Elle n’est un des personnages principaux que de deux récits, qui encadrent la vie de Jésus : l’annonciation, et la crucifixion. Mais elle nous laisse, en passant ainsi silencieusement au travers des différents épisodes de la vie de son fils, des messages que nous ferions bien de prendre comme consignes pour guider notre vie.
Marie, sans bruit, sans paroles, nous montre le chemin, nous guide vers son fils. Nul personnage, dans les évangiles, n’est aussi effacé qu’elle. On la voit passer furtivement, parfois, à l’occasion d’un évènement dont les évangélistes nous font le récit.
D’abord, pour commencer par le début, le "oui" de l’annonciation. Un oui réfléchi, elle a pris le temps de questionner l’ange : "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ?" On peut s’étonner d’une telle question dans la bouche d’une jeune fiancée.
Mais il arrivait relativement souvent qu’un couple décide de se marier en respectant cependant un vœu de virginité. Car une femme ne pouvait vivre seule, la société n’était pas prévue pour cela. Ainsi la femme avait un statut et un soutien légal, mais tout loisir de respecter son vœu.
Dire OUI à Dieu. Aux diverses sollicitations, petites ou grandes, qui nous arrivent tous les jours, plus ou moins nettement, parfois si voilées que nous nous efforçons de croire que c’est le fruit du hasard, ou que nous n’avons rien vu… ou que nous nous sommes trompés.
Je me suis souvent demandée si Marie, à qui l’on promet d’être la mère du Sauveur tant attendu, ne s’est pas posée de questions en voyant les conditions réservées à ce sauveur du monde aux premiers jours de sa vie !
En allant porter assistance à sa cousine Élisabeth, sans hésitation, sans se prévaloir de son rang de mère du Sauveur, ce sauveur dont toutes les filles d’Israël, depuis des générations, espéraient être la mère, Marie nous apprend la valeur du service rendu, silencieusement et avec amour…
Marie reste discrète. Elle ne se prévaut pas du caractère sacré de cette naissance, ou de la promesse de l’ange, pour ne pas respecter la loi. Comme tous les couples, Marie et Joseph vont présenter leur fils premier-né et faire les offrandes prescrites. Et l’évangéliste ne nous dit rien de leur réaction à l’annonce de ce qui les attend… Simplement, Marie, dans son cœur, redit sûrement le "oui" de l’annonciation.
À Cana, Marie est là, comme les autres femmes, aidant au service de la table. Jésus a été invité, et, parce que c’est la coutume orientale, peut-être aussi par curiosité, ou pour la notoriété qui pourrait en découler, ses disciples sont là aussi. Beaucoup de monde qui n’était pas prévu, et chacun, sans doute, mange et boit… comme à un festin ! D’où peut-être l’absence de vin ?
Marie a permis, par son OUI, la matérialisation de la Parole de Dieu en Jésus. À la noce, elle va le lancer dans sa vie publique, avec une question simple mais une confiance inébranlable. Alors qu’il lui répond que "son heure n’est pas encore venue", elle se tourne vers les serviteurs et leur ordonne : "Faites tout ce qu’il vous dira." Si ce n’est pas de la confiance, cela !
Imaginez ce que serait notre vie, si nous suivions cette parole de Marie : faites tout ce qu’il vous dira. Et que nous a-t-il dit ? " Aimez-vous comme je vous aime." Si nous aimions en vérité ? D’abord, si nous nous aimions nous-mêmes ? Comment aimer les autres si nous ne nous aimons pas ? Nous sommes œuvre de Dieu. Alors, de quel droit ne pas aimer l’œuvre de Dieu ? Nous sommes une œuvre abîmée, mais, si nous nous aimons suffisamment, nous aurons à cœur de réparer autant que possible. Mais c’est là une digression.
Nous retrouvons Marie obéissant aux hommes de la famille qui veulent ramener Jésus "dans le droit chemin". La réponse de Jésus à ceux qui lui disent : "votre mère et vos frères sont là qui vous demandent" peut paraître dure : "Ma mère, mes frères, ce sont ceux qui font la volonté de mon Père". Mais ce n’est certes pas un reniement, car, qui plus que Marie a fait toute sa vie la volonté du Père ? Elle nous apprend là comment faire pour rester dans la famille de Dieu : faire sa volonté, c’est-à-dire aimer…
À la croix, Marie est debout. Mesurez-vous le poids de cette parole ? Elle est debout au pied de la croix. Je suis sûre que, toute son âme dans ses yeux, elle regarde son fils pour lui insuffler des forces. Je suis sûre que, lorsque Jésus a dit : "Père, pardonne-leur…", elle a presque ébauché un sourire d’approbation, de fierté…
Et je suis sûre que, lorsque Jésus a dit : voici ton fils, son cœur a compris que c’était tous ses enfants de la terre que Jésus lui présentait, et qu’elle a accepté, se sentant mère, dès lors de tout le genre humain. Son "OUI" avait permis à Jésus de naître, son acceptation au pied de la croix lui a permis de pouvoir dire : "tout est accompli" avant de rendre l’esprit.
Marie, c’est le fil d’or de notre Évangile, le fil d’or de notre vie...
Images de sources (très) diverses Texte : Jacky Musique : Ave Marie par Sumi Jo Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix /