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Géopolitique de l’Europe de l’Est et des Balkans Premier cours : Les républiques de la Baltique.

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1 Géopolitique de l’Europe de l’Est et des Balkans Premier cours : Les républiques de la Baltique

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5 1 – Estonie 2 – Lettonie 3 – Lituanie

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7 1 — Estonie 1.1 – Notions générales 1.1.1 – Géographie L’Estonie, avec ses 45 227 kilomètres carrés, est l’un des plus petits pays de l’Union européenne, frontalier de la Lettonie au sud et de la Russie à l’est. Son climat est de type maritime : les hivers y sont relativement doux, et les étés relativement frais. L’ensemble du territoire est très plat, surtout près des côtes, et ne s’élève que graduellement, le point culminant, le Suur Munamägi, est de seulement 318 mètres.

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9 C’est un pays de forêt et d’eau. Le nord-ouest est constitué de tourbières, alors que la forêt, qui couvre 50 % du territoire du pays, devient omniprésente à l’est. L’eau est partout. D’abord le long de ses 3800 kilomètres de côté, mais surtout grâce au réseau fluvial très dense. On compte 420 rivières et fleuves de plus de dix kilomètres. Les trois plus importants sont la Narva, l'Emajögi et le Pärnu. On trouve environ 1400 lacs, dont le lac Peïpous, le quatrième lac le plus important d’Europe. C’est un petit territoire très pollué. La Mer baltique est très contaminée et à l’intérieur du territoire, le développement industriel a entrainé une pollution importante de l’air et des cours d’eau, même si la désindustrialisation des années 1990 fait chuter les émissions de produits polluants.

10 1.1.2 – Démographie L’Estonie est une république de la région baltique, mais ce n’est pas une république balte : son peuple n’a rien à voir avec les peuples baltes situés au sud. Les Estes appartiennent à branche finnoise de la famille finno- ougrienne et sont ainsi apparentés aux Finlandais, aux Lapons et aux Caréliens de Russie septentrionale. La population de l’Estonie s’élève à environ 1,3 million d’habitants : 70 % d’Estes, 26 % de Russes et 4 % partagés entre Ukrainiens, Finlandais et Biélorusses, entre autres. La population est en baisse depuis 1991, à cause d’un taux de fécondité de 1,3 enfant par femme) et de l’émigration. Le taux de croissance est ainsi négatif (- 0,6 % annuellement) et l’âge médian est aujourd’hui de 41 ans.

11 L’espérance de vie, de 74 ans, est de nouveau en hausse après les baisses des années 1980 et 1990. Le taux d’alphabétisation est de 100 %, ou à peu près. Le niveau de vie de la population place le pays dans le peloton de tête des nouveaux membres de l’UE. En 2014, l’Estonie occupait le 33 e rang mondial dans l’indice IDH, premier de classe de sa région, 2 e parmi les nouveaux membres de l’UE, en hausse de 7 places par rapport à 2009. L’appartenance à l’URSS entre 1940 et 1990 a entrainé un recul important du luthérianisme. La population de l’Estonie est peu religieuse : 14 % de la population se dit luthérienne, 13 % orthodoxe, les autres confessions regroupant 1,5 % seulement de la population. Le reste de la population ne se reconnait aucune allégeance religieuse. La plus importante ville, Tallin, qui est aussi la capitale, compte 400 000 habitants. Les autres villes importantes sont Tartu (100 000 habitants), Narva (74 000) et Parnu (52 000).

12 1.1.3 – Bref historique Au 5 e siècle avant notre ère, les Estes vivaient en petits groupes peu structurés et ce n’est qu’à partir du IXe que ces diverses tribus s’unirent vaguement pour contrer les Vikings. Ce fut ensuite au tour de l’Ordre de Livonie de menacer ces populations. Dans la foulée de la christianisation, le roi de Danemark Valdemar II fonda Tallin en 1219, qui rejoignit alors la Ligue hanséatique en 1248. En 1345, l’Ordre de Livonie acheta aux Danois leurs droits sur l’Estlandie en maintenant les paysans estes dans l’esclavage. Avec la Réforme, certains propriétaires germaniques installés sur ces terres adoptèrent le luthérianisme, bouleversant l’équilibre et donnant l’occasion au tsar moscovite Ivan IV dit le Terrible d’attaquer la Livonie et l'Estlandie.

13 Cette guerre entraîna l’effondrement de l’Ordre livonien et le vide fut comblé par la Pologne et surtout la Suède, qui se divisèrent le territoire, avant qu’un conflit les opposants permette à la Suède d’établir son contrôle sur le territoire. À l’issu de la Guerre du Nord (1700-1721), le traité de Nystad mit fin à la domination suédoise sur toute la région, qui passa dès lors sous le sceptre de l’empire russe naissant. La domination russe va permettre à l’Estlandie de connaître près de deux décennies de paix. Au XVIIIe siècle, les propriétaires allemands maintiennent leur domination économique, mais au début du XIXe siècle, les territoires baltes furent les premiers à voir l’abolition du servage. Au cours du XIX e siècle émerge un nationalisme estonien. La russification, affaiblissant l’allemand, permet l’émergence d’une langue estonienne moderne, ainsi que d’un mouvement politique (Jeune Estonie – Noor Eesti).

14 En 1917, le territoire est disputé entre les révolutionnaires russes et les nouvelles autorités estoniennes. L’avancée allemande mit fin temporairement au conflit permettant, le 24 février 1918, la proclamation de l'indépendance. Mais Tallinn, envahie dès le 25 février par les troupes allemandes, resta occupée jusqu'en novembre 1918. Survint une nouvelle tentative pour établir un pouvoir bolchevique, mais la victoire de l’armée estonienne fut confirmée par le traité de Tartu du 2 février 1920. La constitution estonienne alors proclamée était difficilement applicable et les difficultés économiques provoquées par la guerre, les incertitudes quant à l’avenir de la jeune République, accentuées par la crise des années 30, provoquèrent un raidissement autoritaire en 1933, qui se solda par un coup d’État en mars 1934.

15 En vertu du pacte Ribbentrop-Molotov, l'U.R.S.S. reçut le contrôle de l’Estonie et en septembre 1939, le gouvernement estonien dut accepter l'installation de troupes soviétiques. En juillet 1940, Moscou exigea de nouvelles élections sous la menace militaire. L'Estonie devint une République socialiste soviétique le 6 août 1940 et le modèle stalinien fut appliqué. Ce qui explique que l'armée du Reich ait été accueillie en libératrice dans un premier temps. Puis la population se partagea en deux groupes, proallemand et prorusse. Après la guerre, un effort important fut fait par Moscou pour développer l'industrie, ce qui attira un grand nombre d'émigrés : en 1989, ils représentaient plus de 35 % de la population. Dans les villes, la langue russe dominait. Cela contribua bien sûr au développement d’un mouvement nationaliste, lequel deviendra la base de la « Révolution chantante » de 1990 et de l’indépendance de 1991.

16 1.2 – Situation intérieure 1.2.1 – Système politique Le 28 juin 1992 est adoptée une Constitution de compromis, inspirée de celle de 1920. Elle établit un certain équilibre entre le gouvernement, un parlement monocaméral fort (le Riigikogu, formé de cent un députés élus pour quatre ans) et un président doté de pouvoirs modestes, élu pour cinq ans au suffrage indirect. Le président dispose d’un certain pouvoir législatif et peut proposer des amendements constitutionnels. Le 20 septembre 1992 eurent lieu les premières élections législatives et présidentielles, qui conduisirent à un parlement dominé par les nationalistes conservateurs.

17 En octobre 1992, Lennart Meri, écrivain et ethnologue, fut élu à la tête de l'État, poste qu’il occupa jusqu’en septembre 2001, avant d’être remplacé par Arnold Rüütel, considéré comme le père de l’indépendance. Depuis le 9 octobre 2009, c’est Toomas Hendrik Ilves qui occupe ce poste. Les débuts politiques de l'Estonie ont été agités, mais les choses se sont calmées. Les coalitions gouvernementales restent éphémères, à cause du mode de scrutin (proportionnel) et du grand nombre de partis (8). La très forte minorité russe votant au centre, comme le reste de la population, il n’y a pas sur ce point de conflit. Les gouvernements depuis 1991 ont en commun d'être jeunes et féminins. L'Estonie se veut en pointe en matière de nouvelles technologies et médiatise l'instauration en 2001 du premier « e-gouvernement » et la tenue du premier vote entièrement électronique en automne 2005.

18 1.2.2 – Situation économique Les gouvernements successifs depuis l’indépendance ont mis en place des politiques économiques ultralibérales et n’eût été l’adhésion à l’Union européenne en mai 2004, l’Estonie serait sans doute l'un des pays les plus libéraux du monde. Entre 1992 et 1994, le gouvernement supprima totalement les droits de douane (jusqu'en 1999), priorisa les politiques d'attraction des investisseurs étrangers, privatisa s’en tenir aucun compte des coûts sociaux et en sacrifiant le secteur primaire, tout en menant une politique budgétaire stricte. Les dernières années de la RSS d’Estonie préfiguraient ces orientations, la république ayant été à l’avant-garde des réformes et bénéficiait déjà d'une forte culture d'entreprise, tout en étant relativement moins intégrée commercialement à l'ensemble soviétique que les autres républiques.

19 Tout cela, ajouté à un environnement régional favorable, a mené à une transition économique réussie, le revers étant la croissance des déséquilibres sociaux, se traduisant notamment par une polarisation géographique importante. Entre 1992 et 2007, la croissance économique a été très forte, avec un taux moyen de 7 % environ. À l’inverse, le pays a été très affecté par la crise : en 2008 et 2009, le PIB du pays s’est contracté de près 15 % par année. Depuis 2010, il s’est redressé, mais la croissance demeure modeste, à environ 2% annuellement. L’emploi a sérieusement été affecté par la crise, le taux de chômage passant de 4,7 % en 2007 à 13,8 % en 2009, avant de se stabiliser autour de 10% à partir de 2013. L’inflation s’est aussi emballée (plus de 6 % en 2010 et 2011) ) et demeure aujourd’hui élevée, mais le niveau de vie de la population est quand même l’un des plus élevés des nouveaux États de l’UE.

20 L’économie estonienne repose comme dans tous les pays industrialisés sur un fort secteur des services (68 % de l’économie), même si le secteur industriel, développé à l’époque soviétique, a encore de beaux restes (29 %). La présence des capitaux nordiques, très impliqués dans les communications (Nokia et Erikson, par exemple), a favorisé le développement de ce secteur, dont le plus grand succès est le logiciel de communication Skype. L’intégration de l’économie estonienne aux économies nordiques est bien mise en évidence par les échanges commerciaux de Tallinn, alors que la Finlande, la Suède et la Lettonie constituent ses principaux partenaires commerciaux, même si la Russie est aussi présente. La monnaie du pays, la couronne estonienne, a été introduite le 20 juin 1992 et était d'abord rattachée au deutsche mark, puis à l'euro, avant l’adoption de la monnaie unique en 2011.

21 1.3 – Relations étrangères L’Estonie n’est pas une puissance, même régionale. Les Estoniens le savent, et cette reconnaissance constitue l’un des principaux facteurs de l’orientation de la politique étrangère du pays. L’autre grand facteur, c’est la puissance russe à l’est de ses frontières et l’histoire mouvementée de ses relations avec Moscou au cours du XXe siècle. L'Estonie a fait de son rapprochement avec l’Ouest sa priorité depuis le rétablissement de son indépendance. Dès 1990, Tallin ne fait pas mystère de vouloir rejoindre à la fois l’Union européenne et l’OTAN, ce qui mécontente Moscou. Dès juillet 1997, Bruxelles autorisa Tallinn à entamer les négociations d'adhésion à l'Union européenne qui furent menées au pas de course.

22 Cette précipitation a suscité un temps la montée d'un euroscepticisme, mais lors du référendum sur l'adhésion, le 14 septembre 2003, le OUI l’a emporté avec 67 %. Au plan sécuritaire, l'Estonie a obtenu le retrait des troupes russes le 31 août 1994 et en 2001, elle a adopté un programme de sécurité nationale, basé sur les principes de création d'une défense nationale indépendante et de développement de la coopération internationale. Membre de l'OTAN depuis le 29 mars 2004, l'Estonie a tendance à s'aligner systématiquement sur les positions politiques de Washington. Au plan régional, Tallinn est favorable à la coopération intrabalte en matière de défense. La situation géographique et démographique fait en sorte que Moscou continue de peser sur l’Estonie. La Russie demeure d’ailleurs un partenaire économique important et de loin le principal fournisseur énergétique du pays.

23 En 1992, les autorités ont remis en vigueur une loi de 1938 excluant de fait la majorité des russophones du pays, qui se sont vu refuser la citoyenneté. Cette exclusion a été renforcée par l'adoption en 1989 d’une loi faisant de l'estonien la seule langue officielle de la République. L’Estonie est d’ailleurs fréquemment critiquée à Bruxelles pour sa politique envers ses minorités et cette attitude n’aide pas à l’établissement de bonne relation avec le puissant voisin.

24 2 — Lettonie 2.1 – Notions générales 2.1.1 — Géographie La Lettonie est composée de quatre provinces historiques, dont l’unification a donné naissance au pays dans sa forme actuelle : la Vidzeme, au nord, la Kurzeme à l'ouest, la Zemgale au sud et la Latgale à l'est. La Lettonie s’étend sur un territoire de 64 589 kilomètres carrés au nord-est de l'Europe et partage à l’est une frontière avec la Russie et la Biélorussie, au nord avec l’Estonie et au sud avec la Lituanie. La Lettonie compte près de 500 kilomètres de côte sur le golfe de Riga, presque toujours libre de glace et très pollué.

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26 La quasi-totalité du territoire de la Lettonie est constituée de plaine ou de faibles collines. Le point culminant du territoire ne s’élève qu’à 312 mètres d’altitude. La proximité de la mer, la latitude nordique et sa faible altitude font en sorte que le territoire est couvert de tourbières, de marécages et de forêts, celles-ci couvrant près de 45 % de la surface du pays. Le climat est maritime sur la côte et continental à l'intérieur des terres. L'été est court et l'hiver est plutôt long et fortement neigeux. La Lettonie jouit d’une généreuse hydrographie : le pays compte plus de 12 000 fleuves et rivières, dont la Daugava, la Lielupe, et la Gauja (452 km), qui irrigue la Livonie. On compte aussi plus de 3 000 lacs, dont le plus grand est le lac Lubans, avec une superficie de 80,7 km 2.

27 2.1.2 – Démographie La Lettonie est une république balte : l’ethnie majoritaire du pays, les Lettons, appartient à la famille des peuples baltes, branches de la sous-famille germanique de la grande famille des peuples indo-européens. Avec ses 2,3 millions d’habitants, le pays demeure l’un des États les moins peuplés de l’Union européenne. Et cette population est en baisse depuis les années 1980. La population actuelle est composée à 58 % de Lettons et à 29 % de Russes. Le reste étant réparti entre des Biélorusses, des Ukrainiens, des Polonais et diverses autres nationalités. La baisse de la population a eu ceci de bon que depuis 1991, la part des nationaux est passée de 52 à 58 %, donnant un coup de pouce à la cohésion nationale. L’espérance de vie de 71 ans tend à croître depuis 10 ans.

28 Mais le taux de croissance de la population demeure négatif (-0,6 % par année), à cause de l’émigration et d’un taux de fécondité de 1,27 enfant par femme. L’âge médian de 39 ans témoigne ici aussi des difficultés démographiques à venir. La population du pays est totalement alphabétisée. Le niveau de vie des Lettons est inférieur à celui de leurs voisins de la région baltique et à celui de la majorité des membres de l’UE et occupait en 2014 la 48 e position du classement IDH. On ne trouve pas de religion dominante sur le territoire : le protestantisme (16 % de la population), le catholicisme (15 %) et l'orthodoxie (8 %) sont les principales confessions. Surtout, 60 % de la population ne se reconnait dans aucune religion. La Lettonie ne compte que deux villes dont la population est supérieure à 100 000 habitants : Riga, la capitale (750 000 habitants) et Daugapils, en Latgale (110 000 habitants). La majorité de la population habite dans des villes de taille moyenne de 100 000 habitants et moins.

29 2.1.3 – Bref historique Le territoire de la Lettonie est habité depuis le 2 e millénaire avant notre ère. Il y a environ 3000 ans, les migrations regroupèrent les Baltes en quatre communautés : Coures, Latgaliens, Séloniens et Sémigaliens. Jusqu’au déclin des Vikings, le territoire servait de transit, mais la disparition de ceux-ci entraîna le développement de la piraterie des Coures, incitant les Germaniques, à lancer une croisade contre ces populations. La ville de Riga fut fondée en 1202 et devint le centre de la conquête des chevaliers Porte-Glaive, qui s'étendit rapidement vers le nord pour englober à peu près les territoires actuels de l'Estonie et de la Lettonie, mais ils furent défaits par les Lituaniens en 1236.

30 Après la création de l’Ordre de Livonie, on assista à la mise en place d’un système féodal, dans lequel les conquérants devinrent les seigneurs des populations locales lettonnes, système qui se maintint jusqu’au début du XIXe. La Réforme remporta un grand succès et jusqu’à sa disparition en 1561 sous les assauts de Moscou, l’ordre de Livonie devint protestant. Suite à la guerre de Livonie, deux des provinces lettones (Courlande et Zemgale) conservèrent une existence indépendante pendant quelques décennies, alors que le nord du territoire demeura suédois jusqu’en 1721. Par la suite, la Courlande passa sous la suzeraineté officielle de la Pologne, avant d’être annexée par la Russie lors du 3 e partage de la Pologne en 1795. La Latgale avait pour sa part déjà été annexée en 1772, après un siècle dans le giron polonais. À la fin du XVIIIe siècle, tous les territoires lettons étaient contrôlés par l’empire russe.

31 Au XIXe siècle se forme une bourgeoisie locale qui épousa la cause nationale et vers 1860 parurent les premiers journaux lettons et se formèrent les premières associations culturelles. À la faveur de la lutte contre l’allemand, la langue lettone put se développer et naquit alors une littérature nationale. Riga s’étant industrialisé, c’est de là que naquit le mouvement ouvrier. Les Lettons ne demeurèrent pas à l’écart de l’effervescence de 1905, mais ici, c’est contre les propriétaires allemands que la colère populaire se manifesta. Pendant la guerre, la formation d'un corps de tirailleurs lettons contribua au renforcement de l'idée nationale. En 1917, ce corps national se divisa, une partie ralliant le camp de la révolution, tandis qu'une autre se mettait au service des autorités lettones dans un projet d’indépendance nationale. Ces dernières proclamèrent, le 18 novembre 1918, la naissance de la République de Lettonie.

32 Les Lettons commirent les mêmes erreurs que les Estoniens dans l’élaboration de leur constitution, entraînant le même résultat : instabilité politique et instauration d’un pouvoir autoritaire par le premier ministre Karlis Ulmanis en mai 1934. Malgré une existence brève, la Lettonie de l’entre-deux- guerres parvint à réaliser de grandes réformes, dont la réforme agraire, ainsi que la mise en place d’un cadre législatif protégeant les minorités nationales et les femmes. Au plan international, après avoir intégré la SDN, la Lettonie essaya d'établir avec ses voisins des relations de bon voisinage, avant d’être emportée par la tourmente de 1939. En vertu des protocoles secrets du pacte de non-agression, la Lettonie passa sous le contrôle de l’URSS, qui y appliqua le modèle stalinien et déporta une grande partie des élites nationales en 1940-1941, période que la mémoire nationale a retenu comme « l’année des horreurs ».

33 Cela incita la population à rejoindre l’Allemagne à la première occasion et au lendemain de la guerre, Moscou lui fit payer sa « trahison » : près de 120 000 Lettons furent alors déportés ou emprisonnés. Le tiers de la population ayant disparu, des migrants d’URSS prirent la place et le pouvoir fédéral, capitalisant sur la tradition industrielle du pays, y concentra certaines industries de pointe. Les Lettons devinrent presque minoritaires dans leur pays, le russe s’imposant dans les villes. En dépit, ou à cause de cela, le sentiment nationaliste des Lettons demeura fort. Les conséquences des Accords d'Helsinki (1975) ainsi que les réformes de Gorbatchev permirent la formation de plusieurs organisations de masse, notamment le Front populaire letton (Tautas Fronte), qui exigeaient l'autonomie au sein de l'U.R.S.S. Après l'échec du putsch de Moscou en août 1991, l'indépendance fut proclamée le 21 août.

34 2.2 – Situation intérieure 2.2.1 – Système politique Au lendemain de l'indépendance, la Lettonie s'attelle à la construction d'un État de droit et d'une économie de marché solidement ancrés à l’Ouest, dans un contexte démographique et identitaire difficile. Le 6 juillet 1993, le texte de la Constitution de 1922 est à nouveau proclamé loi fondamentale du pays. Depuis, le texte de la Constitution a été amendé pour tenir compte des réalités contemporaines, par exemple, en 1999, avec le rejet de la peine de mort. La Lettonie est une démocratie parlementaire établie sur le modèle nordique, c’est-à-dire dans laquelle la majorité des pouvoirs appartient à l’assemblée, le président ayant surtout des fonctions symboliques.

35 La Saeima est composée de cent membres, élus à la proportionnelle à date fixe tous les quatre ans, alors que le président est élu par le parlement au suffrage indirect pour quatre ans. Élu à l’été 2015, Raimonds Vējonis, est le 5 e président de la république lettone depuis l’indépendance. Le ministre président change fréquemment et l'instabilité du système est liée à la myriade de formations politiques. Le nombre des formations politiques (trente-cinq en 2000) va ensuite se réduire pour créer un paysage politique classique, composé de partis plutôt centristes. On compte aujourd’hui neuf partis. Malgré l’instabilité gouvernementale, le pays bénéficie d’une bonne continuité politique puisque les orientations générales prises par une coalition sont rarement remises en cause par la suivante. Ainsi, le consensus au sein de la société quant aux principes des réformes permet de maintenir un cap clair.

36 2.2.2 – Situation économique La Lettonie n’a pas tardé à mettre en place un système libéral, mais elle a traversé une profonde crise économique, particulièrement industrielle et agricole, mais aussi sociale. À la fin de 1993, le PIB réel ne représentait plus que la moitié de celui de 1990 et, en 2006, la Lettonie était considérée comme le pays le plus pauvre de l'Union. Compte tenu de sa forte dépendance à l'égard de l'économie russe, l’économie lettone subit les contrecoups des crises de celles-ci, même si depuis l’intégration à l’Union européenne, cette dépendance est beaucoup moins importante. La crise de 2008 a été particulièrement ressentie, avec une contraction du PIB de 4 % en 2008, mais surtout, de 18 % en 2009. La reprise, depuis lors, est relativement vigoureuse, avec une croissance de 3 à 4 % depuis 2011 (2,7% en 2014).

37 Signe de la profondeur de la crise, le chômage demeure élevé, à 10 %, même s’il s’agit d’une nette amélioration par rapport au creux de 2009, alors que le taux était de 23 %. Depuis l’indépendance, les taux de croissance du pays ont été assez importants, surtout entre 2000 et 2007, alors que la croissance annuelle moyenne dépassait les 8 %. Au plan socio-économique, les réformes ont été douloureuses, d’autant que le gouvernement dans l’espoir de rejoindre l’Union, a mis en place des mesures libérales radicales. Le coût social de ces mesures est élevé, comme en font foi les écarts économiques régionaux très forts et les déséquilibres entre les couches sociales de la population. L’économie lettone contemporaine est dominée par le secteur des services (73 % du PIB), un secteur industriel relativement fort (24 %) et une agriculture peu importante (3 %).

38 Les principales industries tournent autour de l’exploitation des forêts et de la production de matériel ferroviaire, principaux secteurs d’exportations du pays. C’est d’ailleurs ces secteurs qui ont été favorisés à l’époque soviétique. Les principaux partenaires commerciaux de Riga sont ses voisins baltes, bien sûr, mais aussi la Russie et l’Allemagne, la première étant le principal fournisseur énergétique du pays, très peu choyé en ce qui concerne ces ressources. Introduite le 30 juin 1993, la monnaie nationale a été arrimée à l'euro en janvier 2005. L'objectif de l'adoption de l'euro a régulièrement été remis en cause, notamment du fait d'un taux d'inflation jugé trop élevé, mais le pays a finalement rejoint la zone euro en janvier 2014.

39 2.3 – Relations étrangères Après l’indépendance, Riga s'est déclaré favorable à une double adhésion à l'UE et à l'OTAN, car seule celle-ci paraissait pouvoir garantir la sécurité économique et politique du pays. C’était aussi la seule façon de rompre avec le passé soviétique et de se prémunir de l’influence russe causée par la situation géographique et démographique du pays. Cette situation a valu à Riga d’être repoussé en 1997 par Bruxelles, les rapports tendus qu’entretenait Riga avec Moscou quant à la situation de la forte minorité russe, ainsi que les critiques de l’UE par rapport aux politiques discriminatoires étant responsables de ce délai. La Lettonie a pu entamer le processus d'examen en mars 2000, pour être finalement acceptée au sein de l’Union le 1 er mai 2004, au terme d'un processus douloureux.

40 Cela n’empêcha cependant pas le OUI de l’emporter largement le 20 septembre 2003 avec 67 %. L’adhésion à l’OTAN fut plus facile, la majorité lettone demeurant craintive face à la puissance du voisin de l’est. De même, le fait que cette adhésion ne réclame pas de référendum a facilité le processus, qui s’est limité pour l’essentiel à un débat dans les sphères politiques. Ainsi, le 29 mars 2004, la Lettonie a rejoint les structures de l'Alliance. Au lendemain de l’indépendance, Riga a adopté une législation très restrictive concernant la citoyenneté, qui a retiré de fait à la quasi-totalité de la population russe le statut de citoyen, transformant ceux-ci en apatrides. Depuis 1994, la loi est un peu plus souple, mais les Russes de Lettonie continuent d’être des citoyens de seconde zone et les tensions se manifestent entre les deux groupes à chaque occasion de souligner un événement historique.

41 La Russie demeure présente par d'autres moyens, en particulier économiques. Si Moscou est une source importante de développement économique, grâce aux flux commerciaux, mais aussi par la présence d'une communauté d'affaires russophone, cela cause certains déséquilibres dans le développement, en plus de fragiliser le pays face aux pressions de Moscou. Avec l’abandon par la Lituanie de sa position d’intermédiaire entre la Russie et le monde occidental, la possibilité s’ouvre pour Riga de tenter d’occuper l’espace désormais vaquant. Sur le conflit ukrainien, la Lettonie s’est montrée moins acerbe que ses deux voisines, tout en soutenant clairement le nouveau pouvoir à Kiev. Mais le lourd passif des relations russo-letonnes a empêché Riga d’utiliser sa présidence de l’UE au premier semestre de 2015 pour tenter de s’imposer comme interlocuteur dans le conflit.

42 3 — Lituanie 3.1 – Notions générales 3.1.1 – Géographie La Lituanie, jadis un immense État, est aujourd’hui réduite au territoire où habitait aux origines la population lituanienne. Située sur les bords de la mer Baltique, sa superficie actuelle est de 65 300 kilomètres carrés, soit à peu de chose près la même superficie que la Lettonie. La Lituanie est un pays de plaines. Elle est bordée au nord par la Lettonie, à l'est par la Biélorussie, au sud-est par la Pologne et l’enclave russe de Kaliningrad. À l’ouest, le pays s’ouvre sur la Mer baltique.

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44 Pays très plat, la Lituanie culmine au mont Juozapine à 294 mètres, au sud-est du pays. De ces « hauteurs » coulent vers la mer de nombreux cours d’eau ou étendues d’eau relativement importants, comme le Drukšiai (45 km 2 ). Le plus important cours d’eau est le fleuve Nemunas, ou Niémen, long de 937 kilomètres, qui coule sur 475 kilomètres sur le territoire lituanien. La Lituanie est composée de quatre régions géographiques : au nord-est l'Aukštaitija, au nord-ouest la Semaitija (Samogitie) et au sud, la Dzukija et la Suvalkija. Environ 25 % du territoire est recouvert par une forêt mixte qui dispose d’une faune nordique assez riche. Quant au climat, il est semi-continental, avec des hivers longs et enneigés et des étés courts, mais chauds et ensoleillés.

45 3.1.2 – Démographie Peuplée de 3 450 000 habitants, la Lituanie est le plus homogène des pays baltiques : 82 % de Lituaniens, peuple balte comme son voisin du nord, 8,5 % de Russes, près de 8 % de Polonais, 1,5 % de Biélorusses et 1 % d’Ukrainiens. La minorité juive ne compte plus que 5 000 personnes, mais elle connaît une renaissance culturelle. Grâce à cette homogénéité, la Lituanie n’est pas confrontée aux difficultés que connaissent la Lettonie et l’Estonie. La situation démographique n’est pas très bonne non plus, avec une croissance de la population de -0,3 % annuellement. Ici aussi, une part de la baisse démographique a été causée par les départs parmi les minorités slaves, même si, moins industrialisée que les deux autres républiques de la région, ces migrants n’y furent jamais aussi nombreux.

46 Après avoir connu une certaine amélioration dans la première décennie du XXIe siècle, le taux de fertilité est retombé depuis quelques années à environ 1,3 enfant par femme. Pour sa part, l’âge médian de la population s’établit à 40 ans. À 75 ans, l’espérance de vie de la population lituanienne, alphabétisée aussi à 100 %, est aussi bonne qu’en Estonie. Particularité moins réjouissante : en 2005, la Lituanie avait le taux de suicide le plus élevé du monde, mais les choses se sont améliorées depuis. À 74 ans, l’espérance de vie de la population lituanienne, alphabétisée aussi à 100 %, est aussi bonne qu’en Estonie. Particularité moins réjouissante : en 2005, la Lituanie avait le taux de suicide le plus élevé du monde. La particularité religieuse de la Lituanie explique peut-être la situation démographique moins dramatique : 79 % de la population du pays se dit encore aujourd’hui catholique.

47 L’orthodoxie (4 %), le protestantisme et le judaïsme sont également présents. À noter que le pays héberge la dernière communauté juive karaïte d’Europe et que le néopaganisme connaît un certain essor. Occupant le 35 e rang mondial dans le classement IDH en 2014, la Lituanie offre à ses habitants un niveau de vie élevé, comparable à celui de l’Estonie, en hausse significative depuis 2009, alors qu’elle se classait au 46 e rang. La capitale Vilnius rassemble environ 16 % de la population totale (560 000 en 2005). Kaunas, avec ses 360 000 habitants, est la deuxième ville du pays. 3 autres villes (Kleipeda - 180 000 ; Siauliai – 129 000 ; Panevezis – 115 000) comptent plus de 100 000 habitants. Le pays est urbanisé à près de 70 %.

48 3.1.3 – Bref historique Au plan historique, la Lituanie se distingue radicalement de ses voisins, car les Lituaniens ont dirigé pendant quelques siècles un empire qui s’étendait de la Baltique à la Mer Noire. Grâce à la pression des menaces extérieures, les peuplades lituaniennes occupant ce territoire depuis le début de l’ère chrétienne se fédérèrent sous Mindaugas, au XIIIe siècle. L’expansion des « chiens chevaliers » incita Mindaugas à se convertir au christianisme romain en 1251 pour éviter la guerre. En 1263, il fut assassiné par une population refusant d’abandonner le paganisme, de sorte que ce n’est qu’au XIVe siècle, sous Guédimine que la Lituanie devint catholique. C’est sous ce règne que Vilnius devint la capitale. Développant ses relations avec l’ouest, il étendit son autorité à l'est, posant les fondements du grand-duché de Lituanie. Mais en 1341, il fut à son tour assassiné pour des raisons religieuses.

49 Sous la pression des Teutons, les Jagellons décidèrent de s’unir à la Pologne (traité de Krewo en 1385), en maintenant l’autonomie du Grand Duché de Lituanie. Puis les forces coalisées polono-lituaniennes infligèrent aux Teutoniques une défaite dont ils ne purent se remettre, consolidant la domination des membres de l’Union sur l’Europe centrale et orientale du nord. Jusqu'en 1572, les deux nations connurent une époque riche sur plusieurs plans, mais peu à peu, les Polonais s’imposèrent aux Lituaniens et l’Union de Lublin en 1569 concrétisa la prééminence polonaise par la création de la Rzeczpospolita. Le XVIe siècle fut marqué par les conflits religieux, mais solidement appuyé par les Jésuites le catholicisme finit par s’imposer sans partage sur l’ensemble du territoire. Malgré deux cents ans de rayonnement, le pouvoir politique se désagrégea peu à peu, particulièrement après l’introduction du Liberum veto.

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51 Les conflits permanents entre les rois élus et la noblesse aboutirent au déclin et finalement au partage de ce qui avait été le plus grand État d'Europe. Le territoire lituanien devint ainsi pour plus d’un siècle une province russe. Les rébellions nationales contre le pouvoir russe conduisirent celui-ci à réprimer durement les élites. Puis à partir de 1863, commença une période de russification systématique : l'orthodoxie fut imposée, l'enseignement du lituanien fut interdit et le gouvernement imposa l'utilisation de l'alphabet cyrillique pour écrire le lituanien. Le mouvement national ne fut pas pour autant écrasé et la seconde moitié du XIXe siècle vit le développement d’une littérature moderne et la langue lituanienne continua d’être enseignée clandestinement. Ce renouveau s’exerçait à la fois contre la domination russe et l’emprise culturelle polonaise.

52 Consécutivement à la révolution de 1905, l'empire russe assouplit les contraintes et l'enseignement du lituanien fut de nouveau autorisé, favorisant ainsi les désirs d’indépendance. Occupés par les Allemands en 1915, les Lituaniens réclamèrent immédiatement l'indépendance, qui fut proclamée le 16 février 1918, et l'armistice de Brest-Litovsk en mars 1918 mit fin aux prétentions des bolcheviks. En juillet 1920, la Lituanie et la RSFSR signèrent la paix à Moscou. Les Polonais signèrent aussi en octobre, mais s'emparèrent de Vilnius et la Lituanie dut se donner une autre capitale, Kaunas. Une constitution fut proclamée, instaurant un pouvoir parlementaire, qui eut le temps de faire certaines réformes. Ici aussi, le système politique instable déboucha sur un coup d’État autoritaire en 1926. Une nouvelle constitution présidentielle fut proclamée en 1928 et le président Smetona exerça jusqu’en 1940 un pouvoir dictatorial.

53 La Lituanie rejoignit la SDN en 1923, mais ne put récupérer Vilnius, qu’un arbitrage international attribua à la Pologne. Les années de l'entre-deux-guerres permirent au peuple lituanien de reprendre conscience de son unité, de ses valeurs et de son identité. Suivant le 1 er protocole secret du pacte Ribbentrop-Molotov, la Lituanie devait revenir à l’Allemagne, mais le second protocole fit passer le territoire entre les mains de l’URSS. Staline y envoya des troupes, en même temps qu'il lui rendait sa capitale Vilnius. En juin 1940, l'U.R.S.S. exigea la formation d'un gouvernement populaire et commença à déporter les élites. Elle imposa une nouvelle Constitution qui transforma la Lituanie en République socialiste soviétique. Prise entre deux feux, la population lituanienne se divisa au cours de la guerre entre antisoviétiques et antinazis. Pour sa part, la minorité juive (300 000 personnes) fut exterminée.

54 Avec la victoire de l’URSS, les purges s’abattirent sur les collaborateurs, entraînant le développement d’une guérilla connue sous le non des « Frères de la forêt », stimulée par l’application du modèle soviétique et la lutte antireligieuse. Il fallut attendre en 1953 pour que le mouvement soit maîtrisé. C’est de Lituanie que démarra véritablement le processus de démantèlement de l’URSS. Dès les années 70, les Lituaniens manifestèrent fréquemment leur opposition à la mainmise de Moscou et c’est naturellement ici que naquit le premier front populaire, le Sajudis, créé dès juin 1988. D’autonomistes, les membres du front devinrent rapidement indépendantistes et remportèrent les élections au Soviet suprême de l’URSS au printemps 1989. Le 18 mai 1989, la Lituanie proclama sa souveraineté et, lors des élections du printemps, Landsbergis, chef du Sajudis, devint président du Soviet suprême de la République. Enfin, le 11 mars 1990 fut proclamée l'indépendance du pays.

55 3.2 – Situation intérieure 3.2.1 – Système politique Le paysage politique lituanien est moins complexe que celui de l'Estonie ou de la Lettonie du fait d'un nombre relativement moindre de partis politiques (10) et de coalitions plus stables. Néanmoins, l'alternance politique y est grande. Le Sajudis, qui avait porté l’idée d’indépendance, ne put conserver sa cohésion. En mai 1992, Landsbergis proposa un projet de Constitution instaurant un régime présidentiel fort, qui fut un échec. C’est finalement en octobre de cette même année que fut proclamée la constitution lituanienne. Elle fait du pays une république parlementaire et ainsi, c’est la Seimas qui est le principal dépositaire du pouvoir. Elle est composée de 140 députés élus pour quatre ans au suffrage universel, 71 d’entre eux sont élus représentativement et 70 autres députés sont élus au suffrage proportionnel.

56 Cette dualité permet une plus grande stabilité gouvernementale, tout en assurant une représentativité des diverses régions. Étant assez homogène, cette représentation régionale ne met pas à mal la cohésion de l’État. Un président, élu pour 5 ans au suffrage universel direct, coiffe l’appareil gouvernemental. Il dispose d’un pouvoir limité. Depuis l’indépendance, pas moins de 9 personnes ont occupé ce poste. Depuis l’été 2009, c’est Dalia Grybauskaite qui occupe la fonction suprême. Même stabilisée par des institutions démocratiques, la Lituanie souffre de l'ampleur des imbroglios politico- judiciaires et le comportement de certains dirigeants a pu faire douter les électeurs; l'État est parfois perçu comme une contrainte et une entrave au redressement du pays.

57 3.2.2 – Situation économique Les Lituaniens ont mis en œuvre plus tard que leurs voisins les réformes visant la mise en place d’une économie de marché. Il a fallu au pays près de dix ans pour rétablir sa situation. La stratégie de réformes, plus graduelle, mais moins cohérente a révélé une volonté des élites d'atténuer le choc. Il en est résulté une transition à la fois plus lente et plus chaotique que dans les pays voisins. Malgré cela, l'économie a renoué avec la croissance dès 1995, pour se maintenir jusqu’en 2009 à des taux assez élevés, atteignant même 10,2 % en 2003 et 9,8 % en 2007. La crise a frappé fort ici aussi, mais moins qu’ailleurs : le PIB n’a diminué qu’en 2009 (près de 15 %) et dès 2010, le pays a renoué avec la croissance. En 2014, la croissance du PIB s’est établie à 2,9%.

58 Malgré ces bons chiffres, le taux de chômage, à près de 10 %, constitue un motif d’inquiétude, même si la situation s’améliore. La Lituanie ne connaît pas de tensions sociales majeures, mais les disparités régionales sont en croissance, avec un milieu urbain assez bien développé et une société rurale démunie. Le secteur des services représente aujourd’hui 74 % du PIB, le secteur industriel 21 %, et le secteur agricole près de 5 %. Le rôle de l’agriculture demeure relativement important, ce qui correspond à la fonction que jouait la RSS au sein de l’URSS. Les principales industries sont l’exploitation forestière et la transformation des produits agricoles, de même que le secteur chimique et minier (charbon). Les principaux partenaires commerciaux sont la Russie et l’Allemagne, de même que la Pologne et la Suisse. La monnaie nationale, le litas, a été introduite le 25 juin 1993, rattachée au dollar en 1994, puis à l'euro en février 2002.

59 3.3 – Relations étrangères L'affirmation européenne de la Lituanie au lendemain de l'indépendance a été facilitée par son passé étatique, sa tradition historique, sa taille et son poids démographique. Ainsi, Vilnius a pu se présenter comme le chef de file de la zone, ce qui explique par ailleurs ses ambitions politiques. Malgré ces particularités historiques et étatiques, l'objectif de la politique étrangère dès 1990 fut aussi le rapprochement avec les structures européennes et atlantiques. Dès 1995, Vilnius signe un accord d'association avec l'UE et dépose sa demande d'adhésion. La réaction de rejet de Bruxelles est très mal accueillie, sans remettre en cause l’enthousiasme de la population pour l’adhésion. Le référendum organisé le 10 mai 2003 donne la mesure de cet enthousiasme, alors que le OUI l’emporte avec 91 %.

60 Il en fut de même de l'adhésion à l'OTAN, les Lituaniens étant conscients d'être incapables d'assurer leur sécurité face à un retour de l’impérialisme russe. La Lituanie a adhéré au Partenariat pour la paix de l'OTAN dès janvier 1994, en 2002, le pays a atteint l'objectif des 2 % consacrés au secteur de la défense, et le 29 mars 2004, la Lituanie a rejoint officiellement l’OTAN. La Lituanie bénéficie d'une assise internationale qui lui permet de jouer un rôle régional important et lorsque nécessaire, d'affirmer son identité centre-européenne. Le pays est attentif à son environnement direct afin d'éviter toute dégradation de la situation dans les pays limitrophes, mais aussi de s'imposer en tant qu'acteur international. Ainsi, lors de la révolution orange en Ukraine en 2004, on a pu voir ainsi le président lituanien au côté du président polonais dans le cadre des négociations organisées afin de résoudre la crise.

61 En ce qui concerne les relations avec la Russie, elles furent longtemps, moins acrimonieuses que celles de ses voisins, ce qui a permis à Vilnius de jouer un rôle d’intermédiaire; La faiblesse de l’élément russe sur le territoire et des politiques moins discriminatoires par rapport à celui-ci ont permis à la Lituanie d’occuper ce rôle rapidement après la fin de l’URSS, comme en témoigne le départ des troupes russes en 1993, un an avant les deux autres républiques de la région. Mais les choses se sont gâtées depuis l’arrivée à la présidence en 2009 de Daria Grybauskaité, dont les sentiments antirusses sont vifs et qui, malgré ses pouvoirs limités, s’est employé à rapprocher sa politique étrangère de celle de la Pologne. Dans le conflit ukrainien, la position de Vilnius est très orientée en faveur des forces pro-européennes de Kiev, ce qui est assez facile à comprendre, compte tenu des liens historiques qui unissent la Lituanie et l’Ukraine de l’ouest.


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