Deuxième module La psychanalyse (première partie) Psychologie du développement: période de latence et adolescence psy2634 Deuxième module La psychanalyse (première partie)
La psychanalyse est l’une des théories les plus complexes - sinon la plus complexe - qui permette d’expliquer le fonctionnement humain Selon Sigmund Freud, l’inconscient dicte nos actes et détermine nos choix affectifs
Sigmund Freud (1856 - 1939) Médecin (neurologie) S’intéresse aux troubles fonctionnels « sans lésion » Fonde sa théorie sur le déterminisme de l’Inconscient Utilise l’hypnose, puis l’association libre Rêve : « voie royale » pour accéder à l’Inconscient Disciples et dissidents nombreux
Notions fondamentales Sexualité : Excitations et activités procurant du plaisir, et qui sont reliées à l’assouvissement d’un besoin physiologique fondamental Libido : Énergie fondamentale de l’individu, à la base de la pulsion sexuelle Pulsion de vie Pulsion de mort
Notions fondamentales Inconscient : Système constitué de contenus refoulés qui se sont vu refuser l’accès aux systèmes préconscient-conscient par l’action du refoulement Ses contenus sont régis par les mécanismes spécifiques du processus primaire
Première topique Conscient : Contenus mentaux (idées, émotions, perceptions) auxquels l’individu pense maintenant Préconscient : Contenus mentaux qui peuvent accéder à la conscience sans trop de difficulté Inconscient : Contenus inaccessible directement à l’individu
Deuxième topique Ça : Pôle pulsionnel de la personnalité Moi : Médiateur entre : les revendications du Ça les impératifs du Surmoi les exigences de la réalité Surmoi : Juge, censeur à l’égard du Moi
Stades psychosexuels Caractéristiques générales : Zones érogènes : Chaque stade est associé à une zone érogène Fixations : Excès ou manque de gratification pulsionnelle Conflits : Les stades comportent des enjeux spécifiques
Stades psychosexuels Caractéristiques générales : Chaque stade se distingue par : Type d’angoisse Mode relationnel Mécanismes de défenses À l’âge adulte, chaque individu structure sa personnalité autour de l’un ou l’autre des stades
Stade oral Entre l’âge de 0 et 2 ans Conflit : Sevrage psychologique Source : Bouche et peau Objet : Soi-même et le sein maternel (d’abord indifférenciés) Mode relationnel : Fusionnelle Plaisir : Lié à l’action de téter et d’incorporer Angoisse : Destruction, morcellement
Stade anal Entre l’âge de 2 et 3 ans Conflit : Contrôle, apprentissage de la propreté Source : Muqueuses ano-rectales Objet : Mère (ou donneur de soins principal) Mode relationnel : Anaclitique Plaisir : Rétention & Expulsion Angoisse : Séparation, abandon, vacuité (être vide; sans valeur)
Stade phallique Débute vers l’âge de 3 ans Conflit : Identité de genre Source : Érotisme urétral, organes génitaux Objet : Parent auquel s’identifie l’enfant Mode relationnel : Génital Plaisir : Uriner, se masturber (souvent en public) Angoisse : Castration
Complexe d’Oedipe Entre l’âge de 3 et 5 ans Inspiré du mythe grec L’enfant veut avoir la relation privilégiée que le père a avec la mère Processus de triangulation Mère - Père - Enfant L’Oedipe (bien résolu) permet à l’enfant d’avoir confiance en lui et en son identité sexuelle
Complexe d’Oedipe Entre l’âge de 3 et 5 ans Conflit : Identification Source : Organes génitaux Objet : Parent du sexe opposé, puis parent du même sexe Mode relationnel : Génital Plaisir : Masturbation Angoisse : Castration
Période de latence Entre l’âge de 5 et 10 ans Période d’accalmie pulsionnelle Ce n’est pas un stade L’enfant s’investie dans des activités autres que sexuelles (jeux, sports, études)
Adolescence : stade génital Entre l’âge de 10 et 12 ans jusqu’à… Les manques de l’enfance ressortent L’objet d’amour se fait à l’extérieur de la famille Déparentalisation de la sexualité Les conflits de l’ensemble des stades peuvent être rejoués
« La seule façon de décrire [ le développement psychique ] a nul autre pareil, c’est d’affirmer que tout stade antérieur de développement subsiste à côté du stade ultérieur né de lui ; la succession implique une coexistence, bien que toute la série des transformations découle des mêmes matériaux. L’état psychique initial peut bien, des années durant, ne pas se manifester ; il n’en subsiste pas moins, tant et si bien qu’il peut un jour redevenir la forme d’expression des forces psychiques, voire la forme unique, comme si tous les développements ultérieurs avaient été annulés, ramenés en arrière. » -Sigmund Freud, Essais de psychanalyse
Le devenir adulte, d’après Jacques Lacan : 3 structures de personnalité : Psychotique Perverse Névrotique Pour Lacan, le sujet est pris avec une énergie responsable d’un état de tension dans l’organisme : la pulsion de mort. Cette tension ne peut pas être évacuée complètement par les voies physiques. Afin de se débarrasser de cette tension, on peut s’adresser à l’Autre. Ce faisant, on donne à celui-ci le pouvoir d’abus. Ce risque est le seul moyen d’atteindre la satisfaction.
Rôle de l’Autre? « Solution » trouvée PSYCHOSE PERVERSION NÉVROSE La question ne se pose pas Obligé de s’adresser à l’Autre, ne peut faire fi du désir de l’Autre PERVERSION Ne s’en remet pas à l’Autre Refuse de prendre le risque, ne reconnaît pas le désir de l’Autre NÉVROSE Besoin de l’Autre S’adresse à l’Autre, prend le risque
D’après Jean Bergeret : À l’âge adulte, chaque individu structure sa personnalité autour de l’un ou l’autre des stades Ainsi : Oral >>> structure psychotique >>> contact à la réalité Anal >>> a-structure état-limite >>> identité / dépendance Oedipe >>> structure névrotique >>> conflits moraux
Défenses principales Relation Angoisse d’objet PSYCHOTIQUE ÉTAT-LIMITE Morcellement Fusionnelle Déni, hallucination, délire ÉTAT-LIMITE Abandon (perte d’objet) Anaclitique Clivage, projection, passage à l’acte NÉVROTIQUE Castration Génitale Refoulement, rationnalisation, isolement de l’affect
La « normalité » vs le pathologique La normalité repose sur le fait d’être compensé ou non (i.e., être équilibré/déséquilibré) dans sa structure On peut donc avoir une structure psychotique mais être normal Compensation = Équilibre dans la structure Comment favoriser la compensation ?
L’instance psychique affectée par une décompensation est le Moi. La décompensation est attribuable à un choc affectif ou à une angoisse élevée et persistante. L’origine du choc ou de l’angoisse est multiple et peut impliquer le monde interne de l’individu de même que l’environnement externe.
La menace extérieure Stresseurs environnementaux Agression physique ou verbale Drame familial Crise politique, économique Guerre Désastre naturel Etc.
La pulsion Débordements sexuels et agressifs Impulsivité Intolérance à la frustration Échecs de mentalisation Etc.
La moralité Conflits avec l’Idéal du Moi / Surmoi Honte Peur de l’échec Culpabilité Sentiment d’impuissance Etc.
Ainsi, l’équilibre psychique de l’individu peut être perdu suite à des pressions internes (venant du Ça et/ou du Surmoi) et/ou externes (stresseurs environnementaux). L’angoisse éprouvée altère le fonctionnement du Moi au point où le contact à la réalité est momentanément perdu. Le Moi ne peut alors plus remplir ses fonctions de base. Le jugement, entre autres, est affecté au point où la vie de l’individu peut être en péril. Les pistes d’intervention sont nombreuses et diversifiées. Ultimement, le but revient au même : permettre au Moi de se renforcer et de jouer à nouveau son rôle.
Intervention Il est d’abord essentiel d’abaisser l’angoisse à un niveau qui permet le travail thérapeutique Plus précisément, on peut : Soustraire l’individu à certains de ses stresseurs Offrir le soutien nécessaire pour étayer le Moi Diminuer les motions pulsionnelles Ce n’est que par la suite qu’il est possible d’intervenir sur la dynamique psychique et d’instaurer, éventuellement, des défenses plus efficaces
Risques et difficultés Créer un état de dépendance envers le traitement Régler la crise, mais pas le « problème » Amputer la souffrance ET le potentiel Orienter la guérison en fonction de critères normatifs
Critique de la théorie freudienne Forces : Fournit une explication des mécanismes psychiques fondamentaux Permet d’éviter la simplification et les généralisations abusives
Critique de la théorie freudienne Faiblesses : Difficile de valider les concepts de manière empirique Peut donner lieu à des raisonnements intellectualistes et hermétiques Mis à part l’Oedipe, il est peu question du « social »
Références Bergeret, J. (2004). Psychologie pathologique, théorique et clinique (9e éd.). Paris : Masson. Fénichel, O. (1979). La théorie psychanalytique des névroses, tome 1. Paris : PUF. Freud, A. (1973). Le moi et les mécanismes de défense. Paris : PUF. Freud, S. (1981, 2001). Essais de psychanalyse. Paris : Payot. Freud, S. (1951). Inhibition, symptôme et angoisse. Paris : PUF. Houde, R. (1999). Les temps de la vie : le développement psychosocial de l’adulte (3e édition). Montréal : Gaëtan Morin. Laplanche, J., & Pontalis, J.-B. (1984). Vocabulaire de la psychanalyse (8e édition). Paris : PUF. McWilliams, N. (1994). Psychoanalytic Diagnosis : Understanding Personality Structure in the Clinical Process. New York: The Guilford Press. Nasio, J. D. (2001). Cinq leçons sur la théorie de Jacques Lacan. Paris: Payot. Nasio, J. D. (1999). Le plaisir de lire Freud. Paris: Payot.