Master2 Recherche Département des Sciences du Langage V32SLA1Syntaxe et Analyse du discours http://asl.univ-montp3.fr
La phrase clivée et la dislocation : 1) analyse syntaxique 2) analyse sémantique et discursive 3) analyse dialogique
1) La description syntaxique des phénomènes étudies 1.1.1. L’extraction dans le clivage selon la GGT La phrase clivée est dérivée de la phrase sans clivage correspondante par extraction dans la particule c’est… qu- de l’un des constituants rattachés au verbe. Soit la phrase canonique c’est Pierre qui est venu est dérivée par extraction du SN sujet de la phrase sans clivage correspondante Pierre est venu
1.1.2. La structure morphosyntaxique de la phrase clivée C’est la linguistique que j’aime Le présentatif : c’est Le focus : la linguistique Qu-phrase tronquée : que j’aime Les phrases clivées se présentent généralement sous la forme c’est y qu- z ;
1.1.3. La structure de la phrase pseudo-clivée Ce que j’aime, c’est la linguistique Le pronom cataphorique : Ce Qu-phrase tronquée : que j’aime Le présentatif : c’est Le focus : la linguistique Les pseudo-clivées se présentent sous la forme ce qu- z, c’est y et combinent l’extraction + le détachement du focus en fin de phrase
1.1.4. Les différentes formes de la phrase clivée La phrase clivée complexe : c’est neg x qu- z, c’est/mais y ; c’est neg x, c’est y qu- z ; c’est y qu-z et pas/non x ; c’est y, pas x, qu-z La structure si z, ce n’est pas x, mais/c’est y La construction si z, c’est y La construction clivée réduite c’est y
1.1.4. Les différentes formes de la phrase clivée La structure si z, ce n’est pas x, mais/c’est y : En elles, la lumière de l’été se fait chair, et c’est pourquoi leur vue dispense le vertige et la stupeur. Elles ne sortent qu’à l’heure tragique de midi ; elles sont comme immergées dans le mystère du plein jour. Si les paysans barricadent les portes de leurs maisons avant de s’allonger pour la sieste, ce n’est pas contre le soleil, c’est contre elles ; ces fées vraiment fatales sont belles, nues, rafraîchissantes et néfastes comme l’eau où l’on boit les germes de la fièvre ; (Yourcenar)
1.1.4. Les différentes formes de la phrase clivée La construction si z, c’est y : (fils) - viens pas te plaindre après (père) – ah ! je me plains moi !s’il y en a un qui se plaint, c’est bien toi (interaction orale)
1.1.4. Les différentes formes de la phrase clivée La construction clivée réduite c’est y : Et aujourd’hui, Marko avait invité aussi de gros marchands, des notables, des chefs de village, de ceux qui vivent dans la montagne, si près des Turcs qu’on peut se tirer des flèches d’un bord à l’autre du torrent qui coule entre les roches, et quand l’eau manque en été, il y coule du sang. C’était à cause de l’expédition qu’on prépare, comme chaque année, pour rapporter des poulains et du bétail turc. (Yourcenar)
1.1.5. La particule C’est… qu- Le fonctionnement du pronom ce dans les différentes constructions en c’est. Le pronom ce représentant : anaphore et cataphore Le pronom ce est non représentant dans les phrases clivées Le pronom qu- dans la clivée
1.2.1. La dislocation : cas particulier de construction détachée La dislocation consiste à détacher (i) un groupe en tête ou en fin de phrase, et à le reprendre ou à l’annoncer par un pronom anaphorique ou cataphorique ; ou (ii) un pronom personnel, le plus souvent postposé au groupe qu’il anaphorise.
1.2.2. La structure morphosyntaxique de la dislocation La dislocation à gauche Le syntagme disloqué est repris par un pronom personnel (conjoint): Cette partition, je l’ai achetée quand j’avais 16 ans; Des erreurs dans la campagne, j’en ai commises. Le syntagme disloqué est repris par le pronom démonstratif ce (du présentatif c’est : X, c’est Z) : La « Polonaise », c’est une décharge, un cri de révolte contre l’envahisseur russe; Le pire c’est que je m’en fous !
1.2.2. La structure morphosyntaxique de la dislocation La dislocation à droite Le syntagme détaché en fin de phrase est annoncé par un pronom personnel cataphorique : Pascal avait pompé l’eau du bain, dès qu’on avait pu déranger l’oncle Sainteville. Il n’avait pas très bonne mine, l’oncle. Le syntagme détaché est annoncé par le pronom cataphorique ce dans le présentatif (C’est Z, X): la prophétie baudelairienne: «Plus personne n'utilise son imagination. C'est terminé, l'imagination.» C’est un brave homme, mon père.
1.2.3. La dislocation d’un pronom tonique : insistance pronominale Moi, je suis contre ! ; Arthur, l'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches. Et j’ai ma dignité, moi ! (Céline, Voyage au bout de la nuit) Dans ce cas, le pronom personnel qui fait l’objet d’une dislocation, à gauche ou à droite, et qui relève de la fonction apposition – à l’écrit il est le plus souvent entre virgules –, ce qui explique sa réalisation sous la forme disjointe (moi,lui,elle, eux)
2) Analyse sémantique et discursive 2.1. Le couple conceptuel thème/rhème 2.2. Thématisation/Rhématisation et dialogisme 2.3. Clivage et rhématisation 2.4. Dislocation et thématisation
2.1. Le couple conceptuel thème/rhème thème prédicat sujet prédicat thème propos thème noyau thème rhème support apport topic focus présupposition focus connu nouveau moins informatif plus informatif
2.1. Le couple conceptuel thème/rhème La linguistique traditionnelle définit le couple thème / rhème, dans l’acception la plus courante, comme ce dont on parle (thème) et ce que l’on dit (rhème) Le thème peut être sommairement défini, du point de vue de la dynamique communicationnelle, comme l’élément connu et le moins informatif de l’énoncé, correspondant à « ce dont on parle », par opposition au rhème qui apporte l’information nouvelle, essentielle, « ce que l’on dit du thème ». L’énoncé affirmatif se déroule selon l’ordre préférentiel thème > rhème.
2.2. Thématisation/rhématisation et dialogisme La thématisation consiste en une opération de désignation explicite du thème dans l’énoncé, par différents procédés syntaxiques, dont la dislocation ; et/ou prosodiques, comme la montée intonative sur l’élément détaché, suivie ou pas d’une rupture intonative La rhématisation correspond à la désignation explicite du rhème dans l’énoncé, par différents procédés syntaxiques comme l’extraction.
2.2 Thématisation/rhématisation et dialogisme Le thème et le rhème sont tous deux potentiellement dialogiques, de façon fort différente : le rhème en ce que, « apportant du nouveau », il peut facilement devenir contrastif et donc faire entendre implicitement ou explicitement une autre voix à laquelle il s’oppose ; le thème, en ce que « rappelant du connu », il peut tout aussi facilement mentionner une autre voix avec laquelle il s’accorde, au moins partiellement. Dialogisme potentiel de l’accord partiel avec un autre énoncé pour le thème, du désaccord avec un autre énoncé pour le rhème : thème et rhème sont des lieux textuels qui peuvent être investis par les deux rapports dialogiques et dialogaux fondamentaux : la convergence et la divergence.
2.2. Thématisation/rhématisation et dialogisme la thématisation, en tant que marquage explicite du thème, développe la potentialité dialogique de celui-ci : l’élément thématisé constitue la reprise, explicite ou implicite, d’un élément du discours du locuteur, de l’allocutaire ou d’un tiers, discours avec lequel, en fonction de la rhématisation qui le prolonge, l’énoncé "dialogue" de différentes façons
2.2. Thématisation/rhématisation et dialogisme La rhématisation exploite la potentialité dialogique du rhème le plus souvent parce qu’elle désigne le rhème (i) par opposition explicite ou implicite à un autre rhème attribué à l’allocutaire ou à soi-même et/ou (ii) en répondant à une demande explicite ou implicite d’information imputée à l’allocutaire
2.3. Clivage et rhématisation L’élément extrait (le focus) correspond au rhème Du point de vue syntaxique Du point de vue interphrastique L’élément extrait (le focus) et détaché en fin de phrase dans le pseudo-clivage correspond au rhème
2.4. Dislocation et thématisation L’élément détaché à gauche ou à droite correspond au thème La fonction de reprise : « Cette partition de Chopin m’a sauvé » par Christophe Alévêque (titre de l’article, la photo qui accompagne le texte montre Christophe Alévêque tenir une partition) Entre 16 et 22 ans, j’ai joué cette « Polonaise » de Chopin tous les jours (…) Cette partition, je l’ai achetée quand j’avais 16 ans. La fonction de rappel : Maldini battu sur ce coup-là par Xavi Alonso / il a repris le ballon / Paolo Maldini
3. Analyse dialogique Cf. la diapo 2