D’où vient donc notre chat domestique, si familier? Il est probablement issu de la même espèce que le chat sauvage, à la suite de croisements multiples, à partir du chat des forêts d'Europe (Felis Silvestris), du Chat ganté d'Afrique (Felis Libyca), et du Chat orné des Indes (Félis Ornata). C'est d'ailleurs cette dernière variété qui est la plus proche de notre chat domestique (Felis Cattus). Quel lignage!
On ne sait pas exactement à quel moment le chat a commencé à être domestiqué. On suppose qu'il a été attiré par les rongeurs qui dévastaient les réserves de céréales des premiers agriculteurs. Cet allié efficace a sans doute ensuite apprécié le confort des foyers et s'est laissé tenter par une plus complète cohabitation. Ses exceptionnelles capacités physiques, sa grâce et son élégance, le profond mystère de ses yeux, ont contribué à lui prêter une parenté divine dans toutes les civilisations.
On retrouve les premières traces de domestication du chat en Egypte, vers 3500 ans avant notre ère. Il s'agit du chat ganté, ancêtre de notre chat domestique. Une autre hypothèse soutient qu'il s'agirait plutôt du chat orné de l'Inde, dont le volume du crâne se rapproche davantage de celui du chat actuel. Il ne fallut que quelques siècles pour que l'homme apprécie les talents de prédateur de son allié et décide à le retenir près de lui. Ce fut le début de la domestication, il y a environ ans.
C’est en Égypte des pharaons que le chat connut ses plus grandes années de gloire. Il devint l'attribut de la déesse Bastet, divinité féminine du bonheur, elle- même souvent représentée sous les traits d'un félin. Le chat fut donc divinisé. Considéré comme sacré, sa vie était protégée et se poursuivait au royaume de Râ, après sa mort terrestre. A Gizeh ou à Beni- Hassan, on a retrouvé plus de momies de chat, parées pour l'éternité.
Ce sont sûrement les marchands et les marins grecs, qui commercèrent très tôt avec l'Egypte, qui introduisirent le chat en Europe. Rapidement, ses talents lui permirent de supplanter les belettes ou les putois chargés jusque là de protéger les greniers. L’historien Aristophane cite même le fructueux commerce des chats, au marché d'Athènes.
Adoré et même déifié dans de nombreux pays de l'Antiquité, où celui qui blessait ou tuait un chat était puni de la peine de mort, celui-ci paya ensuite un lourd tribut aux croyances et aux superstitions, surtout dans les pays catholiques. A partir du Moyen-âge, la vindicte populaire, encouragée par l'Eglise, eût vite fait de transformer cet animal vénéré en un suppôt de Satan, complice des sorcières. On brûlait les chats en même temps que les sorcières sur les bûchers!
Les chats noirs eurent la vie particulièrement difficile car ils étaient associés au diable. Saint-Thomas d’Aquin lui- même croyait que les soirs de sabbat, les chats noirs avaient le pouvoir de se transformer en démons!!! Dans certaines régions, on pensait que les sorcières avaient le pouvoir de se métamorphoser en chat lors des Sabbats, et tout particulièrement le Mardi Gras où elles s'attroupaient pour venir saluer leur maître Lucifer...
Véritable bouc émissaire, le pauvre chat devint l'exutoire de toutes les misères et disgrâces qui frappaient les peuples. L'Europe entière se lança dans une frénésie de chasse et de persécution toutes plus horribles les unes que les autres. En France, lors des fêtes de la Saint Jean, ce furent des centaines de chats qui s'entassèrent sur les feux de joie. La conséquence de ces stupidités fut une prolifération de rats et de rongeurs, semant la dévastation dans toute l’Europe...
Non contents d'exterminer cet animal, ses bourreaux rivalisaient de trouvailles odieuses pour la mise à mort : tortures, pendaisons, démembrements n'étaient que le prélude à une mort lente et douloureuse. On trouve dans les récits de l'époque de nombreux témoignages de ce genre d'exécutions. Chats enterrés vivants, bouillis dans des chaudrons ou brûlés sur des bûchers étaient chose courante dans toute l’Europe...
Il fallut attendre le 18ème siècle pour que disparaissent ces pratiques et pour que le chat retrouve peu à peu grâce aux yeux de ses contemporains. On prit même l'habitude de croire que la présence de ce compagnon assurait le bonheur et l'harmonie dans une maison. Mais les mauvaises réputations ont la peau dure et, de nos jours encore, combien de gens frémissent en croisant la route d'un chat noir ?...
Le chat est sans doute l'un des animaux ayant généré le plus de récits extraordinaires et de légendes diverses, tous pays et toutes civilisations confondus. On raconte, entre autres, qu'après le déluge l'Arche de Noé fût envahie par les rats. Ne sachant comment s'en débarrasser, Noé alla voir le Lion, roi des animaux, pour lui demander aide et conseil. Celui-ci éternua et c'est de ses narines que sortit le premier couple de chats...
En Egypte, la déesse Isis se transforma en chat pour échapper à Anubis, Dieu des morts. Toujours en Egypte, on raconte que le roi de Perse, Cambyse, distribua des chats à ses soldats du premier rang, avant l'assaut contre les Egyptiens du Port de Péluse. Ces derniers, pour ne pas avoir à tuer ces chats, se rendirent sans combattre.
C'est avant tout l'esthétique du chat qui séduisit les romains et leurs artistes, qui l'avaient découvert en Grèce. Peintres et sculpteurs l'immortalisèrent, et de nombreuses mosaïques en gardent encore la trace. Le chat, symbole de la liberté, devint l'attribut de Diane, apparentée à l'époque à la déesse Bastet. Il fallut attendre le 4ème siècle après J.C. pour que la disparition des cultes païens signe la fin de la divinité du chat, le ramenant à son rôle de chasseur de prédateurs.
La plupart des chats domestiques sont issues de races naturelles originaires d'une zone géographique spécifique. D'autres, tels que l'himalayen, sont des produits de l‘homme, le résultat de croisements méticuleux jusqu'à l'obtention de la race voulue. Quelques races relativement récentes, telles que les chats à poil ondulé, les sphynx sans poil, et scottish aux oreilles pliées, ou encore les chats américains à poil frisé, furent découvertes grâce à des mutations génétiques spontanées et développées par sélection pour devenir des races à part entière.
Terminons avec quelques curiosités. Une chatte anglaise, Tabby, mourut à 34 ans dans les année 1950, alors que la longévité moyenne des chats est de 15 ans. Une chatte du Texas a eu 420 chatons durant sa vie. Enfin, en 1987, une chatte de 30 ans a donné naissance à 2 chatons.
Alley Cat - Bert Kaempfert Orchestra Création Florian Bernard Tous droits réservés – 2004