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Publié parRomaine Geffroy Modifié depuis plus de 10 années
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Médiathèque de Béziers préparé avec Michel Escudier.
La mort : dernier ou grand voyage ? Médiathèque de Béziers le 23 février 2011 préparé avec Michel Escudier. 1. Étymologie / Définition : Mort / voyage 2. Notions / Concepts : Les principaux courants philosophiques sur la mort Questions / Discussion : Deux questions préalables avant d’essayer de répondre à la question 4. En guise de conclusion Sondage Philosophie-magazine
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Étymologie et définitions
Mort est un mot dérivé du latin mors, mortis. Voyage vient du latin viaticum, provision de route. Définitions : Petit Robert : Mort : Cessation définitive de la vie d’un être humain, d’un animal et, par extension, de tout organisme biologique. Voyage : Déplacement d’une personne qui se rend en un lieu assez éloigné. Dictionnaire de philosophie Godin : Mort : Cessation complète de la vie d’un organisme. L’instant où l’organisme passe de la vie à trépas. La question de savoir si cette cessation est définitive, irréversible dépend de croyances métaphysiques et / ou religieuses. Voyage : Fait d’aller d’un lieu à un autre suffisamment éloigné pour provoquer un effet de dépaysement. Le voyage est une sorte de déplacement; il implique une transformation de l’état d’esprit de celui qui se déplace. Deux autres définitions de la mort : JM Brohm : « La mort est cette limite impondérable entre le presque-rien et le rien. La mort est hors lieu, dépareillée, hors temps, la limite sans épaisseur ni extension, le point sans allongement, l'instant sans situation spatiale et sans durée qui sépare quelque chose et rien, le tranchant aigu et la ligne quasi inexistante où se recoupent l'être et le non-être : mais aucune lumière révélatrice ne filtre entre l'un et l'autre. » Bichat (médecin et anatomiste français du XVIII s) : « La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort » Par cette définition Bichat entendait insister sur le fait que la mort est la règle et la vie l’exception, par définition menacée.
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Les principaux courants philosophiques sur la mort
La grande diversité de positions fournies sur le problème de la mort par l'histoire de la philosophie peut se ramener à trois lignes fondamentales : Les doctrines de la chute (l’âme * descend dans le corps) / Le dualisme platonicien : Pour Platon (IVe s av JC), à la suite de Parménide (au siècle précédent), seul l'Un existe absolument. Les âmes issues de l'Un et immortelles comme lui-même, descendent dans les corps périssables. La mort se présente alors comme une libération de la prison corporelle par un retour de l’âme à l’impersonnel divin. Au XVIIe s, Descartes « L'âme est donc créée immortelle et le demeure quand la machine qu'est le corps cesse de fonctionner » puis Malebranche et Kant (au siècle suivant) seront les successeurs du «platonisme de l'âme ». Mais, pour eux l’immortalité de l’âme est personnelle. Les doctrines de l'information (l’âme informe) / L’unité substantielle aristotélicienne : Pour Aristote (1/2 s après Platon) l'âme est contemporaine du corps pour lequel elle joue la fonction de principe immanent d'animation. Dans la mort, corps et âme s'évanouissent en même temps. Toutefois - et c'est ici que réapparaît le platonisme, pour Aristote, une partie de l’âme (celle qui rend possible l’activité intellectuelle la plus abstraite) s’en retourne de façon impersonnelle à son essence divine, comme le rayon s’en retournerait au soleil qui l’a produit. Liens avec le christianisme : Dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, avec notamment St Augustin, la « métaphysique chrétienne » s’est appuyée sur le néo-platonisme, puis, au XIIIe s, avec St Thomas d’Aquin, s’est résolument insérée dans le courant aristotélicien. L'immortalité de l’âme, cependant, subit une sorte de recul (elle n’est plus impersonnelle et systématique), ce qui servira à mieux garantir la résurrection personnelle (corps et âme) pour celles et ceux qui le méritent. Les doctrines de la dispersion (âme et corps disparaissent) / Le monisme matérialiste : À l'encontre de Parménide et Platon pour qui l'Être-Un est fondamental, Leucippe et Démocrite (Ve s av JC) partent de la multiplicité. Le monde est constitué d'une multitude infinie d'atomes incréés, impérissables : petits éléments de plein et de vide qui passent du chaos originel à l'ordre du cosmos en se brassant pour former toutes sortes de figures. Aucune raison de faire appel à une intelligence organisatrice, qu'elle soit transcendante ou immanente, puisque l'infinité des atomes en mouvement suffit à expliquer les résultats que nous voyons. L'âme, comme le corps, est composée d'atomes. À la mort, le corps se corrompt, et les atomes de l'âme se dispersent dans la grande circulation universelle. À son tour, Épicure (IV e s av J), confirme : « Ceux qui disent que l'âme est incorporelle parlent sottement. Car, si elle était telle, elle ne pourrait ni agir, ni pâtir ». Et Lucrèce (épicurien romain) dira 3 siècles plus tard : « Avec la vieillesse et la mort, la substance de l'âme se dissipe, telle la fumée, dans les hautes régions de l'air ». Comte et Marx, au XIXe s, donneront à ce matérialisme une forme plus élaborée : le premier en réduisant le psychisme à une biologie dynamique, et le second en le considérant comme une supra structure dérivée d'une infrastructure socio-économique. Mais tous deux cependant reconnaissent à l'homme une certaine immortalité : sociale bien entendu, c'est-à-dire inscrite dans la mémoire des hommes et dans l'humanité en devenir. (*) Âme : Ce qui permet de se mouvoir, de sentir et de ressentir. L’âme est toujours individuelle et singulière, c’est ce qui la distingue de l’esprit.
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Questions : L’esprit existe-t-il indépendamment de la matière ?
L’éternité suppose-t-elle l’immortalité ? La mort : dernier ou grand voyage ?
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L’esprit existe-t-il indépendamment de la matière ?
Animation Michel Escudier Pensée et esprit sont-ils d’essences distinctes ? Monisme ou dualisme ? Matérialisme ou idéalisme ?
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1. L’esprit existe-t-il indépendamment de la matière ?
Esprit et pensée sont d’essences distinctes pensent les idéalistes. Selon Platon (allégorie de la caverne), l’esprit / le monde des idées (la vérité) est à l’extérieur de la caverne, tandis qu’à l’intérieur, dans le monde sensible qui n’est qu’illusion, l’homme ne fait que penser. Disjoint de la matière, l’esprit est radicalement immatériel et tend à revêtir un caractère transcendant voire sacré pour les spiritualistes. La pensée ne peut que tendre vers l’esprit qui lui préexiste et qui a pour vocation de la guider. Pour un idéaliste pensée et esprit appartiennent chacun à deux mondes distincts (dualisme) : D’origine matérielle est la pensée qui émane du cerveau. Immatériel est l’esprit qui transcende la pensée et la guide de l’extérieur. Esprit et pensée sont de même essence estiment les matérialistes. Pour un matérialiste, l’esprit n’est autre que la puissance de penser dans sa volonté de recherche de la vérité. « L’esprit n’est pas une hypothèse, puisqu’il est incontestable que nous pensons » » disait Alain. « L’esprit, c’est le corps en acte, en tant qu’il à la vérité en puissance » dit Comte-Sponville. L’esprit ne transcende pas la pensée de l’extérieur, il en émane. Il ne s’agit plus alors de transcendance mais d’immanence. L’esprit n’est que le prolongement de la matière qui constitue le tout et auquel rien ne saurait échapper. Sans le support matériel, sans le cerveau, aucune pensée, aucun esprit ne sauraient exister. Pour un matérialiste, rien ne saurait échapper à la nature, à la matière (monisme). Ni la pensée, ni l’esprit n’échappent à l’essence matérielle de tout ce qui existe. Aucune rupture essentielle ne saurait exister entre le monde matériel et le monde des idées. Les idées, la pensée, l’esprit, ne transcendent pas le monde matériel, ils en émanent. Oui, l’esprit existe indépendamment de la matière (en l’occurrence du corps) tendent à répondre, d’une façon ou d’une autre, les idéalistes. Non, répondent les matérialistes, l’esprit ne saurait exister indépendamment de la matière dont il émane.
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L’éternité suppose-t-elle l’immortalité ?
Qu’est-ce que le temps : une durée ou une dynamique ? Immortalité et éternité sont-elles du même ordre ?
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2 . L’éternité suppose-t-elle l’immortalité ?
Qu’est-ce que le temps ? Une durée,l’aiôn des stoïciens ? Conçue ordinairement comme la somme du passé, du présent et de l’avenir La durée n’est en pratique que la somme du passé et de l’avenir puisque le présent n’a pas d’épaisseur, de durée, car s’il durait on pourrait toujours le diviser en passé et avenir. D’où, la durée ne serait qu’un temps abstrait (sans existence) puisque le passé n’existe plus et que l’avenir n’existe pas encore. Ou la continuation indéfinie de l’univers (le Tout), le chronos des stoïciens ? Non pas la somme d’un passé et d’un avenir, mais la perduration du présent. Non pas un temps abstrait, mais au contraire concret, celui de la nature et de l’être. Le temps est-il durée ou continuation; abstraction ou acte; pensée ou devenir; non-être ou l’être même (l’être-temps d’ACS) ? Immortalité et éternité sont-elles du même ordre ? Est éternel ce qui a toujours existé et existera toujours. Mais si tout change inexorablement au fil du temps, l’éternité n’est-elle pas : hors du temps, intemporelle comme la vérité ou le temps lui-même (chronos), l’éternel présent de l’être-temps ? Est immortel ce qui ne peut mourir, autrement dit, ce qui résiste au temps. Résister au temps, faire durer le passé, ne revient-il pas à nier le temps-chronos au profit du temps-durée ? Les notions d’immortalité et d’éternité ne coïncident-elles que si l’on confond le temps-durée (aiôn) avec le temps dynamique (chronos), une abstraction avec la vie ? Si l’immortalité est du même ordre que le temps-durée, n’est-elle pas comme lui une abstraction et d’un autre ordre que l’éternité vraie, celle de l’éternel présent ?
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La mort : dernier ou grand voyage ?
Disparition , dispersion, dissémination ou renaissance, réincarnation, résurrection ? Monisme ou dualisme du corps et de l’esprit ? Une persistance identitaire ? Consciente ou pas ?
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3. La mort : dernier ou grand voyage ?
Un grand voyage n’implique-t-il pas un profond dépaysement et/ou une transformation importante de l’état d’esprit de celui qui se déplace ? Parler de voyage au sujet de la mort, quelle qu’en soit la forme (renaissance, résurrection, réincarnation…), n’est-ce pas de facto souscrire au dualisme de l’âme et du corps, de l’esprit et de la matière ? Comment en effet pourrait-on parler de voyage si la mort du corps allait de pair avec celle de de l’âme ou de l’esprit ? Mais peut-on vraiment parler de voyage si rien de la conscience individuelle du sujet ne perdure après la mort ? S’il paraît assez clair que parler de ‘’grand voyage’’ au sujet de la mort renvoie au dualisme de l’esprit et de la matière, cela ne suppose-t-il pas aussi une certaine persistance identitaire du sujet ? Dernier voyage ? N’est-ce pas au concept de dernier voyage que les doctrines de la « disparition corps et âme » renvoient (du monisme de l’antiquité au monisme matérialiste moderne) ? Mais plutôt que disparition; dilution, dispersion ou dissémination ne conviendrait-il pas mieux ? Pourquoi disparaître en tant qu’être conscient, agissant et/ou réagissant devrait-il impliquer la disparition totale, l’oubli complet, de ce qui fut ? La mort ne serait-elle pas plutôt une dissémination ultime, qui, par extension de la dispersion naturelle en botanique, s’appliquerait aussi aux humains, tant sur le plan de la matière par transmission génétique que de l’esprit par héritage culturel de connaissances et de valeurs ? N’est-ce pas à la mort en tant que dernier voyage que le monisme de l’esprit et de la matière renvoie ? A moins que ce ne soit plutôt la fin du voyage par suite de l’anéantissement de l’ego. Même si personne ne meurt tout à fait à la fin du voyage puisque chacun laisse son emprunte…. Pourquoi la mort qui ne s’expérimente pas, ne déboucherait elle pas sur un mystère (quelque que chose que l’on ne peut comprendre mais à quoi l’on croit) ? Mais, ne quitte-t-on pas alors le domaine de la philosophie pour celui de la foi, en courant le risque de prendre pour vérité ce qu’on espère ?
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En guise de conclusion « Néant ou renaissance ? Une autre vie ou plus de vie du tout ? Entre ces deux voies, c’est à chacun de choisir, et l’on peut même – comme les sceptiques, comme Montaigne peut-être – refuser de choisir : laisser la question ouverte et habiter cette ouverture qui est vivre. Mais c’est une façon encore de penser la mort, et il le faut bien. Car comment ne penserait-on pas à cela même qui est - pour toute pensée, pour toute vie - l’horizon ultime ? » André Comte-Sponville / Présentations de la philosophie / Extraits de « La mort » et « Le temps » « Exister, c’est résister; Penser, c’est créer; Vivre, c’est agir » dit encore ACS. Soit, mais comment ne pas penser alors que la mort soit reposante !
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Extrait du sondage SOFRES sur la mort pour Philosophie-magazine (septembre 2010)
Que pensez-vous des affirmations suivantes ? D'accord Pas d'accord Sans opinion Ce serait formidable d'être immortel 27% 67% 6% La réincarnation est quelque chose de crédible 62% 11% Il est probable qu'il y ait quelque chose après 46% 39% 15% Alors qu’ils refoulent l’angoisse de la mort, 67 % des français n’aimeraient pas qu’on les en débarrasse ! Ils ne veulent apparemment pas plus se projeter dans l’immortalité et dans l’au-delà qu’anticiper l’horizon de leur propre mort. En bons épicuriens, c’est la vie, ici et maintenant, délimitée dans le temps, qu’ils veulent cultiver, écrit Philo mag (n° 44, nov 2010)
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Vous pourrez retrouver ce diaporama ainsi qu’une liste de citations sur :
le site de la MAM le site du café-philo d’Agde :
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