Exemple d’exploitation d’un arbre chronologique Une fois l’arbre chronologique obtenu, nous allons essayer de voir comment il peut nous venir en aide pour mieux comprendre notre passé familial; comme exemple, nous essaierons de mesurer l’impact de l’arrivée du chemin de fer sur l’arbre chronologique des Parron à La Jarjatte, hameau situé à l’Est de Lus la Croix Haute dans la Drôme. L’arbre sera du type cladogramme vertical car, en cas de familles nombreuses, il permet de diviser le nombre d’individus par 2 (un seul trait vertical représente un individu et son conjoint). Nous ne nous intéresserons qu’aux descendants du couple Antoine Parron/ Jeanne Chevillon, ce qui permet de définir le cadre chrono de 1800 à 1920, peu après la guerre de
Arbre chronologique des familles Parron à la Jarjatte (26) entre 1800 et Antoine & Jeanne Chevillon Jean Antoine & Jeanne Philip Baptiste & Madeleine Barthelemy ? Auguste & Marie Borel d1941 Auguste & Marie Jean Emile & Marie Tabouret ? Jean-Baptiste Mort pour la France à Verdun Joseph & Magdelaine Canard Auguste& Magdelaine Bermond d1953 Joseph-Auguste & Marie Lucet Jean-Baptiste & Victoire Claret Pierre & Angélique Fauchier Jean-Pierre-Adrien & Eléonore Gaymard 19 (ou 22?) enfants entre 1868 et 1888 dont Aveline et Lucien, mon grand-père Auguste -Marc d1929 d1959 Adrien Prisonnier de guerre La Grande Guerre Auguste & Mélanie Bonthoux Gabriel & Ursule Chevillon Marcel-Elie Mort au combat à Tébessa en Algérie en 1887 ? d1958 Charles-Emile & Aveline Parron Louis Xavier & Adèle Bertrand Concession PLM ? Marie-Louise & Charles Marin
Historique de la ligne de chemin de fer des Alpes Dans la deuxième moitié du 19 e siècle, il est apparu nécessaire de développer les moyens de transport dans le contexte de la révolution industrielle. C’est la compagnie PLM (Paris-Lyon-Méditerranée), en 1863, qui obtient la concession du gouvernement pour la ligne des Alpes qui sera parallèle à celle de la vallée du Rhône en passant par Grenoble-Gap-Aix en Provence. Les travaux vont durer longtemps car la route directe va rencontrer des difficultés techniques dans la traversée du Champsaur et les ingénieurs vont préférer un passage par le col de Lus la Croix Haute et le Trièves ( le tronçon venant de Gap sera raccordé au niveau de Veynes à la ligne des Alpes le 1/2/78). Les tronçons de Veynes à Sisteron seront ouverts le 1/2/1875, de Sisteron à Volx le 25/11/1872, de Volx à Pertuis le 8/7/1872, et de Pertuis à Aix le 11/4/1872.
Conclusions tirées de l’arbre chronologique:1 Les hommes qui ont été embauchés par la compagnie PLM, la plupart comme poseur de rail, sont représentés avec un trait bleu; nous constatons que toutes les 5 branches descendantes issues d’Antoine et de Jeanne, sauf celle de Jean-Baptiste/Victoire Claret, sont impactées; c’est dire que les conséquences sur les familles Parron de la Jarjatte vont être très importantes. La conséquence la plus importante, outre le salaire, va être la dispersion ou migration d’un certain nombre de membres de celles-ci. –Emile a été embauché dans la région lyonnaise où il va s’installer en Il sera Affecté Spécial (AS) pendant la Grande Guerre comme homme d’équipe à Lyon La Guillotière. –Joseph s’est marié en 1895 avant de rejoindre la compagnie PLM; il sera également « AS » pendant la guerre puis s’installera à Mison (04) (comme garde-barrière?) sur la ligne des Alpes. –Auguste-Marc: on retrouve en 1874 sa trace à Volx (04) qui était un centre PLM: peut-être était-il à l’origine de cette vague d’embauche dans la famille?
–Charles-Emile et Louis-Xavier ont été embauchés dans le centre PLM d’Arles (13) qui s’occupait de la maintenance des voies. Ils vont se fixer et se marier dans les Bouches du Rhône. Charles-Emile reviendra dans la Drôme après son divorce. –Charles Marin, le mari de Marie-Louise, a du profité du « piston » des cousins de son épouse pour être embauché également comme poseur de rail en 1902; le couple va s’installer à Miramas après la mutation de Charles au centre d’Arles.
Conclusions tirées de l’arbre chronologique:2 La seconde constatation importante est l’empreinte relativement peu importante de la Grande Guerre dans cette population en comparaison de la moyenne nationale. En effet, seul Jean-Baptiste est « mort pour la France » * ce qui est déjà de trop évidemment (soit autant que pour la colonisation de l’Algérie avec la mort de Marcel-Elie); nous pouvons l’expliquer par le fait que beaucoup d’hommes travaillant pour la compagnie PLM ont fait la guerre dans les affectations spéciales (AS) liées au transport de troupes et de matériel et donc moins exposés que ceux qui étaient sur le front. De plus, on pourrait croire que les familles nombreuses ont fourni beaucoup de poilus en mais ce n’est pas toujours le cas; par exemple, sur les 19 enfants (identifiés!) du couple Jean-Pierre-Adrien/Eléonore Gaymard, seuls 3 garçons ont atteint l’âge adulte et aucun n’a combattu en première ligne pendant toute la guerre! **
* Jean-Baptiste est mort pendant l’assaut de la côte du Poivre donné par son régiment, le 255 e RI, le 16 Décembre 1916; la préparation d’artillerie a été insuffisante et la 21 e compagnie a été arrêtée dès le départ par un nid de mitrailleuses demeurées intactes sous son blockhaus semant la mort devant elles! **L’ainé Adrien Emile a intégré le 111 e RIT territoriale car âgé de 45 ans, mais a quand même été en première ligne pour creuser des tranchées et poser des barbelés. Lucien, mon grand-père, en tant que gardien, a été affecté à la prison civile de Grenoble. Son cadet, Emile- Marc, et son cousin Adrien de la branche Gabriel/Ursule Chevillon, ont été fait prisonniers le 3/9/1914 à St Rémy dans les Vosges, soit 3 semaines après leur mobilisation, envoyés dans des camps en Allemagne et libérés en 1918.