L A B ULGARIE ENTRE L ’ INSURRECTION ET LA LIBÉRATION
V AZRAZHDANE racines du mouvement de renouveau national (vazrazhdane) dès la seconde moitié du XVIIIe siècle Manifestation depuis 1830 mouvement d'opposition au haut-clergé hellénophone Après la guerre de Crimée – phase plus organisée =>1870 l'octroi par le sultan d'un exarchat bulgare, séparé du patriarcat de Constantinople
L’I NSURRECTION D ’A VRIL réseau de comités révolutionnaires à l’étranger et en Bulgarie (vers le début des années 1870, Levski) limité à la Bulgarie centrale Organisation peu structurée, pas de centre L'insurrection d'Avril (mai 1876) = concrétisation désir des Bulgares de prendre leur destin politique en main => place considérable dans la narration nationale bulgare
Comment les autorités ottomanes s'y sont-elles prises pour rétablir des modalités de cohabitation pacifiques entre musulmans et chrétiens en Bulgarie après l'explosion de violence du printemps de 1876 ?
A RRESTATIONS popes : responsables communautaires, ils sont soupçonnés d'avoir pris la tête du mouvement insurrectionnel notables citadins ou villageois (tchorbadzhii) : servent d'interphase entre les autorités ottomanes et leurs concitoyens instituteurs : vecteurs principaux du changement social et idéologique
R ÉSULTAT Prisons pleines Mauvaises conditions d'hébergement, d'hygiène et même de survie, misère tribunaux d'exception
« M ÉMOIRES SUR LES INSURRECTIONS DANS LE SANDŽAK DE T Ă RNOVO » souvenirs de Yurdan Teodorov sur le jugement des insurgés bulgares de T ă rnovo, 1876 Todorov né en 1841 dans une famille fortunée d'Elena et fait ses études secondaires au Robert College d'Istanbul, apprend en particulier l'anglais, le français et le turc écrit Nommé au tribunal régional de T ă rnovo - désigné pour siéger au tribunal spécial chargé de juger les insurgés mémoires, à titre de défense, et les publie en 1897
Texte réédité en 1990 observateur lucide et nuancé du processus de sortie de violence mis en œuvre par le pouvoir ottoman en Bulgarie appartient au « camp bulgare » et se sent forcément solidaire des insurgés arrêtés, même si, de par son origine sociale (les chorbadzhii d'Elena), il est foncièrement hostile à l'action révolutionnaire Objectif : éviter les condamnations à mort et atténuer les peines prononcées position de chrétien au sein du tribunal délicate
le « camp turc » divisé : d'une part les locaux qui réclament les peines les plus lourdes, et en particulier des peines capitales d'autre part le commissaire impérial chargé d'appliquer la loi, telle que les réformes des Tanzimat l'ont redéfinie et il est flanqué de quelques juristes compétents, extérieurs à la région de l'insurrection
la confrontation entre chrétiens et musulmans dialogue entre Yurdan Teodorov et le préfet de T ă rnovo EXTRAIT 1
L ES T CHERKESSES - ÉLÉMENT PERTURBATEUR
1820 politique étrangère russe de l'empereur Alexandre I vise à maîtriser progressivement le Caucase du Nord résistance des populations locales, y compris les Tcherkesses La guerre du Caucase ( ) extrêmement sanglante ne parvient pas à atteindre la victoire Les Caucasiens doivent être déplacés => contrat bilatéral entre l'Empire ottoman et l’Empire russe : immigrants du Caucase sur le territoire de l'Empire Ottoman et chrétiens, surtout Bulgares s’installent dans les steppes de l'Ukraine actuelle
Concentration des réfugiés circassiens dans les provinces chrétiennes de l’Empire ottoman et surtout en Bulgarie, Macédoine, Moldavie, Roumanie, Serbie (près de Dimitrovgrad, Nis et Leskovac), Kosovo et une partie du nord de la Grèce population chrétienne locale leur construit des maisons Objectif de peupler massivement ces régions par une population musulmane compacte, qui à l'avenir va servir d’éviter toute tentative de lutte contre Sultan utilisés avec succès en qualité de milices, en particulier pendant l’Insurrection d'Avril en 1876
Déception de l’intelligentsia bulgare partisane de l’idée panslave Rakovski a complètement cassé avec les Russes Envoyés à Vidin pour faire campagne contre l'émigration => élément qui ont déterminé l’attitude révolutionnaire avant l’insurrection d’Avril et lui a donné une nouvelle direction
EXTRAIT 2 pouvoir et influence entre musulmans et chrétiens phase de renégociations des rapports de forces intercommunautaires => faible nombre de condamnations à mort (une dizaine en tout) sauvagerie des massacres ≠ justice ottomane responsabilités communautaires ≠ responsabilités individuelles bachibouzouks ≠ fonctionnaires de la justice ottomane Objectifs de cette politique ? Résultat : la population musulmane provinciale a perdu sa position dominante après la crise
BASHIBOUZOUKS
H ISTORIOGRAPHIE BULGARE Consolidation de l'identité nationale par un mouvement scolaire et ecclésiastique Le mouvement national bulgare s'engage dans une phase de contestation politique et remet en cause la légitimité du pouvoir ottoman L’activité révolutionnaire aboutit à l'Insurrection d'Avril Écrasement de l'insurrection et massacres Attention internationale Réformes ottomanes – Tanzimat La Russie intervient militairement Libération Au sortir de la guerre, la Bulgarie renait politiquement Le récit historique bulgare saute assez rapidement de l’Insurrection d’avril à la Guerre russo-turc ; du mois de juin 1876 au mois d'avril 1877 retour à l'ordre traditionnel ?
Fin de la guerre - règles de cohabitation intercommunautaire redéfinies Autonomie bulgare Grand récit patriotique sur la libération Mise en forme du récit national ; Insurrection d'Avril = la ferveur patriotique de sa préparation et la barbarie de sa répression, les massacres de 1876 – centrales, responsables désignés dans un premier temps - les bachibouzouks, dont la sauvagerie est présentée comme emblématique du régime ottoman ; dans la Bulgarie socialiste, on rejet la responsabilité des massacres sur l'armée régulière ottomane => éviter de stigmatiser la population musulmane autochtone, turque et pomaque, que l'on cherche à intégrer dans la communauté nationale
FÊTE NATIONALE
Il s’agissait selon Bernard Lory d’une période de sortie de crise par la réinstauration d’ordre réussite par les Ottomans qui avait pour objectif “le retour au calme”. Bernard Lory soupçonne que cette lacune dans l’historiographie bulgare est liée à une tentative d’éviter des contrastes dans la chaine causale de la narration nationale. Sans cherchant à démystifier ou de déshéroïser l'histoire bulgare Lory suggère d’étudier les mécanismes ottomans d'ajustements intercommunautaires et les capacités d’autonomie locales de surmonter une telle crise sans une intervention extérieure.
P AIX DE S AN S TEFANO - 3 MARS 1878
BULGARIE DE SAN STEFANO découpage aux possessions européennes de l'Empire ottoman mécontentant tous les peuples balkaniques sauf les Bulgares contredit les accords austro-russes de Budapest (15 janvier 1877) inacceptable pour la Grande-Bretagne => jamais appliqué dans les faits
TRAITÉ DE BERLIN Projet de San Stefano remplacé quatre mois plus tard par le traité de Berlin (13 juillet 1878) réduit la principauté de Bulgarie aux territoires compris entre Danube et Stara Planina créait une province autonome dénommée Roumélie Orientale entre Stara Planina et Rhodopes
PROGRAMME NATIONAL Nouvel objectif national : obtenir les frontières de San Stefano Les frontières du projet russe de San Stefano sont assimilées à des frontières ethniques, donc moralement légitimées : « Nous ne demandons que ce qui est nôtre, nous ne réclamons rien sur le compte d'autrui Notion de frontière ethnique dans les Balkans « l'égoïsme sacré de la nation » Le projet de San Stefano touche à l'équilibre territorial balkanique