Réforme Chatel du lycée 3 objectifs principaux affichés par le ministre : Mieux accompagner et soutenir les élèves Rééquilibrer les filières en revalorisant les différentes séries Améliorer l’orientation
Ce qui change en seconde : La langue vivante 2 est intégrée au tronc commun Deux enseignements d’exploration en dehors de la LV2 au lieu d’un seul auparavant Les heures à effectif réduit sont attribuées globalement aux établissements Est créé un accompagnement personnalisé de 2h par élève L’aide individualisée est supprimée en mathématiques et en français Les horaires disciplinaires sont réduits Des groupes de compétence sont créés en langues vivantes
Un premier enseignement d’exploration à choisir entre : Sciences économiques et sociales (SES) Principes fondamentaux de l’économie de la gestion (PFEG) Un deuxième enseignement d’exploration à choisir entre : SES ou PFEG (celui qui n’a pas été choisi comme premier enseignement d’exploration). Santé et social Biotechnologies Sciences et laboratoire Littérature et société Sciences de l’ingénieur Méthodes et pratiques scientifiques. Latin ou grec EPS Les élèves qui le souhaitent peuvent choisir deux enseignements technologiques en plus du premier enseignement choisi. Tous les enseignements d’exploration sont à 1h30 sauf le latin ou le grec qui disposeront d’un horaire de 3h et l’EPS qui disposera d’un horaire de 6h et est dérogatoire (les élèves choisissant cette option ne suivront aucun autre enseignement). Intégration de la LV2 au tronc commun et choix de deux enseignements d’exploration
Ce que dit ChatelAnalyse critique Grâce à ces enseignements d’exploration, le lycéen choisit et expérimente de nouvelles disciplines : la seconde devient une véritable classe de détermination. Objectif : faciliter le choix d’orientation des élèves. Les élèves ont déjà à choisir un enseignement de détermination actuellement. Ce n’est donc pas une nouveauté. Les horaires des disciplines non enseignées au collège (SES + les disciplines technologiques) sont réduits de moitié par rapport à l’existant. Les élèves ne pourront découvrir ces disciplines dans de bonnes conditions. Les SES demeurent la seule discipline essentielle d’une série générale à ne pas faire partie du tronc commun. Certains élèves qui n’auront pas choisi cet enseignement s’orienteront donc en aveugle. Les programmes de ces enseignements sont réalisés dans la précipitation et certains groupes d’experts (SES et PFEG) ont été censurés par le ministère.
LE DISPOSITIF ACTUEL Des heures en demi-classe sont prévues en seconde en histoire- géographie, mathématiques, français, sciences économiques et sociales, langues vivantes, sciences physiques, SVT. Tout élève de seconde en bénéficie. LE DISPOSITIF PREVU PAR LA REFORME Pour chaque classe de seconde, l’établissement disposera d’une dotation de 10h30 (dont ½h dédiée obligatoirement à l’ECJS) destinée à répartir des heures à effectif réduit (souvent en demi- classe). Ces heures pourront être attribuées au choix de l’établissement : Aux enseignements du tronc commun Aux enseignements d’exploration A l’accompagnement personnalisé Les heures à effectif réduit sont attribuées globalement aux établissements
Pourquoi cette dotation globale des dédoublements cristallise-t-elle les contestations ? Ces heures ne sont pas cadrées nationalement : par expérience tout dispositif de ce genre est voué à disparaître dans un contexte de pénurie budgétaire. Cela donne lieu à une guerre des disciplines pour se voir accorder ces précieuses heures. Cela met en péril le travail en équipe des enseignants et les met en concurrence. De plus, ce sont les disciplines et les enseignants les plus influents auprès du chef d’établissement qui se verront accordés ces heures. Nulle considération pédagogique ici. Cela va générer des inégalités entres élèves et établissements puisque la situation d’enseignement variera considérablement d’un établissement à l’autre. Il est probable que ces heures soient attribuées le plus souvent aux disciplines qui risquent de perdre un poste. Les considérations pédagogiques seront donc le plus souvent mises au second plan.
CE QUE DIT CHATEL Selon les besoins et les aspirations des élèves, l’accompagnement personnalisé se donne les objectifs suivants : – apporter un soutien aux élèves qui rencontrent des difficultés, dans les disciplines comme dans les méthodes, – permettre aux élèves d’approfondir leurs connaissances, – donner aux élèves des méthodes qui faciliteront leur transition vers l’enseignement supérieur, – accompagner le projet d’orientation, – entreprendre des travaux interdisciplinaires. L’orientation fait partie intégrante de l’accompagnement personnalisé. Accompagnement personnalisé
ANALYSE CRITIQUE Cet accompagnement se substitue aux heures d’aide individualisée en mathématiques et en français qui sont supprimées. Ces heures étaient organisées en groupes de 8 élèves et étaient raccrochées aux disciplines fondamentales. L’accompagnement est prévu en classe entière. Chatel invente l’accompagnement personnalisé à 35 élèves ! Au mieux, cet accompagnement aura lieu en demi-classe à condition de réduire les cours en demi-classe dans les disciplines. Ces heures sont totalement déconnectées des enseignements disciplinaires. Ces heures vont servir de variables d’ajustement des services. Les choix concernant l’accompagnement seront décidés au mois de janvier pour la rentrée suivante. Aucune cohérence pédagogique ne sera donc possible. Accompagnement personnalisé
-0,5 heure en français ; - 0,5 heure en histoire; - 0,5 heure sciences physiques ; - 0,5 heure en SVT ; -1 heure en SES et dans les enseignements d’exploration qui existaient déjà. Appauvrissement des contenus disciplinaires ! Réduction des horaires disciplinaires
Ce que dit ChatelAnalyse critique De la seconde à la terminale, les enseignements de langues vivantes sont dispensés en groupes de compétences afin de permettre un meilleur apprentissage. Les horaires de LV1-LV2 sont globalisés pour faciliter la constitution des groupes de compétences. Les groupes de compétences vont permettre de regrouper des élèves venant de différentes classes. C’est donc la suppression du groupe classe pour l’enseignement de langues vivantes. Cela permettra de charger un maximum les effectifs en puisant dans les différentes classes. Exemple concret. Si dans un lycée, vous avez actuellement 8 classes de 30 élèves faisant anglais 1 ère langue, les groupes de compétences permettront de constituer 7 groupes de 35 élèves. Création de groupes de compétences en langues vivantes
Ce qui change en première : Les heures à effectif réduit sont attribuées globalement aux établissements (10h en S, 9h30 en ES et 8h30 en L) Est créé un accompagnement personnalisé de 2h par élève. Des réductions horaires dans la plupart des disciplines. Des groupes de compétence sont créés en langues vivantes. La constitution d’un ensemble d’enseignements communs (français, langues vivantes, histoire-géographie, EPS, ECJS) représentant 60 % de l’emploi du temps. La mise en œuvre de stages de remise à niveau pour les élèves volontaires souhaitant éviter le redoublement ou changer de série en cours d’année ou avant la terminale. Ces stages se déroulent au cours de l’année scolaire ou pendant les vacances.
Ce que dit Chatel Analyse critique La création du tronc commun aux différentes séries générales, renforcée par les stages « passerelles », permet les corrections de trajectoire. La création du tronc commun est une machine à gonfler les effectifs. Exemple concret : 8 classes de première à 31 élèves de moyenne, deviennent avec la réforme 7 groupes classe de 35 élèves dans toutes les disciplines du tronc commun. Cela permet évidemment de supprimer des postes. Les enseignements de langues vivantes, de français, d’histoire-géographie ne peuvent plus être différenciés selon les séries. Par exemple, on ne peut plus envisager un enseignement spécifique du français pour les élèves de première L puisque ils seront regroupés avec des camarades d’autres séries. Les « stages passerelles », c’est rattraper de un à trois trimestres de cours en une semaine, pendant les vacances… de qui se moque-t-on ? C’est réorienter les élèves en difficulté plutôt que de les aider à réussir dans la série qu’ils ont choisie. C’est seulement pour évacuer les élèves de S en difficulté vers d’autres séries. Ce sont des voies de dégagement dans un seul sens. Classe de première
Classe de première : des réductions horaires dans la plupart des disciplines En première S -1h en mathématiques -1h30 en sciences physiques -1h en SVT +0,5h en LV1 +1h30 en Histoire-géographie En première ES -2h d’enseignement de spécialité (maths ou option science politique ou langue vivante) En première L -1h en Langue vivante -2h en mathématiques +2h de littérature étrangère Au final, les horaires disciplinaires sont réduits de 2h30 en S et en L et de 3h en ES.
Ce qui change en terminale : Les heures à effectif réduit sont attribuées globalement aux établissements (10h en S, 6h en ES et 6h en L) Est créé un accompagnement personnalisé de 2h par élève. Des réductions horaires dans la plupart des disciplines. Des groupes de compétence sont créés en langues vivantes. Les séries L et ES auront le même programme en histoire-géographie. L’histoire-géographie devient optionnelle en terminale S. La mise en œuvre de stages de remise à niveau pour les élèves volontaires souhaitant changer de série en cours d’année. Ces stages se déroulent au cours de l’année scolaire ou pendant les vacances.
Classe de terminale : des réductions horaires dans la plupart des disciplines En terminale S +0,5h en mathématiques -3h en Histoire-géographie En terminale ES -0,5h d’enseignement de spécialité (maths ou SES ou langue vivante) -1h en SES En terminale L -2h en littérature -1h en langues vivantes +1h30 de littérature étrangère Au final, les horaires disciplinaires sont réduits de 1h en S, de 1h30 en L et de 0,5h en ES.
Classe de terminale Ce que dit ChatelAnalyse critique Des séries plus spécialisées qui préparent mieux à l’enseignement supérieur Des séries plus spécialisées ? Perte de 3h de sciences sur l’ensemble du cycle en S ! Perte entre 1h et 3h30 sur l’ensemble du cycle en sciences économiques et sociales en série ES ! Perte de 2h en littérature sur l’ensemble du cycle en L !
CONCLUSION La réalité de la réforme s’oppose totalement aux objectifs affichés Mieux accompagner et soutenir les élèves Alourdissement des effectifs par classe, suppression de l’aide individualisée en seconde, mise en péril des heures en demi-classe ; ces heures sont fondamentales pour apporter un soutien plus individualisé aux élèves et utiliser une pédagogie plus active : travaux de groupes, apprentissage des méthodes du baccalauréat, travail en salle informatique, etc.). Création d’un accompagnement personnalisé fourre-tout, déconnecté des enseignements et qui va servir de variable d’ajustement des services. L’objectif de départ est totalement annihilé par l’obsession du ministère : maquiller les suppressions de postes ! Rééquilibrer les filières en revalorisant les différentes séries Effet d’annonce : l’hégémonie de la filière S n’est absolument pas remise en cause. En effet, la seconde demeure une seconde S : la série S est en effet la seule série dont l’intégralité des disciplines sont enseignées en seconde). De plus, la possibilité de changer de série après un trimestre de première est une incitation à tenter sa chance en S, ce qui va renforcer les effectifs de cette série. Enfin, le volume horaire et les heures en demi-classe sont plus importants en S que dans les autres séries. Vous avez dit rééquilibrage ?! Améliorer l’orientation Les conseillers d’orientation-psychologue (COPSY) sont peu à peu supprimées. On demande aux enseignants d’accomplir ces tâches d’orientation alors qu’ils ne sont pas formés pour. Les élèves continueront de s’orienter en première sans avoir nécessairement découvert les sciences économiques et sociales en seconde, pourtant discipline fondamentale de la série ES. Orientation en aveugle. De plus, les horaires des enseignements d’exploration sont un non sens pédagogique.
Le véritable objectif de la réforme : justifier les suppressions de postes L’Etat veut réduire le nombre des fonctionnaires. Mais les fonctionnaires, ce sont les professeurs de vos enfants ! Depuis 2003 près de postes d’enseignants ont été supprimés. Le budget 2010 en prévoit encore de moins. Le poids de la dépense d’éducation dans le PIB est passé de 7,6% en 1995 à 6,6% en Un point de PIB, c’est pratiquement 20 milliards d’euros qui auraient pu être consacrés à l’éducation nationale. Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite permet à l’Etat d’économiser 500 millions d’euros par an. Ce chiffre peut être mis en parallèle avec les 7 milliards d’euros annuels de manque à gagner pour l’Etat dû aux exonérations sur les plus-values de cession de titres ! Les diverses réformes engagées n’ont qu’un seul but :diminuer le nombre d'enseignants, quitte à baisser la qualité de l'éducation pour vos enfants.
Réforme de la formation des enseignants et remplacements de professeurs absents Luc Chatel prévoit de la maternelle au lycée que des enseignants qui viennent d’avoir le concours pourraient assurer un service complet sans n’avoir suivi aucune formation. Au lycée, cela signifierait qu’un néo-titulaire pourrait se voir confier un service complet de 18h. De plus il prendrait plusieurs classes au premier trimestre, avant de les laisser au deuxième trimestre (probablement à des étudiants qui préparent eux le concours! ou à des vacataires) et de les retrouver au troisième trimestre. Ces conditions d’entrée dans le métier sont proprement catastrophiques. Auparavant, les professeurs venant de passer le concours effectuaient pendant un an un service de 6h et le reste du temps suivait une formation en IUFM. C’est cette année de formation qui disparaît avec la masterisation. A un moment où les enseignants connaissent des difficultés croissantes dans l’exercice de leur métier, on saborde la formation des jeunes collègues. Autre annonce récente de Luc Chatel : pour pallier la multiplication des absences non remplacées dues aux suppressions de postes (il n’est pas rare que des professeurs partis en congés maternité ne soient remplacés qu’au bout d’un mois), il propose de faire appel à des étudiants (sans aucune formation) ou à des retraités pour remplacer les professeurs absents !
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