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1. Étymologie / Définitions

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Présentation au sujet: "1. Étymologie / Définitions"— Transcription de la présentation:

1 1. Étymologie / Définitions
Carpe diem 14ème année / 120ème Café-Philo agathois préparé avec Monique Gingembre et Marc Bazille 1. Étymologie / Définitions 2. Citations choisies 3. Notions / Concepts / Prises de vues : L’épicurisme est-il un hédonisme ou un eudémonisme ? 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question 5. En guise de conclusion

2 Étymologie et définitions
Carpe diem vient du latin carpo , cueillir et de diem, jour. L’expression « cueille le jour » est tiré d’un vers du poète Horace (22 ou 23 av JC) Carpe diem quam minimum credula postero, littéralement, Cueille le jour et sois le moins crédule possible pour le jour suivant. Définitions : Dictionnaire Larousse sur internet (extrait) : Expression latine signifiant cueille le jour ! Mots d'Horace rappelant que la vie est courte, et qu'il faut se hâter d'en profiter. Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville (extrait) : « Cueille le jour ». Notre époque hédoniste et velléitaire y voit volontiers le summum de la sagesse. Il faudrait vivre dans l’instant, profiter du moment présent, prendre les plaisirs comme ils viennent… Et certes je ne conteste pas qu’il y ait là comme une sagesse minimale. De là à croire que le farniente et la gastronomie pourraient tenir lieu de philosophie, il y a malgré tout un pas qu’on évitera de franchir.

3 Citations choisies Par Monique :
« L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe.» de Gustave Flaubert Par Marc : « Mon passe-temps favori, c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps. » de Françoise Sagan Par Jean-Paul : « Rien n'a plus de valeur qu'aujourd'hui.» de Johann Wolfgang Goethe

4 Notions / Concepts / Prises de vues
Epicurisme : hédonisme ou eudémonisme ? Hédonisme : Etymologiquement, hédonisme vient du grec hedonê qui signifie plaisir. Au sens ordinaire, c’est l’attitude qui consiste à aimer les plaisirs des sens de façon immodérée, jusqu’à éventuellement lui sacrifier toute moralité (Don Juan par ex.) Philosophiquement, c’est la doctrine qui fait du plaisir le souverain bien. Eudémonisme : Etymologiquement, eudémonisme vient du grec eudaimonia qui signifie bonheur (de eu, bon et daimon, génie). Philosophiquement, c’est la doctrine qui fait du bonheur le souverain bien. S’il n’y a pas de bonheur possible sans plaisir, tous les plaisirs ne se valent pas pour être heureux plus durablement. L’eudémonisme est une éthique du plaisir qui rend le bonheur inséparable de la vertu.

5 Notions / Concepts / Prises de vues
Epicurisme : hédonisme ou eudémonisme ? (suite) Epicurisme : Etymologiquement, le substantif formé à partir d’Epicure ne nous apprend pas grand-chose. Au sens ordinaire, c’est la recherche exclusive et effrénée du plaisir donc un hédonisme. Au sens strict, c’est la doctrine philosophique d’Epicure (philosophe grec, av JC) et de ses disciples (notamment Lucrèce, philosophe et poète romain, av JC), fondée sur un idéal de sagesse selon lequel le bonheur (la tranquillité d’âme / l’ataraxie) est le but de la morale. Épicure distingue trois catégories de plaisirs / désirs : Les plaisirs/désirs naturels et nécessaires : manger et boire quand on a faim et soif par ex. Les plaisirs/désirs naturels mais non nécessaires : manger des mets raffinés par ex. Les plaisirs/désirs ni naturels ni nécessaires : le désir de gloire, de richesse par ex. Quoique Epicure soit un farouche défenseur de la recherche du plaisir, pour lui, seuls les désirs naturels doivent être recherchés car les désirs non naturels (qui relèvent de notre volonté d’en avoir toujours plus) nous conduisent nécessairement à la souffrance. Contrairement à ce que l’on croit souvent, en tant que recherche raisonnée du plaisir, l’épicurisme n’est-il pas un hédonisme ascétique de l’ordre de l’eudémonisme ? Si l’épicurisme est un eudémonisme et non un hédonisme, quid concernant carpe diem ? Est-ce de l’hédonisme ou de l’eudémonisme ? Une invitation à la satisfaction de tous nos désirs ou une invitation au plaisir raisonné ?

6 QUESTIONS A quoi nous invite carpe diem ?
Peut-on se contenter de l’instant présent ? Si carpe diem est nécessaire, est-il suffisant ?

7 A quoi nous invite carpe diem ?
Animation Marc Bazille Une invitation à la satisfaction de tous nos désirs ? Ou une invitation au plaisir raisonné ?

8 1. A quoi nous invite carpe diem ?
Une invitation à la satisfaction de tous nos désirs ? La manière la plus simple de concevoir le bonheur n’est-elle pas d’affirmer qu’il consiste à satisfaire tous nos désirs, comme le voulait Calliclès, personnage d’un dialogue (avec Socrate) de Platon, le Gorgias ? De ce point de vue, Don Juan n’est-il pas un hédoniste au sens de Calliclès dès lors qu’il cherche à satisfaire sans cesse tous ses désirs, notamment ses désirs de conquêtes féminines ? Par delà l’aspect moral (l’égoïsme), la satisfaction hédoniste de tous les désirs, y compris les plus fous, n’est-elle vouée in fine à l’échec et à la frustration à l’instar de la métaphore du tonneau des danaïdes ? Si carpe diem est une invitation hédoniste à la satisfaction de tous nos désirs, n’est-elle pas un leurre de l’égocentrisme qui risque d’avoir des conséquences néfastes tant vis-à-vis de soi qu’à l’égard d’autrui ? Une invitation au plaisir raisonné ? Cueille le jour ! La métaphore de la cueillette, ne nous inviterait-elle pas à choisir délicatement les fleurs qui se présentent, plutôt qu’à vouloir toutes les ramasser indifféremment ? De ce point de vue, l’expression Carpe diem, ne nous inviterait-elle pas : A la connaissance de soi, afin de ne cueillir que ce qui est bon pour soi ? A être responsable, non pas comme si demain n’existait pas, mais afin de se maintenir en joie ? Autrement dit, en ré-jouissance plutôt qu’en pure jouissance. Jouissance à la fois moins égocentrée et plus durable, mais aussi plus complète -car spiritualisée- qu’une simple jouissance. A rester en joie, en ne cueillant, comme dirait Spinoza, que ce qui augmente notre puissance d’exister et d’agir (les passions joyeuses), en délaissant ce qui la diminue (les passions tristes) ? En un mot, à l’eudémonisme plutôt qu’à l’hédonisme ? Si carpe diem est une invitation eudémoniste au plaisir raisonné, ne nous invite-t-elle pas à une joie plus durable qu’au plaisir éphémère ? Faut-il voir dans carpe diem un hymne à la jouissance sans mesure susceptible de déboucher sur l’immoralité ? Quoique cette interprétation soit possible, une autre plus subtile ne tendrait-elle pas à montrer qu’il faut certes savoir profiter de l’instant présent mais sans s’ôter la possibilité́ de jouir à nouveau dans un instant futur afin de se tenir en joie ? 8 8

9 Peut-on se contenter de l’instant présent ?
Animation Monique Gingembre Peut-on vivre dans l’instant ? Peut-on vivre autrement qu’au présent ?

10 2. Peut-on se contenter de l’instant présent ?
Peut-on vivre dans l’instant ? Qu’est-ce qu’un instant ? C’est une durée très courte, un très petit espace de temps, dit le Larousse. Mais combien de temps dure l’instant ? Comme le pensait Aristote, l’instant n’est-il pas qu’une abstraction, une limite entre deux durées (le passé et l’avenir) ? Une durée sans épaisseur qui ne durerait pas ? Qu’est-ce que vivre, si ce n’est durer ? Comme disait Bichat ( ), la vie n’est-elle pas « l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort » ? Une telle conception ne rejoint-elle pas celle de Spinoza ( ) selon laquelle le conatus (l’effort) de tout être consiste à persévérer dans son être . Vivre ne serait-il pas l’effort de vivre : le dur désir de durer , comme disait Spinoza ? De ce point de vue, l’existence de tout être (du grain de sable aux êtres vivants), ne dépendrait-elle pas de sa capacité à mobiliser tous les moyens (conscients ou inconscients) dont il dispose pour durer ? Comment pourrait-on vivre dans l’instant si l’instant n’a pas de durée et que vivre c’est durer ? 2. Peut-on vivre autrement qu’au présent ? Qu’est-ce qu’être présent ? C’est exister, se trouver quelque part, dit le Larousse. Si le passé n’existe plus et le futur pas encore, qu’est-ce qui pourrait les séparer si ce n’est le présent de l’être ? « Etre présent, c’est être ou devenir. Le présent dure, c’est à dire continue d’être présent, sans cesser de changer » dit ACS. « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », disait Héraclite ( av JC). Tout ce qui existe n’est-il pas, en effet, à la fois présent quoique changeant ? Ne faut-il pas remarquer que la mémoire et l’imagination font aussi parties du présent ? En effet, qui pourrait, ici et maintenant, penser sans se souvenir de son passé et/ou agir sans imaginer son futur ? Comment pourrait-on vivre autrement qu’au présent, si l’être est le temps-même de ce qui est, ici et maintenant ? Quoique je ne puisse vivre autrement qu’au présent, comment pourrais-je me contenter de l’instant présent dès lors que pour penser j’ai besoin de me souvenir du passé et pour agir d’imaginer le futur ? 10 10

11 Si carpe diem est nécessaire, est-il suffisant ?
En quoi carpe diem serait-il nécessaire ? Carpe diem est-il suffisant pour donner un sens à sa vie ?

12 3. Si carpe diem est nécessaire, est-il suffisant ?
En quoi carpe diem serait-il nécessaire ? En quoi prendre du plaisir à satisfaire ses désirs ici et maintenant serait-il nécessaire ? Malgré Platon pour qui le désir est manque, le désir n’est-il pas d’abord une puissance et le plaisir son acte ? Comme le pense Spinoza, le désir n’est-il pas la force, en chacun de nous, qui nous meut et nous émeut : notre puissance-même d’exister, donc aussi de pâtir et d’agir/notre conatus, notre persévérance à exister ? Désir et plaisir ne seraient-ils pas indissociables selon le principe de plaisir formulé par Aristote : « On choisit ce qui est agréable, on évite ce qui est pénible ». Principe qui fut repris par Epicure puis par Freud. Si la joie est le contenu-même du bonheur, comment pourrait-on se passer de la joie pour vivre heureux, ne fut-ce qu’un peu ? Quoique la joie soit moins égocentrée, plus durable et plus complète -car spiritualisée- qu’un simple plaisir, comment pourrait-on se passer du plaisir pour se tenir en joie ici et maintenant ? S’il n’y a pas de bonheur possible sans joie ni de joie sans plaisir, comment pourrait-on se passer du plaisir ? Savoir cueillir les plaisirs de la vie, comme Carpe diem nous y invite, n’est-il pas pour cette raison une nécessité ? Carpe diem est-il suffisant pour donner un sens à sa vie ? Le sens n’indique-t-il pas toujours un ailleurs ? Non pas où je suis, mais où je vais parce que je le veux ? Quoique vouée à la temporalité, ma vie n’aurait-elle que le sens que je veux lui donner ? N’y aurait-il de sens à ma vie qu’à partir du moment où je me l’approprie par la pensée en me projetant librement vers l’avenir par l’action tout en me référant à mon passé ? Bien que mes joies tout comme mes peines ne puissent exister qu’au présent, comment pourrais-je leur donner un sens sans me souvenir de leur passé ni me projeter dans l’avenir avec la volonté d’accroître l’occurrence des premières et diminuer celles des secondes en pensant et en agissant pour le bien de tous ? Si carpe diem est nécessaire pour accueillir la joie, comment pourrait-elle suffire pour diminuer la souffrance ? La vie ne vaudrait la peine d’être vécue qu’autant que nous l’aimons ? N’est-ce pas en cela que carpe diem est nécessaire ? Mais, si je veux donner un sens à ma vie en voulant la rendre plus aimable qu’elle n’est, comment, faute d’agir, carpe diem pourrait-il me suffire ? 12

13 S’interroge André Comte-Sponville
En guise de conclusion Cueillir les joies qui se présentent, ne serait-il pas dommage de s’en priver ? Mais cela ne nous dit pas quoi faire de notre vie quand la douleur ou l’angoisse nous emportent et que le plaisir n’est plus possible ? Ni si notre jouissance ne nuit pas à autrui ? Comment carpe diem pourrait-il suffire pour penser et agir afin de pouvoir donner un sens à sa vie ? « Qui peut croire que la sensualité, aussi délectable soit-elle, suffit à la sagesse ? » S’interroge André Comte-Sponville

14 Informations et documents sont disponibles sur :
Prochaines réunions MDS Agde de 18h30 à 20h :   "Tradition" : mardi 9 janvier "Hiérarchie" : mardi 13 février « Scepticisme" : mardi 13 mars MAM Béziers de 18h30 à 20h : " Peut-on choisir ses désirs ? " mercredi 17 janvier Informations et documents sont disponibles sur : 14

15 Joyeuses fêtes de fin d'année !

16 Restaurant Le concept 9 quai du Chapitre


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