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Médiathèque A. Malraux (Béziers)
Résistance : puissance ou désobéissance ? Réunion préparée avec Michel Escudier et Michel Rumeau Médiathèque A. Malraux (Béziers) 12 juin 2013 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts / Prise de vue: Conatus (Spinoza). Révolte (Camus). Volonté de puissance (Nietzsche) Questions / Discussion : 2 questions préalables, 20 mn par question. 4. En guise de conclusion
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Étymologie et définitions
- Résistance vient du latin resistere, s’arrêter, faire face, faire obstacle à. - Puissance vient de puissant ancien participe présent de pouvoir, du latin potere. - Désobéissance contraire de obéissance, de obéissant, participe présent de obéir, du latin obeodire, prêter l’oreille à, être soumis à. Définitions : Larousse sur internet (extraits): - Résistance : Action de résister à une autorité, de s'opposer à ce qu'on n'approuve pas : Synonymes : Combativité, défense, réaction. Contraires : capitulation, fuite, obéissance. - Puissance : Force, vigueur d'une aptitude, capacité : Puissance de travail. Synonymes : Efficacité, énergie, intensité, vigueur, force, pouvoir. - Désobéissance : Refus de se soumettre à une loi. Indiscipline, esprit de rébellion, de révolte. Synonymes : Insoumission, rébellion, résistance, révolte, transgression, violation. Dictionnaire philosophique de Comte-Sponville (extrait) : La résistance est une force, en tant qu’elle s’oppose à une autre. C’est l’état naturel du conatus : tout être s’efforce de persévérer dans son être, et s’oppose par là, autant qu’il peut, à ceux qui le pressent, l’agressent ou le menacent. Ainsi la résistance d’un corps, contre un autre qui l’écrase. D’un organisme, contre les microbes. De la vie, contre la mort. D’un homme libre, contre les tyrans.
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Notions / Concepts A. Conatus (Spinoza)
Le mot en latin signifie effort, tendance, poussée ou pulsion. C’est la puissance de vivre ou d’exister. Même si on trouve le mot conatus aussi chez Hobbes, Descartes ou Leibniz, il s’est surtout imposé dans l’acception que lui donne Spinoza : le conatus d’un être quelconque, c’est son effort pour persévérer dans son être. C’est l’essence même de l’être (sa nature véritable) qui peut prendre la forme de l’appétit ou du désir (lorsqu’il est, comme pour nous, accompagné de conscience). « Ce n’est pas l’être en puissance, mais la puissance de l’être, en tant qu’elle est toujours en acte. » dit Comte-Sponvile. Le conatus d'un être, c'est sa puissance d’exister, de résister et d’agir. B. Révolte (Camus) Qu’est-ce qu’un homme révolté pour Camus ? C’est un homme qui fait volte-face, qui dit non, donc qui désobéit. Mais s’il refuse, il ne renonce pas puisqu’il dit oui à sa révolte, à son combat, aux valeurs qui le fondent ou en naissent. C’est celui qui oppose ce qui est préférable à ce qui ne l’est pas. Apparemment négative puisqu’elle ne crée rien, la révolte est profondément positive, puisqu’elle révèle ce qui, en l’homme, est toujours à défendre. Se révolter, désobéir, n'est-ce pas la seule façon de sortir du nihilisme des valeurs, du "tout se vaut, donc rien ne vaut" ?
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Notions / Concepts Volonté de puissance (Nietzsche)
Nietzsche voit dans la volonté de puissance, l’essence la plus intime de l’être. C’est pour lui une force d’affirmation, de création, de différenciation, qui fait du plaisir et de la douleur comme des faits cardinaux (tout accroissement de puissance est plaisir, tout sentiment de ne pouvoir résister, de ne pouvoir dominer est douleur). Ce n'est pas seulement "vouloir vivre", c'est la volonté de dominer et d’abord de se dominer soi. C’est la tendance de tout être, non à persévérer dans son être, comme le voulait Spinoza, mais à le surmonter, à manifester sa puissance et à l’accroître. Si pour Spinoza, l’effort pour se conserver est indissociable du désir « d’être heureux, de bien agir et de bien vivre », pour Nietzsche (qui conseille notamment de vivre dangereusement), ce n’est pas vraiment le cas. La volonté de puissance nietzschéenne, n'est-elle pas une espèce de conatus qui tendrait moins à la conservation de soi-même (comme le voulait Spinoza) qu’à son dépassement, qu’à l’extension, dut-elle être fatale, de sa propre puissance ?
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QUESTIONS * * * Résistance : puissance ou désobéissance ?
Deux questions préalables : Résistance : volonté ou refus de puissance ? Résister, est-ce désobéir ? * * * Résistance : puissance ou désobéissance ?
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Résistance : volonté ou refus de puissance ?
Animation Michel Escudier La puissance n'est-elle pas d'expression multiforme ? Qu'est-ce que résister ?
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1. Résistance : volonté ou refus de puissance ?
La puissance n'est-elle pas d'expression multiforme ? Toute expression de puissance n'est-elle pas par nature soit offensive, soit défensive ? Offensive, en tant que volonté de domination, de surpassement, comme le voulait Nietzsche ? Ou plutôt défensive, en tant que puissance d’exister, de résister et d’agir, comme le voulait Spinoza ? Si la volonté de puissance selon Nietzsche est une espèce de conatus, ne tend –il pas moins à la conservation de soi-même (comme le voulait Spinoza) qu’à son dépassement, qu’à l’extension, dut-elle être fatale, de sa propre puissance ? Résistance ? Si la résistance est une force qui s'oppose autant qu'elle peut à ce qui la presse, l'agresse ou la menace, n'est-elle pas par nature plus défensive qu'offensive ? Si la résistance est l'état naturel du conatus en tant que tout être s’efforce de persévérer dans son être, ne l'est-elle pas plus au sens de Spinoza qu'au sens de Nietzsche ? Comme son étymologie l'indique (resistere : s’arrêter, faire face, faire obstacle à), la résistance n'est-elle pas par nature plus défensive qu'offensive ? Si, à n'en pas douter, la résistance est l'expression d'une puissance, n'est-elle pas par nature davantage de l'ordre du conatus au sens de Spinoza qu'au sens de Nietzsche ? Plus défensive qu'offensive ? Plus une puissance d'opposition qu'une puissance conquérante ? Plus un refus de puissance qu'une volonté de puissance ? 7
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Animation Michel Rumeau Résister est-ce seulement désobéir ?
Résister, est-ce désobéir ? Animation Michel Rumeau Qu'est-ce que désobéir ? Résister est-ce seulement désobéir ?
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2. Résister, est-ce désobéir ?
Qu'est-ce que désobéir ? Toute désobéissance ne consiste-t-elle pas à refuser de se soumettre à une loi, à une autorité ou à un pouvoir contraignant. En ce sens, toute désobéissance n'est-elle pas synonyme d'indiscipline, d'esprit de rébellion ou de révolte ? Un homme révolté au sens de Camus n'est-il pas en effet un homme qui fait volte-face, qui dit non donc qui désobéit ? Désobéir, n'est-ce pas dire non à ce qui nous contraint ? Toute désobéissance n'est-elle pas une révolte contre l'ordre établi ou l'autorité qui l'incarne ? Résister est-ce seulement désobéir ? Pour Camus un homme révolté c'est celui qui oppose ce qui est préférable à ce qui ne l’est pas. S'il refuse, s'il désobéit, s'il dit non, il ne renonce pas puisqu’il dit oui à sa révolte, à son combat et aux valeurs qui le fondent ou en naissent. Apparemment négative puisqu’elle ne crée rien, la révolte en tant que résistance n'est-elle pas profondément positive, puisqu’elle révèle ce qui, en l’homme, est toujours à défendre ? Résister n'est-ce pas, avant tout, lutter pour les valeurs qu'on défend ? Si résister c'est désobéir et dire non, comment cela saurait-il s'y réduire, dès lors que résister c'est aussi dire oui aux valeurs qu'on défend ? 9
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Résistance : puissance ou désobéissance ?
Résistance et puissance, soit, mais avec quelle éthique ? Résistance et désobéissance, soit, mais jusqu'où ?
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3. Résistance : puissance ou désobéissance ?
Résistance et puissance, mais avec quelle éthique ? Exister, n'est-ce pas s'efforcer d'être et de durer, autrement dit insister ? "Seul l'infini est pure affirmation. Toute chose finie peut être limitée ou détruite par une autre de même nature." dit Spinoza. N'est-ce pas ce qui nous voue à résister ? Le conatus au sens de Spinoza n'est-il pas précisément cette puissance singulière d'affirmation et de résistance comme dit Laurent Bove ? Puissance par laquelle chaque être tend à persévérer dans son être en résistant à l'écrasement ou à l'oppression ? Si l'éthique Nietzschéenne est une éthique de la puissance et du dépassement de soi, donc pas forcément morale, celle de Spinoza n'est-elle pas une éthique morale éclairée par l'amour et les valeurs qu'il sous-tend ? Puissance et résistance aux noms des valeurs morales éclairées par l'amour, l'éthique spinoziste n'est-elle pas moins problématique que l'éthique nietzschéenne ? Résistance et désobéissance, mais jusqu'où ? "Ce qui détruit l'obéissance est anarchie, ce qui détruit la résistance est tyrannie" disait le philosophe Alain. Résister au nom de valeurs qu'on défend, qui pourrait s'y opposer ? En revanche, résister à tout propos, indépendamment de toute valeur, ne conduit-il pas systématiquement à l'anarchie ? Comme dit Laurent Bove : Si c'est l'obéissance qui fait le sujet, n'est-ce pas la résistance qui fait le citoyen ? Obéir en résistant, comme disait Alain, n'est-ce pas là tout le secret ? 11
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« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen.
En guise de conclusion « Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre ; par la résistance, il assure la liberté. » Disait Alain Entre ces deux vertus antagonistes, saurons-nous faire les bons choix ?
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