Genève, Journée de la mémoire, 2007 Hommage aux figures résistantes de Marianne Cohn et Aimée Stitelmann La Suisse est associée à tous les pays du Conseil de l’Europe autour du principe de la célébration annuelle d’une Journée de la mémoire. À l’instar de nombreux pays, elle a choisi pour ce faire la date du 27 janvier, jour de la découverte par les troupes soviétiques, en 1945, du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Cette année, à Genève, le vendredi 26 janvier, le Département de l’Instruction publique s’est associé au Théâtre Saint-Gervais pour une journée consacrée à deux figures résistantes, deux très jeunes femmes qui ont risqué leur vie pour sauver de jeunes enfants juifs des horreurs du national-socialisme. Marianne Cohn a été arrêtée par les autorités occupantes en juin 1944. Elle a été torturée et assassinée par la Gestapo. Aimée Stitelmann a été arrêtée et condamnée par les autorités suisses. Elle n’a été réhabilitée que quelques mois avant son décès, fin 2004. À Annemasse, une école maternelle porte le nom de Marianne Cohn. À Genève, une école secondaire de l’enseignement post-obligatoire porte le nom d’Aimée Stitelmann. Ce dossier, établi sous cette forme par Charles Heimberg, est constitué d’extraits d’une documentation qui a été préparée par Françoise Luisier et Marianne Molina. Elles l’ont publiée au Cycle d’orientation de Genève dans le Bulletin de l‘histoire enseignée, n°16, hiver 2007.
Marianne Cohn
Aimée Stitelmann
La mémoire est la sentinelle du passé et le garde-fou du présent La mémoire est la sentinelle du passé et le garde-fou du présent. Aimée Stitelmann[1] Aimée Stauffer-Stitelmann (1925-2004) Aimée Stitelman naît à Paris le 1er janvier 1925. D’origine juive, elle est élevée dans une famille antifasciste qui réside successivement à Paris, à Lyon et en Suisse. Elle possède la double nationalité suisse et française. Son éducation lui fait prendre conscience dès son jeune âge des injustices et des combats à mener. Elle participe à 11 ans à sa première manifestation, place de la Bastille à Paris, pour fêter la victoire du Front populaire en 1936. En 1942, après les rafles antijuives et l’occupation par l’armée allemande de la zone libre, elle décide, sans appartenir alors à aucun réseau, de devenir « passeur ». Grâce à sa double nationalité, et à son passeport dans lequel la mention « juif » n’apparaît pas, elle parvient à faire sortir de France des enfants, pour la plupart des orphelins. Entre 1942 et 1945, elle fait passer en Suisse quinze enfants. Elle aide aussi des personnes réfugiées en Suisse à retourner en France, soit par la frontière genevoise, soit par le Pas-de-Morgin. Elle est arrêtée en avril 1945 et jugée le 11 juillet de la même année. Elle est fichée et écoutée par la police jusqu’en 1986. [1] Marco Gregori, « Le dernier hommage de la gauche militante », Le Courrier, 6 janvier 2005 ; www.lecourrier.ch (consulté le 01.12.06)