« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. »
Voilà les terribles paroles de Jésus que nous rapporte Luc en 14, 26 et suivants. Terribles ? Regardons-y de plus près. Toute notre vie : familiale, professionnelle, est faite de choix. Qui ne sont pas forcément ceux de ma famille ou de mes collègues ! J’ai bien envie d’aller au zoo dimanche. Mais mon mari veut aller au défilé de carnaval. Lequel va céder ?
Je suis fatiguée, ce soir, je fais faire des pâtes, vite fait ! Mais ma fille veut un soufflé au fromage ! Que choisir ??? Automatiquement, tout au long de la journée, tout au long des mois, tout au long de la vie, nous faisons des choix, nous essayons de faire ce que nous préférons. Mais… Nous voulons aussi faire plaisir, et le plus souvent, surtout en famille, nous capitulons.
Mais pour des choix plus délicats, nous tenons bon ! « non, tu ne vas pas jouer, tu vas aller voir tatie, elle est malade ! » « ah non ! pas question de sortir ! Tu n’as pas fini tes révisions, et tu as ton bac blanc cette semaine ! » Pour les choses importantes, nous savons tenir bon !
Revenons à l’évangile de Luc et à la parole de Jésus. Lorsque Luc a écrit cet évangile, les premiers chrétiens se trouvaient parfois confrontés à des problèmes familiaux ou sociaux qui pouvaient être très importants. « Comment ! Tu adhères à cette nouvelle secte ? Ah mais non ! On va voir qui commande ! » Et là, la question se pose : qui commande ? La famille ou Jésus ?
Le nouveau converti va-t-il céder à la pression familiale, ou va-t-il rester fidèle à ses convictions si récentes ? Mais il y a aussi les frères et sœurs, les amis, les compagnons de jeux ! « Viens ! on va bien s’amuser ! Il y a de quoi boire, il y a des filles, encore une soirée d’orgie en perspective ! »
Vous entendez d’ici, je suppose, les lazzis et les quolibets qui pleuvent sur le pauvre jeune qui essaie d’expliquer que sa religion lui demande d’être sobre et de respecter son corps et celui des autres !!! Difficile de tenir le coup ! Mais il était bien plus dur de tenir le coup devant la colère paternelle ou les exigences des chefs d’armée, par exemple, qui n’hésitaient pas à se servir de leur épée, et parfois de soumettre au supplice ! Puis sont venues les terribles persécutions…
Bon. Mais tout cela, c’était autrefois, ou c’est dans d’autres pays. Nous, nous ne sommes plus concernés. Nous ronronnons tranquillement dans une petite religion bien pépère… Tout coule de source, plus de choix ! Ah ? Vous croyez ? Prendre sa croix et suivre Jésus, c’est tous les jours ! Refuser cette alléchante invitation, dont les enfants se faisaient une telle joie, parce que nous devons plutôt aller voir la tatie malade…
Aider les voisins à déménager tout le dimanche, alors que nous avions projeté une promenade en amoureux, et supporter l’incompréhension, voire la colère et les sarcasmes du conjoint… Être si heureux d’avoir enfin un emploi du temps plus allégé, un peu de temps à soi… et se laisser embrigader pour le catéchisme ou une aide paroissiale… Alors que conjoint et enfants nous supplient de laisser tout cela tomber, et de profiter un peu de cette nouvelle disponibilité avec eux… Je pourrai allonger la liste, mais vous pouvez le faire aussi bien que moi !
Non, l’Évangile n’est jamais une histoire d’autrefois. Il est une exigence pour nous et maintenant. Tous ces petits choix de chaque jour, ou tous ces choix bien plus importants qui nous engagent, c’est cela saisir notre croix et suivre Jésus. Sans bruit, sans esbroufe, avec amour tout simplement… Saurons-nous faire les bon choix ? Saurons- nous le suivre ?
Photos : trouvées sur le Net, libres de droit. Texte : Jacky Musique : Hymne grégorien : Pange Lingua (Moines de Solesmes) Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix