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La pensée vulgaire et l’éradication de la variole

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Présentation au sujet: "La pensée vulgaire et l’éradication de la variole"— Transcription de la présentation:

1 La pensée vulgaire et l’éradication de la variole
Daniel Courgeau (Ined)

2 Nous allons examiner ici la mise en place, les objections et les réticences à l’inoculation, puis à la vaccination contre les épidémies de petite vérole, appelée de nos jours variole, qui sévissaient de façon catastrophique dans le passé. Cette action sur la mortalité va se heurter à des sentiments divers qui affectent la population, dont nous montrerons les diverses manifestations, en différents pays, à travers les mémoires des médecins, des articles de la presse de l’époque et les prises de position des autorités religieuses.

3 1. L’inoculation Nous laissons de coté les origines de l’inoculation, difficiles à tracer dans le passé, pour examiner sa mise en place dans divers pays. Timone décrit cette méthode dans les Philosophical Transactions en 1713, et en donne une description détaillée. Il est suivi par Pylarinos en 1716, qui indique que la variole communiquée est toujours bénigne. C’est cependant sur ce risque que les discussions sur l’utilité de cette inoculation ont porté sur 80 ans dans diverses parties du monde.

4 a. Rejet en Angleterre Introduite en Angleterre en 1721 par Lady Montagu, ayant peu de connaissances médicales, mais passionnée par cette nouvelle procédure (pratiquée par le Dr Maitland)  noblesse Réaction de la population ordinaire  opération couteuse et compliquée, crainte d’une contagion Réaction des médecins  forte résistance: critiques de Wastgaffe Réaction des religieux  nombre de prêches contre l’inoculation: condamnation de Massey

5 Réponse immédiate de Maitland (en fait Arbuthnot) à ces diverses attaques:
Pour les médecins: utilise les bulletins de mortalité de Londres, comme Graunt, ou de Breslaw  ramène la mortalité par variole d’1/10 à 1/100, mais résultats approchés Pour les religieux: si diminuer la crainte de mourir de maladies attrapées par hasard est un mal, alors un médecin efficace devient une nuisance publique Résultats statistiques améliorés par Nettleton et par Jurin en utilisant un grand nombre d’observations: réduction de 13% à 2%

6 b. Rejet en Nouvelle-Angleterre
Introduite par des pasteurs Puritains: Increase Mather et Cotton Mather, qui indiquent que l’inoculation était déjà pratiquée en Afrique Essayent en vain d’impliquer les médecins de Boston pendant l’épidémie de 1721: seul le Dr Boylston y répond, mais ne peut inoculer que 287 patients  résultats proches de ceux de Jurin Boylston est un excellent médecin, bien que formé par son père, C. Mather est membre de la Royal Society de Londres. Mais cela n ’empêche pas le rejet par les médecins et les religieux

7 Dès 1722, Douglass, le seul médecin de Boston qui ait fait ses études en Europe attaque les inoculateurs. Contre les religieux, il utilise l’argument des sorcières de Salem et celui d’utiliser le savoir d’esclaves noirs. Contre le médecin il indique qu’il n’a pas reçu de formation en Europe Du coté de la religion seuls 6 ministres du culte contre 10 prirent le parti de Mather. Williams indique que l’inoculation est l’œuvre du diable et ressort l’argument des sorcières de Salem. La presse et la population de Boston condamnent l’inoculation et en viennent à des actes extrêmes Cela cessa avec la fin de l’épidémie

8 Tableau1 : Mortalité par épidémies de variole à Boston durant le XVIIIème siècle
Année Variole naturelle Décès Taux p Variole inoculée Décès Taux p On voit les progrès de l’inoculation dans cette ville, lents pendant la première moitié du siècle, mais importants dès 1752 On voit également la faible mortalité par variole inoculée comparée à la forte mortalité lorsque celle-ci est naturelle En 1792 les cas de variole naturelle ne représentent plus qu’une très faible partie de l’ensemble: 2,5% Le Royal College of Physicians recommande l’inoculation dès le milieu du siècle comme une pratique sûre et efficace

9 c) Rejet en France Dès le décès du régent en 1723, Louis XV imposa pendant 30 ans la vision négative de l’Ecole de Médecine (Hecquet, de la Vigne de Frêcheville)  il mourut de la variole en 1774! Cependant Voltaire dès 1734 écrivit dans les Lettres philosophique, interdites en France, en faveur de l’inoculation Dès 1754 de La Condamine présente à l’Académie des Sciences un mémoire sur l’inoculation: lors du troisième mémoire présenté en 1765 il constate le peu d’effet de son action: on y compte seulement un millier d’inoculés

10 Daniel Bernoulli essaye en 1760 de modéliser l’action des épidémies de variole
Il calcule, sous un certain nombre d’hypothèses, le gain d’espérance de vie que l’inoculation de toute la population ferait gagner: le gain est de 2/17 de la vie moyenne naturelle D’Alembert, bien qu’il ne rejette pas cette pratique, indique avec raison qu’il n’est pas suffisant de se contenter de l’espérance de vie: la valeur accordée par un homme à un événement présent est différente de celle qu’il accorde à un événement futur. Les arguments objectivistes qui rendent l’inoculation avantageuse pour l’Etat, ne valent plus rien contre les arguments subjectivistes que lui opposent les particuliers

11 On voit ici apparaître la nécessité d’une probabilité subjective
Une réponse partielle a été fournie par Bayes en 1763, mais le Journal Encyclopédique indique que les plus grands algébristes avouent qu’ils n’y comprennent rien Condorcet en 1770 y répond plus précisément, et Laplace en 1744 résoudra ce problème. Il indique cependant: je ne parle point ici de l’inoculation matière difficile et importante sur la quelle je pourrais faire un mémoire particulier. Il ne l’a malheureusement jamais rédigé.

12 C’est enfin De Finetti qui en 1937 axiomatise les probabilités subjectives: pour lui un événement est toujours un fait singulier et il refuse de parler de la probabilité d’un phénomène plus général Ce raisonnement va parfaitement s’appliquer à la considération par une mère de l’inoculation de son enfant. Celle-ci tant que le risque de décès après inoculation ne sera pas nul, refusera cette opération car elle ‘sent’, comme le dit De Finetti, très fortement la menace de la priver d’un enfant alors qu’il n’est pas atteint par la maladie. Si ce risque est entièrement supprimé, ou plutôt si la population pense qu’il l’est, alors cette opération sera acceptée: c’est ce qui va se passer pour la vaccination

13 2. La vaccination Comme pour l’inoculation la vaccination était déjà pratiquée avant son introduction par Jenner Nombre de fermiers anglais savaient depuis longtemps qu’un individu en contact avec les vaches ayant la variole bovine, ne contractait jamais la variole En 1774 le fermier Jesty vaccina sa femme et ses enfants, mais il fut violemment pris à partie par ses voisins En 1798 le chirurgien Fewster indique qu'il ne voit pas grand avantage à l’inoculation par la variole bovine, et que l’inoculation par la variole humaine semble être si bien comprise qu’il n’y a que très peu d’utilité à un substitut

14 Jenner rédigea un article pour la Royal Society en 1797, qui le rejeta en raison de données insuffisantes: il publia l’année suivante sa monographie à son propre compte Etant venu à Londres pour sa publication, celle-ci fut rejettée par ses collègues comme non naturelle et même dangereuse Il reçut un peu plus tard une lettre d’un médecin l’informant de l’efficacité de son vaccin Cette lettre transmise aux collègues du médecin ouvrit la voie à un début d’acceptation de la vaccination Cependant l’argumentation statistique de Jenner était très faible et sa démonstration portait sur l’observation de 23 cas seulement, alors que les statistiques sur l’inoculation portaient sur des milliers de cas

15 Woodville indique en 1800 que sur 2000 personnes vaccinées aucune n’a eu de symptômes de la variole dans les 8 mois suivants Dès 1801 Jenner peut triompher avec six mille vaccinations sans symptômes En dépit de ce triomphe, certaines voix vont s’opposer à cette vaccination D’abord contrairement à l’inoculation se faisant d’homme à homme, l’introduction d’une matière animale chez l’homme inquiéta bien des esprits Ainsi le dessinateur Gillgray montre l’apparition de bestiaux sur un nez, une joue, un bras, etc.

16 Les merveilleux effets de la nouvelle inoculation Jenner Museum, Berkeley, James Gillgray 1802

17 De nombreux médecins attaquèrent la vaccination sur le même thème, tels Rowley (1805), ou montrèrent que les résultats de la vaccination n’étaient pas si avantageux que Jenner le montrait: rapport d’un comité médical (1804) Pendant tout le XIXe siècle en Angleterre il est impossible de juger de la protection apportée par une vaccination antérieure. Ainsi en seuls 34% des certificats médicaux sur les décès par variole mentionnaient le fait que l’individu avait été vacciné ou non Les attaques des églises ont perdu de leur ampleur et et le clergé va maintenant soutenir l’action des pouvoirs publics dans la diffusion de la vaccination

18 La diffusion de la vaccination vers divers pays se met en place et sa diffusion vers l’Inde est intéressante à considérer. L’opposition à la vaccination était initialement très forte dans un pays où les Brahmines pratiquaient l’inoculation depuis longtemps La publication de tracts rédigés dans les différentes langues parlées en Inde et un texte attribué au Dhanwantari, médecin divin considéré comme une manifestation humaine de Vishnu, vainquirent cette opposition Cette information, citée par de nombreux dictionnaires médicaux, a en fait été un faux écrit entre 1802 et 1819, comme l’a montré Ellis en 2006

19 La vaccination devint obligatoire dans un grand nombre de pays tout au long du XIXe siècle
Simultanément nombre de sociétés anti- vaccination se développèrent, qui critiquaient la pertinence des statistiques des pouvoirs publics et luttaient contre l’obligation de vaccination, considérée comme une attaque contre la liberté individuelle, et proposaient une théorie sanitaire de la lutte contre les épidémies Finalement l’OMS qui avait mis en place en 1967 un plan de lutte contre la variole, a pu déclarer en 1979 l’éradication complète de la variole de l’ensemble de la terre Il est intéressant de lire le rapport final, qui permet de mieux comprendre comment cela a pu être mené

20 Les campagnes d’éradication reposant entièrement ou essentiellement sur la vaccination de masse furent couronnées de succès dans quelques pays mais échouèrent dans la plupart des cas Plutôt qu’une vaccination à l’aveugle, il est vite apparu qu’une surveillance active des poussées épidémiques permettaient d’agir rapidement pour endiguer la contagion La méthode consiste alors en la prompte détection de nouveaux cas, suivie de la recherche de tous les contacts possibles et leur isolement afin d’arrêter la transmission de l’épidémie Elle a ainsi permis l’éradication de la variole


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