Thème 3 : Les mobilités humaines Géographie 4ème Partie I : Des échanges à la dimension du monde Thème 3 : Les mobilités humaines Étude de cas : un flux migratoire du Maghreb vers l’Europe et mise en perspective Rodolphe Rizzetto (étude de cas) et Frédérique Guinet (mise en perspective)
Problématique (valable pour l’étude de cas comme pour la mise en perspective) : Quelles mobilités humaines au XXIe siècle dans un contexte de mondialisation et quels impacts sur les territoires ? Notions construites dans le cadre de l’étude de cas et mots-clefs : Mobilité : se déplacer (tourisme + migration) Migration (+ immigrer, émigrer) : caractère exceptionnel dans l’existence d’un individu. Départ (souvent définitif) d’un espace pour un autre espace Flux migratoire Réfugié
Capacités travaillées : Savoir situer sur des cartes à différentes échelles : - le Maghreb - les zones de départ et d’arrivée des migrants à l’échelle mondiale - les espaces touristiques majeurs à l’échelle mondiale et régionale - les grands flux du tourisme mondial Prélever des informations sur une carte et les mettre en relation avec un texte écrit Décrire une photographie et la mettre en relation avec des faits géographiques Savoir décrire les effets des mobilités des êtres humains sur des espaces de départ et d’arrivée Compétences : C 5. 1 : je sais situer les espaces étudiés C 5. 5 : je sais lire, compléter et construire des cartes pour localiser les faits étudiés, apprendre à différencier les échelles géographiques. C 5. 5 : je lis et comprends un document qui ajouté à mes connaissances me permet de rédiger un texte court C 5. 6 : je comprends comment se pose la question des rapports entre les sociétés et leurs territoires C5. 6 : je repère dans les faits d’actualité des éléments renvoyant à la situation géographique étudiée
Un flux migratoire du Maghreb vers l’Europe. 1ère partie Étude de cas Un flux migratoire du Maghreb vers l’Europe.
Des supports documentaires exploitables avec les élèves Des documents de portée générale qui peuvent éclairer le cas précis qui sera choisi Document 1 Cartothèque de Sciences-Po : http://cartographie.sciences-po.fr/fr/cartotheque Document 2
Depuis des décennies, «la soupape migration » a été favorisée par les pays d’origine du moment qu’elle allège la pression sur le marché du travail, réduit les tensions sociales et induit en même temps une rentrée de devises non négligeables permettant de combler le déficit de la balance des paiements ou la faiblesse du système de protection sociale. D'autre part, le projet migratoire vers l'Europe particulièrement, médiatisé et idéalisé à outrance, nourri tant de rêves des jeunes qui le préparent pour le concrétiser au risque même de leur vie. Si l’on parle de pauvreté comme cause principale des migrations, il ne s’agit nullement, comme par le passé, de personnes dans le besoin ou des « affamés » dépourvues de toutes ressources débarquant en masse vers les zones prospères. Aujourd’hui, les migrants sont souvent des personnes qualifiées dont certaines ont une bonne situation avant de prendre la décision d’émigrer. Mais c’est justement le sentiment d’incertitude dans l’avenir, la crainte de devenir réellement pauvre face à une détérioration continue des conditions de vie ou encore le sentiment d’impuissance de réaliser les projets d’avenir ainsi que les conflits, la violence, l’insécurité et l’instabilité politique, tout un ensemble de facteurs qui poussent les gens à prendre le chemin de l’exil. Certains pour l’enrichissement, d’autres pour améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs membres de la famille laissés au pays. HAFFAD Tahar Laboratoire d'Etudes des Economies Maghrébines Université de Batna (Algérie). Document 3
« Ils sont plusieurs centaines à tenter la traversée périlleuse en mer pour joindre les côtes d’Europe. À la faveur de l’été et du beau temps, le mouvement s’accélère à partir des côtes du Maghreb avec son lot de drames. Hier en Tunisie on annonçait la mort de déshydratation et de faim de 2 tunisiens, dont l’embarcation avait dérivé 11 jours entre les côtes tunisiennes et l’Italie, 6 autres passagers de cette embarcation qui était tombée en panne, sont toujours portés disparus. Aujourd’hui c’est d’interpellations qu’il s’agit. 40 migrants illégaux interceptés au large des côtes algériennes. Hier toujours dans cette région, 3 jeunes algériens âgés de 20 à 25 ans ont été arrêtés sur une plage, au moment ou ils s’apprêtaient à prendre la mer sur une embarcation artisanale. Depuis le début de l’année, ce sont une quarantaine de bateaux de ce genre qui ont été saisis, et plus de 700 algériens interceptés. Récemment la presse privée algérienne rappelait que l’Algérie était confrontée à un double problème, non seulement ses jeunes sont de plus en plus nombreux à tenter ces traversées périlleuses, mais aussi l’Algérie devient un pays de transit, l’une des destinations préférées pour de nombreux subsahariens, le tout favorisant l’implantation de réseaux de trafiquants d’êtres humains qui agissent à l’échelle internationale, comme l’ont démontré de récentes vagues d’arrestation. » Source : Maghrebinfo.com Juillet 2008. Tunisie / Italie Algérie / côtes européennes Document 4a
Document 4b Tunisie / Italie Migrants clandestins au large de l’Italie. Document 4b Source : http://www.i-biladi.com Tunisie / Italie
Terres en limite : Gibraltar le choc des continents Autre possibilité, en complément d’autres documents : une vidéo sur Gibraltar Terres en limite : Gibraltar le choc des continents Résumé Passage étroit entre l'Europe et l'Afrique, entre la Méditerranée et l'Océan Atlantique, le détroit de Gibraltar est une figure désormais mythique de l'histoire et de la géographie. Mais ce qui était jadis une ouverture vers des mondes inconnus est devenu un lieu verrouillé pour les candidats au ''rêve européen''. Ce numéro de ''Terres en limite'' explique comment le détroit de Gibraltar est devenu un défi pour l'Europe et une nouvelle ''frontière'' pour les pays du Sud. Disponible sur Lesite.tv : http://www.lesite.tv/index.cfm?nr=2&f=0264.0298.00 Maroc / Espagne
L’étude de cas devra se centrer sur UN flux : on choisira donc un espace restreint dans ce cadre. Par exemple : - un flux entre Maroc et Espagne (cas de Gibraltar qui peut être développé) - un flux entre la Tunisie et l’Italie L’objectif de l’étude de cas : l’élève doit être capable de répondre à ces questions : Quelle est la région de départ, quelle est la région d’accueil de la migration étudiée ? Qui participe à cette migration ? Pourquoi ? Comment ? Quelles en sont les conséquences pour le pays de départ et le pays d’arrivée ?
On choisira UN flux migratoire en sélectionnant quelques documents Deux possibilités pour exploiter les documents : - des questions sur les documents - une tâche complexe Des questions qui appellent des réponses courtes (à choisir en fonction du flux travaillé) Que représentent les flèches sur la carte du document n°1 ? Où aboutissent-elles pour une bonne part ? Quels sont les trois pays d’Afrique du Nord qui fournissent le plus d’effectifs ? Comment appelle-t-on la région du monde englobant ces trois pays ? D’après le document n°3, quels types de personnes participent à ces migrations ? Pour quelles raisons ces personnes quittent-elles leurs pays d’après les documents n° 2 et 3 ?
Comment appelle-t-on les personnes qui ne participent pas aux migrations légales d’après le document n°4 b ? Que sont prêtes à faire ces personnes pour cela d’après le document n°4 a ? Pourquoi le document n°4 b en est une bonne illustration ? D’après le document n°3, quelles sont les conséquences de ces migrations pour les pays de départ ? D’après les documents n° 5 a et 5 b (voir partie mise en perspective), quelles sont les conséquences pour les pays d’accueil ?
Un flux migratoire du Maghreb (préciser) vers l’Europe Une tâche complexe à partir d’un dossier documentaire (sélectionner environ 4 documents) Un flux migratoire du Maghreb (préciser) vers l’Europe Un dossier documentaire est fourni aux élèves (Cf. dossier précédent) Ce travail peut être élaboré en groupes, afin de favoriser l’interaction entre élèves Il est possible de différencier le travail des groupes, en fonction des compétences que l’on souhaite qu’ils travaillent et du profil des groupes - une consigne large qui apparente l’exercice à une tâche complexe Capacités travaillées : sélection des informations, classement et hiérarchisation, organisation d’un raisonnement, autonomie et initiative… Le rendu peut être différent d’un groupe à l’autre, en fonction des choix qu’ils auront réalisés, et en fonction de la forme qu’ils auront choisi de donner à leur travail : texte, carte mentale, croquis et sa légende, diaporama, etc… La consigne peut revêtir des formes différentes : - Quitter le Maroc pour aller vivre ailleurs - Le récit d’un migrant qui a quitté son pays (préciser) pour aller vivre ailleurs (tous les choix des élèves sont possibles : un migrant interrogé par un journaliste, une lettre adressée par un migrant à ses parents restés dans son pays d’origine…) L’objectif est ici de ne donner aux élèves ni procédure, ni attendus figés. Le professeur intervient en appui auprès des groupes.
une consigne plus détaillée pour ceux qui ont besoin d’être guidés : Précisions en termes de procédure : leur préciser le plan que l’on peut suivre pour répondre à la consigne : identifier les personnes qui participent à ces mobilités, les raisons de leur départ, leurs conditions de passage et les conséquences de ces migrations pour les pays de départ et les pays d’accueil. Précisions en termes de rendu : texte rédigé, par exemple.
2ème partie : mise en perspective Les flux migratoires et leurs effets spatiaux Problématique : les flux migratoires à l’échelle mondiale : causes et impacts sur les espaces de départ et d’arrivée Pour mettre en perspective l’étude de cas, il ne s’agit pas de « refaire un cours », mais de prendre largement appui sur les logiques perçues précédemment et sur des planisphères. L’analyse de ces planisphères permet de dégager les éléments saillants que les élèves devront maîtriser.
Les effets des migrations. « Dans les pays d'accueil, les immigrés remplissent des fonctions essentielles dont les habitants ne se chargent pas volontiers. Ils s'occupent des enfants, des malades et des vieillards, ils ramassent les récoltes, ils travaillent dans les cuisines, ils nettoient les maisons et les bureaux. Mais il ne faut pas croire qu'ils ne font que des petits boulots […].. Les pays d'origine, à l'autre extrémité, profitent des fonds que les émigrés envoient chez eux, qui l'année passée ont représenté 232 milliards de dollars dont 167 milliards destinés à des pays en voie de développement. […] Les familles dont un membre travaille à l'étranger peuvent ainsi consacrer davantage d'argent à l'éducation et à la santé. » Source :KOFI ANNAN, Le Monde, 9 juin 2006 Document 5a Document 5b L’immigration : une solution partielle au déclin démographique européen : « Les anciens États membres de l’Union européenne à 15 se caractérisent par un taux d’accroissement naturel très faible, voire négatif. Le faible accroissement naturel est du à une faible fécondité (…). L’immigration constitue aujourd’hui dans la plupart des pays le principal facteur de croissance démographique. » Mémoire de géopolitique, Collège Interarmées de Défense, Chef d'escadron Christian Janus.
Source : Frontières, migrants et réfugiés, Philippe Rekacewicz, séminaires du Monde diplomatique Autres documents complémentaires
L’impact des migrations sur les pays de départ Quelles sont les causes des migrations : qui sont-ils ? où vont-ils ? pourquoi se déplacent-ils ? - les écarts de richesse et de développement (planisphère IDH de l’étude de cas) : les pays du Sud alimentent les principaux flux migratoires avec près des ¾ des émigrés de la planète - l’existence de zones de conflit dans le monde : départ des zones à risques CCL : exploitation des discontinuités spatiales Quelles sont les conséquences des flux migratoires sur les pays de départ ? - départ de travailleurs peu qualifiés, souvent jeunes (forces vives) - entrée de devises : les transferts monétaires entre pays de départ et pays d’arrivée - fuite des cerveaux : « brain drain » et conséquences économiques négatives sur le développement du pays. - des impacts territoriaux : des espaces attractifs car proches de la frontière (afflux de population sur les rives méditerranéennes de l’Afrique, installation de populations dans les villes frontières Mexique/États-unis)
L’impact des migrations sur les pays d’arrivée Quels effets sur les pays d’arrivée ? - besoin de main d’œuvre des pays du Nord, souvent sur des emplois peu qualifiés ; attractivité de ces territoires pour les populations des Sud - compensation du vieillissement de la population - question de l’intégration de ces populations / mise en place de politiques migratoires
Un exemple de mobilité choisie : le tourisme Problématique : en quoi le tourisme reflète-t-il la mondialisation et dessine-t-il de nouvelles mobilités humaines ? Rappel : quelque soit l’étude de cas choisie, les élèves doivent connaître les deux repères pour le Brevet : - « deux grandes aires de départ et deux grandes aires d’arrivée des migrants dans le monde » - « deux espaces touristiques majeurs dans le monde » Si l’on a choisi de travailler en EDC sur un flux migratoire, il est de ce fait important d’étudier avec les élèves le planisphère de la mobilité liée au tourisme. Si l’on a choisi en EDC un espace touristique au Maghreb, la mise en perspective s’attardera davantage sur la mobilité touristique mais elle devra présenter aux élèves un planisphère des flux migratoires.
Les flux touristiques Nord-Nord et leurs espaces touristiques - prédominance des flux touristiques Nord-Nord : populations à forts revenus - espaces touristiques majeurs : Europe et Amérique du Nord. Flux circulatoires croissants entre ces espaces. - revenus du tourisme : une part croissante dans le PIB - aménagements des territoires en fonction du tourisme : villes musées, patrimoine mondial, stations balnéaires ou stations de ski Les autres flux touristiques et leurs conséquences sur les territoires - existence de flux nord-sud en croissance (développement des transports et baisse de leur coût ; aménagements ; recherche d’exotisme…) - espaces touristiques majeurs au Sud : Asie du Sud-est, Amérique centrale et Caraïbes, Moyen-Orient, Afrique du Nord et du Sud retombées des revenus du tourisme pour les populations locales (emplois saisonniers ou permanents). - mais des retombées limitées pour les populations locales. De plus, nombreuses stations balnéaires intégrées dont les connexions avec l’arrière-pays sont limitées donc le développement des territoires qui reçoivent ces enclaves touristiques reste limité. Conclusion : Tendance lourde à l’accélération des mobilités grâce à la libéralisation des échanges et la connexion des territoires. Les fruits de ce développement sont inégalement répartis.
Bibliographie : - Simon Gildas, Migrants et migrations dans le monde, La Documentation photographique, Dossier n° 8063, mai-juin 2008, Paris - Dehoorne Olivier, Tourisme, travail, migration : interrelation et logiques mobilitaires, REMI, vol.18- n°1, Paris 2002 Rapport sur le développement humain 2009, Lever les barrières, Mobilité et développement humains, PNUD, 2009. Sitographie : - Géoconfluences : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/tourisme/Tour.htm - Migrinter, Migrations internationales, espaces, sociétés, site de l’université de Poitiers : http://www.mshs.univ-poitiers.fr/migrinter/index.php?text=cartes/cartesthemes&lang=fr - Frontières, migrants et réfugiés, Philippe Rekacewicz, séminaires du Monde diplomatique - Carte interactive des données de la migration : http://hdr.undp.org/fr/statistiques/acceder/mobilite/carte/
ORGANISATION DU MONDE D’AUJOURD’HUI. EUROPE MAGHREB : Flux migratoire.