Chapitre 2 Politiques publiques et croissance 2.1. La demande globale 2.2. Les multiplicateurs 2.3. Le modèle IS LM : présentation 2.4. Evaluation des politiques économiques
2.1. La demande globale 2.1.1. Modèle de base (sans Etat) Composantes de la demande globale : C = C0 + cY I = I0 D = C + I A l’équilibre du marché des biens et services l’offre est égale à la demande : Y = D = C + I Par ailleurs Y = C + S (par définition). A l’équilibre du marché, on a donc : C + S = C + I soit S = I : l’épargne nationale est entièrement investie. Conséquence : pas d’équilibre possible si une partie de l’épargne est thésaurisée.
2.1.2. Principe du multiplicateur A partir du système précédent, on peut calculer le revenu d’équilibre du marché des biens et services (Y*) : (Co + Io) est appelé multiplicateur de demande globale Fonctionnement du mécanisme de multiplicateur : Somme des effets directs et indirects liés à une augmentation initiale de dépense donnée ; « Chaîne de dépenses »
2.1.3. Représentation graphique D,C,I,S L’équilibre du MBS correspond à l’intersection des droites d’offre et de demande globales : Offre globale : Y=D Demande globale : D = C+I Points remarquables : Quand Y = C, S = 0 (tout le revenu est consommé) A l’équilibre (Y = D), l’épargne est entièrement investie (S = I) Y = C Y* Y
2.1.4. Application numérique On dispose des données suivantes : C = 40 + 0,75 Y I = 60 Calculer le revenu, la consommation et l’épargne d’équilibre. Résolution : D = C + I Y = D à l’équ. Soit : Y* = 40 + 0,75Y* + 60 = 100 + 0,75Y* Finalement : Y* = 400 C* = 40 + 0,75 x 400 = 340 S* = Y* – C* = 400 – 340 = 60
2. 2. Les multiplicateurs. 2. 2. 1. Le multiplicateur de dépenses 2.2. Les multiplicateurs 2.2.1. Le multiplicateur de dépenses publiques L’économie comporte trois groupes d’agents : Ménages ; Entreprises ; Etat (dépense publique, imposition). C = C0 + cYd I = I0 G = G0 Yd = Y - T = Y - t Y D = C + I + G Y = D à l’équilibre On obtient : Le multiplicateur est moins important que dans le cas sans imposition ; Mais l’augmentation de dépense publique entraîne une augmentation plus que proportionnelle du revenu national
2.2.2. Le multiplicateur de commerce extérieur « Petite économie ouverte » : Exportations exogènes (l’économie nationale n’a pas d’influence sur la demande du reste du monde) ; Importations endogènes (croissantes avec le revenu national, avec une partie incompressible). L’ouverture de l’économie réduit la valeur du multiplicateur : Les importations constituent une « fuite » de demande vers l’extérieur ; En général, toute « fuite » de demande réduit l’efficacité des politiques budgétaires : épargne, impôt, demande adressée à l’extérieur…
La France : une « petite économie. ouverte ». (1) PIB et importations La France : une « petite économie ouverte » (1) PIB et importations (taux de croissance en %) Source des données : INSEE.
La France : une « petite économie. ouverte ». (2) PIB et exportations La France : une « petite économie ouverte » (2) PIB et exportations (taux de croissance en %) Source des données : INSEE.
Composition de la demande globale en volume (taux de croissance en %) Source des données : INSEE.
2.3. Le modèle IS / LM : présentation 2.3.1. Le principe Marché des biens et services : IS Y = C + I + G C = c Yd + C0 Yd = Y – T I = I0 – h r Y = D à l’équ. Représentation d’ensemble d’une économie nationale : Marché des biens et services Marché de la monnaie Marché des titres En pratique on étudie seulement les deux premiers (BS, monnaie) Courbe IS : ensemble des points d’équilibre sur le marché des biens et services (condition I = S). Courbe LM : ensemble des points d’équilibre sur le marché de la monnaie et des titres (condition Mo = Md). Marché de la monnaie : LM Mo = Md = L1 (Y) + L2 (r) Md = Mo à l’équ.
2.3.2. La courbe IS Ensemble des couples (Y,r) vérifiant l’équilibre sur le marché des biens et services [condition s(Y) = I(r)]. La courbe IS est décroissante. Exemple : Hausse du taux d’intérêt ; Entraîne une baisse de l’investissement (fonction d’investissement keynésienne) ; Entraîne une baisse du revenu (mécanisme de multiplicateur). r IS Y « IS horizontale » L’investissement (et le revenu national) sont très sensibles au taux d’intérêt r IS Y « IS verticale » L’investissement (et le revenu national) sont peu sensibles au taux d’intérêt
2.3.3. La courbe LM Ensemble des couples (Y,r) vérifiant l’équilibre sur le marché de la monnaie [condition Mo = Md]. L’offre de monnaie est supposée donnée (décision de la Banque Centrale). La demande de monnaie comporte deux composantes (analyse keynésienne) : Motifs de transaction et de précaution : L1. Motif de transaction : monnaie détenue pour la réalisation courante des échanges ; Motif de précaution : monnaie détenue pour faire face à une dépense imprévue, ou prévue à moyen terme. L1 est une fonction croissante de Y : L1 = Y, avec >0 Motif de spéculation : L2. Motif de spéculation : arbitrage entre monnaie et titres (cf. diapo. suivante) L2 est une fonction décroissante de r : L2 = r, avec <0
La demande de monnaie pour motif de spéculation Selon les pré-keynésiens, la totalité de l’épargne est placée. Selon Keynes, une partie est conservée sous forme monétaire, en raison de l’incertitude sur le prix des titres à leur date de revente : Un agent qui achète une obligation et la conserve jusqu’à son terme est remboursé pour une valeur connue d’avance. S’il revend avant, le prix dépend du taux d’intérêt à la date de revente. Principe de base : le prix d’un titre est une fonction décroissante du taux d’intérêt. Il peut donc être rationnel de conserver une partie de son épargne sous forme de monnaie. La demande de monnaie pour motif de spéculation repose donc sur les anticipations des agents : Taux relativement bas et anticipation de hausse : épargne conservée sous forme monétaire (préférence pour la liquidité forte). En deçà d’un taux plancher, la ppl devient infinie (« trappe à liquidités »). Taux relativement élevés et anticipation de baisse : achat de titres. Au-delà d’un taux plafond, la totalité de l’épargne est placée (« cas classique »).
Principe de la représentation graphique r* taux d’intérêt d’équilibre Y* revenu d’équilibre LM est une droite croissante : Une augmentation de Y entraîne une augmentation des encaisses de transaction. L’offre de monnaie est constante : pour que l’offre de monnaie reste = demande de monnaie, il faut donc une diminution des encaisses spéculatives. La baisse des encaisses spéculatives nécessite une hausse de r. Quand la ppl est forte, la pente de LM est peu importante (et vice-versa). Quand l’offre de monnaie augmente, la droite LM se déplace vers la droite. r LM r* IS Y* Y
Cas particuliers r LM r* IS Y* Y r* taux d’intérêt d’équilibre Y* revenu d’équilibre « Cas keynesien » : ppl maximale. LM est horizontale. « Cas classique » : ppl nulle. LM est verticale.
2. 4. Evaluation des politiques économiques. 2. 4. 1 2.4. Evaluation des politiques économiques 2.4.1. La politique budgétaire L’augmentation de la dépense publique entraîne une augmentation de la D globale (déplacement de IS vers la droite). L’augmentation de la D globale entraîne un effet d’éviction de l‘investissement privé (déplacement le long de IS). Cas particuliers : Efficacité maximale de la politique budgétaire dans le cas keynésien ; Efficacité nulle dans le cas classique. r LM r*2 r*1 IS 2 IS 1 Y*1 Y*2 Y
2.4.2. La politique monétaire LM 1 LM 2 r*1 r*2 IS Y*1 Y*2 Y L’augmentation de l’offre de monnaie entraîne une baisse du taux d’intérêt (déplacement de LM vers la droite) ; La baisse du taux d’intérêt entraîne une augmentation de l’investissement et du revenu national (déplacement vers la droite le long de LM).