Situer les élections dans le fonctionnement démocratique
Démocratie et représentation Rappel : la définition « élitiste » de la démocratie « La démocratie nest pas le gouvernement du peuple par le peuple (et pour le peuple), mais la possibilité accordée au peuple de départager à échéances régulières des élites recrutées par ailleurs »
La démocratie représentative -lélection des représentants comme pierre angulair -lémergence de professionnels de la politique : un champ politique dont lenjeu est la conquête et lexercice du pouvoir ; champ politique champ du pouvoir -légitimation par la socialisation (famille, école) et la lopinion publique (qui « fait parler » les représentés)
« Les dilemmes de la démocratie » (Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France) Dilemmes (tensions) de la démocratie : 1)conception du rôle et des qualités des représentants 2)représentation de la diversité sociale 3)définition civile ou politique de la démocratie 4)démocratie immédiate ou directe
Le dilemme quant aux représentants Tension entre deux principes : similarité versus différence (entre représentants et représentés) : -Des pairs, « gens comme nous »/ « experts = Proximité et ressemblance ou Compétences -Opposés historiquement : les « modèles de lavocat et du camarade » Des oppositions « dérivées » : –Qualités : Loyauté vs Capacité ; Modestie vs Visibilité –Procédures : Election vs Tirage au sort –Expression des intérêts : Compétence vs Expérience
Quelques problèmes La tension entre principes comme point de vue intellectualiste –le biais scolastique : « passer du modèle de la réalité à la réalité du modèle » La reconstruction historique : le notable PUIS le militant plutôt que lavocat ET le camarade –Pas une égalité, mais bien la conquête dune position Sous la IIIe république encore (50 ans après le SUDM), lélection comme ratification de lautorité sociale évidente » Quelles expressions historiques du tirage au sort ?
Démocratie et représentation La démocratie représentative est une construction historique = démocratie et représentation étaient des notions antagonistes dans la Grèce ancienne. La démocratie représentative est en fait constituée dans un premier temps SANS le peuple, ses principes étant établis bien avant lextension du droit de suffrage à « tous » (les hommes).
La démocratie dans la Grèce antique Assemblée/magistrats/juges Élection versus tirage au sort (TAS) Les principes du TAS pour les magistrats et les juges : durée, renouvellement, volontariat, contrôle La démocratie « directe » = la capacité à être entendu ; la possibilité de lexercice direct du pouvoir. Lidéal grec : commander et obéir, être gouvernant et gouverné ; exercer son intelligence (métis)
La rupture du régime représentatif Les révolutions des « nations » (américaine, française) Des oligarchies. La Nation contre le Peuple. Lélection comme fonction et non comme droit. Le principe idéologique : le consentement ou le pouvoir de désigner quimplique lacte de vote La peur de la démocratie : le spectre des classes laborieuses et dangereuses La démocratisation (laccès au suffrage, le droit de vote) comme enjeu pour le régime représentatif
Les principes du gouvernement représentatif « démocratique » Un mode de gouvernement qui repose sur les principes : –désignation des gvnants par élections régulières –indépendance des gvnants –liberté dexpression politique des gvnés –discussion publique avant décision
La 5e, république contre les partis ? De Gaulle, –« ne pas mettre le pouvoir à la discrétion des partis » ; –« faire en sorte que le pouvoir ne soit plus la chose des partisans, mais quil procède directement du peuple, ce qui implique que le chef de lÉtat, élu par la nation, en soit la source et le détenteur »
Ou la république des partis ? La force des grands partis : –Le PCF depuis 1945 ; les formations gaullistes (« Unions ») dans les années 60 –La réorganisation de la gauche non communiste : le PS depuis les années 70 –LUMP ajd ( = gaullistes + libéraux + démocrates chrétiens) Le contrôle partisan du groupe parlementaire La collectivisation/nationalisation de lactivité politique –Contrôle partisan de la compétition (coût des campagnes, étiquette, besoin de ressources collectives) au niveau national et local (de moins en moins de « sans étiquette »; les élections « intermédiaires »)
Les « systèmes » de partis Ont profondément changé avec les mêmes scrutins Configuration 1 : –Majorité gaulliste, avec appoint de droite libérale (Giscard) et conservatrice –Opposition éclatée de la gauche socialiste et radicale, et des démocrates-chrétiens (anciens de la 4e) –Force du PCF La norme ou une parenthèse ?
Les « systèmes » de partis Configuration 2 : = Bloc contre bloc, gauche contre droite –Recomposition de la gauche non communiste : unification (PS) et alliance avec le PCF ; marginalisation du PCF –Réorganisation de la droite (pompidolienne au RPR ; fédération UDF sans pérennisation) –Deux blocs gauche / droite, alliances et désistement –Première alternance (1981)
Les « systèmes » de partis Configuration 3 : –Apparition durable du FN à droite : 8 à 16 % selon les scrutins ; intérêts divers (marginalité nationale, mais force locale et régionale) –Emiettement à gauche : scissions du PS (MDC, clivage pro/anti européens) ; émergence des Verts –Tensions à droite : Recomposition de lUDF (Centre et droite nationale) et divisions du RPR –Alternance systématique (échec des gouvernants) : 1986 (Mitterrand) (Chirac)- 1993(Mitterrand)- 1995(Balladur)- 1997(Chirac)- 2002(Jospin).
Les « systèmes » de partis Configuration 4 (actuelle) –Unification de la droite (UMP) et « émancipation » dun centre-droit (Bayrou) Démantelement progressif du centre (droit) –Morcellement de la gauche (PS) sans unification de la « gauche de la gauche » non socialiste (communistes, trotskystes, alter-mondialistes, écologistes)