Vous avez certainement déjà entendu parler de la police scientifique ou de criminalistique, notamment au travers d’affaires qui ont défrayé la chronique. En voici quelques exemples :
Le meurtrier présumé de Caroline Dickinson confondu par son ADN 29 septembre 1995 17 avril 2001 Le meurtrier présumé de Caroline Dickinson confondu par son ADN Attentat contre le TGV Paris-Lyon La police a retrouvé la trace de Khaled Kelkal Son empreinte digitale a été retrouvée sur le ruban adhésif de la bonbonne de gaz ayant servi à l’attentat 28 octobre 1998 Un crime vieux de 45 ans résolu grâce à l’analyse du contenu des narines des victimes. Le pollen mène l’enquête. Ces affaires ont été résolues grâce à des m ……
La contribution scientifique à une enquête criminelle, qu’il s’agissent de sciences «dures » ou de sciences humaines, peut prendre des formes multiples. Pour un non initié, nourri par les médias et les fictions de tous genres, la délimitation de chacune des spécialités scientifiques à disposition de l’enquête criminelle demeure un peu floue. Le but du présent exposé n’est pas de dresser les limites et les objectifs de chacune de ces disciplines, mais plutôt de se recentrer sur l’une d’entre elles, la criminalistique, tout en demeurant conscient que cette dernière ne couvre qu’un aspect des nombreuses questions qui se posent à un enquêteur et pour lesquelles il s'appuie sur la compétence de spécialistes scientifiques.
I Origine de la criminalistique
Principe de l’échange « Nul ne peut agir avec l’intensité que suppose l’action criminelle sans laisser des marques multiples de son passage […] tantôt le malfaiteur a laissé sur les lieux des marques de son activité, tantôt par une action inverse, il a emporté sur son corps ou sur ses vêtements les indices de son séjour ou de son geste » Locard, E. L’enquête criminelle et les méthodes scientifiques. Flammarion, Paris, 1920. Edmond LOCARD (1877-1966)
Les méthodes de gestion L'identification des récidivistes La fiche d'identité Le système anthropométrique Alphonse BERTILLON (1853-1914)
II De la recherche des traces à la preuve > L’investigation de scène de crime > Révélation et exploitation des indices
La fixation de l’état des lieux Une fois la scène de crime sécurisée, ses accès strictement contrôlés et les traces préservées, il convient de procéder à l’étape de fixation de l’état des lieux. Cette démarche consiste à enregistrer de manière complète et exhaustive la totalité de la scène de crime et des éléments qui s’y trouvent avant de procéder à une quelconque recherche de traces. Le but de cette étape est double : d’une part, conserver un moyen de preuve de l’état initial de la scène de crime, d’autre part, assurer un moyen de pouvoir replacer les indices découverts par la suite dans leur contexte originel et, de ce fait, être en mesure de reconstituer les événements et les interactions entre les divers indices. Seule cette démarche permet de donner du sens aux différents indices retrouvés. L ’enregistrement à l ’aide d ’un appareil photographique ou d ’une caméra constitue évidemment le meilleur moyen de fixer l ’état de l ’ensemble du site, d ’établir la position d ’éléments pertinents de la scène. La photographie représente ainsi l ’une des activités essentielles du traitement des lieux. Ce mode de documentation est généralement complété par d’autres moyens complémentaires, comme l’établissement de croquis généraux, dont le degré de détail peut être étoffé ultérieurement, et la prise de notes, mémoire écrite, la seule qui n’est pas défaillante à long terme. Voici un exemple d ’une photographie générale et d’un croquis réalisés lors d ’une investigation concernant un double meurtre suivi d ’un suicide. La photographie est prise depuis le pas de la porte, avant même de pénétrer dans la pièce. Cas: M. X a tué par balle Mme Y (sa belle-mère), Mme Y (sa femme) avant de se donner la mort. Toutes les victimes ont succombé à un tir de pistolet dans la tête.
Recherche de traces visibles Verre Peinture Fibres Sang … Les traces visibles peuvent être de nature fort diverse. Un bon éclairage et une loupe sont souvent suffisants pour rechercher ce type de trace qui peut être du verre, de la peinture, une trace d’outil, du sang et des fibres du pull de l’auteur sur une vitre brisée par exemple.
Recherche de traces latentes Utilisation de techniques particulières Empreintes digitales Après avoir examiné la scène du crime au moyen de techniques optiques, des méthodes de révélation physiques peuvent être entreprises. Une des premières techniques de la police scientifique, qui est aujourd'hui encore une des techniques les plus utilisées sur les lieux, est le saupoudrage. Cette technique vise à révéler des empreintes digitales sur des objets qui, en principe, ne peuvent pas être transportés au laboratoire. La poudre la plus utilisée est l’argentoratum qui est constituée de fines plaquettes d’aluminium; la poudre adhère à la substance humide, collante ou grasse de l’empreinte latente. Dès lors, la technique peut également être utilisée pour révéler d’autres types de traces: de semelles, d’oreilles, de gants, etc. Voici un exemple de révélation d’une empreinte digitale par saupoudrage
Recherche de traces latentes Utilisation de techniques particulières Empreintes digitales Traces de semelle La majorité des traces, et souvent les plus pertinentes, que le technicien en scène de crime va rechercher sont latentes : empreintes digitales, traces de pas, etc. La trace latente est cachée, invisible à l’œil nu. Pour l’observer puis l’exploiter, il faut lui donner des caractéristiques qui la rendent différenciable de la surface sur laquelle elle se trouve. Les méthodes optiques présentent l’avantage d’être non destructives pour la trace et n’empêchent donc aucunement des traitements subséquents. C’est la raison pour laquelle le criminaliste va toujours débuter sa séquence de techniques par des méthodes optiques. Par exemple, un simple éclairage en frisance, c’est-à-dire avec un angle d’incidence très aigu, permet de révéler une grand nombre de traces, telles que des traces de semelles sur un sol poussiéreux. Des éclairages à différentes longueurs d’onde permettent de révéler d’autres type de traces: certaines traces biologiques (sperme,…), des fibres luminescentes, etc. Voici un exemple de recherche de trace de semelle. Une trace a été déposée sur ce sol en linoléum, recouvert de poussière. L ’éclairage de la pièce situé au plafond ne permet pas de voir la trace. (image 1) Le fait d ’assombrir la pièce et d ’utiliser un éclairage en frisance permet de faire ressortir le profil de la semelle et ainsi de localiser et de photographier la trace. (image 2) Voici la même trace photographiée. C ’est une trace de semelle dite négative car le profil est visible suite à un enlèvement de poussières. (image 3) Ces traces peuvent être aussi positives lorsqu’elles résultent d ’un dépôt de poussières.
Recherche de traces latentes Utilisation de techniques particulières Empreintes digitales Traces de semelle Traces sanglantes lavées … D’autres techniques plus sensibles, mais destructives, peuvent ensuite être utilisées. Celles-ci font appel à des réactifs chimiques. Des traces de pas, des empreintes digitales, des traces biologiques peuvent être mises en évidence grâce à ces techniques sur les lieux d’une scène de crime. A titre d’exemple, citons la révélation de traces de sang lavées. Les techniques de révélation de traces sanglantes font appel au même principe général: l’hémoglobine du sang est utilisée comme catalyseur dans une réaction chimique qui produit un composé coloré ou luminescent. Le LCV (Leuco Cristal Violet) produit un composé violet en présence de sang. Ce produit a l’inconvénient majeur de ne pas être très efficace sur des sols sombres. En présence de sang, le luminol produit un composé qui émet une lumière bleue. Cette méthode est très sensible si bien qu’elle est très utile lorsque le sang a été lavé. Les inconvénients de cette technique sont le risque de faux positifs car ce produit réagit aussi avec d’autres substances que le sang et qu’il est nécessaire de travailler dans l’obscurité. Il est à relever que l’utilisation de ces réactifs n’empêche pas une analyse ultérieure de l’ADN. Ces réactifs sont utilisés pour mettre en évidence la présence de sang (lorsque l’auteur a nettoyé les lieux), mais également pour renforcer ou pour révéler des traces de pas sanglantes. Exemple: du sang a été déversé sur du carrelage, puis le sol a été nettoyé. Le sol est traité au luminol. On observe des traces luminescentes produites par le sang persistant après le nettoyage.
Recherche de l’origine d’un incendie Dans le cas d’un incendie, la recherche de trace a pour but, dans un premier temps, de mettre en évidence l’origine du sinistre : le foyer initial. Cette recherche s’appuie sur un examen méticuleux des traces physiques dites de calcination et des dégâts engendrés par la chaleur dégagée par les flammes. Une fois l’origine déterminée, la propagation du feu doit permettre d’expliquer les destructions observées. Lorsque tout n’a pas été détruit par les flammes, une des traces souvent recherchée par le technicien de scène de crime est le motif en « V » de la calcination. Le feu se propage de bas en haut et les fumées se développent en forme de cône, laissant sur les murs une trace visible du départ du feu. La pointe du cône est l’endroit où le feu a pris naissance. C’est également l’endroit où il brûle le plus longtemps, engendrant les destructions les plus importantes. Voici un exemple de cône de calcination : Sur l’image présentée ici, sur la paroi de droite un magnifique « V » a été dessiné par les gaz chauds issu du foyer initial. A la base du « V » se trouvent les calcinations les plus importantes. A cet endroit se trouvait un fauteuil sur lequel un homme s’est endormi avec une cigarette allumée. La chaleur de la cigarette s’est propagée dans la mousse de rembourrage du fauteuil sous la forme d’une combustion lente sans flamme. Puis, quelques heures plus tard, lorsque les conditions chimico-physiques étaient réunies, les flammes sont apparues et l’incendie s’est développé.
II De la recherche des traces à la preuve > L’investigation de scène de crime > Révélation et exploitation des indices
Identification de la source d’une trace Crimes/délits Empreinte digitale ADN Trace de semelle Fibres Peintures Identification de la source d’une trace Le départ étant toujours situé sur la scène de crime, il s’agit de pouvoir relier les traces prélevées sur les lieux à l’auteur. Plusieurs types de traces permettent d’établir un lien direct avec l’auteur, c’est notamment le cas des empreintes digitales et des empreintes génétiques (ADN) (mais aussi des traces d’oreille). Pour d’autres traces, le processus d’identification se fait via un objet ayant laissé une trace, il s’agit alors encore de faire le lien entre l’objet et l’auteur, c’est le cas pour les traces de semelle, pour les fibres, les peintures, mais également les armes à feu et les traces d’outils. Nous allons maintenant voir l’exploitation de quelques types de trace.
Empreintes digitales Méthodes de révélation Méthodes optiques Méthodes physiques Méthodes chimiques La démarche générale qui est utilisée en sciences forensiques va du général au particulier. Le criminaliste va en premier lieu examiner des caractéristiques générales de l’indice qui vont permettre d’établir des classes, puis des caractéristiques permettant une éventuelle identification vont être recherchées. Dans cet exemple d’empreintes digitales, les examens optiques n’ont pas permis de mettre en évidence des traces. Par contre l’image du haut montre l’indice traité au cyanoacrylate qui est une méthode de révélation physique. Les crêtes des empreintes sont apparues mais le support gène la lecture de ces empreintes avec un manque de contraste dû aux lettres foncées. Un traitement chimique adapté permet d’améliorer le contraste grâce à une luminescence des crêtes dans le vert comme le montre l’image du bas. Pour choisir ce traitement chimique, il a été nécessaire, lors des premiers examens optiques, de s’assurer que le support ne produise pas de luminescence comparable, car le but est évidemment de créer, par cette méthode chimique, un contraste maximum entre la trace et le support.
Trace indiciaire Trace retrouvée sur les lieux 8 9 10 11 12 8 9 10 11 12 Trace indiciaire La trace retrouvée n’est pas toujours de bonne qualité. Lorsque celle-ci présente suffisamment de minuties (arrêt de ligne, bifurcation), un processus de comparaison avec les fiches dactyloscopiques (empreintes encrées) de suspects est réalisé. Il s’agit cependant de toujours garder à l’esprit qu’une empreinte digitale permet de relier une personne à un objet qui a été manipulé/touché, ce dernier peut avoir été déplacé sur la scène de crime ou alors l’empreinte peut y avoir été déposée à un autre moment que pendant la commission du délit. (cf. traces dans leur contexte) 1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 6 7 Trace retrouvée sur les lieux Encrage de l’index droit du suspect
Résidus de tir Méthodes optiques Méthodes chimiques DiMaio V.J.M. 1999 Comme on peut le déduire des images de gauche montrant le fort dégagement de fumée au départ d’un tir de pistolet, il est fort probable qu’une partie de cette fumée constituée notamment de particule métallique provenant de la poudre de la cartouche se retrouve sur les mains du tireur. On retrouve ces particules de poudre, appelés résidus de tir, préférentiellement sur l’index et le pouce de la main tenant l’arme au moment du tir comme le montre l’image en haut à gauche. Il existe principalement deux méthodes pour analyser les résidus de tir sur les mains du tireur, une chimique et l’autre optique. La méthode chimique consiste à placer sur les mains du tireur un papier buvard imprégné de réactif qui colore les particules de résidus de tir. Cette méthode à l’avantage d’être rapide et de permettre d’étudier la répartition des résidus sur la main. Par contre, il est possible de rencontrer des faux positif étant donné que le produit réagit aussi avec d’autres substances. La méthode optique consiste à tamponner les mains du tireur comme le montre l’image en bas à droite puis réaliser des observations au microscope électronique à balayage (MEB). Cette méthode, même si elle est longue, permet quant à elle d’identifier formellement les résidus de tir qui ont une forme sphérique caractéristique comme dans la dernière image. DiMaio V.J.M. 1999
Armes à feu A B Méthodes optiques Projectile indiciaire L’exemple des armes à feu : balistique Dans une première étape on considère les caractéristiques qu’on appelle de fabrication afin de déterminer déjà si l’arme et la munition sont compatibles, typiquement au niveau du calibre. On passe ensuite aux caractéristiques dites acquises, celles qui se créent au cours de l’usage de l’arme étant donc spécifiques à celle-ci. De telles traces sont imprimées sur le projectile lors de son passage dans le canon caractérisé par des champs (A) et des rayures (B). On parle donc d’impressions ou traces de champ et de rayures sur lesquelles des microstries sont visibles. L’examen de ces microstries est réalisé par une méthode de comparaison optique entre un projectile incriminé et des projectiles de comparaison tirés par l’arme suspectée. Dans l’image de droite, on peut observer une concordance parfaite des stries entre deux projectiles. Cette comparaison montre que ces deux projectiles ont été tirés par la même arme. Arme saisie chez le suspect
Incendie Recherche d’accélérants Analyse instrumentale Lors d’un incendie, un des éléments qui peut permettre de différencier une intervention humaine volontaire des autres hypothèses, est la présence d’accélérant à l’origine du feu permettant sa propagation rapide. La chromatographie en phase gazeuse couplée à un spectromètre de masse permet l’analyse de composés organiques. C’est cette méthode qui est utilisée pour la détermination de la présence d’accélérants dans des prélèvements effectués sur les lieux du sinistre.
Traces biologiques - ADN
ADN nucléaire chromosome noyau de cellule molécule d’ADN double hélice nucléotides C G A T double hélice L’ADN ( Acide DésoxyriboNucléique) qui est le support de l’information génétique regroupe principalement des informations permettant de réaliser les différentes fonctions biologiques qui elles-mêmes sont effectuées par des protéines, l’ADN est en quelque sorte un recueil de recettes permettant de fabriquer des protéines. La clé du stockage de l’information consiste à coder la séquence des acides aminés des protéines sous forme d’une séquence de nucléotides dans l’ADN. A ce stade on peut préciser que notre ADN a une longueur totale de 3 milliards de nucléotides. Tout notre héritage génétique tient dans ces 3 milliards de nucléotides dont il existe 4 types. On les décrit par les lettres A, C, G, T [pour Adénine, Cytosine, Guanine, Thymine].
ADN : support d’information Partie codante => les gènes Partie non-codante => ? v a w n é o i f d é l s k a v f o é i s y dé f i y j s f é a i é o a i j g è o i a j v è o i f j a è v i o f e o i j v f f j - Maître Corbeau sur un arbre perché tenait en son bec un fromage -v p p j v e w w f v p o i a su v p o f i u n v es p o i f e p w o a i v f p o a î w e j f p o a j s d k l f a j p o j p a o i q w e r t z u i o p I k j h g f d s a y x c v b n m - Là-haut sur la montagne l’était un vieux chalet - m k o I p j n u h b z g v t f c r d x e s w q a y xf t n h d h i o p l h j k r t v z n m k s f w g Les gènes Le concept de gène a été créé en 1965 par Mendel pour qualifier les unités élémentaires d’information génétique. Un gène est la zone de l’ADN qui porte l’information permettant de construire une protéine. Ainsi a-t-on un gène de l’insuline, un gène de l’hémoglobine. On estime le nombre de gènes dans l’ADN à plus de 32’000. La totalité de ce patrimoine génétique est appelé le génome. Séquence codante et non codante Si l’on lit le texte de l’ADN depuis une extrémité de la double chaîne, on va rencontrer un code start indiquant le début de l’information génétique d’une protéine et quelques milliers de nucléotides plus loin on va rencontrer un code stop marquant la fin de l’information génétique de la protéine. Cependant l’information génétique de la protéine suivante ne débute pas immédiatement après le stop. Il y a donc un certain nombre de nucléotides entre deux qui ne portent aucune information génétique, il s’agit de l’ADN non codant. En fait seul 2% de notre ADN est de l’ADN codant. L’ADN non codant ne sert pas pour autant à rien. De même dans un livre, la reliure et le papier des marges ne portent pas d’éléments informatifs; ils n’en sont pas moins des parties intégrantes et indispensable de l’ouvrage.
… ADN : support d’information PCR (Polymerase Chain Reaction) : photocopieuse moléculaire ADN de l’échantillon (modèle) Partie que l’on souhaite copier Paire d’amorces 1er Cycle de copiage ADN modèle Copie + 30 cycles de copiages Milliards de copies de la zone cible … La PCR a été conçue en 1985 par K. Mullis qui a reçu le prix Nobel pour cette découverte. Mais c'est en fait en 1988 que la PCR est apparue dans une version améliorée dans laquelle elle déploie tout son potentiel. PCR est le sigle de l’expression anglaise Polymerase Chain Reaction qui est une sorte de copiage moléculaire. Au cours de la PCR tout l’ADN contenu dans l’échantillon n’est pas copié. Le copiage est tout à fait sélectif pour un petit segment de l’ADN (une partie non codante comme défini ci-avant). On appelle amorces les secteurs qui déterminent quelle partie de l’ADN va être copiée. Elles se positionnent aux deux extrémités de la zone à copier, et délimitent ainsi le cadre du copiage. La PCR se déroule comme une série de cycles de copiage. Si l’on comprend le principe de la PCR, on saisit immédiatement que l’on a dans les mains un outil qui rend possible les analyses les plus sensibles qu’on ait jamais pu inventer. Selon le principe du copiage il suffit théoriquement que le délinquant laisse derrière lui une seule de ses cellules, une seule molécule de son ADN pour qu’on puisse identifier sa trace…
ADN : support d’information individu 1 individu 2 Séquences répétitives (Jeffreys, 1985) a j f é o ai u f v e u foi a v p f o i a p o c a p o c a w p o m d y v l y h f h f a gue gue gue gue i a i o je f v p o a j p o v f p o a w u f p v o a s w v r t u h f a s w d r f v f t d s a v h t h u k i 7 7 6 6 5 5 4 4 C'est en 1985, que l'analyse d'ADN a fait irruption sur la scène de la criminalistique. Cette irruption était le fruit de la découverte d'une grande nouveauté dans notre connaissance de l'ADN. Cette nouveauté, c'était les « séquences répétitives » par Jeffreys. Notre ADN est parsemé de dizaines de milliers de séquences répétitives différentes. Ces séquences répétitives varient tant dans leur contenu que dans leur longueur. Les séquences répétitives sont précieuses pour la police scientifique, puisqu’elles sont le siège d’un grand polymorphisme. En effet, le nombre de répétitions, ou si l’on préfère l’importance du bégaiement varie considérablement d’un individu à l’autre. Dans l’exemple 2 on a une schématisation de l’ADN avec séquence répétitive chez 2 individus: le polymorphisme de longueur étant le résultat de la variation du nombre de répétitions de l’élément répétitif. 3 3 2 2 1 1
ADN : support d’information Suspect 3 Suspect 2 Suspect 1 Analyse d’un profil d’ADN Trace L’ « empreinte génétique » ne comporte aucune information sur les caractéristiques signalétiques d’un individu ni sur d’éventuelles maladies génétiques. En haut, l’électrophorèse sur gel permet de différencier les différents allèles de par leur taille et leur charge électrique. En bas, un résultat effectué par électrophorèse capillaire est illustré. Actuellement cette technique a remplacé l’électrophorèse sur gel, principalement par la rapidité de l’analyse (auto sampler) et la facilité de préparation des échantillons.
Exemples de supports d’ADN Il est possible de retrouver suffisamment de matériel pour permettre une analyse ADN sur une multitude de supports comme le montre les photographies suivantes Mégot de cigarette Rabat d’enveloppe et timbre Traces labiales sur un verre Ongles Cheveux et pellicules sur des pulls ou dans des cagoules Traces de sperme, de liquide vaginal ou d’urine sur des sous vêtements
ADN mitochondrial 100 à 1000 mitochondries par cellules ADN nucléaire Cellule et sa membrane Noyau Mitochondrie ADN mitochondrial 100 à 1000 mitochondries par cellules Origine maternelle Pour les cas où l’analyse de l’ADN nucléaire n’est pas possible La mitochondrie est une partie de la cellule, elle officie en tant qu’usine énergétique de la cellule. On rencontre environ 100 à 1000 mitochondries par cellule, chacune contenant une dizaine de copies d’ADN mitochondrial contre deux copies pour l’ADN nucléaire (l’une paternelle l’autre maternelle). Le nombre de copies d’ADN mitochondrial peut dès lors s’élever à plusieurs milliers. Cette caractéristique est bien sûr d’un grand intérêt pour les sciences forensiques lorsque l’on est en présence d’une trace biologique ne contenant que quelques cellules. Une autre caractéristique importante des mitochondries est qu’elles sont un héritage purement maternel, les spermatozoïdes n’en amenant pas
ADN mitochondrial Hérédité maternelle Voici un exemple de représentation d’un arbre généalogique à 4 générations qui montre la transmission maternelle de l’ADN mitochondrial. Les individus de la même couleur ont le même ADN mitochondrial. Ces analyses peuvent donc ne pas suffire suivant les circonstances du cas. En effet, on ne pourra pas différencier deux suspects provenant de la même famille qui ont une origine maternelle commune.
ADN : potentiel de la trace Prélèvement de traces Recherche de traces Sang Salive Os dent Sperme Cheveux,poils Ongles Urine Traces de contacts Pellicules Trace d’oreille … Crime Séquençage ADN Recherche base de données Identification des allèles Les traces biologiques dans leur utilisation pratique. Trace le plus souvent retrouvée: il s’agit du sang (exemple: tir à bout touchant avec projections de sang en retour sur les parties de l’arme) Le sperme: la densité du sperme est riche en spermatozoïdes (en moyenne 100’000 cellules par microlitre), il est donc riche en ADN. La salive : qui contient des cellules décrochées des parois des glandes salivaires donc de l’ADN. Timbres, rabats d’enveloppes, mégots de cigarettes, verres, récipient, aliment, brosse à dents,… Nous faisons couramment sans en prendre conscience des gestes qui nous amènent à laisser de la salive sur des objets ainsi tous les objets se trouvant devant la bouche d’une personne qui parle sont susceptibles de présenter des traces de cette dernière (téléphone, cagoule, micro,....) Les os, les dents (bonne conservation après décès…) , Cheveux, poils (ADN nucléaire si racine, sinon ADN mitochondrial), l’Urine contient des cellules décrochées des parois traversées par l’urine c’est-à-dire la vessie et les canaux urinaires, les Ongles, les Objets en contact avec les mains (la sensibilité des analyses d’ADN utilisant la PCR a permis d’envisager d’exploiter les traces laissées par le contact de la peau sur des objets, comme des poignées de portes, des combinés téléphoniques, …) les pellicules (débris se détachant de la peau même sans contact) à rechercher dans les cagoules lors de brigandage, oreiller, brosse à cheveux,…), les traces d’oreille,..
ADN : potentiel de la trace - Exemple Canada Les fichiers ADN contiennent bien évidemment les profils ADN des traces prélevées dans le cadre d’enquêtes non résolues. L’utilité du stockage de ces données ne fait aucun doute, que ce soit pour établir des liens entre affaires différentes ou pour vérifier si un suspect dans une affaire pourrait être impliqué dans des cas similaires. Les débats sur les fichiers portent principalement sur le fichage des profils ADN des personnes. La première question concerne les conditions d’entrées (quels délits peuvent conduire au fichage d’une personne). Les réponses sont très différentes d’un pays à l’autre. En Grande Bretagne toutes les personnes condamnées pour un crime, un délit ou une infraction conduisant à une inscription au casier judiciaire peuvent être fichées. En 8 ans, les profils de 2 millions de personnes ont été répertoriés (voir graphique concernant le nombre de profils en regard du nombre de liens). En Suisse et en France (La France dispose du Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG), géré par la Police nationale) on a à peu près le même catalogue qu’en GB. Ces fichiers sont très efficaces. A titre d’exemple la GB à l’aide de son fichier très étendu arrive à une moyenne de 1000 correspondances trace-suspect par semaine. Il est également remarquable de noter que les analyses d’ADN ont permis d’innocenter plusieurs personnes aux USA, dont certains étaient condamnés à mort suite à des erreurs judiciaires. Ces erreurs judiciaires rappellent que malgré l’efficacité des fichiers ADN, il est nécessaire de poursuivre l’enquête et de considérer aussi tous les autres éléments de preuve.
Liens possibles Base de données Traces Personne Personne Traces Empreintes digitales Traces de semelle Armes à feu ADN Liens entre cas Traces Traces Comparaison avec bases de données Pour résumer, l’exploitation des indices permet de relier des traces à des personnes. Par exemple, vous retrouvez une empreinte digitale sur un lieu, celle-ci peut être comparée aux fiches des personnes déjà dactyloscopiées (processus de prise des empreintes digitales de comparaison) dans le cadre d’une autre affaire. Il est également possible de lier une personne à une trace, ainsi lors de l’interpellation d’un individu suspecté de cambriolages, il est possible de comparer ses chaussures aux traces de pas prélevées sur les cambriolages. La comparaison entre traces permet de relier des cas entre eux et de mettre en évidence ou de confirmer la présence d’une série (mêmes auteurs). L’utilisation des traces permet également d’identifier les récidivistes, ainsi une personne se présentant sous une fausse identité pourra être reconnue. L’exploitation systématique des liens entre les traces et les personnes nécessitent de classifier, d’enregistrer de nombreuses données, c’est ainsi que de nombreuses bases de données ont été construites dont les principales concernent les empreintes digitales (AFIS en Suisse), l’ADN (CODIS) et les armes à feu (IBIS/Cible/Drugfire). Personne Identification des récidivistes Personne
III Exemples de résolution d’enquêtes