Formation, action citoyenne, février 2008 Psychopathologie du travail Philippe Davezies
I- De laprès-guerre à la réactivation en 1980
Les travaux de laprès-guerre La ligue Française dHygiène mentale (Leguillant, Bégoin). Recherche des pathologies mentales spécifiques de lorganisation du travail
La névrose des téléphonistes Le syndrome subjectif de fatigue nerveuse : sur les nerfs au travail, abattement à la sortie, perte dintérêt et dénergie pour les activités domestiques, pour les tâches intellectuelles (lire un journal ou un roman), vie sociale très réduite, parasitage par les stéréotypes professionnels. Troubles de lhumeur et du caractère : changement : calmes et timides nerveuses irritables agressives, hyperémotivité, crises de nerfs, certaines travaillent à 140 ou 150 % de la moyenne, chez elles, intolérance au bruit, à lentourage (mari, enfants). Troubles du sommeil. Troubles somatiques : digestifs, cardiovasculaires, céphalées, troubles des règles.
Epuisement de cette problématique de recherche On ne trouve pas de maladies mentales spécifiques des organisations du travail. Impasse.
Le réveil : Travail, usure mentale Essai de psychopathologie du travail, Dejours Retournement de la question : 1 – Il ny a pas de maladies mentales spécifiques du travail. 2 – Il y a pourtant bien des organisations qui génèrent de la souffrance. 3 – Comment, dans ces conditions, les gens font-ils pour ne pas tomber malades ? Des maladies mentales à la souffrance. De la souffrance aux défenses contre la souffrance
La souffrance au travail Deux modalités de souffrance : lennui et la peur (Lexpérience du travail entre ennui et embarras - Adam Smith). Pourtant, la souffrance napparaît pas. En revanche comportements bizarres. La rationalité de ces comportements est à rechercher dans les stratégies de défense contre la souffrance.
II - Psychopathologie de lennui
Les dilemmes de lennui au travail Injonction taylorienne : ne pensez pas. Ne pas penser à lorganisation du travail libération du fantasme, de limagination, de la pensée ? 1. Risque de coulage, daccident. 2. Une imagination sans perspective de transformation souffrance, exaspération, risque dexplosion.
En labsence de possibilités daction, une nécessité : réprimer sa propre pensée. Ne pas rêver, ne pas penser : difficile, actif. Une possibilité : saturer le système psychique avec des informations provenant de lextérieur. Lauto accélération.
Travail taylorisé = travail de production + travail de répression de sa propre subjectivité
Linvestissement de la résistance La culture ouvrière : courage, capacité à ne pas sécouter, solidité, virilité. De la défense à lidéologie.
Problèmes posés par les stratégies de résistance à la souffrance Proximité avec le fonctionnement psychique dans les maladies psychosomatiques Fragilisation du corps. Lenrôlement de la famille, le rapport aux enfants. Fragilisation vis-à-vis des ruptures dactivité.
III - Psychopathologie de la peur
Réactions face à la peur Initialement BTP, chimie, nucléaire (menaces pour lintégrité physique) Etendu aux situations menaçantes pour lintégrité psychique. La peur napparaît pas Des comportements bizarres
Les comportements bizarres Prises de risques. Méconnaissance ? Irresponsabilité ? Des stratégies défensives. Déni du risque et pratiques de bravade permettant une maitrise imaginaire du risque. Les martyrs
Le caractère collectif des stratégies de défense Les bizutages (BTP, chimie, écoles dingénieurs, douanes, véto, médecine, etc..). Les idéologies défensives de métier. La virilité.
Le coût des stratégies de défense contre la peur Rigidification du fonctionnement social. Coût en matière de fonctionnement affectif et familial (mobilisation de la famille). Décompensations
IV - Caractéristiques générales des défenses contre la souffrance au travail
Comportements bizarres. Deux mouvements : retournement actif, retournement positif. Caractère collectif. Compléments par soutiens individuels : alcool, anxiolytiques, bouffe,… Impact sur la vie extraprofessionnelle. Légitimité des stratégies de défense..