Bien qu’il soit surtout connu pour son rôle de Mr. Spock dans « Star Trek », Leonard Nimoy était aussi un photographe et un artiste accompli. Au milieu des années 1970, Nimoy a étudié la photographie à l’université de Californie à Los Angeles.
Et en 2003, il a renoncé officiellement à sa carrière d’acteur pour se concentrer à plein temps à la photographie. Tout au long de sa vie, Leonard Nimoy a perfectionné son talent avec de nombreux projets photographiques.
LEONARD NIMOY
Tout le monde connaît Leonard Nimoy, l’espion de Mission Impossible et surtout le vulcain Mr Spock, l’homme aux oreilles pointues de Star Trek, froid, cérébral et doté d’une agilité digitale que des générations de trekkies ont tenté d’imiter. Mais le comédien, disparu le 27 février 2015 à l’âge de 83 ans menait de front une autre carrière, moins médiatique mais tout aussi passionnante : la photographie. Retour sur cette passion méconnue en une dizaine de clichés incontournables. Au début des années 1970, alors que les séries Star Trek ( ) et Mission Impossible ( ) sont à peine achevées, Leonard Nimoy s’inscrit à l’université de Los Angeles pour étudier la photographie. Là, il perfectionne ses connaissances en composition de l’image et propose des clichés naturalistes, pris en extérieur et qui souligne sa maîtrise du noir et blanc et la précision de ses cadrages.
LEONARD NIMOY
Dès le début des années 1980, il abandonne progressivement les séances en extérieur (paysages, photographies prises sur le vif en milieu urbain) et se tourne vers le travail en studio. Fasciné par le corps féminin, qui deviendra au fil des décennies sa principale thématique, Leonard Nimoy shoote des courbes esthétiques, des chairs nues, avec un sérieux penchant pour les mains (plusieurs séries s’y attarderont). LEONARD NIMOY
Les visages y sont souvent absents, décadrés, cachés ou voilés comme si son œil cherchait à capter l’essence sensuelle du corps de la femme, son universalité bien plus que la beauté évidente d’une jolie frimousse. LEONARD NIMOY
2002 marque un tournant dans la carrière photographique de Nimoy. Issu d’une famille juive orthodoxe, il trouve dans la Shekhina (un terme du Talmud pour définir la présence manifeste de Dieu sur Terre) un sujet photographique en or qui donne naissance à un livre éponyme. Mêlant érotisme et spiritualité, ses clichés mettent en scène des femmes « lumineuses », que Nimoy considère comme l’émanation de la part féminine de Dieu. En affinant sa maîtrise du noir et blanc, des contrastes et surtout de la lumière, l’acteur démontre qu’il n’est pas un simple touriste dans le monde de la photographie mais un véritable artiste, fort d’une vision singulière sur un motif rebattu de l’histoire de l’art, à savoir le nu. LEONARD NIMOY
Mais il faut attendre 2007 et son Full Body Project pour se rendre compte de la pertinence du travail de Nimoy. Lassé de photographier des corps à l’esthétique irréprochable qui ne servent selon lui qu’à illustrer ses thèmes fétiches, Nimoy décide d’immortaliser un groupe de danseuses burlesques de San Francisco, les Fat Bottom Revue
Loin des canons communément admis par les magazines, auxquels ses précédents travaux faisaient référence, ces corps atypiques proposent instantanément une dimension supplémentaire de réflexion. Au-delà des histoires que Nimoy veut conter par ses images, les formes girondes et la nudité des modèles charrient leur propre narration, démultipliant les interprétations des spectateurs.
Pour souligner sa prise de distance avec les codes esthétiques de la mode, il s’amuse même à reproduire deux célèbres clichés de Herb Ritts et Helmut Newton. En remplaçant la brochette de top modèles des années 1990 (Cindy Crawford, Naomi Campbell et consorts) par cinq femmes à la limite de l’obésité, Nimoy interroge la notion même de la beauté. LEONARD NIMOY
Le regard porté sur ces corps ne se résume plus alors à un simple plaisir esthétique, régenté par les normes culturelles d’une époque mais à une mise en perspective du rapport qu’on entretient à son propre corps tout autant qu’à la normalisation supposée dont les femmes sont les premières victimes. Œuvres quasi subversives, les photographies deFull Bodydémontrent le cheminement de Nimoy sur la représentation du corps, la maturation d’un œil devenu iconoclaste, celui d’un artiste, incontestablement. Ursula Michel LEONARD NIMOY