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JEAN CALVIN HOMME DE DIEU MÉCONNU

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1 JEAN CALVIN HOMME DE DIEU MÉCONNU
Du catholicisme à la foi évangélique Années d’errance et de voyages L’homme et sa famille Le réformateur à Genève : « Sainte lutte » Calvin, « socio-économiste » Calvin, prédicateur Calvin, écrivain, théologien et exégète Calvin, pasteur Calvin et la musique La modernité de Calvin L’année 2009 marque le cinq centième anniversaire de la naissance de Jean Calvin. Humaniste, juriste, fin lettré, théologien, musicien, Jean Calvin est l’un des grands fondateurs du protestantisme réformé et évangélique. C’est dire que nous lui devons beaucoup. Quelques années après Luther, cet homme, travailleur infatigable, met tout en œuvre pour développer les principes d’une foi chrétienne libérée des carcans et des superstitions issus du Moyen Âge. Celui qui s’imposa comme le « pape de Genève » est un être complexe, mal connu, qui a souvent été caricaturé, Alors qui était vraiment Jean Calvin ?

2 F. II, Charles IX, Henri III
CHRONOLOGIE DE LA VIE DE CALVIN Louis XII François 1er Henri II F. II, Charles IX, Henri III 1509 Naissance Études Paris Orléans, Bourges Paris « Errances » Genève Calvin à Strasbourg Voyages en Europe Le Réformateur à Genève 1564 Mort à Genève Jean Calvin a vécu au début du XVIe siècle dans un monde en pleine mutation, à la charnière entre la fin du Moyen Âge et la naissance du monde qu’on appelle moderne (Inventions nouvelles comme l’imprimerie, découverte de nouveaux espaces géographiques, nouvelles formes de pouvoir etc.) Le contexte JC naît à Noyon en Picardie en 1509 à une époque où un enfant sur deux meurt avant l’âge de vingt ans. C’est une période où la monarchie cherche à se renforcer avec François 1er, qui se lance dans des aventures périlleuses (guerres d’Italie). Le contexte intellectuel et religieux est lui aussi particulièrement troublé. Les tentatives de réforme de l’Église romaine n’aboutissent pas. Les réformateurs voulaient un retour à l’Église primitive. Luther sert de porte-flambeau à ce désir de réforme. II découvre dans le message des lettres de Paul que l’homme est sauvé non par ses œuvres de piété mais par la grâce seule, car Dieu l‘a aimé le premier. Ce message de l’évangile a certes toujours été présent dans l’Église, mais il était occulté par l’institution ecclésiastique et jamais pris sérieusement en compte. La prédication de Luther touche en France beaucoup d’intellectuels (l’entourage de l’évêque de Meaux) et des personnes du peuple. On redécouvre les textes bibliques (contexte de l’humanisme). On constate une grande différence entre l’Église du premier siècle animée par un esprit de partage et celle du XVIe siècle, éprise de puissance et de magnificence. Les évangéliques espèrent qu’il y aura une réforme de l’Église romaine, mais, progressivement, les choses se durcissent et la rupture devient inévitable. Les réformés n’hésitent pas à attaquer la foi catholique et, dans ce contexte, Calvin instaure la rupture avec Rome et la justifie. 1517 95 thèses de Luther 1536 1 ère Publication de l’IC 1553 Mort de M. Servet 1558 Fondation de l’Académie

3 ((Tonnelier) (Homme de loi) Calvin naît en juillet 1509 à Noyon, dans une famille en ascension sociale. Son père, Gérard Cauvin, homme de loi, travaille pour le chapitre et l’évêque de Noyon (Charles de Hangest) dont il gère les biens. Dès son jeune âge, Jean fréquente le haut clergé et les familles nobles. Il dispose de revenus ecclésiastiques qui lui permettent de financer ses études, à Paris notamment. La jeunesse de J. Calvin est marquée par une série de « drames » familiaux : Sa mère, catholique fervente, décède alors qu’il est âgé de 6 ans et son père se remarie très vite, son père, trésorier du chapitre, a des soucis avec l’Église car il « oublie » de rendre les comptes et a des dettes qu’il n’arrive pas à rembourser… le frère de Jean, Charles, meurt en 1537 après avoir refusé les sacrements de l’Église (Jean a alors 28 ans)

4 DU CATHOLICISME A LA FOI EVANGELIQUE Les années 20
Un élève brillant et angoissé : Son père l’envoie à Paris au collège de La Marche (1523) puis au collège Montaigu Jean « doit » ses études à l’Église. En même temps, il n’est pas satisfait de la voie du salut qu’elle propose - Il poursuit ses études à Orléans, puis à Bourges Il subit l’influence de l’humanisme : il en tirera : * une nouvelle approche de la lecture et du commentaire bibliques, * un mode de vie frugal Un élève brillant, mais angoissé dans les années 1520 Comme tous les gens scrupuleux de son temps, Jean est un garçon préoccupé par son salut. Il en vient à mettre en doute la valeur de la « piété de prestation », qui multipliait les actes religieux : vénération des reliques, pèlerinages, indulgences, processions. Dans cette démarche, on savait ce qu’on donnait à Dieu, mais on ne savait pas si cela suffisait. La foi était alors soumise à la peur. D’où cette angoisse permanente (Texte de A. M. Schmidt, p. 12). Vers 1523, Jean fréquente collège de la Marche à Paris, où Mathurin Cordier enseigne le latin avec des méthodes pédagogiques originales et efficaces. Il poursuit ses études au collège Montaigu, voué à la formation des futurs prêtres. Un ascétisme dur y régnait. Là, Calvin étudie les Pères de l’Église (notamment Saint Augustin). A cette époque, soit au collège Montaigu, soit dans la librairie de Guillaume Cop, ami de G. Budé, Calvin entend parler des idées des réformateurs. Pour autant, il ne remet pas en question la vérité assez intégriste qu’on enseigne au collège Montaigu, même si cette dernière ne lui apporte pas d’apaisement. Il a vu aussi se dresser à Paris les premiers bûchers de protestants, mais comme il se destine à la prêtrise, il y accorde peu d’importance. Vers 1528, alors que Jean a près de 19 ans, son père, fâché avec l’Église romaine, l’oriente vers le droit, sachant que cela n’empêche pas une carrière bien rémunérée comme juge de l’évêque… Pour cela, Calvin se rend d’abord à Orléans, où il fait la connaissance de Pierre de l’Étoile, un humaniste célèbre. Puis il séjourne à Bourges où il suit les cours d’un juriste italien brillant : Alciat. Il subit alors l’influence de l’humanisme qui préconise le retour « ad fontes », « aux sources », à savoir l’étude des philosophes de l’Antiquité qu’il convient de lire en grec ou en latin, ou celle des textes bibliques. Cela conduit Calvin à abandonner les bibles glosées qui foisonnaient alors. Au contact de ses professeurs, Wolmar et Alciat, tous deux très proches des idées de Luther, sa pensée religieuse évolue. A Bourges , existe encore dans le couvent des Augustins, la chaire de Calvin, une très belle chaire gothique dans le réfectoire des moines. Calvin y prenait la parole et aurait enseigné la rhétorique. Pendant ces années d’étude, vers l’âge de 24 ans, Calvin se « convertit ». Il rejoint alors les courants réformés assez divers de l’époque. A la différence de Luther qui explique longuement sa conversion, Calvin n’en parle qu’une fois bien des années après, en s’excusant de le faire ! Se « convertir » pour Calvin, c’est tout simplement s’approprier personnellement l’évangile. C’est remplacer le « faire » destiné à obtenir la miséricorde de Dieu par des actes de piété, par le « croire » en la miséricorde.

5 ANNÉES D’ERRANCE ET DE VOYAGES 1531 - 1541
La mort de son père, en mai 1531, réoriente Calvin vers la théologie. Il revient à Paris, au collège Fortet, où il se perfectionne en grec et apprend l’hébreu. Calvin lit beaucoup, notamment les humanistes, les auteurs de l’Antiquité … De mai 1532 à octobre 1533, Calvin revient à Orléans, où il obtient en 1532 la licence «  ès loix ». On le retrouve à Paris à l’automne 1533, où il participe à la rédaction du discours inaugural du recteur de l’université de Paris, Nicolas Cop. Ce dernier affirme, devant les ultra-conservateurs de la Sorbonne, que le salut est par Christ seul et par la grâce seule. Nicolas Cop est obligé de s’enfuir à Bâle. Quant à Calvin, déguisé en vigneron, il quitte Paris et trouve refuge à Angoulême chez un ami prêtre. Il semble que Calvin soit converti aux « idées nouvelles » des réformateurs. Après quelques mois d’errance, Calvin est à Paris, quand éclate « l’affaire des Placards », en octobre Le titre de ces feuilles volantes est très parlant : «  Articles véritables sur les horribles, grands et insupportables abus de la messe papale, inventée directement contre la Sainte Cène de notre Seigneur, seul Médiateur et Sauveur Jésus Christ. » Cette provocation maladroite de protestants extrémistes déclenche rapidement une vague répressive terrible. Calvin trouve refuge à Bâle dès janvier C’est là qu’il rédige la première version de l’Institution de la religion chrétienne. Six mois ont suffi à cet homme de 26 ans ! Il mobilise ce que son immense mémoire a enregistré depuis des années. En 1536, Calvin entreprend un voyage à Ferrare à la cour évangélique de Renée de France, fille de Louis XII. Puis il revient à Bâle, avant de se rendre à Noyon pour régler des affaires familiales. Obligé de passer par Genève pour rejoindre Strasbourg, Calvin écrit : « Je pensais rester ici une seule nuit ». Mais Guillaume Farel le contraint à y séjourner pour organiser l’Église de Genève, car, depuis que les prêtres avaient été chassés de la ville, le désordre se répandait : « Tout y était en tumulte ». Il fallait passer de la réforme personnelle, à une œuvre d’édification de l’Église . Mais entre les Genevois et Calvin, se dresse le Magistrat qui possède l’autorité civile en accord avec le Petit Conseil. On demande donc à Calvin de rester comme simple « lecteur en Sainte Écriture » et de participer à l’établissement de l’Église. Les choses ne traînent pas : Calvin rédige les Articles sur le gouvernement de l’Église. Ces Articles signifient la naissance d’une Église confessante, formée de tous ceux qui adhèrent à la confession collective de la foi définie par la « Confession de foi, laquelle tous les bourgeois et habitants de Genève et sujets du pays jurent devoir garder et de tenir. » Calvin et Farel veulent que la Cène soit célébrée de façon décente. Ils réclament que tous les Genevois apposent leur signature au bas de la Confession. Mais l’Église ne dispose pas de moyens de pression et la ville se scinde en deux partis : l’un favorable à Calvin et Farel, l’autre profondément hostile. Ce dernier est composé de vieilles familles genevoises qui ne voient pas d’un bon œil l’arrivée de ce Français à la morale exigeante. Ils tolèrent Calvin dans la mesure où il facilite l’indépendance de Genève. La vie de piété préconisée par Calvin ne les intéresse pas. En janvier 1538, Farel, Calvin et le pasteur Coraud demandent vainement au Magistrat d’exclure de la Cène tous ceux qui ont refusé de signer la Confession. Le pouvoir civil refuse et affirme son indépendance. Le Magistrat commande que la communion soit distribuée à tous ceux qui en feraient la demande. L’affaire s’envenime. Le pasteur Coraud déclare que les syndics confondent « le Royaume de cieux et les royaume des grenouilles ». Il est mis en prison, tandis que Farel et Calvin refusent de distribuer la cène le jour de Pâques Ils sont bannis de la cité (avril 1538). Farel se rend à Neuchâtel, tandis que Calvin part à Bâle, puis à Strasbourg, à la demande des réformateurs comme Bucer.

6 ANNÉES D’ERRANCE… 1536 Devant Farel à Genève
En juillet 1536, Calvin devait passer une seule nuit dans une auberge pour partir le lendemain vers Bâle, puis Strasbourg. G. Farel, informé de sa présence est convaincu qu’il faut le retenir à Genève pour consolider et organiser la Réforme adoptée par les Genevois en Farel lui rend visite sur le champ. Calvin rapporte leur entrevue : «Maître Guillaume Farel me retint à Genève, non pas tant par conseil et exhortation que par une adjuration épouvantable, comme si Dieu eût d’en-haut étendu la main sur moi pour m’arrêter… Et après avoir entendu que je voulais me réserver libre… et qu’il ne gagnait rien par la prière, il vint jusqu’à une imprécation, qu’il plût à Dieu de maudire mon repos et la tranquillité que je cherchais… »  Calvin, homme de bibliothèque et d’étude, deviendra contre son gré un organisateur, un homme public, un homme d’action, un prophète que Dieu contraint à son service. Banni en 1538, Calvin se rend à Strasbourg. Au contact de Bucer, il apprend beaucoup sur l’art et la manière de construire une église réformée selon la Parole de Dieu. 1538 : Banni aux côtés de Farel

7 JEAN CALVIN : L’HOMME… Quel était le caractère du réformateur ?
Le premier trait de son caractère était la timidité : Calvin a écrit « étant d’un naturel un peu sauvage et honteux, j’ai toujours aimé recoi [endroit retiré] et tranquillité ». Un autre trait de sa personnalité, c’est son engagement dans l’amitié. Calvin avait aussi ses défauts. Le plus manifeste était son tempérament colérique et son agressivité envers ses adversaires dans les controverses. Le portrait de gauche (vers 1540) est la seule représentation de Calvin dans sa jeunesse. L’auteur de l’Institution Chrétienne n’est pas encore marqué par la maladie, les longues heures de travail et les combats incessants. Ce portrait laisse entrevoir la distinction aristocratique de Calvin. Le portrait de droite est une peinture anonyme du XVIe. Calvin, âgé d’une cinquantaine d’années, nous est restitué avec une grande présence dans l’exercice quotidien de la prédication ou de l’enseignement. La peinture semble exécutée sur le vif : la bouche est entrouverte, l’index est levé sans raideur pour accompagner la parole, les traits du visage semblent tendus par la concentration. Calvin fut éprouvé sans cesse par la goutte, la pierre, les hémorroïdes, les rhumatismes, les calculs rénaux, les coliques, les migraines, les maux d’estomac et la fièvre quarte. Il n’hésite pas à confesser être « tout à fait épuisé par les écritures continuelles », auxquelles il doit se livrer. On lui écrit de toute l’Europe, même de Lithuanie, ou de Russie. Lire texte sur Calvin homme malade

8 … SA FAMILLE Le mariage de J. Calvin : une famille recomposée ?
Bucer, le grand ami de Calvin à Strasbourg, se mit en tête de le marier. Une première tentative échoua, une seconde aussi. Pas découragé, il finit par lui « dénicher la perle rare » : une femme élégante et fine, telle que les goûts aristocratiques du réformateur pouvaient le souhaiter. Ainsi, Calvin épouse Idelette de Bure en 1540, une veuve qui avait déjà deux enfants de son premier mariage. De leur union naît un fils, Jacques, qui ne survivra pas. Bien que Calvin n’ait guère parlé de ses sentiments intimes, il en dit assez pour que nous découvrions en lui un être sensible, durablement atteint par la mort de son épouse 9 ans après leur mariage. Le mariage de JC, suivant l’éthique matrimoniale de son siècle, était un mariage de raison, mais qui n’excluait pas amour et tendresse. Idelette de Bure fut d’ailleurs une femme beaucoup moins effacée que la tradition ne le laisse supposer. Son mari lui a rendu un beau témoignage pour l’aide pastorale qu’elle lui a apportée dans l’exercice de son ministère. Idelette de Bure (vers 1545)

9 1564 : LES ADIEUX DE JEAN CALVIN
Le 27 avril 1564, un mois avant sa mort, Calvin réunissait autour de lui les syndics et seigneurs de Genève pour leur faire ses adieux. « Voyant que la courte haleine le pressait de plus en plus, il pria Messieurs et les quatre syndics et tout le petit conseil ordinaire, ainsi qu’on l’appelle, de le venir voir tous ensemble. Etant venus, il leur fit une remontrance excellente des singulières grâces qu’ils avaient reçues de Dieu… Et sur cela les ayant priés en général et en particulier lui pardonner tous ses défauts, lesquels nul n’a jamais trouvé si grands que lui, il leur tendit la main. » Théodore de Bèze, Vie de Jean Calvin. Le peintre Hornung, qui a exécuté ce tableau en 1829, a su donner à la scène historique valeur d’exemple. Tel un Socrate ou un Sénèque, le Réformateur délivre avec bienveillance une ultime leçon à des disciples attentifs et éplorés. La main tendue vers la Bible, il désigne la seule autorité morale qui doit les guider. Les livres dans la bibliothèque, le manteau noir sur la chaise, la barbe, la Bible, sont autant de signes de l’érudition de Calvin. La blancheur de la tunique de Calvin contraste avec le noir des costumes des conseillers genevois, ce qui contribue à dramatiser la scène. Calvin est pâle et son visage est très maigre. Sa barbe est noire, comme au temps de sa jeunesse ! Calvin fut enseveli sans cérémonie et sans pierre tombale à Genève. La foule est tenue au loin. Pas de prédication, pas de chants. Comme l’a écrit un poète genevois : « Rien pour lui, tout pour Dieu! Sa volonté fut sage De choisir pour sépulcre un lieu sans monument : La Parole de Dieu dure à travers les âges; La voix du messager ne parle qu’un moment »

10 JEAN CALVIN HOMME DE DIEU MÉCONNU
Du catholicisme à la foi évangélique Années d’errance et de voyages L’homme et sa famille Le réformateur à Genève : « Sainte lutte » Calvin, « socio-économiste » Calvin, prédicateur Calvin, écrivain, théologien et exégète Calvin, pasteur Calvin et la musique La modernité de Calvin Rappel du plan, partie : le Réformateur à Genève 10 10

11 Le réformateur à Genève
Les années A Genève, les partis se disputent le pouvoir à chaque élection annuelle. En 1540, les opposants à Calvin perdent provisoirement les élections, les pro-Calvin lui demandent de revenir à Genève, ce qu’il accepte non sans délai ni réticences. Calvin rentre à Genève en 1541, à la demande des Genevois… pour vingt trois ans jusqu’à sa mort. Dès 1542, Genève est envahie par des réfugiés français. Les Genevois de souche redoutent une surpopulation étrangère. Ces Français sont des réformés convaincus, partis pour cause de religion. Les nouveaux venus sont en moyenne plus instruits, dotés de savoir-faire nouveaux : ils sont imprimeurs, soyeux, ou horlogers. Dans la cité, Calvin doit lutter sans relâche contre les opposants emmenés par des familles genevoises qui ne baissent pas les bras, jusqu’en 1555, date à laquelle l’opposition complètement laminée disparaît. Désormais le pouvoir civil de Genève est soumis de fait à l’autorité du Consistoire. Tous les Genevois doivent en accepter la souveraineté.

12 « Trois affaires… parmi d’autres »
SAINTE LUTTE « Trois affaires… parmi d’autres » Sébastien CASTELLION Antagonisme personnel vif Sanction : bannissement Jérôme BOLSEC Vive opposition sur la question de la prédestination Sanction: bannissement Michel SERVET Hérésies graves : sur le péché, négation de la Trinité Sanction : Brûlé vif Mai 1544 Oct. 1551 Pour Calvin, l’hérésie est à placer sur le même plan que le vol, le crime ou l’adultère, et l’hérétique laissé sans être inquiété au milieu du troupeau de Dieu, est constamment en mesure de tuer des innocents. Il perd leurs âmes, ce qui fait de lui un meurtrier. Dieu a donné le glaive aux magistrats « pour défendre la vérité de Dieu quand besoin sera, punissant les hérétiques qui la renversent ». Quand le criminel est puni, il ne lui est pas fait tort et le juge ne peut être accusé de cruauté. Calvin a été confronté à 17 controverses majeures. Le bilan de ces luttes n’est pas très glorieux : de 1541 à 1546, période de luttes sans merci, 58 personnes sont condamnées à mort, et 78 bannies ! Août 1555

13 SAINTE LUTTE L’AFFAIRE CASTELLION
Brillant humaniste, Sébastien Castellion, avait demandé en 1543 qu’on lui confiât un poste de prédicateur. Conformément aux prescriptions en vigueur, il se soumit à l’examen préalable. Au cours de l’interrogatoire, il lui arriva de se prononcer contre le caractère canonique du Cantique des Cantiques. Calvin vit là une remise en question de l’autorité de l’Écriture. Calvin insista pour qu’il ne soit pas admis au ministère pastoral, mais que son poste de régent des écoles fut maintenu. Castellion rechercha l’épreuve de force. L’antagonisme entre les deux hommes ira croissant, au point qu’en mai 1544 Castellion se livrera à une critique véhémente des pasteurs genevois. Calvin portera plainte auprès du Magistrat. L’année suivante, Castellion sera contraint de s’exiler à Bâle. Il deviendra l’un des ardents défenseurs de la tolérance religieuse.

14 SAINTE LUTTE L’AFFAIRE MICHEL SERVET 1553
Qui est Servet, quelles sont ses idées ? Miguel Serveto, humaniste, médecin et homme de lettres, était opposé au dogme de la Trinité, à la prédestination, au baptême des enfants. Il avait rédigé sa Restitution chrétienne contre l’Institution de Calvin. Servet écrivit aussi bien sur l’astronomie que la géographie ou les sirops, et il découvrit bien avant Harvey la petite circulation sanguine. Son arrestation, sa condamnation, sa « réhabilitation » Michel Servet fut condamné à Vienne (France) par l’Inquisition. Fugitif, exécuté par contumace (on brûle son effigie), puis réfugié incognito à Genève, il est reconnu, arrêté, jugé, condamné à mort avec l’aval des Églises protestantes de Suisse… et « réhabilité » au XXe siècle par des protestants libéraux Traqué, où Servet peut-il aller? Sans doute connaît-il l’existence d’un petit groupe de partisans dans le nord de l’Italie. Il décide de s’y rendre. Cependant, passant par Genève, il est reconnu malgré son déguisement. Devant les autorités de la ville, Calvin condamne les thèses de Servet et finalement ne s’oppose pas à son exécution. Toutefois, seul le Magistrat avait l’autorité de le faire, sur avis du Grand Conseil et sur consultation des autres cités suisses d’obédience réformée. C’est ainsi que le 27 octobre 1553, Servet est brûlé vif, un de ses livres attaché à la cuisse. Il avait refusé de se rétracter. Dans d’horribles souffrances, il meurt rôti à petit feu. Son supplice se prolonge pendant plusieurs heures. L’affaire avait valeur de symbole. Calvin veut frapper définitivement les esprits qui seraient encore tentés de remettre en question la doctrine de la Trinité. Aujourd’hui, il existe en France plusieurs groupes chrétiens officiellement antitrinitaires : les Témoins de Jéhovah (largement majoritaire) Monument à Annemasse

15 CALVIN, « SOCIO-ECONOMISTE »
Calvin a entrevu la « dimension sociale de l’homme » « L’homme a été créé par Dieu pour être une créature de compagnie » Calvin ne s’est pas contenté de prêcher le salut individuel de l’homme, il a aussi pensé à sa reconstruction sociale. L’ Église devait être le lieu où elle pouvait se réaliser. Pour la mettre en œuvre, Calvin a réfléchi aux problèmes économiques et sociaux : à l’inégale répartition des richesses, au rôle de l’argent et aux conditions de prêts, au sens du travail, au chômage et aux moyens de le résorber. Calvin est un homme d’une grande humanité. Il a réfléchi aux problèmes de ses contemporains. La Réforme selon Calvin est ouverte vers le monde extérieur et apporte des réponses aux problèmes quotidiens à travers une lecture sociale de l’Écriture. Calvin est convaincu que les maux sociaux comme le chômage, l’analphabétisme, la mendicité etc. doivent être pris en compte par l’Église. La communion qui s’établit dans l’Église doit avoir pour conséquence, aux yeux de Calvin, l’entraide fraternelle, selon l’exhortation de l’apôtre Paul dans la seconde épître aux Corinthiens. L’inégale répartition des richesses a un sens pour Calvin : elle doit provoquer une redistribution des biens, les riches devenant les « ministres des pauvres » et les pauvres les « receveurs de Dieu ». Calvin complète ce dispositif par la création d’un hôpital général à Genève assorti d’une assistance vieillesse, d’une assistance maladie et invalidité pour les accidentés ou handicapés. L’Hospice Général doit se préoccuper de la réinsertion des personnes nécessiteuses dans le tissu économique de la cité (essor du tissage etc.). L’argent est considéré dans une perspective spirituelle : la personne est responsable de le gagner (Calvin a horreur des fainéants). Le réformateur ne supprime pas la propriété individuelle, mais préconise un contrôle de l’autorité publique pour éviter l’enrichissement illicite. En ce qui concerne le prêt d’argent, Calvin apporte une réponse originale : s’il refuse le prêt usurier qui pénalise les pauvres, il propose le « prêt de production » qui facilite la création d’emplois et de richesses qu’on peut redistribuer. Le travail est le moyen par lequel Dieu associe l’homme à son œuvre conservatrice. Priver l’homme de travail, c’est l’amputer de sa vocation. Calvin a compris également l’importance de l’éducation des jeunes pour apprendre un métier. Ainsi, il demande au magistrat, la création d’écoles professionnelles à Genève.

16 CALVIN, PRÉDICATEUR Dans son cabinet de travail La leçon de théologie
Calvin a été engagé par les autorités de la ville de Genève en 1536 comme « lecteur en Écriture sainte », puis comme prédicateur. Calvin s’est livré tout entier à cette tâche jusqu’à sa mort en 1564. Pour les Réformateurs, le sermon biblique permettait de prêcher de manière simple et dans la langue du peuple. Pour Calvin, il s’agissait de guider et d’édifier l’ensemble du corps social genevois, par l’explication quotidienne des Écritures saintes, les consciences étant mises face à ses exigences mais aussi à son message de consolation. A la différence des prédicateurs catholiques, Calvin n’est pas un prêtre ordonné. Il refusa de se prêter à tout rite d’ordination ou de consécration qui aurait conféré à sa mission une légitimité dont il n’avait, à ses yeux, pas besoin. Au sacerdoce romain, on opposait la seule autorité de la Parole divine, aux rites, les besoins concrets de la communauté, à la hiérarchie de l’Église, la compétence. Calvin, un lettré épris d’études humanistes et bibliques, se transforme en leader spirituel de la communauté genevoise et plus largement réformée et européenne. Il paye le prix de cette mission en devenant homme de souffrance. Car sa mission à Genève signifie un renoncement définitif à la disponibilité qu’il souhaitait avoir pour se livrer aux études. Les occupations intellectuelles, littéraires et sociales du réformateur exégète, écrivain, prédicateur, vont se confondre avec la charge écrasante de pasteur. Calvin homme de la Parole : Ses sermons : durant sa carrière de réformateur Calvin a dû prononcer plusieurs milliers de sermons. Ses écrits : à côté de cela, Calvin est confronté à des luttes de personnes, à des controverses avec des adversaires de tout bord. Il tient aussi le rôle très absorbant de consultant de la Réforme française et européenne. Calvin a la conviction d’avoir été placé par Dieu dans la situation de champion de sa vérité. Il a donc inventé un style qui correspond à la vision qu’il avait de Dieu et de l’homme, de la révélation biblique et de la société humaine, de la vérité et de l’Église. C’est un style de combat. Il a voulu organiser, structurer et fortifier le mouvement évangélique de son temps. Ce faisant cela, il l’a « sauvé ». Pour y arriver, il a jeté dans la balance non seulement ses idées, mais aussi toute sa personne. Dans son cabinet de travail La leçon de théologie

17 CALVIN, ÉCRIVAIN Calvin n’écrit pas tout seul : il est à la tête d’un atelier d’écriture. Il disposait de collaborateurs, de secrétaires, qui, dans certains cas, pouvaient écrire à sa place. Ils maîtrisaient le style de Calvin. Il ne faut cependant pas exagérer la part des collaborateurs de Calvin. Calvin est bien l’auteur de ces textes, au sens de l’autorité de ce qui est dit. Calvin a écrit de sa propre main tout ce qu’il regardait comme essentiel : les lettres autographes, les éditions successives de l’IC (53 au XVIe siècle et en 7 langues !), les commentaires bibliques. C’est sur la base d’une exégèse rigoureuse que Calvin a fondé son autorité de réformateur. La part écrite de son œuvre lui a assuré un très grand rayonnement à travers les éditions traduites en de nombreuses langues. Calvin, comme Luther avant lui, a bien saisi l’importance du livre imprimé à son époque. On voit dans les années 1530/40 à quel point cela bouleverse la culture littéraire, intellectuelle, religieuse et sociale. Calvin a exploité au maximum les ressources du livre imprimé, pour les mettre au service de ses idées en matière de diffusion de la Parole commentée et de la réforme de l’Église. Les genres qu’il a pratiqués sont bien connus : traités, commentaires bibliques, étude systématique comme l’IC, pamphlets, traités de controverse. Dans tous ses ouvrages, Calvin est resté sensible au raisonnement bien conduit, à un style châtié et de bon goût. Sa langue est d’une plénitude, d’une élégance qui annoncent un Pascal ou un Bossuet. «   »

18 CALVIN, THÉOLOGIEN Cinq grands principes fondent la « théologie » de Calvin : « Solus Christus » (= rien que le Christ) « Sola gratia » (= rien que la grâce) « Sola fide » (= rien que la foi) « Sola scriptura » (= rien que la Bible) « Sola Dei gloria » (= rien que la gloire de Dieu) La théologie de Calvin peut se résumer en quatre principes essentiels : Rien que le Christ. Notre seul intermédiaire avec Dieu, c'est son Fils Jésus-Christ, à la fois Dieu et homme. Cette relation directe entre Dieu et le chrétien implique aussi la reconnaissance que seul Jésus-Christ peut sauver l'homme de sa condition de pécheur, conséquence de la chute d’Adam. Rien que la Grâce. Pécheur, l’être humain n’est pleinement accepté et justifié, que par la seule grâce de Dieu. Rien que la Foi. Par la seule confiance qu’il met en Dieu et dans l’obéissance à sa parole, l’homme peut être sauvé, et atteindre la plénitude de son existence. Il ne peut acquérir le salut ni par ses œuvres, ni par l'accomplissement de rites. Rien que la Bible. L'Écriture sainte est la seule autorité valable pour légitimer aussi bien le message et l'action de l'Église. L'Église elle-même doit être en réforme permanente, c'est-à-dire examiner toujours d'un regard critique la conformité de ses pratiques et de ses enseignements avec la Bible. Ces quatre principes, qui semblent réduire l’individu à une soumission intégrale et le priver de libre arbitre, expriment en réalité une vision optimiste et positive, en réponse aux angoisses du temps. L'homme n'est pas livré à lui-même, mais il peut s'en remettre à un Père aimant, à un Maître juste. Il doit se reconnaître imparfait et admettre que sa liberté est limitée. Dieu a confié à l’homme l’espace de la création. Il attend de lui une gestion prévoyante et respectueuse. Cette vision est celle d'un humanisme aspirant au respect et à la responsabilité des individus, tout en posant des limites à leur ambition et à leur orgueil en rappelant la primauté des valeurs bibliques sur les motivations égoïstes, tout cela « pour la seule gloire de Dieu ».

19 CALVIN, THÉOLOGIEN 1536 : « Institutio religionis christianae »(6 chapitres) 1541 : « Institution de la religion chrétienne » (édition française) 1560 : Dernière édition en français (80 chapitres) « Voyant que c’était une chose si nécessaire d’aider en cette façon ceux qui désirent être instruits en la doctrine du salut, je me suis efforcé, selon la faculté que le Seigneur m’a donnée, de m’employer à le faire; et à cette fin j’ai composé ce présent livre. Et premièrement je l’ai mis en latin, pour qu’il pût servir à tous les gens d’étude, de quelque nation qu’ils fussent ; et après, désirant communiquer ce qui en pouvait venir de fruit à notre nation française, je l’ai aussi translaté en notre langue… Ce pourra être comme une clef et ouverture, pour donner accès à tous les enfants de Dieu à bien et droitement entendre l’Écriture» (Introduction à l’édition de 1541) En rédigeant l’IC en 1536, Calvin écrivait comme un humaniste s’adressant à des lettrés , en 1541 comme un prédicateur s’adressant à ceux qui cherchent à s’instruire dans les Écritures. Le mot « institution » veut dire instruction, traité, guide, manuel. Avec Calvin, réformateur de la deuxième génération, on entre dans une forme plus institutionnelle du protestantisme. Aux yeux de tous, il est évident que l’Église catholique romaine ne veut pas de réforme en profondeur, d’où la nécessité de formaliser les convictions théologiques nées avec la Réforme protestante. Calvin signe ainsi la première et grande somme théologique dont l’influence a été inégalée jusqu’à nos jours. Aucune communauté protestante ne peut l’ignorer. Les éditions successives s’enchaînent jusqu’en 1564, soit quatorze éditions françaises parues du vivant du réformateur. On est passé d’un texte de mots à une œuvre de 450 000 mots, soit cinq fois plus ! En 1536, l’IC est offerte au roi de France, ce qui explique l’« épître au roi » qui précède le corps de l’ouvrage. Calvin veut porter à sa connaissance la véritable nature du protestantisme. Mais l’IC est aussi écrite comme un manuel destiné à faire connaître « quelques rudiments » aux nouveaux convertis. Il s'agit d'une «véritable introduction dogmatique à la lecture de l'Écriture sainte », pour tous ceux qui voudront se livrer à l'étude de la théologie, étudiants comme fidèles (François Wendel). Mais la lecture de la Bible n'est pas aussi aisée qu'on le pense, et Calvin présuppose que les chrétiens risquent de mal interpréter la Parole. Il propose comme une trace à suivre... L'Institution se présente effectivement, dans sa version définitive, comme une « utilité », un fil qui aide le chrétien dans sa lecture des Écritures. Il s'agit de l'empêcher de s'égarer, de lui permettre de continuer à suivre le chemin indiqué par Dieu. L'Institution est donc l'œuvre d'un prophète au sens où elle est enseigne la vérité divine.

20 qui est de connaître Dieu en titre et qualité de créateur et souverain
LE PREMIER LIVRE DE L'INSTITUTION CHRÉTIENNE qui est de connaître Dieu en titre et qualité de créateur et souverain gouverneur du monde LE SECOND LIVRE qui est de la connaissance de Dieu, en tant qu'il s'est montré Rédempteur en Jésus-Christ, laquelle a été connue premièrement des Pères sous la Loi, et depuis nous a été manifestée en l'Évangile L'Institution présentée en quatre livres se divise en deux parties à peu près égales. La première décrit ce que Dieu est pour l'humanité. Dieu est d'abord le Créateur et ensuite le Rédempteur, distributeur d'un salut gratuit.

21 LE TROISIÈME LIVRE DE L'INSTITUTION CHRÉTIENNE
De la manière de participer à la grâce de Jésus-Christ, des fruits qui nous en reviennent et des effets qui s'en ensuivent LE QUATRIÈME LIVRE DE qui est des moyens extérieurs, ou aides, dont Dieu se sert pour nous convier à Jésus-Christ, son Fils, et nous retenir en lui. La seconde grande partie discerne Dieu dans les hommes, d'une part comme individus à qui l’Écriture est donnée comme outil de connaissance de Dieu, d'autre part comme communauté devant s'organiser pour rendre honneur à Dieu.

22 CALVIN, EXÉGÈTE « Au reste parce qu’il est dit que « ceci est dit par allégorie », Origène en a pris occasion, et plusieurs autres, de corrompre l’Écriture en diverses sortes et de la tirer loin de son sens vrai et naturel. Car ils estimaient que le sens littéral était trop bas et méprisable, et qu’il fallait donc bien qu’il y eût de plus hauts secrets cachés sous l’écorce de la lettre, qu’on eût pu tirer qu’en forgeant des allégories. Et ceci a facilement eu lieu, car le monde a toujours préféré et préférera à la doctrine ferme et solide les spéculations qui ont quelque apparence de subtilité. Après que cela a été une fois reçu et approuvé, ça a été à qui en forgerait les plus aiguës, en sorte... qu’on y a attribué une grande louange… Quant à moi, je confesse bien que l’Écriture est la fontaine très abondante de toute sagesse, et qui ne se peut épuiser : mais je nie que sa richesse et son abondance consiste dans la diversité des sens, qu’il serait licite à chacun de forger à sa guise. Sachons que le sens vrai et naturel de l’Écriture est celui qui est simple et naïf. » (Dans son commentaire sur Galates ) Calvin regrettait que l’Écriture ne soit pas « détaillée droitement » comme si les hommes cherchaient à en «obscurcir la lumière par leur propre fumée… Les uns la rongent, les autres la déchirent en pièces, les autres la tordent à un autre sens, les uns s’arrêtant à l’écorce… ne parviennent pas jusqu’à l’âme de la doctrine.»   Calvin explique le texte au fil des versets en s’appuyant sur ses connaissances linguistiques et historiques solides pour l’époque. L’exégèse de Calvin privilégie d’abord le sens littéral du texte puis il l’applique à la situation des fidèles. L’exégèse allégorique ou typologique, celle qui déchiffre dans l’AT des symboles annonciateurs du NT, est pratiquement absente quand Calvin prêche sur l’AT, sauf quand le NT justifie lui-même l’interprétation allégorique. Calvin interprète l’Écriture « en dialogue avec ses contemporains et avec ses prédécesseurs ». Calvin ne néglige pas ce que les autres ont compris de la Parole avant lui. Il sait que l’interprétation ne se réinvente pas à chaque génération. Pour autant, il n’est pas dépendant d’eux. Exemple en commentant Colossiens 2.14, Calvin écrit « les commentateurs interprètent ce passage de diverses manières, mais il n’y en pas une qui me satisfasse … ». Calvin n’hésite pas, lorsqu’il estime nécessaire de le faire, à proposer une lecture qui va à l’encontre de toute la tradition exégétique. Il ne cherche, en matière d’exégèse, ni le conservatisme, ni l’innovation. Calvin a défini quatre principes d’exégèse encore en vigueur aujourd’hui chez nombre de commentateurs : - L’Écriture en tant que Parole de Dieu doit recevoir toute notre attention, car c’est uniquement dans une attitude de soumission que nous pouvons recevoir la révélation que Dieu nous donne de lui-même. En même temps, l’Écriture en tant que parole d’homme, doit se comprendre dans son sens grammatical, selon la pensée de l’auteur humain et dans les situations précises, où elle a pris forme. Ainsi, on peut accéder au sens « naïf » (il découle naturellement du texte) et « simplex » (il n’est pas multiple, en plusieurs couches qu’on pourrait opposer les unes aux autres). La théologie est une discipline indispensable à l’interprétation de l’Écriture. Son Institution Chrétienne préparait ceux qui voulaient s’y adonner afin de « tenir le bon et droit chemin sans chopper ». Dans tout travail d’interprétation, la Parole elle-même doit toujours pouvoir contrôler et réformer toutes nos présuppositions, théologiques ou autres. A la différence de ses contemporains et de ceux qui lui ont succédé, Calvin admettait souvent ne pas comprendre un texte de l’Écriture. Il refusait de faire parler la Parole, il préférait la laisser parler. On ne comprend vraiment un passage qu’en percevant sa pertinence pour la situation présente de l’Église dans le monde. Le prédicateur n’interprète correctement l’Écriture que s’il s’intéresse à ce que vivent les auditeurs.

23 CALVIN, PASTEUR Dans les années 1990 seulement on a dépouillé systématiquement les 21 volumes appelés « registres du Consistoire de Genève », c’est-à-dire les procès verbaux des sessions de cette autorité ecclésiastique qui ne jouissait d’aucun pouvoir civil ou policier. Il pouvait interdire aux contrevenants de participer à la cène et dans les cas les plus graves demander au Petit Conseil que telle ou telle sanction d’ordre civil soit prise. Chaque jeudi, Calvin passait ainsi plusieurs heures à examiner, 8 à 15 cas douloureux. Pour Calvin il ne suffit pas de prêcher. Un responsable d’Église doit se soucier des fidèles et leur apporter des soins pastoraux. Pour lui, la première démarche est « l’admonition privée » pour encourager les fautifs à aligner leur comportement sur les enseignements de la Parole. En cas d’échec, la ou les personnes sont convoquées devant le Consistoire, sorte de tribunal des moeurs. La plupart des affaires examinées ont trait à des relations sexuelles illicites ou à des querelles entre époux ou entre parents et enfants. En « divers », il s’agit surtout de fiançailles contestées. L’année 1546 est une année assez calme : 230 cas, certaines années il peut y en avoir 450. Dans les toutes premières années (1541 à 1544) les cas relatifs à des pratiques « catholiques » étaient fréquents. Progressivement ils disparaissent. Calvin ne préside pas les séances, mais on sollicite son avis qui est en général suivi. Il se révèle plein de compassion pour les victimes et d’une sévérité modérée pour les fautifs. Un ou deux exemples : Un dénommé Pierre Rapid fut condamné à être battu publiquement, à parcourir les rues portant un bonnet d’âne et à être banni de la cité, pour s’être fiancé à deux femmes et les avoir épousées toutes les deux. En 1544, une dénommée Ayma, veuve Ripa, certifie avoir toujours reçu la cène, mais révèle naïvement qu’elle dit le Pater et l’Ave Maria en latin, que « le pain de la cène, c’est Dieu ». On lui donne un mois pour se remettre à niveau. Elle repasse devant l’assemblée, lors des questions il faut se rendre à l’évidence : elle n’a guère profité des sermons et apporte des réponses doctrinales désespérantes. Le Consistoire fait preuve de réalisme, reconnaît sa bonne volonté puisqu’elle affirme « qu’elle ne prie plus la Vierge Marie et veut faire comme une femme de bien ». La veuve repart ainsi.

24 CALVIN ET LA MUSIQUE « Avoir des chansons non seulement honnêtes, mais aussi saintes ; lesquelles nous soient comme aiguillons pour nous inciter à prier et louer Dieu » Jean Calvin Émerveillé, Calvin découvre à Strasbourg le chant des psaumes, chorals et cantiques en allemand que le réformateur Martin Bucer avait introduit dès Alors Calvin se met à écrire 6 paraphrases de psaumes en langue française qu’il ajoute à 13 autres, œuvre de Clément Marot, pour faire paraître en 1539, à l’usage des réfugiés francophones à Strasbourg, un petit recueil intitulé « Aulcuns psaeulmes et cantiques mis en chant ». De retour à Genève en 1541, Calvin use de son autorité pour que se constitue un « corpus » réunissant, en langue française, les 150 psaumes. Ainsi paraît le « Psautier de Genève » en 1561/62 qu’on appela « le psautier huguenot ». Les textes poétiques étaient l’œuvre de Marot et de Théodore de Bèze, tandis que les mélodies avaient été composées par Guillaume franc, Loÿs Bourgeois, Pierre Davantès. Peu après, Claude Goudimel et Claude le Jeune harmoniseront les psaumes à quatre voix. Détail de l’histoire : Théodore de Bèze a profité de sa présence au colloque de Poissy en 1561, juste avant le déclenchement des guerres de religion, pour obtenir du roi Charles IX un privilège royal en faveur de la publication du psautier. Celui-ci a pu paraître plusieurs années durant en toute légalité, et a connu un immense succès ( à exemplaires en 1562)

25 LA MODERNITÉ DE CALVIN En politique : une timide innovation démocratique En économie : une approche globale originale En théologie : une construction très solide En ecclésiologie : une vision très « pratique » En enseignement : un souci constant Un héritage inestimable

26 FIN

27 ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
ŒUVRES DE J. CALVIN CALVIN, Œuvres choisies, édition O. Millet, Folio Classique, 332 p. 1995 CALVIN, Commentaires sur le Nouveau Testament, éditions Keryma/Farel, 8 tomes CALVIN, Institution de la Religion Chrétienne, 4 vol. J. Cadier, Labor et Fides, 1961 SITES ET OUVRAGES Calvin09.org : exposition de 20 pages très intéressante A.M. Schmidt, Jean Calvin et la tradition chrétienne, « Maîtres Spirituels », 191 p., Seuil, Paris, 1957.(1ère approche) F. Wendel, Calvin, Sources et évolution de sa pensée religieuse, 292 p. PUF, Paris,1950 (approfondissement)

28 CAL V I N ET SON ÉPOQUE Jean Calvin a vécu au début du XVIe siècle dans un monde en pleine mutation, à la charnière entre la fin du Moyen Âge et la naissance du monde qu’on appelle moderne (Inventions nouvelles comme l’imprimerie, découverte de nouveaux espaces géographiques, nouvelles formes de pouvoir etc.) Le contexte JC naît à Noyon en Picardie en 1509 à une époque où un enfant sur deux meurt avant l’âge de vingt ans. C’est une période où la monarchie cherche à se renforcer avec François 1er, qui se lance dans des aventures périlleuses (guerres d’Italie). Le contexte intellectuel et religieux est lui aussi particulièrement troublé. Les tentatives de réforme de l’Église romaine n’aboutissent pas. Les réformateurs voulaient un retour à l’Église primitive. Luther sert de porte-flambeau à ce désir de réforme. II découvre dans le message des lettres de Paul que l’homme est sauvé non par ses œuvres de piété mais par la grâce seule, car Dieu l‘a aimé le premier. Ce message de l’évangile a certes toujours été présent dans l’Église, mais il était occulté par l’institution ecclésiastique et jamais pris sérieusement en compte. La prédication de Luther touche en France beaucoup d’intellectuels (l’entourage de l’évêque de Meaux) et des personnes du peuple. On redécouvre les textes bibliques (contexte de l’humanisme). On constate une grande différence entre l’Église du premier siècle animée par un esprit de partage et celle du XVIe siècle, éprise de puissance et de magnificence. Les évangéliques espèrent qu’il y aura une réforme de l’Église romaine, mais, progressivement, les choses se durcissent et la rupture devient inévitable. Les réformés n’hésitent pas à attaquer la foi catholique et, dans ce contexte, Calvin instaure la rupture avec Rome et la justifie.


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