Comment lire une image en classe ? Y a-t-il une ou des méthodes ? Inspection de Dunkerque-Centre - Philippe Smette – Conseiller pédagogique
De quoi se compose une image ? Les signifiants : ce que je vois La description. Les signifiés : ce que j’en pense L’interprétation.
De quoi se compose une image ? Les signifiants iconiques Les signifiants extra iconiques Deux types de signifiants : Les signifiés : ce que j’en pense
De quoi se compose une image ? Les signifiants iconiques Les signifiants extra iconiques Les signifiants : ce que je vois Des informations Les signifiés : ce que j’en pense
De quoi se compose une image ? Un contexte : social, culturel, cultuel, historique... Les signifiants iconiques Les signifiants extra iconiques Les signifiants : ce que je vois Des informations Les signifiés : ce que j’en pense
Exemple : observez cette image.
Les signifiants iconiques. (La description)
Ce sont ceux qui touchent à la création de l’image.
Je vois ici une image fixe inscrite dans un cadre rectangulaire horizontal.
C’est une image en couleurs aux teintes assez ternes C’est une image en couleurs aux teintes assez ternes. Les contours sont marqués par des traits noirs. C’est une image gravée.
La lumière vient de haut et de la gauche (d’une fenêtre La lumière vient de haut et de la gauche (d’une fenêtre ?) si l’on en juge par les ombres au sol.
L’angle de prise de vue est de niveau, il reprend le regard du spectateur (recherche d’objectivité).
Les personnages sont en pied : Plan moyen donc.
Ces personnages sont placés sur des lignes de construction verticales.
Les signifiants extra - iconiques.
Ce sont ceux qui existent en dehors de l’image et que l’image récupère et met en scène.
Je vois 3 personnages : deux hommes, une femme.
La femme est au centre.
2 personnages (homme de gauche et femme au centre) nous regardent (captent notre regard).
Nous pourrions tenter de décrire les vêtements de chacun des personnages (excellent travail de vocabulaire). Des recherches documentaires pourraient aider la lecture.
L’homme de gauche est devant une table basse sur laquelle se trouvent une bouteille, des litres et un entonnoir.
La femme, au centre, est devant une table plus haute, sur laquelle se trouvent des poids (masses), des cônes (sucre ?). La femme tient dans la main droite une balance.
A droite, l’homme est devant un comptoir sur lequel est posée une pièce de tissu que l’homme mesure avec un mètre en bois.
Des numéros ont été placés au-dessus de chacun des personnages.
Les signifiés. (L’interprétation)
Essayons de donner du sens...
Ce sont 3 scènes séparées : elles sont numérotées.
Ces scènes ne constituent pas une « suite » : il n’y a pas un personnage unique, les objets, d’une scène à l’autre, sont différents.
Le personnage de gauche remplit de vin une bouteille en verre Le personnage de gauche remplit de vin une bouteille en verre. Il se sert d’un pot, mesure de capacité. Il s’agit peut-être d’un commerçant en vins et spiritueux qui utilise le litre.
La femme, au centre, est sans doute elle aussi une commerçante La femme, au centre, est sans doute elle aussi une commerçante. Elle nous montre qu’elle utilise les nouvelles mesures de masse. Il n’y a rien dans mes plateaux de la balance. La femme nous regarde. Il ne s’agit donc pas de nous faire connaître son métier réel. Ce n’est qu’en comprenant ce que font les deux autres personnages qu’on peut définir le but de cette image.
A droite, l’homme est sans doute un commerçant en tissus A droite, l’homme est sans doute un commerçant en tissus. Mais ce qu’il tient ostensiblement des deux mains c’est un mètre en bois. L’homme de gauche remplit avec un litre, La femme au centre pèse avec des grammes, L’homme de droite mesure avec un mètre.
Cette image a donc une fonction informative Cette image a donc une fonction informative. Il s’agit de nous faire comprendre que de nouvelles mesures seront utilisées.
Cette gravure nous en présente 3, numérotées de 1 à 3 Cette gravure nous en présente 3, numérotées de 1 à 3. Les personnages ne sont que des exemples d’utilisation de ces nouvelles unités de mesure.
Quelle lecture d’image ? Dans notre exemple, nous sommes allés : D’une lecture dénotative (on part de ce que l’on voit, description). A une lecture connotative (on donne du sens, interprétation). Est-ce la seule méthode ?
Est-ce la seule méthode ? Poser la question, c’est y répondre : On peut aisément aller de la connotation à la dénotation. Commencer par donner du sens et vérifier par les éléments objectifs que ce qu’on avance est vrai. Dans ce cas, il est important de se dire que notre seule «bouée» est la JUSTIFICATION par les signifiants. Je peux dire cela parce que je vois ceci !
Et l’apport des autres informations ? Rappelons-nous, une image c’est aussi : Un contexte : social, culturel, cultuel, historique... Des informations
Et l’apport des autres informations ? Ce sera ici la légende de cette image. Des informations De nouvelles unités de mesure. Gravure, Musée Carnavalet – Paris.
Et l’apport des autres informations ? Choisir de ne pas donner la légende immédiatement avec l’image est un choix pédagogique : cela permet d’effectuer une lecture d’image plus ouverte. La donner ensuite permet de conforter (ou de remettre en cause) la lecture précédente. De nouvelles unités de mesure. Gravure, Musée Carnavalet – Paris.
Et l’apport des autres informations ? Rappelons-nous, une image c’est aussi : Un contexte : social, culturel, cultuel, historique... C’est-à-dire tout ce qui n’est pas dans l’image, ce qui appartient à ma culture ou ce qui m’oblige à me documenter si je ne sais pas.
Exemple : Extrait de http://www.histoire-empire.org/docs/bulletin_des_lois/systeme_metrique.htm « Lorsque survient la Révolution le système des mesure est, en France, des plus complexes, et de plus, varie d'une région à l'autre. Les Cahiers de doléances vont refléter cette situation, un certain nombre présentant des demandes pour une harmonisation des poids et mesures. La Constituante, le 8 mai 1790, va confier à l'Académie des sciences la tâche d'étudier un nouveau système. Y travailleront, en particulier, Laplace, Monge, Borda, Lavoisier. Le 1er août 1793, la Convention adopte le mètre comme unité de longueur, le système décimal s'appliquant pour les multiples et sous-multiples. Suit, le 7 avril 1795, l'obligation du système décimal comme système de base des nouvelles mesures. En fait, l'usage du système métrique sera loin d'être une chose qui va de soi. » Sur ce site, à la suite de ce texte, on trouvera : (N.° 383.) ARRÊTÉ relatif au mode d'exécution du système décimal des poids et mesures. Du 13 Brumaire an X.
Et ensuite ? Proposer une seconde image légendée en demandant aux élèves de composer un texte explicatif (qui pourra être dit oralement – commentaire). On évalue ainsi sa capacité à réinvestir tout ce qui a été vu dans l’image, les connaissances acquises par les documents d’appoint, at aussi les connaissances acquises dans le domaine de l’ORL. Exemple d’image :
Réinvestissement : L’Are (pour la Toise) Le Franc (pour une Livre Tournois) Le Stère (pour la Demie Voie de Bois)
Ce qui fait peur aux enseignants : Le Silence : Il faut pourtant savoir se taire devant une image et attendre que les élèves parlent. Il faut alors féliciter, favoriser, redire la parole de l’élève et ainsi encourager même si « on dit une bêtise » . Le flot de paroles : Après le silence, quand les élèves sentent qu’ils peuvent parler, la tendance est à parler dans toutes les directions. C’est là que joue le choix pédagogique : On peut interdire aux élèves de donner du sens et ne demander que de dire ce que l’on voit...
Ce qui fait peur aux enseignants : Le flot de paroles : Si le choix pédagogique est d’accepter de démarrer spontanément par le sens, il faudra : 1 – Demander de JUSTIFIER par l’image (obligation d’argumenter). 2 – Apprendre peu à peu la différence entre une affirmation ou une supposition. Si l’enseignant écrit au tableau des expressions d’élèves telles que : Je pense que...., Il me semble que..., On dirait que.... Il lui sera aisé de marquer cette différence.
Le rôle de l’enseignant : Celui qui favorise l’expression : Il a choisi l’image, Il a choisi la méthode Il accueille la parole. Celui qui alimente les relances et prolongements : Il a déjà repéré les documents complémentaires. Il a déjà repéré les supports d’information exploitables (livres, manuels, sites informatiques, disques, films...) Celui qui définit la restitution finale de l’information : Par un commentaire orale, un texte écrit,...
La lecture d’image... Doit être un moment de plaisir partagé par l’enseignant et les élèves. Il ne faut pas s’attendre à un résultat immédiat, du premier coup, ce n’est qu’au bout de plusieurs lectures que se met en place ce réseau de sens qui fait qu’un élève comprendra comment cette lecture fonctionne.