SEXUALITE ET INFERTILITE Elodie Grolleau - Psychanalyste Centre Médical de Santé Sexuelle Tiresias DU Psycho-Sexologie (2ème année) Université Paris V Descartes Responsable de l'enseignement Dr Ph. Brenot
La sexualité est rarement évoquée en PMA Du fait d’un climat d'urgence et du souci d'efficacité avant tout Souvent limitée à une seule question, celle de la fréquence des rapports (et non de leur qualité) Quelques situations interpellent le praticien: examen gynécologique impossible, impossibilité d'obtenir un spermogramme, tests post-coïtaux négatifs alors que le spermogramme est normal … qui peuvent faire obstacle à la réussite en PMA
L'infertilité comme symptôme écran La demande de traitement de l'infertilité peut masquer une demande de prise en charge de difficultés sexuelles majeures pour le couple (il est plus facile de dire nous ne pouvons pas avoir d’enfant que de dire nous ne pouvons pas faire l’amour)
Sexualité et infertilité 2 cas de figure: Les difficultés sexuelles peuvent être à l’origine de l'infertilité Les difficultés sexuelles peuvent être la conséquence de l'annonce de l’infertilité ou de sa prise en charge (effets collatéraux des traitements, impact psycho-sexuel et sociétal)
Troubles sexuels à l'origine de l'infertilité Chez l'homme Anéjaculation d'origine psychique (en général primaire) ou de cause organique (en général secondaire) Ejaculation rétrograde: totale, partielle, durable ou occasionnelle (l'orgasme est en général présent, présence de spermatozoïdes dans les urines) Absence d'érection ou Insuffisance érectile majeure Troubles du désir, évitement des rapports sexuels (notamment au moment de l'ovulation!) Ejaculation ante portas
Troubles sexuels à l’origine de l’infertilité chez la femme Le vaginisme (impossible pénétration) Impossibilité de l'examen gynécologique, de l'IIU, et en cas de FIV la ponction d'ovocytes oblige à une anesthésie générale Les dyspareunies quelle qu'en soit l'origine – par exemple de l’endométriose ou des conséquences du traitement (hypoestrogénie) – entraînant un évitement ou une extinction des rapports sexuels Aversions sexuelles
Pathologie sexuelle du couple La non consommation du mariage (pénétration tabou) Symptômes miroirs chez l'homme et la femme (vaginique et EP, insuffisance érectile)
TROUBLES SEXUELS SECONDAIRES Le diagnostic d'infertilité peut avoir des conséquences négatives sur la sexualité masculine, féminine ou sur l'économie sexuelle du couple Mais aussi la prise en charge médicale en PMA Troubles sexuels peuvent apparaître déjà au moment du projet d'enfant (ambivalence par rapport au désir d'enfant, avoir des rapports pour concevoir un enfant)
Impact de la prise en charge médicale sur la sexualité Techniques médicales peuvent se substituer aux rapports sexuels (IIU, FIV) et le disqualifier Traitements qui peuvent entraîner chez la femme une diminution de la libido et une sécheresse vaginale (notamment les traitements par agonistes de la Lh Rh dans l'endométriose) Prise de poids, impression d'être gonflée avec les stimulants de l'ovulation (atteinte narcissique) Corps et sexualité exposés à l'intrusion du médical Rapports sexuels à la demande
Impact psychosexuel Différence de vécu chez l'homme et la femme Différence de vécu en fonction de celui ou celle qui porte la responsabilité de l'infertilité Dissociation coït et procréation Désir d'enfant remplace le désir érotique Sexualité extra-conjugale L'enfant ou le couple: les raisons d'un échec
EN PRATIQUE ANNEE 2011 Couples 8 -7 couples hétérosexuels Dont 1 séparé -1 couple homosexuel (femmes) -1 trouble sexuel préexistant pris en charge au niveau sexologique (anéjaculation) et compagne infertile -1 couple homosexuel (femmes) n'ayant aucun rapport Femmes venues seules -6 en couple hétérosexuel -1 femme en couple homosexuel -1 femme seule qui a demandé un don de sperme Hommes venus seuls 2 En couple Femmes que j'ai pu recevoir ponctuellement en couple 3 1 trouble sexuel préexistant non traité (anéjaculation)
« MES STATISTIQUES » 21 suivis thérapeutiques: 8 couples, 8 femmes reçues seules, 2 hommes reçus seuls, 3 femmes reçues seules et ponctuellement en couple Sur ces 21 suivis: 19 suivis thérapeutiques engagés dans le cadre strict de la PMA et 2 suivis dont la souffrance en PMA n'était pas la demande initiale Un couple déjà séparé 12 infertilités féminines et 6 infertilités masculines
STATISTIQUES SUITE Avant le projet d'enfant: 2 difficultés sexuelles empêchant la conception de l'enfant (anéjaculation) 1 couple homosexuel qui n'avait pas de rapports 5 troubles sexuels préexistants (troubles du désir) Pendant la PMA: Tous des troubles de la sexualité Baisse du désir. Troubles de l'érection lors des rapports programmés Après: retour de la sexualité mais après un suivi thérapeutique
Statistiques Suite Au décours de ce travail, j'ai pu observer: 4 grossesses, 2 naissances (3 bébés) 1 grossesse survenue à l'inscription en PMA 3 relations extra-conjugales (hommes!) 2 séparations: 1 du fait de la relation extra-conjugale Et 1 pour conjugopathie
Conclusion La prise en charge des troubles sexuels en cas d’infertilité est une nécessité pragmatique (éviter les drop out: les couples qui abandonnent en cours de PMA) autant qu’éthique (redonner du sens à leur parcours). L’enjeu est de sauvegarder le couple, le préparer à la parentalité voire à l’échec. De faire en sorte que la relation patient thérapeute ne soit pas stérile.