L’ANOREXIE
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) Aux USA : 40 à 60 % des filles de 17/18 ans suivent un régime; 13% se font vomir, prennent des laxatifs ou des coupe-faim ! En France : 37% des filles se trouvent trop grosses, 57% font un régime, 2,3% prennent un médicament « pour maigrir » et 3,1% des laxatifs Ces perturbations sont le signe d’installation des TCA !
Anorexie : quelques chiffres 1% des filles entre 12 et 18 ans 0,1% des garçons Mortalité : Anorexies restrictives : 1% Anorexies avec boulimies/vomissements ou prise de purgatifs : 2 à 4% Rechutes : 2,6 / anorexique Augmentation des formes pré pubères (0,5 à 1%)
Cas clinique : Céline 14 ans C’est la fille cadette de M. et Mme B. Son frère, de 2 ans plus âgé qu'elle, va bien, autant du point de vue scolaire que comportemental. Céline est « la fierté de ses parents » : excellente élève (toujours première !) très courageuse et travailleuse dévouée à sa famille, elle aime beaucoup faire la cuisine généreuse très sportive; des sports solitaires...
Son milieu social… Céline vit dans une famille sans problème, mais elle commence à perdre du poids, insidieusement, en supprimant d'abord les matières grasses, puis les sauces, les sucres, les féculents. Elle trouve de nombreux prétextes pour éviter de partager les repas familiaux, même si elle reste très présente dans sa famille et si sa scolarité et ses activités parascolaires restent plus brillantes que jamais. Ni sa famille, ni ses enseignants, ni son médecin ne s'aperçoivent de son amaigrissement; cela dure plusieurs mois.
Circonstances de découverte de son amaigrissement excessif : Pendant les vacances, ses parents la voient en maillot de bain ! Elle a un malaise à l'école Elle consulte pour un autre motif
Céline vient en consultation pour un autre motif Elle doit faire son rappel DPT : Comment allez vous conduire la consultation ?
L’examen clinique (1) Pour l’examen clinique essayer de la faire déshabiller (mais ne pas insister). La peser (si possible) et la mesurer : calcul de l’IMC. Vérifier sur le carnet de santé la date de la dernière pesée et reconstitution de la courbe staturo-pondérale pour déterminer le début ! Dans tous les cas « négocier »
I.M.C. et anorexie Formule de LORENTZ : Poids (kg) / taille2 (m)
IMC : du normal à l’intolérable I.M.C. normal : 18,5 à 25 I.M.C. « tolérable » : jusqu’à 16 I.M.C. « intolérable » : 13 hospitalisation
L’examen clinique (2) Pâleur Yeux cernés Perte des cheveux et ongles cassants Les mains +++ Maigreur Cyanosées Cals et hématomes (quand vomissements provoqués) lanugo Aménorrhée ? Absence d’au moins 3 cycles. Tension artérielle et prise du pouls: bradycardie? Constipation.
5 signes définissent l’anorexie Refus de maintenir le poids au niveau d‘un poids minimum pour l’âge et la taille Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros alors que le poids est < normal Perte de l’estimation de son poids & ses formes Déni de la gravité de sa maigreur Aménorrhée (chez les femmes post-pubères)
Les trois A Anorexie Amaigrissement avec dysmorphophobie Aménorrhée Hyperactivité, désintérêt pour la sexualité et les activités sociales.
Perte de poids simple ou anorexie ?
La psychologie de l’anorexique Ce n’est pas une conduite suicidaire : il n’y a pas de désir de mort L’anorexique cherche a avoir une parfaite maîtrise de son corps. C’est un défi /elle même qu’elle se lance Le déni est la clef de l’anorexie : -> faire prendre conscience que « maigrir c’est dangereux pour elle même »
Quel bilan biologique demander ? NFS VS (hémoconcentration) CRP GLYCEMIE CREATININE IONOGRAMME (Na, Cl, K, RA, protides totaux) UREE PRE ALBUMINEMIE (basse : bon indicateur de dénutrition) Hypomagnésémie et hypophosphorémie : syndrome de ré nutrition inappropriée CALCEMIE CHOLESTEROL TOTAL (paradoxalement très souvent augmenté) TRANSAMINASES TP (diminué) FERRITINE (très abaissée car réserves épuisées) Hypothyroidie reactioneelle avec la mise sous silence de l’axe hypothalamo hypophysaire
Signes d’ alarme bradycardie(< 45/mn ), tachycardie, troubles du rythme, TA < 8/5 mmHg IMC < 13 ou amaigrissement >30 %. Épuisement, ralentissement verbal. Purpura, escarres, oedèmes Complications cliniques: céphalées chez une potomane, pyrosis chez une vomisseuse Perturbations biologiques Vomissements, polydipsie Troubles de la conscience et de la vigilance
La stratégie thérapeutique En dehors des cas d’urgence, on peut envisager un suivi somatique. Une psychothérapie de soutien de type cognotivo-comportementale: rien n’ est plus douloureux pour l’anorexique que d’ accepter de grossir. A celle-ci s’ajoute une psychothérapie familiale. Une diététicienne peut aider à ses soins. Médicaments: supplémentation calcique
Conclusion du cas clinique Céline a réussi à cacher sa dénutrition pendant de nombreux mois. Tout praticien doit s'interroger sur les origines d'une dénutrition en dehors d'une pathologie connue, chez une jeune fille ou une jeune femme, mais aussi chez l'enfant pré pubère ou le garçon quelque soit leur origine ethnique.
Conséquences à long terme Arrêt de croissance avec impubérisme. Ostéopénie, objectivée par la densitométrie osseuse. Autres conséquences : digestives, rénales, cardiaques, métaboliques, trophiques… 80% vont retrouver un poids et un comportement alimentaire normal 50% gardent des difficultés psychologiques 10 à 15% évoluent vers la chronicité
Bibliographie Comment sortir de l’anorexie et retrouver le plaisir de vivre : Dr Yves Simon et Dr François Nef, guide pour s’aider soi-même, Paris, éditions Odile Jacob, 2002. Suicide de l’adolescent, Dr Marie-France Le Heuzey, consulter Prescrire, éditions Masson. La prise de risque à l’adolescence, éditions Gregory Michel. Passion du risque, David Lebreton, Sciences Humaines. Les indomptables, figures de l’ anorexie, Ginette Raimbault et Caroline Eliacheff, Paris, éditions Odile Jacob, 1996.
Figures de l’anorexie