La Question de la Laïcité et le CPE « nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre établi par la loi » Art.10 de la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen Réflexions qui s’appuie sur les deux derniers ouvrages d’Edgar Morin mais plus particulièrement sur « La France une et multiculturelle, Paris, Fayard, 2012

Une ancienne conception moderne La question de la laïcité renvoie à celle de la coexistence entre plusieurs cultes et la reconnaissance de ces dernières par le pouvoir politique. Dans l’empire Romain, tous les cultes étaient reconnus par l’Etat sous condition d’allégeance à l’Empereur.* Dans l’empire Romain Chrétien, cette tolérance s’estompe, le christianisme s’opposant au paganisme mais il accepte à la marge le monothéisme hébraïque (avec des persécutions lors des croisades ou lors des confrontations avec des mouvements hérétiques) Dans l’empire arabo-musulman, le Califat reconnait seulement les monothéismes à condition qu’ils payent un impôt pour exercer leur culte librement. Sous l’empire romain, les dieux autres cultures étaient même adoptés par les autorités romaines. En revanche, en cas de refus d’allégeance, la répression était impitoyable comme ce fut le cas avec les Chrétiens. *« Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Se manifeste, ici, déjà, une volonté de séparation des ordres religieux et politique. C'est une ironie de l’histoire, en effet, que le fondateur du christianisme ait eu un esprit laïc. ) (Mathieu, XXII, 21).

De la Renaissance à la Révolution Française A l’époque moderne, dans l’Occident Chrétien, l’Eglise romaine est remise en question par des réformateurs (Calvin, Luther) Après les guerres de religion, les pouvoirs royaux qui s’émancipent de la Papauté reconnaissent les cultes religieux (protestantisme, catholicisme)* Sous la Révolution Française, l’état républicain se sépare de tout pouvoir religieux.** La neutralité politique va jusqu’à l’imposition d’un calendrier républicain, Mais avec la déclaration des droits universels de L’homme et du citoyen, on reconnait la liberté de culte, d’opinion et de conscience. Les contre-révolutionnaires s’y opposeront. *En France, ce sera l’édit de Nantes avec Henri IV , Mais dans les Pays-bas actuels, la tolérance est encore plus accrue avec un quasi reconnaissance de l’égalité entre les cultes chrétiens et hébraïque,**Voltaire, Montesquieu, Diderot, Rousseau combattent l’obscurantisme des clercs et des Eglises et affirment, au péril de leur vie, la nécessité d’émanciper l’homme des dogmes (croyances), des idéologies et des despotismes.

La IIIème République et les principes de la laïcité Après les épisodes révolutionnaires et les deux empires au XIXè siecle, l’avènement de la IIIè République se fait contre les réactionnaires* Pour s’imposer, l’Etat républicain crée son Ecole publique et laïque en s’appuyant sur les principes suivants: Le principe de laïcité en matière religieuse est au fondement du système éducatif français depuis la fin du XIXe siècle. L'enseignement public est laïque depuis les lois du 28 mars 1882 et du 30 octobre 1886. Elles instaurent l'obligation d'instruction et la laïcité de des personnels et des programmes. L'importance de la laïcité dans les valeurs scolaires républicaines a été accentuée par la loi du 9 décembre 1905 instaurant la laïcité de l'État. Le respect des croyances des élèves et de leurs parents implique: -l'absence d'instruction religieuse dans les programmes -la laïcité du personnel -l'interdiction du prosélytisme -La liberté religieuse a conduit à instituer une journée libre par semaine laissant du temps pour l'enseignement religieux en dehors de l'école. *Dans un contexte de Révolution industrielle et de découvertes scientifiques qui renvoient le religieux quasiment à de la superstition, dans l’Europe, certains intellectuels ne remettent pas seulement en cause la Religion Cataholique mais l’idée même d’un Dieu créateur (Marx, Niestcshe), Les mouvements socialistes vont dans leur radicalité prôner jusqu’à une opposition forte à toute religion et à un Etat résolument Athée. Pour eux, le principe de laicité se confond avec le Laicisme. Ces principes de laicité sont toujours applicables aujourd’hui,

Une Laïcité particulière Au XXième siècle après les deux guerres mondiales, le principe de laïcité de l’Etat crée les conditions d’un vivre-ensemble. Edgar Morin parle même d’une sorte catho-laïcité tant l’Ecole Républicaine compose avec les traditions religieuses (calendrier scolaire)à l’instar du lycée élitiste et de tradition napoléonienne qui compose avec un public d’élèves issu en majorité de la bourgeoisie.

Une laïcité remise en cause par la démocratisation scolaire L’avènement d’une société de consommation et la massification dans le second degré (avec l’arrivée de nouveaux élèves dont certains sont issus de l’immigration africaine) remet en cause les principes de la laïcité Dans les années 80, pour les tenants d’une éducation libérale, la laïcité est dépassée. Or au même moment, on assiste à un retour du religieux, Celui n’est pas cette fois-ci chrétien mais issu de la religion musulmane. Certains parents (une infime minorité) vont revendiquer l’autorisation du port du voile en ayant recours aux procédures judicaires Le pouvoir en place ne sait pas comment réagir: Il y a un problème d’autorité si ce n’est de positionnement. Interdire, c’est passer pour être un conservateur, voire pour un raciste.

Une laïcité instrumentalisée Dans un contexte de crise sociale et politique l’institution scolaire finit par réaffirmer ses principes en raison notamment: -Evènements internationaux (conflits du moyen orient, terrorisme islamiste) -Evènements nationaux (montée du communautarisme, problème d’intégration, montée des extrémismes politiques, attentats terroristes de jeunes fanatisés par un islam radical) -Confusion entre laïcisme (anticléricalisme ou athéisme militant) et laïcité (processus historique de séparation de l’Etat et des religieux)* Remarquons que la Laicité ne pose problème que dans les collèges et lycées des grande banlieues.*C’est ainsi que l’Etat a été obligé, en 2004, suite au rapport Stasi sur la laïcité, de faite voter une loi contre le port des « signes religieux ostensibles » à l’école. Mais une fois que la question du voile, à l’école, a été tranchée par la loi, c’est par la société que le débat rebondit : le port du Niqab, de la burqa, la visibilité des minarets dans l’espace urbain français, les prières dans les rues déclenchent polémiques et des débats.

La Laïcité aujourd’hui "La Laïcité est la garante à la fois des libertés individuelles et des valeurs communes d'une société qui dépasse et intègre ses différences pour construire ensemble son avenir."   "La laïcité doit être comprise comme une valeur positive d'émancipation et non pas comme une contrainte qui viendrait limiter les libertés individuelles." "La Laïcité n'est jamais dirigée contre des individus ou des religions, mais elle garantit l'égal traitement de tous les élèves et l'égale dignité de tous les citoyens. Elle est l'une des conditions essentielles du respect mutuel et de la fraternité." Extraits de la circulaire du 6 septembre 2013 du Code de l'Education

Comment peut réagir le CPE?* -Expliquer la laïcité (charte, accueil des nouveaux élèves) y compris aux enseignants dans une école qui prône davantage ses principes démocratiques et qui se les appliquent à elle-même -Etre formé et former l’équipe de vie scolaire Participer à l’éducation aux médias (lutter contre Favoriser l’éducation à l’enseignement des religions et de ses composantes radicales pour mieux s’y opposer *comment l’école, qui se targue d’être le creuset des valeurs républicaines et de la démocratie, peut-elle insuffler l’esprit démocratique, enseigner la citoyenneté si elle demeure incapable de donner à voir, en son sein, ce que peuvent être des comportements citoyens ou ce que peuvent être des relations citoyennes dans une société démocratique et égalitaire ? La laïcité s’oppose à tous les extrêmismes religieux ou politique

LE CPE, un éducateur à la démocratie Qui s’appuie sur les valeurs de la République issues de la Révolution française (liberté, égalité, fraternité) Qui a pris en compte la diversité culturelle des élèves dans une perspective d’unité (le citoyen attaché à l’universalité des Droits de l’Homme) Qui entend éduquer à la réalité du monde contemporain (problèmes fondamentaux et globaux qui intéressent d’ailleurs les jeunes) dans une perspective Humaniste Qui éduque à l’altérité dans un monde où tout le monde communique sans se comprendre, bref s’opposer à la communication de l’information sans sa compréhension Prendre en compte la diversité culturelle des élèves mais en renvoyant à la sphère privée toute pratique cultuelle à l’Ecole et en refusant d’enfermer les élèves dans leur culture d’origine,

Des outils: Voir sur le site Eduscol (par exemple mener un débat, réagir à des faits divers….) La Charte de la Laïcité La laïcité, c'est par où ? (Hors-série Charlie Hebdo) Jouer en classe autour du fait religieux et de la laïcité -www.cahiers-pedagogiques.com (février 2015)