TABAC et GROSSESSE Catherine Laveissiere Sage-femme Tabacologue Service du Pr RC Rudigoz Hôpital de la Croix Rousse / Lyon
66 000 décès par an imputables au tabac 5 000 morts dû au tabagisme passif 25 % des femmes enceintes sont fumeuses 14 % ont un tabagisme persistant au 3ème trimestre de la grossesse Le tabagisme féminin est un enjeu majeur de santé publique. Sa prévalence se rapproche de celle des hommes et la morbi-mortalité d’origine tabagique est en augmentation. Volonté politique nette d’accroître la prévention (loi EVIN, décret novembre 2006, recommandations de l’HAS, rapport de périnatalité 2006) l’implication des tabacologues et addictologues s’imposent
La femme enceinte est une particularité du sevrage tabagique La femme enceinte est une particularité du sevrage tabagique. C’est une population qui se rapproche des « heavy chronic smokers ». Elles sont parfois fortement dépendantes, ont une consommation de tabac importante et accumulent les échecs au sevrage
ambivalence: culpabilité et dépendance s’affrontent « la femme enceinte fumeuse est avant tout une femme fumeuse devenant enceinte » estime de soi : problème souvent évoqué (image de « mauvaise mère » incapacité à donner le meilleur pour son enfant à venir) arrêt pour le bébé, pour elle ? Cela rend le sevrage plus difficile, maturation incomplète du cycle de Prochaska, la reprise du tabagisme après l’accouchement est favorisé (95%) pression sociale : se fait de plus en plus prégnante MAIS les bénéfices à l’arrêt ne sont plus à prouver !
Prise en charge doit être précoce (si prise en charge au 1er trimestre de la grossesse on obtient plus aisément de sevrage) globale (dans l’idéal sur le lieu de la future naissance par une équipe formée et pluridisciplinaire : tabacologue, psychologue, psychiatre, nutritionniste, obstétricien, sage-femme) non banalisante : user et abuser du conseil minimal sur un mode empathique mettant en évidence les poly-addictions pour orienter vers les équipes d’alcoologues, addictologues
outils identiques à ceux utilisés en tabacologie « classique » dossier INPES cotesteur test de Fagerström (réalisé dans les conditions de la consommation avant grossesse) test de HAD repérage des poly-addictions (alcool, cannabis...) utilisation des traitements de substitutions et de quelques outils de TCC
Prévoir un suivi pour : réajuster le traitement évaluer les symptômes de sevrage : humeur dysphorique, dépressive, insomnie, irritabilité, anxiété, difficulté de concentration, augmentation de l’appétit évaluer les symptômes de surdosage (rares) bouche pâteuse, nausées, céphalées, troubles du sommeil En complément : un traitement homéopathique peut aider on propose : Nux vomica 5 CH, lobelia inflata 5CH, Ignatia 5CH Allaitement maternel : outil de motivation à l’arrêt et de prévention de la rechute
AUX HOSPICES CIVILS DE LYON Avant 2002 date où fut mise en place, avec succès, la première consultation d’aide au sevrage tabagique à la maternité de HEH ce sont le plus souvent des professionnels de la santé éloignés de la naissance qui prennent en charge la femme enceinte peu d’obstétriciens s’y intéressent... Recrutement difficile car l’orientation est très aléatoire.
3 maternités aux HCL : pôle nord maternité de la croix-rousse, niveau 3, 3200 naissances par an pôle est maternité HFME, niveau 3, pôle sud maternité Lyon sud, niveau 2, 2000 naissances par an IMPORTANT panel de femmes fumeuses enceintes à prendre en charge !
En 2006 la direction de la stratégie demande un renforcement de la tabacologie : réponse négative il faudra attendre janvier 2008 pour que les maternités se voient dotées de crédits MIGAC pour mettre en place au sein des maternités des consultations animées par des sages-femmes tabacologues motivées, impliquées, convaincues du bien fondé de la santé publique.
Modalités de fonctionnement 3 sages-femmes tabacologues réparties sur chacun des sites ont en charge des consultations individuelles, des ateliers de groupes et des temps auprès des patientes hospitalisées . Un médecin tabacologue coordonne nos actions (élaboration d’un protocole d’abstinence temporaire pour la patiente hospitalisée, ré-actualisation d’une plaquette d’information, tentative d’obtention du financement des cotininuries...
Conclusions Le ton semble être donné mais il faut rester mobilisé... User et abuser du conseil minimal pour un meilleur repérage des addictions L’implication de tous les professionnels de la santé est indispensable