Les économistes français en temps de crise. Un champ en mouvement ? Frédéric Lebaron (CURAPP, IUF) A internationalização das ciências sociais francesas e a cooperação cientifica com o Brasil Unicamp (Campinas, Brésil)
Prologue « Au mois daoût 2007, le président de la République et le Premier ministre ont demandé à Jacques Attali de réunir une commission pour réfléchir aux moyens de retrouver une croissance forte,en libérant les énergies des Français. (…) Le diagnostic est clair: dans ce monde emporté par la plus forte vague de croissance de lhistoire, la France prend du retard.(…) Comment réagir ? »
Prologue (suite) « La commission pour la libération de la croissance française a mis au point les 300 décisions qui peuvent changer la France ». Décision 97 = « Harmoniser les réglementations financières et boursières avec celles applicables au Royaume-Uni pour ne pas handicaper les acteurs français par rapport à leurs concurrents internationaux ». Décision 100 = « Développer massivement lenseignement de langlais professionnel pour faciliter lémergence dactivités financières internationales susceptibles de recruter largement des collaborateurs, qualifiés et non qualifiés, pouvant se fondre dans une entreprise internationale ». Décision 101 = « Multiplier les initiatives communes entre les enseignements supérieurs et les institutions financières dans le financement de chaires dédiées aux recherches sur la modélisation financière ».
Prologue (suite) Un an plus tard, en octobre 2008, la crise dite des « subprime » issue du marché immobilier US devenait une crise financière globale suivie dune récession sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale. Doù une certaine dissonance cognitive. Si les économistes français regardent toujours vers létranger, de nouvelles figures apparaissent en 2009…
Introduction La crise financière mondiale ébranle profondément le monde des économistes: peu anticipée ; diversement interprétée ; elle remet en cause lorthodoxie monétaire et budgétaire, le capitalisme financier, voire le capitalisme. Quen est-il de la science économique française dans ce contexte ? Elle se trouve dans une situation paradoxale: la crise survient à lissue dune apparente « normalisation » académique et doctrinale qui la fortement rapprochée du modèle anglo-saxon.
Plan 1. Une science économique mise aux normes internationales. 2. Science économique et politiques publiques : la rationalisation économique et ses limites. 3. Lespace des prises de position face à la crise mondiale : déplacement général, structure invariante ?
1. Une science économique mise aux normes internationales ? 2007: lapparente fin dune longue histoire dhétérodoxie et de « non-conformisme » ? Pôles dexcellence, uniformisation académique et consécration médiatique. La montée des think tanks néo-libéraux et limposition dune doxa réformatrice: la mise en crise du « modèle social » français.
2. Science économique et politiques publiques : la rationalisation économique et ses limites La macroéconomie sans repères Lorthodoxie monétaire institutionnalisée et toujours contestée. Le « pacte de stabilité » affiché et contourné. La dette publique entre doxa et nouvelle politique dinvestissement volontariste. « Libération de la croissance » ou « autre mesure de la richesse » ? Quel objectif de politique économique ?j
2. Science économique et politiques publiques : la rationalisation économique et ses limites La poursuite des réformes structurelles Fiscalité et emploi public comme enjeux symboliques. Léconomie de la connaissance: poursuite des politiques de mise en concurrence. Education et santé: mise en indicateurs et logique rationalisatrice. La « régulation financière » et le retour au premier plan des normes juridiques.
3. Lespace des prises de position face à la crise mondiale : déplacement général, structure invariante ? Espace des positions et espace des prises de position: une structure (apparemment) stable. La permanence de lhégémonie néo-libérale et le discours du « retour de lEtat ». Le renouveau marqué de la critique systémique. De nouveaux rapports entre économie et sciences sociales ? Lexemple de la critique du PIB.
Conclusion Ambivalences et contradictions dun « tournant » historique. Une parenthèse ? Crise conjoncturelle ou changement structurel ? Régulation ou dépassement du capitalisme financier ? Les cycles de la croyance économique.