II. En quoi les cyberconflits illustrent-ils les rapports géopolitiques de la Chine avec le reste du monde ? Le XXIe siècle naissant marque incontestablement le retour de la Chine au centre du monde. En l'espace de trente ans, cet immense pays de 1,3 milliard d'habitants est sorti du sous-développement pour devenir la deuxième économie mondiale. Cette croissance spectaculaire de la Chine suscite dans les pays développés davantage de crainte que d'admiration. Mais en fin de compte, l'empire du Milieu n'a fait, au cours des décennies passées, que retrouver la place qui fut la sienne jusqu'au début du XIXe siècle. Pour l'avenir, Pékin se fixe clairement pour ambition d'asseoir son leadership en Asie au détriment de son rival japonais. Cette volonté chinoise de suprématie régionale s'intègre plus largement dans une logique de puissance globale. La Chine poursuit ainsi un double objectif : le développement des échanges économiques et la stabilité du système mondial sur la base du multilatéralisme et de la multipolarité. La Chine redevenue une grande puissance se sent également investie d'une mission : porter la voix des pays en développement face à un ordre mondial régi par les pays occidentaux. C'est cette démarche qu'elle suit désormais dans le cadre du G20. Claude MEYER, « La Chine, centre du monde », La Chine à l'heure des choix (n.2997), La Documentation française, Problèmes économiques, juin 2010.
1. Cadre et enjeux des cyberconflits mondiaux f. Protection du réseau mondial sans entraves à son usage a. Réseau Internet mondialisé b. Usages économiques… Opérations bancaires Individus Commerce Echanges d’informations éco. Etats Entreprises Dimension stratégique c. Usages militaires… Commandement Etat major Equipements et matériels Soldats Données Flux Serveurs Hommes h. Identifier – neutraliser – combattre ? e. Attaques d. Usages scientifiques… Echanges d’informations Outils de production du savoir Cyber criminalité Cyber terrorisme Chercheurs g. PESD - OTAN
www.cybergeography-fr.org/
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Le commerce électronique dans le monde : quelques chiffres. Selon une étude publiée au sein du ministère français de l'Economie, des Finances et de l'Emploi : Aux Etats-Unis, les ventes aux particuliers via l’internet (hors réservations de voyage) ont dépassé 100 milliards de dollars en 2006. Au quatrième trimestre 2006, les ventes via l’internet se sont élevées à 29,3 milliards de dollars, soit une progression de 20 % par rapport à décembre 2005. Ce montant représente 3% des ventes de détail en fin d’année 2006. Auparavant, le chiffre d’affaires du commerce électronique B to C (business to consumer) était passé de 69 milliards de dollars en 2004 à 86 milliards de dollars en 2005. Au-delà du commerce de détail effectué par voie électronique, se développent également des transactions commerciales électroniques B to C relevant des entreprises de services (réservations de voyages, édition-presse, informatique et logiciels, etc.) qui sont mesurées par ailleurs. Celles-ci représentaient un chiffre d’affaires de l’ordre de 50 milliards de dollars en 2003. Dans l’Union européenne, le pourcentage des Européens (et non des internautes) de plus de seize ans, ayant commandé par l’internet des biens ou des services pour leur usage personnel, au cours des trois derniers mois, s’élève à 23% en début d’année 2006. La proportion de Français dans le même cas atteint 19 %, loin derrière les Suédois (39%), les Allemands (38%), les Britanniques (38%) et les Néerlandais (36%). Ils précèdent les Espagnols (10%) et les Italiens (5%). En France, le commerce électronique est en expansion constante. Un des facteurs stimulant cette croissance est la possibilité d'être connecté à l'internet à haut débit. Selon la Fevad (Fédération e-commerce et vente à distance), au troisième trimestre 2007, 19,5 millions d'internautes soit près de 4 Français sur 10, déclarent avoir déjà effectué un achat en ligne. Avec une progression de 21% en un an, la croissance du e-commerce est plus de deux fois supérieure à la croissance de la population internaute. Plus de 17 500 sites marchands actifs ont réalisé en 2006 un chiffre d’affaires supérieur à 12 milliards d’euros. Mediametrie/NetRatings/Fevad, Baromètre trimestriel 2007
Bruno TERTRAIS (dir), Atlas militaire et stratégique, Autrement, 2008.
Convention sur la cybercriminalité Budapest, 23.XI.2001 Préambule Les Etats membres du Conseil de l'Europe et les autres Etats signataires, Considérant que le but du Conseil de l'Europe est de réaliser une union plus étroite entre ses membres; Reconnaissant l'intérêt d'intensifier la coopération avec les autres Etats parties à la Convention; Convaincus de la nécessité de mener, en priorité, une politique pénale commune destinée à protéger la société de la criminalité dans le cyberespace, notamment par l'adoption d'une législation appropriée et par l'amélioration de la coopération internationale; Conscients des profonds changements engendrés par la numérisation, la convergence et la mondialisation permanente des réseaux informatiques; Préoccupés par le risque que les réseaux informatiques et l'information électronique soient utilisés également pour commettre des infractions pénales et que les preuves de ces infractions soient stockées et transmises par le biais de ces réseaux; Reconnaissant la nécessité d’une coopération entre les Etats et l’industrie privée dans la lutte contre la cybercriminalité, et le besoin de protéger les intérêts légitimes dans l’utilisation et le développement des technologies de l’information; Estimant qu'une lutte bien menée contre la cybercriminalité requiert une coopération internationale en matière pénale accrue, rapide et efficace; Convaincus que la présente Convention est nécessaire pour prévenir les actes portant atteinte à la confidentialité, à l’intégrité et à la disponibilité des systèmes informatiques, des réseaux et des données, ainsi que l'usage frauduleux de tels systèmes, réseaux et données, en assurant l’incrimination de ces comportements, tels que décrits dans la présente Convention, et l’adoption de pouvoirs suffisants pour permettre une lutte efficace contre ces infractions pénales, en en facilitant la détection, l’investigation et la poursuite, tant au plan national qu’au niveau international, et en prévoyant des dispositions matérielles en vue d’une coopération internationale rapide et fiable; (…) Conscients également du droit à la protection des données personnelles, tel que spécifié, par exemple, par la Convention de 1981 du Conseil de l'Europe pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel;
Systèmes d’écoute et de surveillance à l’échelle mondiale, héritages de la guerre froide L’Atlas 2010, Monde diplomatique, Armand Colin, 2009.
Les risques pour la neutralité du réseau Les Nations unies souhaitent la mise en place d’une structure de coopération internationale chargée de l’administration du réseau, non seulement afin d’assurer la représentation démocratique des pays, mais aussi pour veiller à la liberté de diffusion des innovations technologiques et des idées sur internet qui pourrait être menacée par la volonté de certains gouvernements et entreprises de réguler le réseau à des fins économiques ou politiques. En effet, le caractère global, ouvert et a-territorial d’internet se prête difficilement à l’établissement de régulations nationales, et le risque est d’aboutir à une fragmentation d’internet en plusieurs réseaux intégrés et centralisés, capables alors de maîtriser à la fois les infrastructures et l’offre de services et de contenus, ce qui remettrait en cause le principe de neutralité sur lequel repose l’architecture d’internet. Le principe de neutralité ou principe du "end-to-end" repose sur la séparation entre les fonctions de transport et les fonctions de traitement des informations assurée par le double protocole fondamental TCP/IP. Internet est donc une infrastructure de communication qui assure la circulation des données sans intervenir sur leur traitement. En ce sens, le réseau est neutre puisqu’il se limite à transporter les informations sans les modifier et permet donc à l’ensemble des utilisateurs d’y accéder librement et de développer de nouveaux services. Cette caractéristique de l’architecture d’internet constitue le vecteur majeur d'innovations telles que le langage HTML (Hyper Text Markup Language) qui a donné naissance au web en rendant possible l’élaboration de liens hypertextuels entre les pages, mais aussi, plus récemment, les systèmes "peer-to-peer" (pair à pair) qui permettent aux internautes de partager librement des fichiers, ou encore, les blogs qui facilitent la création de contenus et l’échange d’informations. Ainsi, internet repose sur les notions d’échange gratuit et de production collaborative qui ont permis de faire évoluer le réseau et ses usages. Or, des opérateurs de télécommunications américains remettent en cause ce principe en réclamant la mise en place d’une tarification spécifique pour les sociétés comme Google ou Amazon qui utilisent intensivement les ressources du réseau. En facturant différemment le transport des données, selon le type de données et selon leur vitesse de transfert, ils interviendraient sur la diffusion des contenus et des applications. Le principe de neutralité d’internet garantit également la libre circulation des informations sur le réseau. Or, certains Etats, pour des raisons de contrôle politique, souhaitent mettre en place des systèmes entravant le libre accès aux ressources internet. Ainsi, la Chine voudrait créer son propre système d’adressage, indépendant du DNS et permettant de bloquer la consultation de ses sites aux internautes extérieurs et de la même manière bloquer les sites externes à la Chine à ses ressortissants. Si la centralisation de la gestion des ressources techniques d’internet par les Etats-Unis suscite une demande de transparence, la perspective de "fragmentation" d’internet présente des risques sur le plan industriel et politique. Il apparaît donc important de préserver l’unicité du réseau et que les marchés de l’accès et des contenus restent séparés afin de ne pas entraver l’innovation, la diffusion et l’échange d’idées qui constituent le moteur du développement d’internet. D'après Bernard Benhamou, Les nouveaux enjeux de la gouvernance d'internet, Regards sur l'actualité n°327, La Documentation française, janvier 2007