Allergies médicamenteuses Epidémiologie du risque Antoine Flahault Inserm U707 - Faculté de Médecine Saint-Antoine
Trois raisons pour vouloir faire l’épidémiologie de l’allergie médicamenteuse
(Mieux) informer le patient et le médecin « 10% à 20% des patients déclarant des antécédents d’allergie à la pénicilline en ont réellement une lorsqu’on la confirme par des tests cutanés » Salkind AR, JAMA, 2001
Montrer que c’est un “problème de santé publique” « Il y a 1 choc anaphylactique sur 13 000 anesthésies. En France, il y a eu 8 millions d’anesthésies générales en 1996 » Laxenaire MC, Clin Exp Allergy, 1998
Positionner un médicament face aux autres traitements disponibles (AFSSAPS, labo) « Le risque de choc anaphylactique de la glafénine relativement aux pénicillines était de 17 (IC 95% : 9-33), et relativement aux AINS de 33 (IC 95% : 17-63) » Van der Klauw M, Br J Clin Pharmacol, 1993
Et pourtant, les épidémiologistes s’intéressent-ils à l’allergie ?
(-> janvier 2002) “epidemiology” 666 156 références “drug allergy” 632 ‘’ “drug allergy” and “epidemiology” 66 ‘’
L’allergie : trop complexe pour un épidémiologiste ? Choc anaphylactique (événement très rare) diagnostic souvent facile imputation souvent très facile Urticaire (événement fréquent) imputation souvent facile
L’allergie médicamenteuse : quasi monopole de la relation de cause à effet presqu’évidente
Alors on n’a peut-être pas tant besoin des épidémiologistes (ici) ?
La pharmacovigilance (notification spontanée) est peut-être suffisante ?
Allergies : quel rôle de la pharmacovigilance ? elle détecte le signal la mieux capable de détecter les signaux très rares (< 1 cas/100 000) elle est incapable de quantifier le signal biais de notification elle génère des rumeurs qu’il faut vérifier
un rôle pour les épidémiologistes des allergies médicamenteuses ? « Pompier de rumeurs » un rôle pour les épidémiologistes des allergies médicamenteuses ?
Que signifie « vérifier une alerte » dans le cas des allergies médicamenteuses ? Ce n’est pas trouver des arguments en faveur de la causalité (puisqu’on ne la remet pas en cause) Mais, C’est quantifier le risque C’est donc aussi permettre de le classer
Quelles mesures pour quantifier le risque ? Le risque absolu : incidence, prévalence Le risque relatif (force d’association) Le risque attribuable (mesure d’impact)
les schémas classiques cohorte, essais cliniques enquêtes exposés vs non exposés : on compare les événements entre les deux groupes cas-témoins on compare les expositions passées entre les cas (qui ont présenté l’événement) et les témoins (indemnes)
les problèmes classiques cohorte : le défaut de puissance statistique cas-témoins : la sélection des témoins lourd, coûteux biais de sélection
cas-croisé : identifier les coupables sans témoins l’étude cas-croisé compare chez les cas l’exposition dans une période précédant immédiatement l’événement avec l’exposition durant des périodes antérieures un recrutement de cas indépendants de l’exposition pas de témoins
-21j -14j -7j RR Evénement Exposition passée Wash-out Période contrôle Période à risque 1/1 1/0 0/1 0/0 RR .
En guise de conclusion : une seule proposition
Une surveillance cas-croisée pour l’allergie médicamenteuse nécessite la constitution de registre(s) de réaction(s) allergique(s) indépendant(s) du statut d’exposition permettrait un monitorage permanent et continu de risque(s) allergique(s) médicamenteux en l’absence de sélection de témoins