PHILOSOPHIE DU XVIIE SIÈCLE

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Transcription de la présentation:

PHILOSOPHIE DU XVIIE SIÈCLE Pierre Baribeau (2010) PHILOSOPHIE DU XVIIE SIÈCLE Descartes Hobbes Spinoza Locke Le siècle de la raison et de l’émancipation religieuse

Avant la modernité (Moyen âge) -Toute-puissance divine; -L’Église joue un rôle spirituel, économique, politique, social, éducatif et culturel; -Elle impose sa morale religieuse; -Le pouvoir catholique est aux ecclésiastiques qui prônent la pauvreté des mœurs; -En astronomie, la position de l’Église est géocentrique -cosmologie de Ptolémée et d’Aristote.

La Renaissance (XVe-XVIe siècle) -Innovations technologiques; -Découvertes scientifiques; -Nouveaux repères culturels; -Découverte du Nouveau Monde; -La Terre est ronde; -Diffusion de la littérature par l’imprimerie; -Culture humaniste - retour aux valeurs grecques; -Révolution copernicienne; -Réforme protestante.

La naissance de la modernité Dans la tradition, les individus étaient assujettis à l’autorité politico-religieuse. Au XVIIe siècle, Galilée, grâce à sa lunette télescopique, découvrit des détails physiques sur la Lune et Jupiter que l’œil nu n’aurait jamais pu voir. L’observation de ces nouveaux faits et le raisonnement mathématique qui justifia leur réalité étaient les preuves qu’attendaient Galilée pour rejeter la physique d’Aristote pour adhérer à la…

La naissance de la modernité …conception copernicienne du monde. Galilée défend à cette époque l’idée de la séparation de la science et de la religion. Il prétend que la réflexion méthodique et scientifique permet de découvrir des vérités jusque-là inconnues. La nature étant un livre écrit en langage mathématique, c’est au rôle de la science de découvrir ses vérités cachées. Quant à la Bible, elle continuerait à jouer le même rôle en révélant les vérités…

La naissance de la modernité …nécessaires pour sauver son âme. Pour Galilée, la raison ne suffit pas à faire accepter comme irréfutable les conclusions obtenues. Il lui faut soumettre ses conclusions à l’épreuve des faits. C’est dans la mesure où chaque individu capable d’utiliser sa raison peut pratiquer l’activité scientifique que l’on peut affirmer qu’un sujet libre de toute autorité est inséparable de la nouvelle rationalité.

Essor d’un courant philosophique majeur Le rationalisme est un courant philosophique qui croit au pouvoir illimité de la raison. Pour les modernes, tout être humain dispose de la raison. Les différences individuelles relèvent de l’usage que nous faisons de ce pouvoir de juger du vrai et du faux et du bien et du mal. Le rationalisme va tenter d’expliquer la nature sans avoir recours aux explications surnaturelles ou superstitueuses.

Essor d’un courant philosophique majeur Ce qui est réel est aussi rationnel, c’est-à-dire que tous les phénomènes de la nature ont une cause que l’on peut comprendre. Le rationalisme rejette l’explication religieuse et n’accorde aucune valeur au sentiment et à l’intuition. Il est la seule voie possible pour atteindre la certitude. C’est à cette époque d’émancipation dogmatique que s’impose la pensée du philosophe René Descartes.

DESCARTES Descartes sait que la réforme, le scepticisme renaissant et la révolution scientifique sont en train d’ébranler les fondements de la culture traditionnelle. Il faut à la culture de nouvelles fondations rationnelles. Il cherche à démontrer que rien n’est certain et que la raison seule, dépouillée d’une méthode, aboutit toujours soit à une discordance des opinions soit au postulat indémontrable, bref au relativisme. Soucieux d’étendre… (1596-1650)

DESCARTES …la certitude mathématique à l’ensemble du savoir, de rendre l’être humain maître et possesseur de la nature et de résoudre le conflit qui oppose la science et la religion, Descartes fera paradoxalement naître de son scepticisme la certitude philosophique. Doutant du témoignage des sens, qui peut nous tromper, et doutant de l’existence du monde à sa limite extrême, naîtra sa première certitude: «Je pense, donc je suis.»

DESCARTES Si le cogito justifie d’une manière certaine mon existence, alors qui suis-je? Je suis une chose qui pense, c’est-à-dire qui doute, qui affirme, qui nie, qui connaît peu de chose, qui ignore beaucoup, qui aime, qui hait, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine et qui sent. La conception de l’être humain pour Descartes est la suivante: en dehors de Dieu, incréé et infini, il existe deux sortes de substance: les âmes, immatérielles et pensantes, et les corps, …

DESCARTES …matériels et étendus. La nature humaine est composée de l’union de l’âme et du corps. Cette conception est appelée «dualisme» parce qu’elle conçoit ces deux substances comme des éléments autonomes et indépendants l’une de l’autre. L’âme, en tant que substance immatérielle, est immortelle. Le corps, en tant que substance matérielle, est périssable. Le corps est une machine extrêmement complexe. En ce qui concerne l’âme, …

DESCARTES …Descartes rompt avec l’idée traditionnelle comprise comme le principe d’animation de la vie. L’âme est plutôt le siège de l’affectivité, de la volonté et des fonctions purement intellectuelles (l’entendement). Le corps communique avec l’âme et réciproquement grâce à un fluide, les «esprits-animaux», qui circule dans les nerfs du corps. Le contact se fait précisément dans la glande pinéale, logée en dessous du cerveau.

DESCARTES Pour Descartes, la liberté consiste en un pouvoir absolu de douter, d’affirmer ou de nier et même de suspendre son jugement. Ce pouvoir est absolu dans la mesure où il n’y a pas de limite à la volonté. La liberté ne réside pas dans l’action, mais en nous. Il fait de la liberté une caractéristique essentielle de l’être humain. La liberté intérieure rend possible l’acte extérieur à accomplir. Elle n’est donc pas l’action, elle est préalable à l’action.

HOBBES Hobbes rejeta la dualité corps-esprit de Descartes en affirmant la matérialité de l’esprit. Au lieu de continuer à expliquer l’être humain comme la créature divine la plus achevée, conformément à la tradition religieuse, il tenta de comprendre la nature humaine en dehors de toute idée de création (état de nature). La conception de la nature de Hobbes est un ensemble de forces en mouvement. Pour lui, la nature est l’ensemble de tout ce qui existe. (1588-1679)

HOBBES Cela inclut l’être humain au même titre que toutes les autres choses. Comment peut-on savoir qu’une chose existe? Parce que cette chose a une opacité qui résiste aux sens. Tout dans la nature serait corps ou matière. Chaque corps a une étendue et un mouvement propre. Dans le monde matériel, les corps rencontrent d’autres corps et interagissent entre eux, exercent une influence. C’est la somme de ces interactions que Hobbes appelle la nature.

HOBBES Il n’y a pas dans la nature d’êtres abstraits ou généraux. Ce sont des inventions produites par l’esprit humain grâce à sa faculté langagière. Bref, tout ce qui n’est pas singulier et matériel n’est pas un être naturel mais plutôt une création artificielle. Dans cette optique, Dieu, l’être immatériel par excellence, serait une pure invention. Si Dieu existe, il est un corps. S’il est un corps, le dogme fondamental de la religion chrétienne est ébranlé.

HOBBES Pour Hobbes, l’être humain est d’abord animalité. Comme toutes les bêtes, l’être humain est animé par deux mouvements: le «mouvement vital» qui anime les fonctions de l’organisme, et son «inclinaison naturelle» qui permet à l’individu de préserver son être. Cette inclinaison se fait par un acte volontaire (se lever, marcher, courir, fuir, etc.) L’être humain possède des caractéristiques spécifiques qui le distinguent du reste de la nature animale.

HOBBES Sa principale caractéristique est d’être douée de parole, c’est-à-dire du pouvoir d’exprimer ses sensations corporelles. Cette capacité lui permet de calculer les conséquences de ses actions et de tirer des règles générales pour son comportement, ce que Hobbes nomme la raison. Mais sa raison n’est pas infaillible, car elle peut le mener vers de fausses conclusions et des absurdités telles que des superstitions ou la croyance en des êtres imaginaires.

HOBBES Les animaux ne sont pas victimes de ce type d’erreur, car ils sont guidés par leurs instincts. Pour Hobbes, comme tous les êtres humains sont faits de ces deux éléments: le pouvoir de la parole et le désir de conservation, il en résulte qu’ils sont tous naturellement égaux. La liberté de l’être humain est une liberté de faire, d’agir conformément aux lois de la nature, c’est-à-dire par l’absence d’obstacles extérieures. Donc, la liberté de Descartes est illusoire.

HOBBES La liberté ne réside pas dans la délibération ou le choix, qui ne sont que des calculs nécessairement limités aux possibilités physiques. L’impression de libre-arbitre sans cause est un pur fantasme fondé sur le caractère limité de nos connaissances et de nos expériences. En somme, la véritable liberté réside dans l’action qui n’est pas contrainte par les obstacles. Ce n’est pas la volonté mais l’action qui réalise cette volonté.

SPINOZA Spinoza remit en question la conception dualiste du monde et de l’homme défendue par Descartes. De ce fait, il rejeta aussi l’idée de l’éternité de l’âme ainsi que celle de la volonté absolument et infiniment libre qui ferait de l’homme une créature à l’image de Dieu. Pour lui, l’homme est un animal rationnel et politique et c’est dans la démocratie que réside sa liberté. Hobbes prétendait que la recherche de la sécurité est le fondement de toute société humaine. (1632-1677)

SPINOZA Au contraire, Spinoza affirme que c’est la recherche de la liberté qui est le fondement de l’état de société. Spinoza a tenté de fonder une doctrine sur la recherche du bonheur. Il rejette la conception judéo-chrétienne de l’homme pécheur qui doit racheter la faute originelle pour gagner le bonheur éternel. Contrairement à Descartes, Spinoza croit en une unique substance: Dieu ou la Nature sont un seul et même être infini. Dieu n’est pas une personne mais…

SPINOZA …le tout de l’être. Ce Dieu n’est pas le créateur de l’univers, puisqu’il est l’univers et qu’il a toujours existé. Ce qui élimine le problème de la prédestination. On ne peut attribuer à Dieu des qualités humaines, telles que la bonté, la méchanceté, etc. Deux attributs définissent la substance-Dieu-Nature: l’étendue (la matière) et la pensée. Tout dans la nature est matière infinie et pensée infinie. Ces deux aspects de la même substance forment un tout indissociable.

SPINOZA Il oppose la dualité de la nature humaine proposée par Descartes qui distingue la chose pensante (l’âme) et la chose étendue (le corps). Pour lui, l’âme n’a pas d’existence propre, n’a pas d’existence indépendante du corps. Elle est la conscience, un attribut du corps. À l’image de sa conception de la nature, il propose une unité corps-esprit, c’est-à-dire un corps qui a la conscience d’être ce qu’il est. L’être humain n’est pas non plus une exception dans…

SPINOZA …la nature, mais il est, comme toute autre chose, composé des deux attributs de la substance: pensée et étendue. Il n’y a qu’une seule réalité. À l’opposé de Descartes, il n’existe pas chez Spinoza de volonté comprise comme un pouvoir indépendant de l’esprit. Il n’existe que des actes volontaires concrets. La liberté n’est pas un pouvoir absolu de décider ou de maîtriser ses passions. La liberté est celle d’agir par la seule nécessité de sa nature.

SPINOZA Si la liberté n’est pas le pouvoir de décider, c’est que l’homme et son action sont les parties indissociables d’un tout, la nature, totalement régi par le déterminisme. Tout dans la nature est déterminé, c’est-à-dire que tous les phénomènes ont une cause et produisent un effet. La nécessité de la vie collective est liée à la puissance du désir, qui vise à se préserver dans l’existence et à rechercher le bonheur et non pas rechercher le libre-arbitre.

LOCKE À notre naissance, écrit Locke, notre esprit est comme une tablette de cire vierge. En conséquence, il n’est rien dans notre entendement qui n’ait été d’abord dans nos sens. Comme tous les empiristes, il rejetait la présence en nous d’idées innées que Descartes disait pourtant claires et distinctes. Au contraire, les empiristes soutiennent que nos idées sont simplement des copies plus ou moins atténuées de nos sensations. (1632-1704)

LOCKE Locke proposa de revenir à la source évidente de la connaissance: la sensation. La prémisse qui fonde sa doctrine peut se formuler ainsi: la nature est l’œuvre de Dieu. Il soutient que non seulement la nature est un tout ordonné, mais que Dieu ne crée pas le monde pour rien. Il y a donc une finalité, un but des lois de la nature. Toute chose qui existe doit agir selon la loi qui lui est propre. De ce point de vue, la nature n’est pas simplement le lieu de forces physiques.

LOCKE Dieu a donné la nature en patrimoine commun à l’humanité qu’elle a le devoir de s’approprier et de faire fructifier par le travail. Voilà selon lui la place qu’impose à l’être humain sa place dans la nature et dans le plan de Dieu. Cette terre, nous ayant été légué en propriété commune, les êtres humains disposent d’un pouvoir décisionnel. Étant égaux, ce pouvoir est à peu près équivalent. Étant raisonnables, ils comprennent que les autres ont sensiblement les mêmes besoins.

LOCKE L’être humain est un animal social: comme tout être vivant, il doit assurer sa survie et se reproduire pour fonder une famille. Il est un être libre, c’est-à-dire le pouvoir de faire ce que lui permet la nature, c’est-à-dire acquérir ses biens par le travail. Sa raison est le produit de la réflexion que mène l’être humain sur les données de ses sens. Il s’accomplit comme un être rationnel et raisonnable. Pour Locke, c’est la liberté qui fait l’humanité même de l’homme.

LOCKE _ Comme Hobbes, il considère que la liberté et la volonté sont des puissances qui permettent de réaliser ce que l’esprit a conçu. Dans la liberté à l’état de nature, chacun serait juge et partie de sa propre cause, il n’y aurait pas d’autorité légitime au-dessus des individus libres et égaux. Alors que pour Hobbes le contrat social donne naissance à la société, pour Locke, ces liens sociaux sont issus d’une nécessité liée à leur organisation biologique.