Thème I. Le monde grec du VIIIe s. à 431 : approche chronologique. I. 1. L’extension du monde grec : la colonisation archaïque

« Des grenouilles autour d’une mare » (Platon, Phédon)

Des sources littéraires fragmentaires ou tardives Poètes archaïques : ex. Archiloque de Paros, pour la colonisation de Thasos (début VIIe s.). Hérodote, L’Enquête (Historiai), Ve s. Thucydide, La guerre du Péloponnèse, Ve s. Auteurs d’époque romaine : Diodore de Sicile, Strabon etc.

1. A/ De la pré-colonisation à la fondation d’apoikia Carte de distribution des vases « à cercles pendants » eubéens à la fin du IXe-début VIIIe s.

Les Phéniciens Chypre La Phénicie au début du Ier millénaire

Les routes maritimes phéniciennes vers l’Occident

Pithécusses, première implantation grecque en Occident Un cotyle importé de Rhodes gravé de trois hexamètres dactyliques : la « coupe de Nestor »

Al-Mina : un emporion = comptoir, port de commerce, cosmopolite Al-Mina : un emporion = comptoir, port de commerce, cosmopolite. Le plus souvent soumis à un pouvoir local, ici assyrien. Cumes, face à Pithécusses : la colonie la plus ancienne (v. 750). Une apoikia : cité (polis) indépendante de sa métropole (cité-mère). Le terme grec est formé sur oikos (la maisonnée = la maison + la famille + tous les biens attachés) ; celui qui est apoikos est « hors de son oikos »

L’oïkiste (ou oeciste) est le chef de l’expédition, qui recevait après sa mort un culte héroïque. Garant du respect des rites, il supervisait la distribution des kléroi (lots de terre, sg. kléros)

Mégara Hyblaea

L’oïkiste consultait l’oracle d’Apollon dans le sanctuaire de Delphes (la Pythie) qui indiquait le nom et le choix du lieu = pour légitimer l’installation (aux yeux des Grecs).

1.B/ Les phases de la colonisation 2 phases : une première vague de colonisation se produit entre 770 et 680/675 av. J.C, la seconde allant de 675 à la fin du 6e s.

Premières fondations par les cités eubéennes (Chalcis, Erétrie), Mégare et Corinthe : Exemples : Naxos en Sicile (734) par les Eubéens ; Syracuse par les Corinthiens en 733 (après Corcyre) ; Mégara Hyblaea par Mégare (728)…

Grecs, Etrusques et Phéniciens

La Chalcidique

La deuxième vague (à partir d’env. 675 jusque fin VIe s.)

La colonisation du Pont-Euxin Métropoles : surtout Mégare et Milet

Fondations dans le Nord égéen par des cités des îles égéennes ou d’Ionie Ex. Thasos colonisée par les Pariens

En Méditerranée occidentale, surtout une colonisation de second degré Ex. Corcyre et sa métropole Corinthe fondent des cités sur le littoral occidental de la mer Adriatique, comme Epidamne en Illyrie Sybaris fonde Métaponte pour limiter l’expansion de Tarente ; puis Poséidonia (Paestum)

Les Phocéens en Gaule et Ibérie : Massalia, Emporion (Ampurias) et Alalia (Corse) En Afrique, fondation de Cyrène par les Théréens

1.C/ Les causes de la colonisation Des causes multiples Le facteur principal semble être le manque de terre (sténochôria) et la recherche de terres cultivables Ex. Archiloque, parti de Paros pour Thasos (début VIIe s.) : « La misère de toute la Grèce est avec nous accourue se rassembler à Thasos » (frgt. 97) Ex. Cyrène Chaque colon reçoit un lot de terre (kléros)

Un partage égalitaire des terres entre colons/citoyens ? L’idéal d’isonomie ne se développe pas avant la fin du VIe s. Les premiers colons forment une aristocratie qui contrôle aussi le pouvoir politique Ex. à Mégara Hyblaea, les « pacheis » = les « gras »

1.C/ Les causes de la colonisation la recherche de ressources commerciales, notamment la quête des métaux Causes politiques, lors d’une stasis (crise politique, guerre civile) entraînant le départ de la minorité (ex. Corinthiens qui fondent Syracuse) Raisons plus conjoncturelles : une partie des Ioniens fuient l’invasion perse de l’Asie mineure (547/546). Ex. des Phocéens vers Massalia et Alalia, puis fondation de Vélia v. 540.