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Publié parSabine Éthier Modifié depuis plus de 9 années
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L’ ALBUM ECHO DE YOANA Récit d’une expérience Lycée Français Charles Lepierre de Lisbonne
Expérience menée en classe de Moyenne Section en mars 2008 Auteurs de l’album : Elisabeth Ribeiro – Line Laplanche - Yoana
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L’ ALBUM ECHO DE YOANA Récit d’une expérience
Suite au Stage de Lisbonne intitulé « Construire une pédagogie du français langue de scolarisation en maternelle dans le contexte ibérique », nous avons fabriqué plusieurs albums échos, pour des enfants de Moyenne Section rencontrant de grosses difficultés de langage. Pour cela, nous avons suivi les traces de Philippe Boisseau et repris sa méthodologie et ses principes. En voici un exemple…
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L’ ALBUM ECHO DE JOANA Pourquoi un album écho ?
Parce que Yoana est une petite fille de 4 ans qui ne parle presque pas, en français. A la maison c’est le portugais qui est utilisé, elle commence à construire des phrases très simples en portugais mais elle ne domine ni le langage de communication, ni le langage d’évocation. En français, elle connaît des mots (verbes, phrases) qu’elle utilise pour se faire comprendre en ayant parfois recours à des mots inventés provenant d’interférences. Elle semble ne pas avoir de conscience linguistique. Pourquoi un album de 1º personne ? Parce que Yoana a besoin de communiquer et de construire son langage oral, en portugais mais aussi en français. Elle n’utilise pas le “je”, ni les adjectifs possessifs (ma , mon, mes…).Elle ne construit pas de phrases, même simples. Aussi notre premier objectif est-t-il qu’elle s’exprime sur une expérience vécue au travers de son album à elle. Une activité d’arts plastiques, menée par la maîtresse et une plasticienne intervenant en classe pour la fabrication d’une boîte souvenir, nous a semblé être un excellent point de départ pour que Yoana « se raconte »…
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Pour mémoire, voici les principes que propose Philippe Boisseau *
1. On fixe les objectifs linguistiques. 2. On laisse l’enfant découvrir les photographies et s’y reconnaître. 3. On provoque des réactions verbales. 4. On note, à mesure ses premiers jets. 5. L’album est constitué des photos accompagnées d’un petit texte oral. La production s’ancre dans l’image qui joue le rôle de référent. *Philippe Boisseau : Introduction à la pédagogie du langage – CRDP de Haute Normandie
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Comment avons-nous fabriqué l’album de Yoana ?
Prendre des photographies pendant l’activité Les photographies ont été prises au court de deux séances d’arts plastiques. Nous étions deux enseignantes dans la classe, avec la plasticienne qui circulait dans les groupes, pour aider les enfants à fabriquer les boîtes- souvenirs, pour lesquelles chaque enfant avait apporté des objets qu’il voulait y mettre (photographies, petits jouets, matériaux divers). Pendant que la maîtresse de la classe intervenait auprès des enfants, l’autre circulait dans les groupes et prenait des photographies : cinq ou six photos par enfant – ou groupe d’enfants - représentant des moments « parlants » permettant de constituer une suite logique: DÉBUT DE L’ACTIVITÉ → DIFFÉRENTS STADES DE RÉALISATION →FIN DE L’ACTIVITÉ →LAVAGE DES MAINS
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Fixer les objectifs linguistiques
Pour Yoana, il nous fallait envisager des objectifs simples, qui, à coup sûr seraient atteints à plus ou moins brève échéance. Travail des pronoms: → je, moi, moi je Travail des temps: → présent Préposition: → avec Syntaxe simple: Groupe Nominal (pronom)+ Groupe Verbal Vocabulaire Noms: tissu, peinture, colle, boîte Verbes: mettre, montrer, peindre, laver Adjectifs possessifs de 1º personne: mon, ma, mes
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Laisser l’enfant découvrir les photographies
Quand ? Où? Comment? Le matin, à l’accueil, pendant que les autres enfants jouaient dans les ateliers, avec l’aide de l’ATSEM. On a d’abord laissé Yoana prendre possession des photographies… Par soucis d’économie, nous avons imprimé les photographies en noir et blanc sur du papier ordinaire.
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Provoquer des réactions verbales de l’enfant
Nous avons expliqué notre projet à Yoana: fabriquer, avec elle , un album avec des photographies et des bulles, comme dans les BD pour qu’elle raconte ce qu’elle faisait sur chaque photographie. Ce sera son album à elle et elle pourra le montrer à qui elle voudra, à commencer par sa maman. Nous lui avons expliqué que nous allions écrire tout ce qu’elle disait sur une feuille et qu’ensuite, ensemble nous fabriquerions l’album.
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Yoana se raconte Après avoir laissé Yoana découvrir les photographies ( avec un plaisir évident) et réagir , en portugais « Oh! Caixa! » la maîtresse a proposé de remettre les photos en ordre. Elle s’est appuyée sur les réactions de l’enfant… (souvent de simples mots : « Yoana! »;« Pinture » pour peinture; « colle »; « tissou » pour tissu ) en lui posant des questions - ouvertes si possibles – dans un langage simple, ancré dans l’oral (C’est qui là? … Tu fais quoi?) en effectuant des relances, ( Tu peins avec quoi?...Tu colles, mais tu colles quoi?) en reformulant les phrases (Tu veux dire: Je mets de la colle; je colle le tissu) et en faisant répéter. en permettant à l’enfant de s’exprimer, dans un langage bien à sa portée, enrichi de mots nouveaux et de formes syntaxiques relevant de l’oral.
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La réalisation de l’album
Chaque photographie était posée sur une page de cahier et la maîtresse demandait à Yoana de raconter ce qu’elle faisait. Afin que l’enfant comprenne bien que c’était son texte qu’on allait écrire dans la bulle et que l’objectif serait de « raconter » l’album aux autres, nous avons placé une copie de la photo d’identité qu’elle utilise en classe, devant chaque bulle. Au fur et à mesure de l’échange, la maîtresse a noté, en style télégraphique, les éléments du dialogue sur une feuille et la phrase retenue a été recopiée immédiatement sous chaque photographie, dite à haute voix par la maîtresse et répétée par Yoana. Yoana a voulu coller les photos au fur et à mesure. Cette séance a duré environ 15 minutes, les autres enfants étant en activité avec une autre collègue libérée à ce moment-là.
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Album de Yoana – MS 1
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Je peins avec de la peinture.
Nous avions envisagé de lui faire dire la couleur de la peinture mais c’était trop compliqué pour elle, à cette phase-là. 1
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Je mets de la colle. 2
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Moi, je colle le tissu. 3
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Moi, je montre la boîte. 4
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Moi, je montre mes mains. 5
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Moi, je lave mes mains. 6
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Le vocabulaire Afin d’aider Yoana à mémoriser certains mots, nous avons ajouté, à la fin de l’album un petit répertoire de mots. Pour chaque mot, nous avons élaboré, avec l’enfant une représentation : Yoana a découpé et collé un morceau du tissu utilisé pour la boîte et elle a posé une touche de peinture et de colle au-dessus des mots.
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Quelques remarques Ce type d’activité, qui semble difficile à mettre en œuvre, n’est pas si complexe qu’il y paraît, il suppose de s’organiser avec une collègue ou une ATSEM, afin de pouvoir consacrer un moment privilégié ( entre 15 à 20 minutes)avec l’enfant. Nos objectifs préalables se sont avérés assez réalistes. Yoana a intégré l’utilisation du « je » construit avec un groupe verbal dès la 2º page, puis le « moi, je » qu’elle a utilisé pour les quatre autres pages . Nous avons opté pour la formulation « je lave mes mains » qui était la syntaxe, accessible à Yoana, la plus correcte,lors de l’élaboration de l’album.
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Et après ? Dès que l’album a été fini, la maîtresse a proposé à Yoana de le montrer aux autres enfants, ce qu’elle a fait. Elle a raconté son album en s’appliquant à reproduire les phrases élaborées avec elle. Le jour même, elle a emporté son album à la maison. Sa maman est venue nous voir le lendemain, très émue par l’enthousiasme de Yoana. Quelques jours après, l’enseignante qui était intervenue est retournée dans la classe et Yoana a, de nouveau, « lu son album » avec un grand plaisir et sans difficulté. Il semble que l’album, pour Yoana - et d’autres enfants des classes de MS - ait été un déclic les incitant à participer davantage à la vie de la classe, leur donnant envie de s’exprimer, de parler en français. La maîtresse portugaise a demandé à Yoana de lui raconter son album en portugais, ce qu’elle a réussi à faire sans grandes difficultés, preuve qu’elle commence d’appréhender la conscience linguistique. Les maîtresses ont attaché un soin particulier à ce que les albums soient de jolis objets Lisbonne – juin 2008
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