Cours de mobilité sociale (4) Vendredi 12 mai 2006.

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Cours de mobilité sociale (4) Vendredi 12 mai 2006

Rappel de l’épisode précédent –Le système davantage que l’acteur: une façon spécifique de poser un problème sociologique L’explication fonctionnaliste : Parsons –trois principes –L’inégalité sociale est fonctionnelle –La structure sociale est fluide –La mobilité sociale est l’élément « stratégique » (qui permet les ajustements). Lipset la mobilité sociale est la combinaison de deux processus : –une offre de statuts vacants –un échange entre positions –auxquels s’ajoute l’analyse des facteurs de motivation à la mobilité ascendante

Blau ( ) et Duncan ( ) –La méthode ne se veut plus métrologique (étude de la mesure) mais également explicative ; non plus seulement comparative, mais analytique. –Ce qui caractérise les Sociétés modernes –+ d’universalisme et d’ « achievement » (l’accomplissement), –- de particularismes d’ « ascription »(l’assignation). Ce phénomène s’explique par trois causes : –Le progrès technologique et économique, qui augmente le nombre de places en haut de l’échelle –La mobilité géographique, qui affaiblit les liens familiaux –La fécondité différentielle entre catégories sociales Les travaux de l’INED. Institut National des Etudes Démographiques Alain GIRARD 1961 La réussite sociale en France. souligne le rôle de frein joué par la famille dans le changement social : Pour Longone (1970) c’est la consommation, en entraînant des changements dans la structure de la production et donc des emplois, qui est à l’origine de la mobilité sociale Il recourt à l’appui de sa thèse à la loi d’Engel « … la mobilité sociale reflète finalement, dans une large mesure, la variabilité des besoins et de la consommation. » (P.Longone 1970)

Pierre Bourdieu ( ) 1964 Les Héritiers le consacrent comme l’intellectuel de la « reproduction sociale » En 1970 dans La reproduction il présente la mobilité sociale comme facteur de conservation et un procédé individualiste dans lequel seuls quelques uns s’en sortent

« …. la mobilité contrôlée d’un nombre limité d’individus peut servir la perpétuation de la structure des rapports de classe ; ou, en d’autres termes, à condition de supposer possible la généralisation à l’ensemble de la classe de propriétés qui ne peuvent sociologiquement appartenir à certains membres de la classe que dans la mesure où elles restent réservées à quelques-uns, donc refusées à l’ensemble de la classe en tant que telle. » (Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron 1970, pages 69/70)

6 « Loin d’être incompatible avec la reproduction de la structure des rapports de classe, la mobilité des individus peut concourir à la conservation de ces rapports, en garantissant la stabilité sociale par la sélection contrôlée d’un nombre limité d’individus, d’ailleurs modifiés par et pour l’ascension individuelle, et en donnant par là sa crédibilité à l’idéologie de la mobilité sociale qui trouve sa forme accomplie dans l’idéologie scolaire de l’Ecole libératrice ». page 206

Les marxistes Nient toute pertinence à cette problématique quelles que soient les circulations entre les places, la seule chose qui importe est qu’il y a reproduction de ces places

Nicos Poulantzas « L’aspect fondamental de la reproduction des rapports sociaux –des classes sociales- n’est pas celui des « agents », mais celui de la reproduction des places de ces classes ». (Les classes sociales dans le capitalisme aujourd’hui 1974, p.291) Ce qui prime, ce n’est pas la « structure », mais sa reproduction. Il ne concéder aucun rôle à l’école dans la reproduction des classes sociales puisque, « pour la classe ouvrière (..) ce rôle dominant revient en fait directement à l’appareil économique lui-même, à l’entreprise ». (Page 275).

Christian Baudelot et Roger Establet: le problème essentiel n’est pas la reproduction des statuts individuels, mais celle des classes sociales : « ce qui importe au fonctionnement du mode de production capitaliste, ce n’est pas que les fils héritent de la classe sociale de leur père, mais bien que la classe ouvrière, en tant que classe exploitée, opprimée, dominée, et la classe bourgeoise, en tant que classe exploitante, oppressive, dominante soient constamment reproduites ». (Baudelot et Establet L’école capitaliste en France 1971 p. 315).

Le paradigme systémique de Raymond Boudon (Né en 1934) La logique du social « les faits sociaux sont le résultat non intentionnel d’actions intentionnelles ». (Boudon 1979) Si l’acteur a la maîtrise de ses décisions, la portée de celles-ci lui échappe.

« l’individualisme méthodologique » va de pair avec un fort déterminisme structurel. La « demande sociétale de compétences » (les besoins de la structure) ne peut pas toujours satisfaire une offre individuelle de qualifications. Les titres scolaires peuvent s’accompagner: – d’une baisse, –d’une augmentation –d’une constance du statut hérité. Boudon formalise des processus médiateurs. Les perceptions subjectives de la réalité sont ainsi reliées aux décisions. C’est la représentation des contraintes (ou du champ des possibles) qui sera intermédiaire entre la structure et les décisions des acteurs. Chaque décision est une anticipation des chances objectives.

Les relations Structures scolaires/Structures sociales. La sociologie française s’est surtout intéressée au lien existant entre accès au diplôme et origine sociale. Il y a effectivement un lien origine/diplôme MAIS le lien diplôme/statut semble, lui, davantage soumis à caution C’est ce que Boudon a nommé le « paradoxe d’Anderson ».

Le paradoxe d’Anderson une élévation du niveau scolaire ne s’accompagne pas nécessairement d’une élévation sociale. il relève qu’il y a deux fois moins de fils situés à un niveau social plus élevé que de fils situés à un niveau d’instruction plus élevé.

Niveau d’instruction du fils par rapport à celui du père Statut social du fils par rapport à celui du père Plus élevé Sembl able Plus bas Total Plus élevé Sembl able Plus bas Total

Raymond Boudon conclut ainsi son livre L’inégalité des chances : « une diminution de l’inégalité des chances scolaires n’est pas incompatible avec la stabilité de la structure de la mobilité que les données disponibles mettent en évidence. »

Boudon évoque deux moments dans un trajet de vie : l’allocation d’une position dans la structure scolaire l’allocation d’une position dans la structure sociale Dans le premier cas, chaque individu évalue depuis sa position sociale le risque, le coût et le bénéfice le choix d’un cursus scolaire. L’ensemble du processus est modélisable puisqu’il est un « processus de décision rationnel dont les paramètres sont la fonction de la position sociale ».

Au sein du second processus, on distingue deux stades ou deux variables : l’origine sociale (effet de dominance) Le niveau d’instruction (effet méritocratique)

Comment expliquer ce paradoxe ?  la structure scolaire se modifie plus vite que la structure sociale.  La réduction de l’inégalité des chances scolaires ne résulte pas d’une réduction des inégalités socio-économiques, mais de l’augmentation générale de la demande d’éducation sous l’effet de facteurs endogènes, et dans une moindre mesure, exogènes (changements économiques et technologiques).

CONCLUSION Quel que soit le paradigme, le rôle attribué à la structure, sa production ou sa reproduction, le rôle des différentes agences… … les explications proposées gravitent davantage autour du pôle du système que de celui de l’acteur. Font cependant exception Blau et Duncan, pour des raisons idéologiques, certains démographes de l’ INED, repris en 1978 par Scardigli, des auteurs attachés aux « récits de vie » (Terrail) qui se sont attachés aux caractéristiques de l’acteur pour découvrir les facteurs de la mobilité.

3.2 Les tableaux de mobilité et leur traitement statistique. –C’est avant la Première Guerre mondiale « qu’apparaissent, avec la forme du tableau de mobilité, certains des procédés statistiques de son analyse ». (Merllié 95)

Les tableaux : Principes. Les tableaux de mobilité sociale sont des tableaux à double entrée, donc susceptibles de multiples traitements statistiques et de simulations, présentés soit en valeurs absolues, soit en pourcentages. Dans ce second cas, les pourcentages peuvent être calculés de trois manières :

par rapport à l’effectif total, Position sociale/Origin e sociale CDCMCPTotal CD CM CP Total

par rapport au total en lignes (tableaux de destinées) Position sociale/Origin e sociale CDCMCPTotal CD58,935,35,9100 CM19,348,432,3100 CP5,826,967,3100

ou en colonnes (tableaux d’origines). Position sociale/Origin e sociale CDCMCP CD52,617,12,2 CM31,642,921,7 CP15,84076,1 Total100

Ils sont nés en même temps que la problématique elle- même : « … c’est en effet au tournant du siècle qu’on voit apparaître dans plusieurs pays d’Europe, des travaux empiriques sur la mobilité sociale qui vont déboucher la même année 1904, en Grande-Bretagne et en France, sur des tableaux croisant la profession de fils avec celles de leurs pères ». (Merllié 95)