DREES SÉRIE ÉTUDES ET RECHERCHES n° 82 – novembre 2008

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DREES SÉRIE ÉTUDES ET RECHERCHES n° 82 – novembre 2008 Examen des liens entre les modes de financement et la planification et les modifications induites par la T2A DREES SÉRIE ÉTUDES ET RECHERCHES n° 82 – novembre 2008

Objectif Anticiper les effets que l’on peut attendre de la mise en place de la T2A sur la planification sanitaire en France

État des lieux de la planification sanitaire et du financement des établissements de santé

État des lieux de la planification sanitaire Mission des pouvoirs publics, qui s’efforcent de garantir une égalité d’accès aux soins et une qualité des soins homogène à la population Nécessite un engagement de l’ensemble des acteurs régionaux de l’offre de soins : sur les objectifs quantifiés de l’offre de soins (OQOS) sur la déclinaison de ces objectifs au niveau de chaque établissement de santé dans le cadre des Contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM)

État des lieux de la planification sanitaire Avant 2003 Le dispositif de planification sanitaire reposait sur : le Schéma régional d’organisation sanitaire (SROS) Durée de 5 ans la carte sanitaire Indices nationaux ++ les autorisations Activités de soins : 5 ans / équipements : 7 ans / lits : 10 ans

État des lieux de la planification sanitaire Depuis 2003 (SROS 3) Le SROS devient l’outil central de la régulation de l’offre Harmonisation des calendriers (5 ans) Objectifs quantifiés sur l’activité de soins à partir du PMSI Meilleur prise en compte des priorités régionales (PRSP) mais aussi des plans nationaux Logique de prise en compte des besoins vs logique d’offre Redéfinition des territoires / réalités locales Renforcement des ARH

État des lieux de la planification sanitaire Faisabilité de l’évaluation des besoins de santé ? Méthodologie du SROS 3 : Recours aux soins par pathologie (PMSI) (vision des besoins auxquels répond l’offre actuelle) Approche des besoins de santé (vision des besoins à couvrir), prenant en compte : L’état de santé de la population, à partir de données nationales (causes de DC, ALD, incidence des K…) et de données régionales complémentaires (enquêtes épidémiologiques, registres) Les facteurs liés à l’offre de soins : démographie médicale, réseaux… Les facteurs sociaux. Dimension prospective (facteurs démographiques, épidémiologiques, liés aux pratiques de soins et aux évolutions techniques Difficile à mette en œuvre… En pratique, se limite à une analyse de la consommation de soins…

État des lieux de la planification sanitaire La planification sanitaire est sous contraintes : De l’évolution de la démographie médicale et soignante Des enjeux de sécurité sanitaire Établissements isolés ne répondant pas entièrement aux exigences de qualité ou de permanence des soins (du fait d’un manque de personnel ou d’un manque de pratiques)… …mais pour lesquelles des besoins de proximité et d’accès aux soins sur le territoire prévalent

État des lieux de la planification sanitaire Les limites d’une vision hospitalo-centrée La séparation actuelle des responsabilités en fonction des différents secteurs (soins hospitaliers, soins de ville, prévention, secteur médico-social…) empêche l’émergence d’une vision globale sur les besoins de santé C’est tout l’enjeu de la création des ARS…

État des lieux du financement des établissements de santé Avant le 1er janvier 2004 Deux systèmes ni comparables, ni compatibles : DG : Dotation globale (publique / PSPH) Ne liait que très faiblement le budget à l’activité réalisée, conduisant soit à la constitution de rentes de situation, soit à un manque de financement pour les structures les plus actives OQN : Objectif Quantifié National (privé) (tarification à la journée et forfaits liés aux actes médicaux réalisés) Le niveau des forfaits variait sur l’ensemble du territoire et pouvait aboutir également, à la constitution de rentes ou à des sous-financements pour certaines activités

État des lieux du financement des établissements de santé Depuis 2004 : T2A (MCO, HAD) Ex-DG : 2004 : 10% 2005 : 25% 2006 : 33% 2007 : 50% 2008 : 100% Ex-OQN : 2005 : 100% Hors T2A : SSR, psychiatrie, hôpitaux locaux, militaires et TOM

État des lieux du financement des établissements de santé Théorie de la T2A Principe de paiement prospectif marge de manoeuvre et autonomie des établissements ? peut induire des effets négatifs (le risque de sélection des patients et de baisse de la qualité) Principe de concurrence par comparaison disponibilité et exactitude de l’information sur les coûts ? capacité du régulateur à décomposer le coût observé ? un coût élevé est-il dû à un manque d’effort de gestion (organisation inefficiente…) ou à des conditions de production défavorables sur lesquelles le gestionnaire ne peut rien (caractéristiques de la population, statuts du personnel…) ?

État des lieux du financement des établissements de santé Les objectifs de la T2A Harmonisation du mode de financement hospitalier Plus grande « médicalisation » du financement: en liant l’allocation des ressources à la nature et au volume des activités réalisées Dynamisation des structures de soins en particulier publiques (responsabilisation des acteurs, incitation à s’adapter) Équité de traitement entre les secteurs privé et public

État des lieux du financement des établissements de santé Organisation du financement Tarifs de séjours : les GHS publics et privés, n’intégrant pas les honoraires des médecins libéraux Forfaits journaliers pour l’HAD Financements spécifiques : activités rémunérées au forfait (Urgences, prélèvements d’organes) consultations et actes externes suppléments journaliers dispositifs médicaux implantables médicaments onéreux Des enveloppes de financement ou dotations perdurent : enveloppes MIGAC (missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation), dont les MERRI (missions d’enseignement, recherche, référence et innovation) dotation annuelle de financement (DAF) (psychiatrie, SSR)

Points de convergence et de divergence entre planification et financement

Points de convergence et de divergence La T2A permet d’accélérer les évolutions nécessaires dans l’organisation de l’offre de soins, en favorisant les réorganisations, les restructurations, les regroupements et le décloisonnement entre les secteurs et les activités MAIS les SROS déterminent à l’avance des objectifs quantifiés d’activité et d’organisation alors que la T2A introduit, par des mécanismes d’incitation financière, une logique dynamique et évolutive de l’activité ET l’objectif de maintien d’une proximité de l’accès aux soins poursuivi par la planification sanitaire peut entrer en contradiction avec l’objectif d’équilibre financier des établissements introduit par la T2A (rationalité économique # du point de vu d’un élu…)

Points de convergence et de divergence L’élaboration des documents de planification sanitaire ne prend pas en compte la capacité financière des établissements à tenir leurs engagements ; de même les démarches d’évaluation ne comprennent pas d’indicateurs médico-économiques Le financement par dotation est incitatif à l’engagement des établissements dans des missions d’intérêt général, en cohérence avec les orientations du SROS

Points de convergence et de divergence Les tarifs des GHS sont déconnectés des tarifs constatés : Coefficients géographiques (identiques pour public et privé) fondés sur l’immobilier (IDF ++) Pas d’ENC pour le privé Revalorisation des tarifs public en 2005 sur l’ENC de 2003… La fixation des tarifs peut également être utilisée comme un outil « politique » d’incitation au développement de certaines activités Exemple en 2006 du passage à 100% de 5 GHS chirurgicaux de la CMD24 = développement de la chirurgie ambulatoire MIGAC calibrée en 2005, puis liée au taux d’évolution de l’ONDAM sans nouveau calcul (la DHOS incite d’ailleurs les ARH à retravailler la juste allocation dans chaque régions)

Points de convergence et de divergence L’obligation de rentabilité incite les établissements à se lancer dans des investissements, en particulier dans le domaine des systèmes d’information hospitalier Le maintien de l’équilibre financier de l’établissement est une condition d’acceptation par l’ARH de la demande de financement de l’investissement… mais l’expérience terrain montre que certains projets d’investissement ont pu être financés alors que le projet n’était pas rentable

Conclusion Les points de divergence peuvent être dû à un manque de maturité des dispositifs : Investissements prévus dans le plan hôpital 2007 sont désormais étudiées au travers d’outils de mesure de rentabilité médico-économique Ces deux logiques peuvent apparaître contradictoires, avec d’un côté, l’idée d’un planificateur « bienfaiteur » imposant une organisation des soins équitablement répartie, et de l’autre, un « marché » autorégulé de l’offre de soins Le rôle du planificateur lui-même doit s’adapter, en passant d’une logique « autoritaire » à une logique d’incitation et d’arbitrage (par le biais des contrats ARH-établissements) Les établissements sont confrontés à de nombreuses autres difficultés : démographie médicale et soignante, contraintes liées aux ressources humaines dans le public, situations financières déséquilibrées…

Les expériences étrangères En Angleterre, les tarifs sont définis à partir d’une ENC intégrant l’ensemble des établissements de santé publics et privés du pays Le principe de « Payment for Quality » est à l’étude dans certaines régions anglaises. Il consiste à lier une partie du tarif à des indicateurs qualité Le rôle des acteurs : différents modèles existent : En Angleterre, un modèle centralisé comme en France En Allemagne et en Italie, un modèle « régional » ce modèle « régional » présente l’avantage de corréler davantage les choix tarifaires aux spécificités régionales un tel modèle rend difficile la comparaison de l’efficience entre des établissements de régions différentes il peut contribuer à creuser les inégalités entre les régions

Dates et modalités d’introduction d’un système de financement à l’activité dans les différents pays étudiés