Peut-on rater sa vie?
C’est notre vie. Quoi qu’on fasse, on ne peut vivre que notre vie C’est notre vie. Quoi qu’on fasse, on ne peut vivre que notre vie. On peut rater le bus mais pas sa vie. On la vit. Y aurait-il donc une façon de plus ou moins bien vivre sa vie ? La question se pose dans le temps, à un certain moment. Est-ce le bon ? Quand on se pose la question, on vit et l’on n’a pas fini de vivre. Il n’est donc pas possible de dire : « J’ai raté ma vie. »
1. Cette question ne peut être posée que si nous avons conscience de nos choix. Question identique : « Puis-je réussir ma vie ? » C’est la même question. On pense qu’on se trouve devant des situations et qu’il faut faire le bon choix. On pense qu’il est possible de se tromper, et que se tromper, c’est rater sa vie, perdre comme dans un jeu. Seulement, le jeu en question ne finit qu’à notre mort et, à ce moment-là, il n’est plus possible de penser pour savoir si l’on a réussi ou raté sa vie.
La question n’a donc aucun sens La question n’a donc aucun sens. On est, à chaque instant, devant des choix et nous appartient de chercher à prendre la bonne décision. Nous avons le devoir d’être libre et donc responsable. S’arrêter à considérer si l’on a raté ou réussi sa vie est tout simplement inutile. C’est un faux problème qui ne sert qu’à ralentir ou à stopper notre action. Ce qu’il convient de se demander, c’est que l’on doit faire. On ne rate pas sa vie, on vit. Si l’on se trompe, c’est que l’on a tenté quelque chose, c’est que l’on a agi et l’erreur est nécessaire.
2. La conscience d’autrui Quand on pose cette question, on imagine nécessairement une vie différente, un univers de possibles en fonction de critères, de modes, de considérations, qui ne peuvent être que si l’on se réfère à autrui : qui a réussi, qui a une belle vie, qui est heureux, etc. Ce faisant, on perd de vue notre être propre, notre situation, nos engagements, nos limites, qui sont différents de ceux d’autrui (du référent). On divague, on va à côté, on se perd en posant la question, on s’égare.
3. L’apparition de l’être idéal dans la vie est une sorte de névrose Parce que nous prenons une distance vis-à-vis de nous-mêmes non plus pour réfléchir et construire notre être, rechercher son unité mais pour nous en détacher seulement. A l’origine de la question, il y a un jugement de valeur, une mauvaise foi. Nous ne devons jamais rien regretter et il faut pour cela se donner les moyens de ne rien regretter. Quand on veut, on peut, et quand on peut, on doit. Autrui peut être un modèle, mais en définitive, nous sommes toujours seuls devant nos décisions et nos actes