Apprendre à distance : tuteur, un rôle indispensable ?

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1 Apprendre à distance : tuteur, un rôle indispensable ?
Bernadette Charlier Dans la plupart des dispositifs d ’EAD, la présence d ’ un tuteur est aujourd'hui une réalité. Cette présence est-elle indispensable ? Quelle est la fonction du tuteur, sa légitimité ? Comme à toute question simplement posée, la réponse sera complexe et nuancée. Après avoir situé la place de la médiation humaine dans un dispositif d ’EAD, j ’essaierai de décrire les rôles d ’un tuteur à distance. Nous verrons que s ’ils partagent des points communs, ces rôles peuvent être très différents selon le paradigme d ’apprentissage adopté. Enfin, j ’envisagerai les questions relatives à la prise en charge de ce rôle dans les institutions de formation. Mais avant de commencer, j ’aimerais vous faire entendre les témoignages d ’un apprenant et d ’un tuteur.

2 Pas de distance sans présence. Pas de formation sans
Pas de distance sans présence ! Pas de formation sans .. médiation et médiatisation A moins d ’être entièrement déterminée par la technologie vue comme moyen de transmission d ’informations (conduisant ainsi à une pédagogie du tuyau), tout dispositif de formation qu ’il soit à distance ou non intègre une médiation et une médiatisation. Le terme médiatisation : renvoie au phénomène de transposition d’un contenu, de sa transformation par le média, qu ’il s ’agisse de la parole, de l ’écrit, du film ou encore de l ’hypermédia. Le terme Médiation : renvoie à la possibilité de communiquer, d’interagir avec des pairs et des experts. Un dispositif de formation intègre toujours ces deux dimensions. L ’Enseignement A Distance génère de nombreuses combinaisons de celles-ci. Elles doivent toutes deux être prises en compte de manière explicite. A défaut, le risque est grand de confondre Enseignement A Distance et Internet, information et donnée, apprentissage et navigation … Plus fondamentalement, en ce qui concerne la médiation, le risque est grand de développer des dispositifs de formation inadaptés aux besoins des apprenants et des organisations. Ainsi, l ’autonomie imposée à l ’apprenant est parfois en contradiction totale avec ses besoins d ’adulte en formation.Pour tenir compte de cette réalité, la médiation apparaît aujourd'hui comme indispensable. Elle va bien au-delà de la relation pédagogique avec un tuteur et suppose également la prise en compte de la relation au groupe et à soi-même.

3 Les rôles du tuteur : des lieux et des moments communs
Groupe Tuteur Dispositif Apprenant Temps

4 Selon le paradigme d ’apprentissage adopté : des rôles différents
Nous distinguons trois types de dispositifs d ’EAD selon le paradigme d ’apprentissage adopté. Ainsi, selon le principal but poursuivi : transmettre des savoirs ; construire des connaissances et des compétences individuelles ; construire des connaissances ou des compétences d ’un groupe d ’individus, le rôle du tuteur pourra être celui d ’expert, de mentor ou d animateur. Pour comprendre ces différents rôles, il est nécessaire de caractériser davantage chacun des types de dispositif dans lesquels ces rôles sont exercés. Auparavant, j ’aimerais rappeler que toute typologie peut conduire à la caricature. Bien souvent, enseignants et concepteurs naviguent d ’un dispositif à l ’autre pour construire leur propre approche.

5 Transmettre des savoirs
A quoi correspond cette situation ? Je l ’ai dit nous sommes dans la caricature. Alors, considérons la situation suivante (toute ressemblance etc) : un étudiant navigue sur Internet et s ’intéresse à l apprentissage de l ’économie. Il consulte via un moteur de recherche l ’offre disponible et s ’inscrit à un cours. Il obtient l ’accès à des ressources : notes de cours, présentations PPT etc. et peut s ’il le souhaite faire appel à un expert en cas de difficulté. ICI INSERER RÔLE DE L ’EXPERT Cette situation peut être caractérisée par : une vision de l ’apprentissage : apprendre c ’est acquérir de nouvelles connaissances, additionner des connaissances nouvelles aux connaissances existantes ; un rôle accordé au support technologique: dans ce cas un site WEB. Il sert à transmettre des informations structurées le plus souvent en fonction de la logique de la matière (des chapitres, des concepts principaux) ; l ’évaluation : elle portera sur les savoirs acquis, leur exactitude; les autres apprenants : en principe, ils n ’ont pas de rôle explicite. Cependant, selon les cas, ils peuvent jouer le rôle de support moral ou de compétiteur. Les conditions d ’apprentissage : même si elles sont rarement explicitées sont nombreuses : alphabétisme, prérequis cognitifs, autodiraction...

6 Transmettre des savoirs : le tuteur expert
Montrer, démontrer : faites comme moi Généralise, met en évidence un modèle, une manière de faire Fournit des ressources ou des références complémentaires Incite à poursuivre la réflexion Communique une information utile à l ’ensemble du groupe ...

7 Construire des connaissances individuelles
Cette situation peut en apparence être fort proche de la précédente. Conservons donc au moins le point de départ : Dans la situation de l ’apprenant s ’inscrivant à un cours d ’économie. Qu ’est-ce qui va changer ? Tout d ’abord, l ’objectif. Le dispositif propose à l ’apprenant de construire une compétence. Par exemple, résoudre tel type de situation problème. Cette compétence pourra être construite au cours d ’exercices individuels ou de travaux de groupes (des études de cas, par exemple). Le dispositif technique qu ’il soit un site WEB ou un CD sera considéré comme un support aux activités de l ’apprenant. L ’évaluation tiendra notamment compte de processus de construction des connaissances individuelles. La vision de l ’apprentissage est donc différente. Il s ’agit pour un individu de construire de nouvelles connaissances à partir de ses connaissances individuelles. La technologie (site WEB ou campus virtuel) est un support à l ’activité des apprenants; L ’évaluation porte davantage sur l ’apprentissage et le développment individuel que sur le produit. Les conditions de l ’apprentissage sont similaires au scénario précédent. On peut cependant insister sur les capacités métacognitives.

8 Construire des connaissances individuelles :le tuteur mentor
Prépare la situation maintient l ’implication par des feedbacks fréquents suscite la réflexion : pose des questions encourage les échanges avec les autres apprenants guide : suggère une démarche, une méthode Oriente vers des ressources, un expert Le tuteur dans ce cas jouera le rôle de mentor ou d ’accompagnateur individuel. Il prépare la situation d ’apprentissage :aide l ’apprenant à expliciter ses connaissances préalables, à définir son propre projet d ’apprentissage, à comprendre l ’activité à réaliser, à utiliser les ressources qui lui sont proposées ; Il suscite la réflexion par des questions ; Il encourage les échanges avec les autres apprenants ; Il motive et maintient l ’implication par des feedbacks fréquents ; Il octroie un support méthodologique, oriente vers des ressources, des personnes.

9 Collaborer en groupe, construire des connaissances nouvelles
Dans ce cas, le point de départ peut_il être le même ? En principe pas ! Le scénario « idéal » serait qu ’un groupe existe, que ses membres se connaissent, aient des compétences différentes mais aussi communes, se fassent confiance et faisant face à une situation complexe et ouverte développent un projet commun au cours duquel chacun pourra développer des compétences individuelles par ses interactions avec les autres et au cours duquel des connaissances nouvelles seront créées.

10 Collaborer en groupe : rôle du tuteur (1)
Par rapport au groupe : aide pour circonscrire le sujet; prend part à la recherche de documentation; suggère des façons de travailler; gère les échanges synchrones; facilite la communication entre les membres du groupe; rappelle les échéances et tient un carnet de bord du groupe. Description du rôle : p Echange

11 Collaborer en groupe : rôle du tuteur (2)
Par rapport à chaque étudiant : apporte une assistance technique; aide chacun à exprimer son projet personnel et à l’articuler avec le projet du groupe; aide à réfléchir sur son processus d’apprentissage

12 Le tuteur, un compagnon pour l ’apprentissage (1)
« Ce qui émerge donc des récits décrit la situation de départ d'un apprentissage comme étant de l'ordre d'un état de malaise: un manque, un besoin, un choc, ou une rencontre avec quelqu'un qui questionne. Sur le chemin de l'apprentissage se vivent des interactions avec une personne, ou un groupe de personnes qui incitent et facilitent l'apprentissage. L'Autre, les autres, permettent la confrontation, forcent à la formulation, soutiennent, accompagnent… » D. Godet Avant de conclure en examinant les questions soulevées par la prise en charge du rôle de tuteur dans une institution de formation. Je voudrais préciser davantage son rôle comme accompagnateur de l ’apprentissage d ’un individu en vous partageant les résultats de l ’analyse menée par un groupe d ’apprenants et de tuteurs. Ensemble, ils ont repéré à partir de leur propre expérience les étapes d ’un apprentissage authentique et identifié les rôles d ’un tuteur à ces différentes étapes. ECHANGE page 65 à 68 Témoignage de dominique

13 Le tuteur, un compagnon pour l ’apprentissage (2)
«  Mais, le chemin de l'apprentissage semble le plus souvent pris seul. Et l'apprenant, après avoir mesuré l'importance et l'impact de ce qu'il apprend , le quitte seul. L'apprentissage apparaît dans nos récits comme un processus individuel. Ce processus est porté, supporté par une réelle communauté d'apprentissage dans laquelle l'autre, et /ou le groupe facilitent l'apprentissage notamment par: ses attentes, sa confiance en l'apprenant,son exigence de formulation et d'analyse réflexive » D. Godet

14 Le tuteur, un compagnon pour l ’apprentissage (3)
faire exprimer le malaise, l ’urgence susciter la rencontre créer un climat de confiance organiser la rencontre participe à la création du groupe maintient la relation suscite la réflexion sur l ’apprentissage, l ’auto-évaluation

15 Tuteur : un rôle à prendre en charge..
Un investissement initial lourd Une transformation des coûts fixes en coûts variables Un risque : ajouter des coûts aux coûts ! La réflexion serait incomplète, si je n ’envisageais pas une question essentielle. Si le rôle du tuteur est indispensable, comment prendre en charge ce rôle dans une institution traditionnelle ? L ’analyse que je vous livrerai ici est fondée sur un cas de mise en place du troisième type de dispositif d ’EAD présenté : l ’apprentissage collaboratif à distance. Cependant, certaines questions sont sans doute transférables aux deux autres situations. Comme pour les autres dimensions du dispositif (matérielle, par exemple) le premier investissement est lourd. Il s ’agit pour l ’essentiel de former les tuteurs et autant que possible de les faire participer au design et à l ’évaluation du dispositif. Ensuite, le suivi personnalisé ou l animation de travaux de groupe suppose l ’adéquation du nombre de tuteurs au nombre d ’étudiants. Dans une université traditionnelle, ce parallélisme est loin d ’être automatique. Il y a transformation des coûts fixes en coûts variables. Comment gérer cette situation et éviter de surajouter des coûts aux coûts ?

16 Pistes pour la prise en charge du rôle de tuteur ..
Co-production du service Mise en réseau Développement de technologie : support aux rôles du tuteur

17 Une nécessité : reconnaître le rôle du tuteur
Ou l ’importance de la relation pédagogique

18 Tuteur à distance Une expérience indispensable à tout formateur d ’adultes !