THROMBOSES VEINEUSES I- DEFINITIONS Phlébite : inflammation d ’une veine. Thrombose veineuse : oblitération d ’une veine par un caillot sanguin. Embolie : Oblitération brusque d ’un vaisseau sanguin par un corps étranger entraîné dans la circulation.
II- RAPPEL ANATOMIQUE : Le réseau veineux des membres inférieurs 2 Réseaux en parallèle : réseau profond et réseau superficiel. Le réseau superficiel se draine dans le réseau profond qui assure le retour sanguin vers l ’oreillette droite par la veine cave inférieure. Les deux réseaux sont en communication par des veines perforantes. En théorie : thrombose veineuse profonde risque d ’embolie pulmonaire. Le plus souvent, deux veines profondes pour une artère au niveau jambier.
III- FACTEURS FAVORISANTS Triade de Virchow : stase, altération pariétale et trouble de la coagulation. La Chirurgie : surtout pelvienne, orthopédique et carcinologique. Thrombose sus-poplitée dans 7% des cas. Obstétrique : 3ème trimestre de grossesse, post-partum, post-abortum (rare). Causes médicales : Insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde Hémopathies : polyglobulies, thrombocytémies Obésité, insuffisance veineuse chronique Cancers (pancréas, poumons, prostate, estomac …) Anticoagulant circulant du lupus (inhibe la protéine C) Prise d ’oestroprogestatifs (diminution du taux d ’ATIII) Immobilisation prolongée (voyages…),Tabac Anomalies de l ’hémostase : Déficit en ATIII Déficit en protéine C ou protéine S Résistance à la protéine C activée (mutation du facteur V)
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Signes peu sensibles et peu spécifiques importance du terrain DIAGNOSTIC CLINIQUE Signes peu sensibles et peu spécifiques importance du terrain Accélération du pouls Fébricule discret Dilatation des veines superficielles Diminution du ballottement d ’un mollet Douleur provoquée sur un trajet veineux ou à la dorsiflexion du pied œdème unilatéral Augmentation de la chaleur locale Rechercher des signes évoquant une EP (douleur thoracique, dyspnée…) et faire un ECG
V- Confirmation du diagnostic Dosage des D-Dimères : Produits de dégradation de la fibrine Bonne valeur prédictive négative Très peu spécifique Echo-doppler veineux : Sans danger ni contre indication Bonne sensibilité pour les thromboses veineuses proximales Possibilités de faux négatifs : Thrombose distale et non occlusive/ oedème important Intérêt de la répétition d ’un examen initialement négatif Phlébocavographie : devenue exceptionnelle Examen de référence Ponction de deux veines au dos du pied Injection de produit de contraste iodé au fil de l ’eau Visualise le thrombus sous la forme d ’une lacune ou d ’un arrêt en cupule Interprétation difficile Contre-indiquée pendant la grossesse (1er trimestre) Risque d ’allergie à l ’iode
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VI- Formes particulières Thrombose veineuse asymptomatique révélée par une EP Thrombose veineuse iatrogène Membre supérieur KT Central Thrombose veineuse superficielle D ’une veine variqueuse (« para-phlébite ») Pas de risque emboligène sauf atteinte crosse ou réseau profond D ’une veine saine recherche TVP et cancer sous-jacent Chez un sujet jeune : recherche anomalies de la coagulation Sujet âgé : phlébite sans cause évidente : recherche cancer latent En l ’absence de cause trouvée : importance du suivi car celle-ci peut s ’exprimer plusieurs mois voire années après.
VII- Complications PRECOCES : Embolie pulmonaire : 40% des TVP proximales se compliquent d ’embolie pulmonaire Extension proximale : A dépister par la surveillance de l ’évolution sous traitement et mesure des diamètres Récidive : A l’arrêt du traitement TARDIVES : Maladie post-phlébitique : Insuffisance veineuse profonde et/ou occlusion persistante Œdème Pigmentation cutanée : dermite ocre, dermite de stase Ulcère des jambes Récidive tardive
VIII- TRAITEMENT Anticoagulants : - Héparine ou HBPM, relais précoce par AVK - AVK pendant 3 mois si pas d ’embolie pulmonaire et disparition de la cause favorisante Contention élastique : - Impérative pour prévenir les risques de maladie post- phlébitique - Avant le premier lever - Bandes type Biflex® puis bas à varices (classe 3) pendant 3 mois - En cas d ’incontinence veineuse séquellaire importante : contention à vie - Pose pied à l’équerre - Compression dégressive du pied à la racine du membre
EMBOLIE PULMONAIRE I DEFINITION : Oblitération brutale, totale ou partielle, du tronc de l ’artère pulmonaire ou d ’une de ses branches, le plus souvent par un caillot qui provient d ’une thrombose veineuse profonde. Urgence fréquente (50 à 100 00 cas / an en France). Mortalité importante en l ’absence de traitement Erreurs diagnostiques fréquentes. II PHYSIOPATHOLOGIE : Oblitération artérielle pulmonaire Ventilation de zone non perfusée Pneumo-constriction (hypoxie locale) Elévation des résistances pulmonaires Surcharge de pression VD EFFET SHUNT BAISSE DU DEBIT CARDIAQUE
Epidémiologie en France 20000 décès / an 12 % de mortalité intra hospitalière 30 % de mortalité si retard diagnostique 80 % des EP découvertes à l’autopsie n’étaient pas diagnostiquées.
III- Diagnostic clinique VI- Examens complémentaires en urgences Les signes sont non spécifiques Importance du terrain Douleur thoracique Polypnée, le plus souvent angoissante Toux sèche, hémoptysie Tachycardie, fébricule Examen pleuro-pulmonaire normal Signes de gravité : insuffisance ventriculaire droite, état de choc, cyanose IV- EXAMENX COMPLEMENTAIRES EN URGENCES : E.C.G. : valeur des ECG comparatifs Radiographie de thorax au lit souvent normale Gazométrie artérielle : hypoxie-hypocapnie Bilan d ’hémostase : TP, TCA, Plaquettes D-dimères : Sensibilité 95% mais non spécifique
V- Confirmation diagnostique Choix selon possibilités locales ou gravité de l ’EP La scintigraphie pulmonaire Injection IV de microsphères marquées couplée éventuellement à une ventilation par des gaz marqués Non spécifique : pas de différence entre embolie pulmonaire, atélectasie, bulle d ’emphysème, pneumopathie Aboutit à : Faible probabilité / Probabilité intermédiaire / Forte probabilité TDM thoracique spiralé (coupes milllimétriques) Injection d’iode IV Bonne spécificité et sensibilité Rapide et facilement accessible La recherche de la thrombose veineuse sous-jacente Doppler MI / Phlébo Echocardiographie Recherche signe de cœur pulmonaire aigu (EP grave) L’angiographie pulmonaire (devenue exceptionnelle) car invasive Injection d ’iode dans chaque artère pulmonaire Plusieurs incidences (dégager les bases) Contre indiquée si HTAP sévère > 50 mmHg Permet le diagnostic et la quantification de l ’embolie pulmonaire
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VI- EVOLUTION VII- TRAITEMENT 10 à 25% de décès à 1 an 1% CPC post-embolique 5 à 10% de récidive à 1 an VII TRAITEMENT : Hospitalisation systématique (Réa si grave) Repos strict (environ 48 h) O2 nasal Traitement anticoagulant (si pas de CI) Héparine standard (HBPM) Relais précoce par AVK (ex : Sintrom, Préviscan) Durée 3 à 6 mois Surveillance : Tolérance du traitement (plaquettes) Efficacité clinique et Biologique (TCA / TP - INR) Mesures spécifiques pour phlébite membres inférieurs
LES HEPARINES Héparines non fractionnée : Se lie à l ’antithrombine III et inactive le facteur Xa et la thrombine (liaison simultanée à AT III et thrombine). La dose doit être exprimée en UI Surveillance des plaquettes deux fois par semaine pendant 21 j Surveillance de l ’efficacité du traitement par le TCA en cas de traitement curatif Voies : veineuse continue, veineuse discontinue (toutes les 2 heures) ou sous-cutanée (2 ou 3 injections par jour) Introduire les AVK entre le 3ème et le 5ème jour avec un recouvrement de 4 jours. Héparines de bas poids moléculaire (en première intention sauf EP grave) Fragments d ’héparine pouvant se lier à AT III mais trop court pour se lier simultanément à thrombine : pas d ’action anti-thrombine mais inactivation du Facteur Xa Modifient peu le TCA, efficacité appréciée par activité anti-Xa (3 à 4 heures après injection sous-cutanée) Inutile de la mesurer si traitement préventif Surveillance plaquettaire idem (thrombopénies plus rares) Administration en deux injections sous-cutanées par 24 heures.
VIII- CAS PARTICULIERS EP grave = mauvaise tolérance hémodynamique : Clinique : choc, syncope, insuffisance cardiaque droite Echocardiographie : souffrance VD Traitement : thrombolyse IV en urgence. Exceptionnellement thrombectomie chirurgicale. EP récidivante sous ou avec CI aux anticoagulants : Filtre cave
IX- LES ANTI-VITAMINES K PPSB (II, VII, X, IX) Délai d ’action Baisse de la synthèse hépatique des facteurs vitamines K dépendants PPSB (II, VII, X, IX) Délai d ’action Equilibre 3-4 jours avec Tromexane 5-6 jours avec Sintrom 7-9 jours avec Préviscan Forte fixation aux protéines plasmatiques Passent la barrière foeto-placentaire et dans le lait maternel Efficacité jugée sur le taux de prothrombine ou temps de Quick Exprimé en INR : International Normalized Ratio (rapport entre l’activité de la thromboplastine utilisée et la thromboplastine de référence). Thrombose veineuse Embolie pulmonaire Fibrillation auriculaire Prothèse mécanique INR 2-3 INR 2.5 - 3.5
X- INTERACTIONS Apports nutritionnels en Vitamine K : choux, crudités, brocolis, avocats, oignons, huile de poisson Augmentation de l ’effet par défixation protéique : Aspirine, A.I.N.S. Sulfamides (hypoglycémiants, antibactériens) Fibrates (clofibrate, fénofibrate) Anticonvulsivants (Di-Hydran, Dépakine) Miconazole (Daktarin) Diminution de l ’absorption digestive : Anti-acides, Questran, Charbon activé, laxatifs Diminution de la synthèse endogène de Vitamines K : Antibiotiques large spectre Accélération de la dégradation des AVK : Rifampicine, Méprobamate, Barbituriques, Di-Hydan, Tégrétol et alcool