Des conditions préalables

Présentation au sujet: "Des conditions préalables"— Transcription de la présentation:

1 UIA Novembre 2016 La naissance du reportage : de la littérature au journalisme

2 Des conditions préalables
Un genre ne naît que si certaines conditions sont réunies pour son émergence (travaux de Vaillant, Thérenty, Wrona, Jeanne-Perrier) Pour le reportage, les conditions importantes concernent le contexte juridique et le développement avancé de certaines techniques de communication, de diffusion et… de transports Le reportage coûte et a toujours coûté de l’argent (aujourd’hui, naissance du reportage co-financé, avec la participation des futurs lecteurs, la base de certains nouveaux sites, comme Les Jours) Naissance lorsque la presse est plus libre, largement diffusée : comme un âge d’or, celui de la République

3 Des conditions préalables
Pour les conditions techniques, les informations peuvent être transmisses, soit par le télégraphe, soit par le téléphone Le reportage passe de « petit » à « grand » et formalise alors le passage du travail de l’échotier au journaliste Le grand reportage représente alors à ce moment précis un genre à part entière, qui peut se lire : le cas Albert Londres, aujourd’hui, des formes différentes, avec la diffusion des « mooks », ces livres-magazines Le reportage se formalise aussi par des « sources » et des techniques d’enquête : la relation humaine, l’interaction… ou la donnée, comme dans Le secret le mieux gardé du monde. Le roman vrai des Panama Papers

4 Comment le reportage se développe-t-il ?
C’est une approche du « terrain », qui lance l’idée d’une possibilité d’un genre à part : le reportage part, selon A. Wrona, du petit reportage, celui du récit criminel, le « petit fait vrai ». Mais ce n’est pas tant le fait qui peut intéresser, que le parcours vers la résolution du fait : l’enquête, la passion enquêtrice au long cours va susciter un engouement à la fois chez les journalistes et chez les lecteurs. Le récit ne se bâtit pas sur la description d’un crime, d’une situation, mais sur la possibilité, par l’écrit et la photographie, de mener un parcours aux côtés d’un journaliste, qui lui-même s’approche des policiers, etc C’est la présence sur place, le déplacement du journaliste qui comptent

5 La notion de terrain Le journaliste se rend sur place, il voit, il retrace les événements, il les vit également, il participe et raconte : il rapporte, il est capable de voir pour les lecteurs (A. Wrona : « l’art de voir » Le grand reporter va rapidement jouir d’une grande aura, il ne s’intéresse pas aux « petits faits », mais il vit les grandes situations, les grands événements, les guerres, les catastrophes, les élections, les couronnements, etc Il (non elle…) vit la situation, partage les hauts et les bas des sources qu’il sollicite Il a un talent, une plume, il sait faire remonter des profondeurs humaines des situations extraordinaires

6 Un individu ordinaire ? Un héros du quotidien
Le journalisme se spécialise alors, le journaliste reporter est un héros qui s’arrache au quotidien, il est une figure positive, comme dans les romans de Jules Verne. Surtout, il offre des caractéristiques qui permettent la projection, il pourrait être un des lecteurs, qui pourrait dans son quotidien devenir aussi un enquêteur (aujourd’hui, on retrouve cette logique de projection dans la figure du « lanceur d’alerte », celui ou celle qui peut découvrir une situation problématique, se met en danger, pour le bénéfice commun) Des relations complexes qui se mettent en place avec les sources : les policiers, les témoins qui sont sollicités par les reporters

7 Les caractéristiques du reportage et du/de la reporter
La capacité à quitter la rédaction, le journal, sur le long cours Figure proche par exemple de Florence Aubenas : elle devient ouvrière et femme de ménage dans Quai de Ouistreham La capacité à être courageux, à se surpasser, à vivre des situations complexes, c’est le modèle du journaliste à l’américaine, qui va chercher des faits, qui va « fouiner dans les profondeurs de la société », qui va jouer aussi de contre-modèle au grand reportage à la française (années 1880 et début 1900) Sur le courage moral, voir Sur le journalisme, par Joseph Pulitzer, Editions Circé, 2011, pp. p. 37 « Peut-on enseigner le courage moral ? », à propos de la création de l’école de journalisme de l’université de Columbia, aux Etats-Unis

8 Les écrins du grand reportage
La correspondance de guerre est l’une des formes majeures du grand reportages, dès les origines. Les correspondants de guerre ont la réputation la plus prestigieuse, souligne A. Wrona (et toujours le cas : Prix Bayeux du correspondant de guerre) Exemples de journaux « écrins du grand reportage » : Le Matin, Le Temps, Le Figaro Sont transmises des informations sur les années 1870_1880 portant sur des expéditions coloniales, des guerres européennes, des expéditions d’exploration (Pôle Sud)

9 Les écrins : suite, des journaux financés par des industriels et des politiques
Les conditions du grand reportage sont difficiles, mais parfois permettent aussi de rencontrer des « grands personnages », très vite également, les reportages sont mis en série : deviennent des livres, ce n’est pas un phénomène récent, la carrière du journaliste est donc celle d’un écrivain, écrivant puis aussi peut devenir attaché d’ambassade Le cas du Temps, journal de prestige, des élites de la troisième Rép. Mais ensuite « mouillé » dans le scandale des actions du canal du Panama (déjà dans les années 1890 ! ) Voir : Le cas d’Albert Londres, témoin aventurier de récits de guerre, de voyages : croisement des genres et des métiers, des parcours

10 Le grand reportage aujourd’hui
Un genre difficile à financer Des terrains renouvelés : sortir, partir loin, oui, mais pour se coordonner avec d’autres rédactions, quand l’enquête a été menée ailleurs Retourner sur des terrains du quotidien, du banal, avec l’exemple du blog de Serge Michel, Le Bondy Blog, une expérience d’immersion en banlieue, par un journaliste suisse Ce qui est au cœur de la pratique : le sens de l’observation, le goût de la transmission et du récit, quelle qu’en soit la forme finale : écrit, film, webdocumentaire, etc…