de l’Empire du Milieu à l’un des centres de la mondialisation La Chine depuis 1911 de l’Empire du Milieu à l’un des centres de la mondialisation
Une approche géohistorique originale Il s’agit d’un thème avant tout géographique, analysé dans sa profondeur historique, essentiel pour en saisir les enjeux. La Chine, un des acteurs majeurs du système mondial actuel retrouve aujourd’hui son statut de grande puissance après un siècle de catastrophes. Son organisation spatiale, sociale et politique actuelle est le résultat des bouleversements considérables qu’a connu le pays tout au long du XXe siècle. Quelles sont les dynamiques actuelles de la Chine et en quoi son histoire récente est essentielle pour les comprendre ?
L’approche géohistorique et les notions choisies posent de difficultés : Entre autres questions … Comment « conjuguer regards historiques et géographiques » ? Quels sont les documents disponibles pour faire une histoire du territoire ? (problème de la cartographie historique et de la disponibilité de cartes pertinentes pour traiter le thème) Quelle place donner à la géopolitique et donc à la prospective (problème de l’histoire immédiate) ? Comment caractériser le maoïsme en terme d’héritage ? Traiter la délicate question du régime sans caricaturer ?
Des thèmatiques classiques mais revisitées : Très actualisées Intégrant une dimension historique (par exemple : l’histoire des politiques de contrôle des naissances et pas seulement l’enfant unique, le temps long de l’histoire de la diaspora, le temps long de l’histoire de Shanghai en étudiant sa tradition d’ouverture à travers l’architecture) Très articulées à la question obligatoire
Une approche par les cartes Pour une géohistoire du territoire chinois
1911 Un territoire en proie aux convoitises étrangères La question clef Pourquoi peut-on dire que la Chine est humiliée et dépecée en 1911 ? Ce qu’il faut savoir : En 1911, la Chine a perdu sa splendeur passée et elle est livrée aux convoitises étrangères dans le contexte d’une course aux colonies amorcées dans la 2ème moitié du 19ème siècle : Elle a du céder des concessions aux Occidentaux à la suite des Traités inégaux à la suite des guerres de l’Opium (1842 et 1860) et de troubles internes (Révoltes des Taiping, 1851), Elle a céder des territoires aux Japonais à la suite d’un conflit (1894-1895), Son territoire est partagé en vastes sphères d’influence, concurrentes entre elles, Le pouvoir impérial du jeune Empereur Pu Yi est faible et doit céder devant les revendications de Sun Yat-Sen qui proclame la Première République en 1912.
1911-1949 un territoire éclaté La question clef : Après une longue période de désordres, comment le territoire chinois est-il unifié ? Ce qu’il faut savoir : De la chute de l’Empire (1911) à la proclamation de la République populaire de Chine (1949), le territoire est éclaté par : des forces centrifuges (les Occidentaux qui possèdent des concessions depuis les Traités inégaux du XIXe siècle et les Japonais qui essayent d’étendre sans cesse leur empire colonial) des forces centripètes (rivalités entre nationalistes et communistes, conflits qui opposent les « Seigneurs de la guerre »). Le détail des nombreux événements jalonnant cette période ne peut être traité dans le cadre horaire imparti, il convient d’en mettre en évidence les caractéristiques les plus marquantes : lutte armée contre les invasions japonaises successives et répétées, longue guerre civile entre Chinois à partir de bases territoriales qui évoluent au cours du temps et avec des conflits idéologiques en arrière-fond, nombreuses exactions commises envers les populations civiles victimes des désordres militaires et économiques générés par la situation.
Il s’agit également de s’appuyer sur : SUN YAT-SEN (1866-1925) Théoricien de la contestation du régime impérial, il doit s’exiler 16 ans avant de fonder la première République de Chine à son retour en 1912. CHIANG KAI-SHEK (1887-1975) Chef des nationalistes, il s’efforce d’unifier la Chine entre 1928 et 1949. Après avoir combattu les Japonais, il perd la guerre civile contre les communistes et doit s’exiler sur l’île de Taïwan. MAO ZEDONG (1893-1976) Leader du Parti Communiste, il supplante ses adversaires nationalistes et japonais à la suite de nombreuses difficultés et unifie la Chine en proclamant la République Populaire en 1949. Il s’agit également de s’appuyer sur : quelques événements clefs comme la Longue Marche ou le massacre de Nankin des acteurs incontournables que sont Sun Yat-Sen, Mao Zedong et Chiang Kai-Shek On mettra en évidence la date-clef de 1949 : après s’être allié un temps aux nationalistes pour repousser l’invasion japonaise, Mao parvient à unifier la quasi-totalité du territoire sous son autorité et son nouveau régime, exception faite de l’île de Taïwan.
un développement autocentré 1949-1976 La Chine de Mao : un développement autocentré La question-clef : Comment se déroule l’expérience maoïste de 1949 au milieu des années 1970 ? Ce qu’il faut savoir : Ouvert aux influences extérieures et au capitalisme occidental dans la première moitié du XXe siècle, le territoire chinois se referme principalement du fait de la Guerre froide. Le développement de la « Chine utile » de l’intérieur est privilégié, le littoral étant considéré comme une menace et l’Ouest comme un glacis protecteur à contrôler militairement
Ce qu’il faut savoir : Le maoïsme constitue un modèle de régime totalitaire dont il convient de mettre en avant les aspects fondamentaux et originaux par rapport à ses équivalents historiques : éloignement progressif du modèle soviétique adopté au début du processus révolutionnaire, mobilisation des masses rurales et urbaines dans des gigantesques projets économiques et idéologiques à la mesure de la taille du pays, essor d’un mouvement idéologique international et d’un modèle de développement censé être adapté aux pays issus de la décolonisation Grandes campagnes politiques lancée en permanence pour renforcer le pouvoir personnel de Mao et lutter contre ses adversaires au sein du régime. Culte outrancier de la personnalité
Ce qu’il faut savoir : Mao est présenté comme le guide bienveillant des masses pour accomplir la Révolution (le Grand Timonier) Le maoïsme repose de la jeunesse pour accomplir une révolution permanente Le Petit Livre Rouge est censé être lu et connu de tous.
1976-2001 L’ouverture progressive et contrôlée au capitalisme La question-clef Comment les successeurs de Mao ont-ils réussi à concilier capitalisme et communisme ? Ce qu’il faut savoir : Plusieurs fois éloigné du centre du pouvoir sous Mao, Deng Xiaoping s’impose à sa mort comme le principal dirigeant. Il opère un tournant économique et social majeur qui place la Chine sur la voie de l’émergence économique Pragmatique, Deng comprend que le pays ne se développera qu’à la condition d’utiliser l’économie de marché comme vecteur de modernisation. Il convient ici de bien dégager la logique spatiale qui a présidé à ce changement : Deng décide d’une ouverture très progressive et contrôlée du territoire à l’économie de marché depuis le littoral vers l’intérieur
Ce qu’il faut savoir : Très soucieux d’éviter que la Chine ne suive l’exemple de l’URSS Deng verrouille toute contestation du régime. Il réprime violemment les manifestations de la Place Tian’anmen en 1989. Loin de revenir en arrière sur les réformes économiques après les événements, ses successeurs accentuent l’ouverture du territoire à un capitalisme contrôlé par l’Etat et décomplexé. Au final, Les successeurs de Mao : Ont ouvert la Chine de manière contrôlée et progressive au capitalisme, Ont maintenu le caractère autoritaire du régime, sont parvenus en fait à instrumentaliser l’économie de marché pour renforcer l’Etat communiste
Depuis 2001 Une nouvelle puissance dans la mondialisation La question-clef Dans quelle mesure la Chine est-elle devenue une grande puissance aujourd’hui ? Ce qu’il faut savoir : L’ouverture économique de la Chine au capitalisme international lui a permis en deux décennies de devenir l’un des principaux Etats émergents Elle est depuis 2010 la deuxième puissance économique mondiale, devant l’Allemagne et le Japon. Le PIB reste cependant encore modeste si on le rapporte au nombre d’habitant C’est surtout la rapidité des progrès économiques qui frappe et qui amène à identifier les causes de l’accélération de la croissance : faible coût de main d’œuvre qui rend les produits « made in China » très compétitifs, fortes capacités exportatrices , taux d’épargne élevé.
Un puissant nationalisme centralisé Qui s'impose par la violence à ses marges autonomistes Qui revendique des territoires insulaires par la menace Qui exerce une domination idéologique sur des pays périphériques Qui entretient des relations tendues avec certains de ses voisins La réussite économique du pays est largement mise au service de ses ambitions géopolitiques Cette constatation conduit à s’interroger de manière prospective sur les intentions réelles d’un régime Qui ne cache pas sa volonté nationaliste de redevenir la première puissance asiatique Qui n’hésite pas à revendiquer des territoires comme Taiwan, des îles dans la Mer de Chine ou des franges contestées le long de la frontière avec l’Inde. Qui règle néanmoins des conflits frontaliers issues de la période coloniale
Cet impérialisme économique et géopolitique : Inquiète les puissances occidentales qui mesurent mal jusqu’où peut aller la Chine dans sa volonté d’affirmer sa puissance alimente toutes sortes de fantasmes médiatiques sur le sujet, qu’on peut étudier avec les élèves : par l’étude de la presse ou d’événements symboliques comme la cérémonie avortée de la remise du Nobel de la paix 2010 à un opposant chinois emprisonné (Liu Xiaobo).
Les défis de l’avenir pour assurer un développement plus durable La question-clef Quels défis colossaux doit relever la Chine pour poursuivre durablement son développement ? Ce qu’il faut savoir : A toutes les échelles, les progrès de l'ouverture ont provoqué un renforcement très important des inégalités socio-spatiales, malgré la baisse général du nombre de pauvres : entre ruraux et urbains (93% des 10% les plus riches résidaient dans les villes et 7% à la campagne), e entre les régions côtières et le reste du pays, entre les hommes et les femmes, entre les résidents des villes et les travailleurs migrants d’origine rurale soumis au statut du Hukou, entre la majorité Han et les minorités ethniques. Le défi majeur du régime reste aujourd’hui de garantir le développement de l’intérieur du pays : Une vaste politique d’aménagement du territoire est ainsi désormais engagée en direction de l’ouest autour de grands projets comme le Barrage des Trois-Gorges ou la ligne de chemin de fer vers Lhassa.
désertification et manque d’eau, Tianjin Pékin Shanghai Chongqing Hancheng HK Outre les disparités socio-spatiales qu’il accentue, le développement accéléré de la Chine génère des défis nouveaux que le pays doit relever pour en assurer la durabilité : manque de ressources, qui oblige le pays à toujours importer davantage de matières premières, désertification et manque d’eau, pollutions multiples et dangereuses pour les milieux et la santé des populations, industrialisation anarchique qui dégrade les cadres de vie dans les zones rurales et urbaines. L’enjeu énergétique est particulièrement sensible et les énormes besoins de l’économie contraignent la Chine : à privilégier les centrales à charbon très polluantes à rechercher de nouveau modes de production d’électricité à diversifier ses sources d’approvisionnement en hydrocarbures