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Publié parAlfred Michel Modifié depuis plus de 7 années
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Le kimbundu oublié des lusitanistes et des politiques
Le but de cette intervention est de contribuer à donner une place, si faible soit-elle, au kimbundu dans les études de portugais, en France ou ailleurs, et de contribuer également à démontrer qu'on peut agir en Angola, par l'application d'une politique linguistique, pour empêcher une extinction progressive du kimbundu et des autres langues d'Angola, extinction qui est enclenchée et qui suit son cours dans l'indifférence quasi générale actuellement. Mon intention est tout à fait prétentieuse, je le reconnais, c'est pourquoi j'atténue cette prétention en parlant seulement de contribuer, puisque, sans être nombreuses, d'autres personnes travaillent ici ou là dans ces mêmes directions. Journée d’études, Université Lyon 2 « L’Afrique lusophone postcoloniale, changements et perspectives » Jean-Pierre Chavagne - 5 décembre 2008
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10 subdivisions ethnolinguistiques
Peuples / Langues Mbundu / Kimbundu Ovimbundu / Umbundu Bakongo / Kikongo Lunda-Quioco / Cokwe Ganguela / Ganguela Herero / Herero Nyaneka-Humbe / Nyaneka Ovambo / Ovambo Okavango / Okavango Bosquímanes / Khoisan Hotentotes / Khoisan On doit donc présenter le kimbundu qui ne fait pas partie du bagage moyen du lusitaniste ni même du lusophone cultivé. Or, le kimbundu est un des témoins des liens profonds entre le Brésil et l'Angola et entre le Portugal et l'Angola. Ce n'est pas la seule langue d'Angola à avoir accompagné le commerce des esclaves et à avoir eu une interaction importante avec le portugais. On doit citer aussi au moins le kikongo, l'umbundu et le cokwe, c'est à dire les langues des régions les plus fortement impliquées dans le commerce des esclaves et donc celles qui ont vu arriver le plus de leurs représentants au Brésil, particulièrement au cours du 17ème siècle. On pourrait citer bien d'autres langues qui ont été moins en contact avec le portugais, mais qui jouissent déjà d'une grande popularité dans nos milieux, le tupi et le yoruba par exemple. Les langues africaines d'Angola et leur distribution sur le territoire sont connues grâce à un travail de José Redinha et de Mesquitela Lima qui date des années 60 et 70 et qui forcément ne correspond pas à la réalité d'aujourd'hui mais en donne seulement une idée. Un recensement tel que celui qui a été fait au Mozambique en 1997 fait défaut pour l'Angola. Il semble qu'on ne veuille pas connaître la réalité de la situation des langues d'Angola au 21ème siècle, qui est à peu près la même politiquement que celle des langues de France au début du 20ème siècle, dont on sait qu'elles ont quasiment disparu en un siècle. << Carte de René Pélissier, d’après José Redinha, 1970
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3,000,000 (1999 WA) or 25% of the population (1990 WA), including 41,000 Ngola (1977 Voegelin and Voegelin). Alternate names: LUANDA, LUNDA, LOANDE, KIMBUNDU, KIMBUNDO, NORTH MBUNDU, NBUNDU, N'BUNDO, DONGO, NDONGO, KINDONGO. Dialects: NJINGA (GINGA, JINGA), MBAMBA (KIMBAMBA, BAMBEIRO), MBAKA (AMBAQUISTA), NGOLA. Classification: Niger-Congo, Atlantic-Congo, Volta-Congo, Benue-Congo, Bantoid, Southern, Narrow Bantu, Central, H, Mbundu (H 20). Les données du site Le nombre de personnes qui parlent aujourd'hui le kimbundu est inconnu. On peut cependant donner de larges approximations. Celles du site ethnologue sont fortement surévaluées : elles équivalent à dire qu'un Angolais sur quatre parle kimbundu. Quand un Angolais sur deux pratiquement, déjà, ne parle que portugais, il ne resterait plus grand choses pour les autres langues, notamment pour l'umbundu, qui est largement plus parlé que le kimbundu, étant donné surtout son rôle de langue véhiculaire, que le kimbundu n'a pas. Le journaliste portugais Rui Ramos parle d'un million et demi de locuteurs, soit un Angolais sur huit, ce que je crois largement surévalué aussi. Il y a un mystère sur la situation linguistique de l'Angola, qui est atypique pour un pays de l'Afrique subsaharienne et pour laquelle on feint de croire qu'elle est semblable à celle des autres pays de cette zone. Les Angolais eux-mêmes, les linguistes, font pour la plupart comme si les Angolais avaient pratiquement tous des langues africaines comme langue maternelle. Or, on peut affirmer que l'Angola est le seul pays continental d'Afrique subsaharienne où une langue d'origine européenne est devenue la langue maternelle de près de la moitié de la population et peut-être plus aujourd'hui, et que la quasi totalité, au dessus de 90% des Angolais sont capables de communiquer en portugais1. Le drame est que nous devions attendre 2010 pour qu'un recensement sérieux le confirme. Il n'y a pas eu de recensement en Angola depuis plus de 30 ans, alors que le Mozambique a été capable de donner une image de sa situation linguistique dès 1997. On ne le parle pratiquement que portugais dans les villes et le phénomène tend à gagner aussi les zones rurales. Comme Luanda la capitale est dans la zone Mbundu, le kimbundu est le plus touché par le phénomène. 1 “Ao contrário de todas as antigas colónias portuguesas, em Angola o português tinha já uma expressão significativa à data da independência : para pelo menos 5% da população era a língua materna. E penso que é o único caso de uma língua europeia que se enraizou em África como língua materna. E hoje, segundo os últimos dados, no mínimo 42% da população falam português como língua materna, sendo que mais de 90% a dominam como segunda língua.” Entrevista : “José Eduardo Agualusa, Em três continentes”, Jornal de Letras, 01/05/2002, p. 7.
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Le kimbundu, une langue bantu
Bantu : une identité linguistique Les classes nominales Les conjugaisons agglutinantes Concordances Des tons et des accents Le kimbundu est une langue bantu représentative, elle en a les caractères, agglutinante, 20 classes nominales, des tons (2) et un accent de mot. Il peut s'écrire avec l'alphabet latin. Il n'y a pas de système d'écriture qui fasse autorité: L'Institut National des Langues de Luanda a publié en 1982 un ouvrage tentant de résoudre ce problème pur plusieurs langues dont le kimbundu, mais le premier travail universitaire publié à la suite de cet ouvrage, le thèse de José Domingos Pedro en 1993, conteste déjà les choix faits par l'équipe de l'INL. Les grammaires et les dictionnaires accessibles sont anciens. Le kimbundu n'a pas de littérature à part des poèmes de Mario Pinto de Andrade (le fameux Muimbu ua Sabalu) et de Mario Antonio Fernandes de Oliveira; connus parce qu'il ont été mis en musique par Rui Mingas. Il a, comme toutes les autres langues du monde dans sa situation, un « fond oral » riche qui est d'autant plus menacé qu'il reste oral pour une large part, malgré des travaux d'Héli Châtelain et d'Oscar Ribas, principalement. Il ne semble pas y avoir de site Internet en kimbundu, mais quelque sites sur le kimbundu existent.
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préfixe du singulier préfixe du pluriel exemple au singulier au pluriel Sens I mu a mutu atu Personne II mi mutue mitue Tête III ki i kima ima Chose IV di/ri ma ditadi matadi Pierre V u mau uanda mauanda Filet VI lu malu lumbu malumbu Mur VII tu matu tubia matubia Feu VIII ku maku kudia makudia Nourriture IX (i) ji mbudi jimbudi Brebis X ka kafunga tufunga Berger
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kingamusangeleku Je ne l’ai pas rencontré là-bas eme ngizuela je parle / je dis mwene uzuela il parle ene azuela ils parlent etu tuzuela nous parlons etu tuazuelele nous avons parlé
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Importance de l’interaction
Portugais > kimbundu Kimbundu > portugais 5 siècles 4 zones géographiques Le kimbundu a emprunté au portugais beaucoup plus que le portugais ne lui a emprunté, tout au moins en ce qui concerner le vocabulaire. L'influence du kimbundu sur le portugais est plus difficile à mesurer. Dans le temps, c'est déjà la plus importante, puisqu'elle commence à la fin du 15ème siècle et qu'elle n'est toujours pas terminée. Elle continue aujourd'hui en Angola, bien sûr, tant que le kimbundu n'est pas éteint, mais aussi au Portugal où, même si l'interaction est faible, elle produit des résultats audibles avec par exemple les mots bazar (s'en aller), bué (beaucoup) et kota (personne plus âgée), mots partis des communautés d'Anglais immigrés qui y vivent aujourd'hui. Géographiquement, c'est d'abord dans la région où le kimbundu est parlé que s'est exercé l'interaction la plus constante, et notamment par le bilinguisme dans lequel Luanda a vécu plusieurs siècles. C'est ensuite au Brésil que les contacts ont été les plus longs et les plus profonds. Au Portugal, au début, et de nos jours, avec les immigrés angolais, mais d'un toute autre façon, puisqu'ils ne parlent pas eux-même le kimbundu, ou très rarement. Et on doit ajouter São Tomé puisque l'angolar, qui est une des langues de São Tomé, ressemble étrangement au kimbundu. Un navire négrier avait fait naufrage au 16ème siècle au large de l'archipel.
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Le kimbundu langue du Brésil
Tupi, yoruba, kimbundu, etc. Le père Antonio Vieira La grammaire de Pedro Dias Du pombeiro au maître Le yoruba (acarajé) est préféré au kimbundu au Brésil, il est enseigné dans certaines universités (Curitiba, Bahia, etc.). Le Padre Antonio Vieira avait appris le kimbundu avec les esclaves au 17ème siècle au Brésil, ce qui est la preuve que le kimbundu a été parlé au Brésil à cette époque. C'est d'ailleurs au Brésil qu'a été rédigée la première grammaire du kimbundu qu'on doit à un autre religieux, Pedro Dias, Arte de lingua de Angola, publiée au Portugal en 1697. Tous les esclaves n'étaient pas Mbundu d'origine, mais tout porte à croire qu'une fois au Brésil, ils utilisaient le kimbundu pour communiquer entre eux. Ce commerce durait en effet de longs mois. Les esclaves convergeaient d'abord vers les points de la côte d'où ils devaient traverser l'Atlantique et ils y attendaient dans des entrepôts de captifs des mois avant le départ du navire. Cette concentration forcée de locuteurs de langues africaines différentes, mais proches, a pu conduire à l'utilisation du kimbundu comme langue véhiculaire, puisque c'était aussi la langue des « pombeiros » (recruteurs d'esclave) et qu'ils l'entendaient depuis leur capture. Si on ajoute le voyage de Luanda à Recife, puis le transport vers les autres destinations qui n'était pas immédiat. C'est de cette manière qu'Emilio Bonvini explique comment le kimbundu a été en contact avec la langue portugaise au Brésil sur une durée de plus d'un siècle et sur un espace très étendu.
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Les traces de ces contacts
Coïncidences et influences Chute du –s Épenthèse Négation redoublée Il ne semble pas faire de doute que des mots très usités au Brésil comme samba, umbanda, marimbondo, camundongo, carimbo, cambada, moleque, bunda, caçula, proviennent du kimbundu. Mais son influence véritable n'est pas dans le vocabulaire. Le vocabulaire n'est pas la langue, mais si on ne considère que le vocabulaire, comme le font la grande majorité des études sur les langues en contact, le tupi-guarani (une famille de langues, et le tupi langue générale) aurait eu la plus grande influence. En fait, il ne s'agit que d'emprunts lexicaux. C'est sur la langue (phonologie, morphologie, sémantique, syntaxe) que pourrait porter une véritable influence. Or, il y a des traits semblables au portugais parlé au Brésil, en Angola (et au Mozambique), qui ne prouvent rien en eux-mêmes, mais qui devraient nous pousser à faire des comparaisons plus systématiques. La chute de la marque du pluriel est une des plus frappante. On l'attribue au substrat en Angola et au Mozambique. La négation dupliquée canángagiba caná (je n'ai pas tué, p. 38 de Bonvini) comme au Brésil, não sei não. L'épenthèse est un domaine où on peut avoir des doutes. Elle se produit au Brésil et pas au Portugal dans des mots comme absurdo > abissurdo, ritmo > ritimo, etc. La complexité nous oblige à la prudence. Il peut y avoir coïncidence, convergence, avec d'autres influences ou d'autres dynamismes de la langue. Sur le kimbundu, on peut risquer qu'il a été le vecteur ou catalyseur de la plupart des particularités du portugais brésilien, en convergence avec d'autres langues africaines et avec le tupi, et aussi avec la tendance interne de chaque langue à évoluer. Il n'y a pas obligatoirement une filiation qu'on puisse représenter par une belle arborescence.
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Une politique linguistique
Langues nationales / officielles Langue de l’éducation Aides à la publication Droit humain Une première mesure politique évidente serait de donner le statut de langue officielle aux langues d'Angola, au kimbundu et aux autres. La désignation actuelle est celle de « langues nationales », bien qu'il s'agisse de langues régionales. L'ambigüité du mot nationales a sans doute servi à retarder l'attribution du statut officiel. Toutes les langues pourraient avoir le caractère officiel. Il semble aujourd'hui également évident qu'il faille enseigner ces langues dans les écoles des régions correspondantes, accorder des appuis financiers aux éditeurs et aux créateurs de sites Internet dans ces langues. L'aventure du Catalan, celle du luxembourgeois, sont des exemples pour le kimbundu. Mettre en place une politique linguistique respectueuse des langues africaines, c'est aussi prouver au peuple qu'on le respecte, et il n'y a pas de doute qu'un gouvernement capable d'une politique linguistique juste sera capable de mesures sociales. C'est pourquoi il n'est pas inutile de se payer ce luxe. Le droit d'apprendre sa langue et de vivre dans sa langue n'est-il pas aussi un droit de l'homme?
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Une entrée dans les études lusitanistes
Quelques raisons affectives Pays lusophones et ailleurs Cours dans l’enseignement supérieur Formation des enseignants de portugais Le kimbundu est dans la langue portugaise et le langue portugaise dans le kimbundu. Ces deux langues ont une longue interaction qui les a transformées. Le kimbundu a pris beaucoup au portugais, sans doute plus que le portugais a pris au kimbundu. Parce qu'il est indispensable pour certains questions : l'étymologie, la linguistique du portugais Faire ce que nous savons faire : des cours, des recherches, des projets à vocation humaniste (ne dit-on pas les humanités pour les études dans certains pays ?)
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Merci de votre attention
On peut m’écrire : (en kimbundu…)
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