7 - CONTEMPLATION La question du décryptage de l’image du Linceul n’est pas une question de foi, mais une question scientifique. Il revient à chacun de lire et d’étudier pour se former une opinion propre. L’image concordant en tout point avec le récit de la Passion dans les quatre évangiles, l’Église voit dans cette image une icône vénérable. Prière prononcée au cours des cérémonies marquant le début de l'Ostension du Linceul de Turin en l'année Jubilaire 2000 Seigneur Jésus, je me trouve devant cette image paisible et dramatique d'un homme crucifié, comme Tu l'as été, il y a deux mille ans sur le mont du Calvaire. Moi, je ne sais pas si ce visage tuméfié et maculé de sang, mais très paisible dans la sérénité de la mort, est le Tien, et peut-être ne réussirai-je jamais à le savoir, mais cela n'a pas d'importance parce que, sur le Suaire, ce que nous pouvons lire comme dans un livre, c'est ce que Tu as fait pour nous. Ce que je vois, je ne peux pas dire avec certitude que c'est Ta personne, mais de façon certaine, mes yeux subissent la fascination de cette image et mon coeur s'émeut de constater qu'ici se reflète, comme dans un miroir, l'Evangile. Je vois les signes de ta passion, Seigneur, et je les vois comme les évangélistes l'ont racontée: les trous des clous sur les mains et les pieds, la plaie du côté encore marquée de sang, la tête avec les signes évidents d'une couronne d'épines et les nombreux coups de flagellation sur tout le corps, une icône impressionnante d'une souffrance infinie. Jésus, cette image, même si ce n'est pas la Tienne, me renvoie à Toi, parce que je sais déjà, par l'Evangile, ce que Tu as souffert pour moi. Vraiment, "Il a été transpercé à cause de nos péchés, écrasé à cause de nos crimes". (Is. 53, 5) Je m'arrête dans une prière silencieuse adorant, non pas un linceul, mais Ta Personne, Seigneur Jésus. + Severino Poletto Archevêque de Turin Conclusion : Ce Linceul a véritablement enveloppé le corps d’un homme crucifié qui a subi au détail près les mêmes souffrances que Jésus de Nazareth, telles qu’elles sont décrites dans les évangiles. Reste le mystère de son impression, puisque nous ne savons pas reproduire une telle image…Et vous, que dites-vous? …c'est un décalque, c'est une image portant avec elle sa propre caution. Plus qu'une image, c'est une présence! Plus qu'une présence, c'est une photographie, quelque chose d'imprimé et d'inaltérable. Et plus qu'une photographie, c'est un négatif, c'est-à-dire une activité cachée (un peu comme la Sainte Écriture elle-même, prendrai-je la liberté de suggérer) et capable sous l'objectif de réaliser en positif une évidence! Tout à coup, en 1898, après Strauss, après Renan, au temps même de Loisy, et comme un couronnement de ce travail prodigieux de fouille et d'exégèse réalisé par le siècle qui va finir, nous sommes en possession de la photographie du Christ! Comme cela! C'est Lui! C'est Son visage! Ce visage que tant de saints et de prophètes ont été consumés du désir de contempler, suivant cette parole du psaume: Ma face t'a recherché : Seigneur, je rechercherai Ta face Paul Claudel 16 août 1935 On ignore souvent que le Carmel de Lisieux fut connu…grâce à un tableau de la Sainte Face peint par Céline (sœur de Sainte Thérèse), et non d’abord à cause de Thérèse. En 1898, moins d’un an après sa mort, une photographie révéla les secrets du linceul de Turin. Céline s’en inspira pour réaliser le tableau ci-contre qui remporta le grand prix de l’exposition d’art religieux de Bois le Duc en Hollande en mars Elle réalisa alors le vœux que sa sœur lui avait fait avant de mourir: « tu révèleras la Sainte Face ». Je suis le Jésus de Thérèse Ô Face Adorable de Jésus, seule Beauté qui ravit mon cœur, daigne imprimer en moi ta Divine Ressemblance, afin que tu ne puisses regarder l'âme de ta petite épouse sans te contempler Toi-Même. Ô mon Bien-Aimé, pour ton amour, j'accepte de ne pas voir ici-bas la douceur de ton Regard, de ne pas sentir l'inexprimable baiser de ta Bouche, (Ct 1,1) mais je te supplie de m'embraser de ton amour, afin qu'il me consume rapidement et fasse bientôt paraître devant Toi : Thérèse de la Sainte Face (Prière N°16) Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face Le mystère de la Sainte Face aura été partie intégrante de la vocation de Thérèse. Dès sa prise d’habit, le 10 Janvier 1889, elle signera ses lettres 59 fois « Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face » et seulement 49 fois: « Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus ». Sa correspondance, ses poésies, ses prières ou petites pièces de théâtre écrites à la demande de sa communauté font de multiples allusions à la Sainte Face. Elle ira même jusqu’à composer une très belle consécration à la Sainte Face pour ses novices. Le linceul n’est pas le Christ mais conduit au Christ. (Salvarini) Objet encore mystérieux, mais certainement non fait de main d’homme qu’est le Saint Suaire de Turin. 5 Septembre Pie XI Ce saint suaire montre pour notre émotion et notre réconfort l’image du corps inanimé de Jésus et de son visage divin marqué par la souffrance. Clôture du congrès eucharistique national de Pie XII « Digitus Dei est hic » (Il y a ici le doigt de Dieu). 16 Février Jean XXIII Le visage du Christ qui y est imprimé, nous est apparu tellement vrai, tellement profond, tellement humain et divin, que nous l’avons admiré et vénéré comme aucune image ne nous avait permis de le faire …. 23 Novembre Paul VI « Une provocation à l'intelligence. » 24 mai 1998, Turin (Italie) Jean Paul II « Un visage mystérieux, qui parle silencieusement au cœur des hommes en les invitant à y reconnaître le visage de Dieu » Benoît XVI Colette Rodenfuser 2001 « Je vénère ce visage tel que je le vois ». Résultat d’une authentique transfiguration, sortant des ténèbres, mais révélé par la lumière du photographe, ce visage nous montre un réel voilé, « le vrai Visage de l’Invisible » peut être? Un visage humain quelconque, défiguré, souffrant, d’un homme bien sûr mais surtout d’un humain, celui de ma sœur, de mon frère que le Seigneur a placé sur mon chemin. Ce visage ressemble au Visage du Christ souffrant : Christus dolens. Une paix étrange émane de ce Visage. Alors je m’interroge. Je pense à celle ou à celui qui a pleinement accepté sa souffrance, au malade qui va mourir, à celui qu’on a torturé et qui n’a pas parlé, aux martyrs qui sont morts pour leur foi. Ce visage me rappelle celui du Christ résigné : Christus patiens. Mais ce qui me frappe par-dessus tout c’est son silence Car c’est dans ce silence que l’espoir réside en plénitude. Le grand silence, silence de la mort certes, mais pas n’importe quelle mort, une mort pleine d’espérance. Une phrase de Jean Giraudoux me vient alors à l’esprit: « Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et que tout est perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entre-tuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ? – Cela a un très beau nom. Cela s'appelle l'aurore ». La mort, c’est la fin d’une vie, la fin de la vie préfigurant la fin du 7ème jour, fin d’une création, mais en même temps elle annonce l’aurore, l’apparition d’une nouvelle création, le monde nouveau du 8ème jour, la venue du temps messianique: le jour de Pâques, premier jour de la semaine. Je pressens à travers ce visage celui du Christ triomphant qui va bientôt surgir : Christus triumphans comme l’évoque le psalmiste (Ps 56) : Eveille-toi, ma Gloire ! Eveillez-vous, harpe, cithare, que j’éveille l’aurore ! MNTV : 42, 32