Comment vivre avec autrui?
1. Vivre avec autrui Intérêt de la question ? De toute façon, nous vivons avec autrui. Il n’est pas un autre moi-même. Il est un autre moi, il est autre. Si je veux le respecter, je dois respecter son altérité. Dois-je accepter ses défauts ? M’en accommoder ? Cela voudrait dire que je ne cherche nullement à changer autrui. Chacun vit dans sa bulle ? vivre avec autrui, ce n’est donc pas vivre à côté d’autrui. Vivre avec autrui, c’est être responsable de moi-même et de lui. Je dois pouvoir trouver les mots pour échanger des idées avec lui sans le heurter. Pascal et l’art de persuader. Les Pensées. Apologie de la religion chrétienne.
Avant d’essayer de persuader autrui, je dois reconnaître qu’il y a en lui une connaissance, un savoir. Je dois l’écouter, reconnaître en quoi il a raison avant de lui présenter mes idées. L’écoute doit être réelle. Je dois accepter qu’autrui puisse avoir raison et donc que je puisse me tromper. Cette attitude est la première réponse à Hegel. Les relations humaines peuvent se fonder sur autre chose que le conflit, la guerre. On peut apprendre d’autrui et il peut apprendre de nous mais cette acceptation de l’être d’autrui, la reconnaissance de son intelligence, de sa vision différente du monde, est très difficile. Elle ressemble à une dépossession de soi. Mais elle est le seul moyen de vivre ensemble sans conflit. C’est le premier acte philosophique ou scientifique : les chercheurs ou les philosophes se parlent, s’écrivent, apprennent les uns des autres et construisent le monde
2. vivre aux côtés d’autrui C’est-à-dire non pas vivre à côté d’autrui mais bien vivre avec lui. L’empathie : la faculté de ressentir quelque chose devant les émotions, la souffrance d’autrui. Peut-on vraiment « partager » sa peine, sa souffrance ? Puis-je « partager » la joie, le bonheur de mes proches ? Je reçois cette peine ou cette joie avec mon système de représentation du monde. Ce que je perçois de la souffrance d’autrui peut être très éloigné, très « différent » de ce qu’autrui éprouve. Mais encore une fois, l’empathie, comme l’écoute, est indispensable à notre vie. -d’un point pratique et égoïste : sachant que mon monde n’existe qu’avec lui, son bien-être est nécessaire à notre bonne intelligence (à nos bonnes relations) et, donc, à notre monde commun.
3. accepter ou reconnaître la différence. C’est une chose impossible et, donc, une chose qui va de soi. Je ne pourrai jamais connaître le psychisme d’autrui puisque le mien m’est déjà inconnu, si difficile à approcher. Mais ce mouvement vers ce qui est autre en autrui est indispensable. De cette manière, je peux parfois cesser de penser que je l’ignore. Je dois affirmer qu’autrui existe, c’est-à-dire que ces croyances, ses idées, sa vision du monde existent indépendamment de moi. Si l’on a pu affirmer : « Je pense, donc, je suis », cela ne peut avoir de sens que si l’on affirme dans le même mouvement de pensée, dans le même acte : « Autrui pense aussi et il existe ». s’il est mon « semblable », c’est parce qu’il est différent et que comme moi, il pense et qu’il pense différemment.