En attendant… par Julys
Dans la vie, on passe notre temps à attendre… C’est encore plus vrai dans la vie des personnes infertiles, qui attendent l’enfant, évidemment, ainsi que le début d’une stimulation, un examen, un rendez-vous médical, une ponction, un transfert, un résultat, mais aussi de la compréhension, de l’écoute, de l’empathie… Bref, voici un petit exposé photographique alliant textes et images, pour évoquer le manque et le vide, à travers mon regard de personne touchée par l’infertilité depuis bientôt 4 (trop) longues années.
Doudou a une histoire, son histoire… Je m’en vais vous la conter… J’ai eu un coup de cœur pour Doudou, juste après l’échec de notre deuxième FIV… Il me fixait de son regard si doux et c’est dans le plus grand secret que j’en ai fait l’acquisition, pensant pouvoir un jour pas si lointain l’offrir à notre enfant...
Pour la petite anecdote, ce parc est un endroit qui nous est familier, puisque, il y a quelques mois, c’est là-bas que nous avons emmené le fils d'une amie, dont on avait la garde. Cela avait été un moment très particulier quand on avait croisé tous ces parents avec leur progéniture, qui nous saluaient chaleureusement, avec ce regard complice qui montrait bien qu'ils pensaient que le petit qu’on tenait par la main était notre enfant… On s'était senti tellement à part !! Doudou, si petit, si mignon, était dès lors devenu sans le savoir le symbole le plus parlant du manque, du vide et de l’espoir… En ce matin de début d’hiver austral, je me suis rendue dans un parc, espérant si fort qu’il serait vide d’enfant. Puis j’ai placé avec la plus grande délicatesse Doudou sur les attractions encore détrempées par la pluie, qui venait tout juste de s’arrêter. Doudou était désespérément seul, comme nous…
Doudou, qui attend son compagnon de jeu, fixe le long chemin sinueux qu’il reste encore à parcourir, le regard perdu dans le vague. Seul, inquiet, triste…
Le petit pont de bois. Celui de mon enfance, que chantait Yves Duteil. Insouciance, nostalgie… Le pont comme symbole du passage. Passage de la fertilité rêvée à l’infertilité réalisée, de l’espoir au désespoir, mais aussi celui du deuil, pour un couple sur deux.
Pour espérer rencontrer son compagnon de jeu, Doudou a bien compris qu’il faudra en passer par une multitude de cachets à gober ou de piqûres à s’injecter… Et oui, pour nous, c’est cela être parents !
La tristesse laisse parfois place à la colère… Sentiment d’injustice si violent, qu’on aimerait pouvoir s’adresser au coupable. Sauf qu’ici, point de coupable! Seulement une nature qui n’est pas toujours bien faite…
Parfois, en désespoir de cause, on en vient à reporter tout notre amour sur nos petites boules de poils, qui finissent par devenir nos enfants de substitution…
Puis vient ce jour où on n’y croit plus… L’espoir s’est fait la malle au rythme des embryons perdus… Ras le bol, abandon, lâcher prise, tristesse, résignation, colère et enfin deuil...