Problèmes liés à la notion d'autrui
1. Autrui est proche de moi et différent de moi. Autre moi-même et absolument différent. Ce n’est pas quand il est le plus éloigné de moi qu’il est le plus effrayant. Ce qui me le rend si redoutable, c’est bien parfois la part de moi que je reconnais en lui. Objet et sujet.
2. Il est impossible de le connaître. On cesse parfois de sentir qu’on l’ignore. Je ne peux approcher autrui qu’avec ma perception du monde et, réciproquement, il ne peut m’appréhender qu’avec la vision des choses qui lui est propre. Nos parcours sont croisés. Je ne peux pénétrer sa conscience et lui ne peut pénétrer la mienne. C’est assez logique : je n’arrive pas vraiment à connaître toujours ma conscience. Que signifie l’expression : « avoir une conscience claire des choses » ? C’est en acceptant nos différences (en acceptant l’idée que certains soient puissent être différents de nous) que nous construisons l’avenir.
4. Puisque nos parcours sont différents, puisque le monde d’autrui ne me sera jamais connu, que signifie « aimer », « haïr » ? Comment aimer ? Comment aimer autrui comme soi-même ? puis-je aimer quelqu’un sans le considérer comme un moyen ? De fait, puis-je aimer autrui sans me déconsidérer ? 5. Sur quoi se fonde une relation morale ? sur des rapports de force ? la crainte d’être puni ? Qu’est-ce qu’une bonne volonté qui devrait dicter nos actes ? Ne peut-on être bons naturellement ?
5. Si je sais que la personne d’autrui comme la mienne propres me seront à jamais inconnues, à quoi sert-il de vouloir le connaître ? Ai-je besoin de connaître tout de ceux qui m’entourent ? Que pourrait être une connaissance qui ne serait pas rationnelle ? Pourrait-elle être fondée rationnellement ? Le non-dit, le silence, le mensonge, l’hypocrisie, interdisent-ils toujours notre relation à autrui ? ne sont-ils pas quelquefois indispensables à la cohésion sociale ?