé en France Principes de choix des objectifs nationaux.
Introduction Les années 1960 et 70 ont été marquées, au plan international, par l’émergence des mouvements sociaux issus des droits de la personne. Ceci.
Défis dans les pratiques professionnelles et la formation des professionnels Marie-Claude Vanier, B.Pharm., M.Sc. Professeur adjoint de clinique, Faculté.
Réforme du droit des régimes de protection juridique des majeurs.
Le respect de l’autonomie et le consentement au traitement
Information en cas de dommages liés aux soins
LE COMPORTEMENT DE L’ETUDIANT EN CHIRURGIE DENTAIRE
U N A F A M Vendredi 11 décembre 2009 IRTS - Rennes Union Nationale des Familles et Amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques.
La responsabilité du psychiatre
Le respect de la dignité à l’hôpital
La communication et le concept de soi
Evaluation des risques
L’ENCADREMENT DES STAGIAIRES A CHERET RDC
1.  On souhaite comparer deux traitements dans le cadre d’un essai randomisé sur les lombosciatiques :  corticoïdes par infiltrations  placebo  Critère.
LE MALADE MENTAL Les émotions
Indications du diagnostic prénatal de la mucoviscidose
HANDICAP ET TRANSPORTS SCOLAIRES
L’annonce de la maladie
Directives médicales anticipées
Les tendances internationales en matière de protection des personnes inaptes André Bzdera, conseiller en planification stratégique 29 octobre 2015 Colloque.
Protéger autrement Présenté par M e Normand Jutras, curateur public du Québec Colloque de l’OTSTCFQ 29 octobre 2015.
L’interne en poste aspects juridiques
Rapport Claeys / Leonetti
Loi concernant les soins de fin de vie (Synthèse) Ministère de la Santé et des Services sociaux Direction générale des services de santé et médecine universitaire.
Cellule Ecoute Loiret Enfance en Danger
Inaptitude à comparaître & état mental lors du crime Libération conditionnelle & évaluation du risque 18 novembre 2013.
Ensemble, formons les citoyens de demain!. Avis important : droits d’auteur et utilisation Le matériel contenu dans cette trousse pédagogique est la propriété.
Rencontres patients A.R.Tu.R Proches et aidants naturels Lionel Pourtau 16/ 04 / 2012.
Transcription de la présentation:

Aptitude/inaptitude du concept à l’évaluation Jérôme-Olivier Jutras MD CCFP UMF Jardins –Roussillon 5 oct 2011

Objectifs Comprendre les implications légales tournant autour du concept d’inaptitude Connaître les composantes du concept d’inaptitude Connaître les éléments du consentement éclairé Connaître les évaluations de l’inaptitude

Considérations légales 1- Nous vivons dans une société de droit Au Québec: le Code Civil du Québec Au Canada: le Common Law

2- Titre premier- De la jouissance et de l’exercice des droits civils article 4 : «  Toute personne est apte à exercer pleinement ses droits civils. Dans certains cas, la loi prévoit un régime de représentation ou d’assistance » Titre quatrième- De la capacité des personnes article 154 : « La capacité du majeur ne peut être limité que par un disposition expresse de la loi ou par un jugement prononçant l’ouverture d’un régime de protection »

3- Choc entre 2 valeurs Droit au respect de son autonomie Droit à la protection, à l’intégrité, à la santé 4- Il existe un biais favorable à l’autonomie dans notre société. Donc: Toute personne est présumée apte à moins que ne soit démontré le contraire. ii) Déclarer une personne inapte ouvre la porte au processus de protection et de facto diminue grandement l’autonomie.

5- La question est donc: À partir de quand le patient a-t-il tant besoin de protection qu’on est justifié de lui enlever son autonomie ?

6- Le besoin de représentation n’est pas déterminé par les choix que pose une personne mais par ses capacités à faire un choix. 7- Les juges qui doivent trancher sur l’inaptitude ne sont nullement formés pour évaluer l’inaptitude. Leur décision statuera sur la capacité de la personne à prendre des décisions et les actualiser. Et cela, après avoir pris connaissance des informations pertinentes des cliniciens.

8- Définition légale de l’inaptitude Titre quatrième- De la capacité des personnes article 258 « Il est nommé au majeur, un curateur ou un tuteur pour le représenter, ou un conseiller pour l’assister, dans la mesure ou il est inapte à prendre soin de lui-même ou à administrer ses biens, par la suite notamment, d’une maladie, d’une déficience ou d’un affaiblissement dû à l’âge qui altère ses facultés mentales ou son aptitude physique à exprimer sa volonté.  Il peut aussi être nommé un tuteur ou un conseiller au prodigue qui met en danger le bien-être de son conjoint ou de ses enfants mineurs. »

Erreurs courantes sur le concept d’inaptitude • Confondre diagnostic et inaptitude (il faut plutôt analyser l’impact de la maladie sur la capacité à prendre des décisions) • Généraliser l’inaptitude à toutes les situations (peut être apte à prendre des décisions sur son bien-être mais inapte pour ses biens, etc.) • Décréter l ’inaptitude permanente (réaliser que les personnes peuvent changer)

Composantes du concept d’inaptitude 1. Composante fonctionnelle • évaluation cognitive MMS PECPA (attention faux-positifs/faux- négatifs) • Évaluation directe AVQ/AVI

2. Composante causale ? Problème clinique/fonctionnel relié à une pathologie (rechercher autre explication: fatigue, amotivation, communication) ? Traitement ou amélioration possible ? Pronostic • Causes possibles: retard intellectuel maladie psychiatrique -troubles cognitifs

- Normalité fonctionnelle Déficits fonctionnels Normalité cognitive Chercher une autre cause Déficits cognitifs Ne peut être: -jugé inapte -fragilité -compensation -support entourage Pourrait être jugé inapte

3. Composante systématique • l’impact des déficits du patient sur son environnement: -famille/amis -milieu de vie physique -finance -possibilité d’abus

4. Composante décisionnelle Appréciation de la pertinence d’une déclaration d’inaptitude besoin de protection droit à l’autonomie

Forte probabilité Faible probabilité Conséquences graves Seuil bas Seuil majeur Conséquences légères Seuil moyen Seuil élevé Ajustement du seuil d’inaptitude en fonction de l’estimation des conséquences, de leur gravité et probabilité

Aptitude à consentir à un soin Évolution du concept de consentement éclairé Consentement implicite 1767 Slater V. Baker et Stapleton On ne traite pas quelqu’un qui refuse peu importe les conséquences Donc, traiter malgré refus = voie de fait 2. Consentement simple Le patient doit consentir au traitement • pas d’obligation de discuter les risques (pour ne pas briser son moral)

3. Consentement éclairé Remplace le consentement simple depuis une série de jugements entre 1952 à 1977 • Du droit à refuser un traitement on est passé au droit de choisir et prendre une décision autonome 3 conditions • communication de l’information • choix libre et volontaire • aptitude à décider

Évaluation fonctionnelle de l’inaptitude à consentir à un soin Habileté à exprimer un choix Incapable d’exprimer = inapte Inversement, si capable d’exprimer, cela n’égale pas nécessairement aptitude 2. Habileté à comprendre l’information La plus importante Peut être limité par des déficits Mémoire immédiate = important / long terme = moins important Besoin d’évaluer compréhension de ce qui a été présenté

3. Apprécier l’information sur un plan personnel • doit admettre qu’il a la maladie • doit admettre les conséquences de la maladie et des traitements • l’appréciation peut être diminuée par déni, agnosognosie, délire, faible autocritique • un patient ne peut apprécier l’information en raison de croyances très irrationnelles et/ou d’une distorsion importante de la réalité • les croyances sont en lien avec un déficit cognitif ou un affect perturbé • on ne peut protéger un patient des conséquences d’un choix qui est bas sur des croyances personnelles, non reliées à un désordre mental

4. Raisonner l’information • Mettre l’emphase sur le problème • Évaluer toutes les options • Considérer et imaginer les conséquences • Demander au patient de raisonner à haute voix

Références BOIVIN, Marie, L.L.M. L’évaluation de l’aptitude chez la personne âgée: ses perspectives et enjeux en droit québécois, Conférence colloque Association des médecins psychiatres du Québec, Novembre 2001. GENEAU, Daniel, M.A. L’évaluation clinique de l’inaptitude, Document d’accompagnement, 15 décembre 2000.